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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Commentaire de documents, L'Inde, dynamiques de population et développement - Correction

Publié le 1 Février 2017 par geobunnik in L'Union Indienne

1- Analyse critique des documents.

Comme vous l'avez lu, l'exercice proposé associe deux éléments complémentaires, d'une part les dynamiques de population (à savoir les dynamiques spatiales comme les migrations internes ou internationales, l'exode rural mais aussi les dynamiques temporelles comme la transition démographique ou la croissance de la population) et d'autre part le développement, une notion plus floue qui s'intéresse à l'économie mais aussi à la société ou à l’environnement lorsqu’on parle de développement durable.

L'objectif du sujet est de montrer comment ces deux éléments (dynamiques de population et développement) sont associés et intimement liés en Inde. Il ne s'agit pas de faire une première partie sur les dynamiques de la population indienne t une seconde sur le développement en Inde. Le sujet est plus complexe que cela.

Avant de lire les documents, je propose de poser ses connaissances sur le sujet, afin de définir les termes du sujet et de lancer des connaissances qui seront utiles pour avoir un regard critique sur les documents.

1.1. Quelles idées peuvent être développées ?

Attention, dans cette partie, je m'étends, alors que cela ne doit vous prendre qu'une dizaine de minutes durant lesquelles, pour avoir un regard critique sur ce qui va suivre, vous devez mobiliser vos connaissances pour prendre du recul sur ce qui va être présenté dans les documents. Faites le par écrit, en posant des repères simples ou précis, des éléments que vous avez peur d'oublier ou que vous estimez essentiels pour la suite.

N'oubliez pas qu'un commentaire de documents vise à analyser ce qui est écrit comme ce qui n'est pas mentionné dans les documents...

 

1.1.1. Les dynamiques spatiales de la population indienne :

  • Les déplacements de la population, des campagnes verts les villes sont limitées par des choix politiques de favoriser les campagnes ou les petites villes jusqu'aux années 1980-90.
  • Les campagnes = 70 % de la population de l'Inde, avec des zones rurales parfois très densément peuplées.
  • Des flux de migrants temporaires ou permanents : vers les zones rurales riches, vers les villes (et bidonvilles des métropoles – Les villes de Mumbai, Delhi, Kolkata et sont les plus grandes destinations des migrants internes en Inde.)
  • Les migrations internes sont complexes et concernent officiellement plus de 300 millions de personnes : penser aux migrations circulatoires (environ 191 millions de personnes). Des migrations en lien avec le niveau de pauvreté des populations. Rappeler aussi qu'il y a des freins aux mobilités (les liens personnels, de quasi esclavage pour dettes par exemple ; les langues, les distances, ...)
  • Deux États de départ a plus de 1,5 millions d’émigrés : le Madhya Pradesh et l'Uttar Pradesh
  • Quatre États ont vu entre 800 et 916 millions de personnes se déplacer (entre 10 et 12 % des habitants, dans la moyenne de l'Inde) : l'Andra Pradesh, le Bihar, le Maharashtra et le Bengale occidental.
  • Ces 6 états regroupent 2/3 des migrants internes de l'Inde. 
  • Des flux de migrants vers les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Océan Indien, …
  • Un pays peu attractif (sauf pour les Népalais, les réfugiés politiques bouddhistes tibétains, ...)
  • Les écarts de croissance démographique selon les régions : le sud a connu une transition démographique plus précoce suite à des choix politiques forts, notamment liés à la place des femmes dans la société. Certains estiment que la transition démographique est terminée au sud du pays, notamment dans le Kérala.

1.1.2. Les dynamiques temporelles :

  • La transition démographique (qu'il faudra définir rapidement) de l'Inde. A associer avec un vieillissement progressif de la population (les plus de 65 ans sont 5,5 % de la population en 2011, deux fois plus qu'en 1960). Se rappeler que les états les plus pauvres, comme le Bihar, sont des états où les femmes font le plus d'enfants (4 enfants par femme au Bihar, contre 1,7 au Kérala … soit moins qu'en France !)
  • La forte croissance démographique qui ralentit depuis les années 1980-90, liée principalement à une baisse de la mortalité (7 %o en 2011) qui a été plus rapide que la baisse de la natalité (encore 22 %o en 2011, contre 35 %o en 1985). L'indice de fécondité des femmes baisse régulièrement, en lien avec des campagnes incitatives de l’État (ou de campagnes dévoyées par l’État, comme au milieu des années 1970 avec des campagnes de stérilisation). Se rappeler aussi de la baisse du taux de mortalité infantile depuis 60 ans (41 %o en 2011, ¼ du chiffre de 1960).
  • L'explosion urbaine des métropoles ?
  • L'étalement urbain ?

1.1.3. La question de la croissance de la population a toujours été un enjeu politique en Inde :

  • Une politique de limitation des naissances basée plus préventive que coercitive (même s'il ya eu des abus dans les années 1970-1980)
  • mise en place d'un planning familial
  • facilitation de l'accès des femmes aux techniques de la stérilisation médicale (pilule, stérilisation, stérilet, …)
  • enjeu de la gestion des pauvres et de la pauvreté dans un État démocratique où les pauvres votent aussi.

1.1.4. Faut-il évoquer la complexité de la situation sociale des populations indiennes ?

  • Les castes (jati, varna) ?
  • Les musulmans ?
  • Les intouchables ?
  • Les membres des tribus ?
  • La place des femmes, considérée comme une minorité politique et sociale (pensez aux viols et au retentissement de certains viols dans les années 2014-2016, au programme électoral de Narendra Moodi aux dernières élections, …) ?
  • Les minorités religieuses ou ethniques ?
  • Les minorités linguistiques ?

1.1.5. Les enjeux du développement en Inde :

  • Des enjeux liés à la gestion de la pauvreté et des pauvres qui concerne entre 350 et 460 millions de personnes dans le pays, principalement dans les États du Bihar et du Jharkand, mais aussi dans la vallée du Gange et dans le nord-est du pays. Une pauvreté plus forte à la campagne qu'en ville (en nombre et en valeur monétaire : la vie coûte plus cher en ville mais les salaires y sont plus élevés)
  • La place du PDS (Public Distribution System) pour redistribuer les céréales aux plus pauvres dans tout le pays, notamment les agriculteurs qui comptent parmi les plus pauvres du pays car leurs champs sont devenus trop petits pour les nourrir. 
  • On peut se rappeler de la micro-finance et de son apport dans la lutte contre la pauvreté. (n'hésitez pas à lire ou à écouter Esther DUFLOT, Repenser la pauvreté, Seuil, 2012)
  • La Révolution verte et ses enjeux de développement ou d'autosuffisance alimentaire. Penser aux avancées liées à la révolution verte(autosuffisance alimentaire, hausse des rendements, modernisation agricole, fin des famines en Inde), mais aussi à ses limites (coût économique, rôle de l'Etat, surtout lorsqu'il se désengage des financements, coût environnemental, une révolution limitée aux régions les plus humides et les plus riches)
  • Le développement a aussi des répercussions politiques, comme dans l'est du pays, dans les États du Bengale occidental, de l’Andhra Pradesh,de l’Orissa ou du Bihar qui connaissent une rébellion naxalite depuis la fin des années 1960.
  • Un autre enjeu est lié à la libéralisation économique qui a permis une forte croissance économique, mais aussi une hausse des inégalités entre régions et entre groupes sociaux ou religieux.

1.2. Comment relier ces idées ?

A priori, ce n'est pas le moment d'y penser, car il faut d'abord faire un commentaire de documents. Cependant, lorsqu'on regardera les informations des documents, il faudra bien penser à cette articulation entre population et développement qui donnera corps à nombre commentaire via la problématique.

Je propose à priori :

  • l'enjeu de la gestion de la pauvreté ;
  • la place de l’État dans ces dynamiques ;
  • des fractures spatiales ;
  • la différence ville-campagnes ;

1.3. Comment utiliser les documents ? (compter 30 -45 minutes environ)

La logique est simple dans le tableau suivant, je fais deux colonnes (on peut faire de même sur un brouillon) : une pour les informations des documents, une pour l'analyse, le commentaire. On place des précisions, des idées, des absences, … bref, un regard critique sur les documents. Pour ceux qui n'aiment pas les tableaux, on peut utiliser deux couleurs, une pour les infos des docs, une pour l'analyse. Pour ceux qui n'aiment pas écrire mais qui préfèrent surligner, on peut surligner et gloser dans les marges des documents avec une autre couleur aussi. L'objectif est à la fois de commenter et de vérifier (via les couleurs) que tous les documents ont été soumis à cette analyse critique. L'objectif de ce tableau est de (se) pousser à analyser, commenter tous les documents : trouver quelque chose à écrire sur chaque document dans la dernière colonne.

Commentaire de documents, L'Inde, dynamiques de population et développement - Correction
Commentaire de documents, L'Inde, dynamiques de population et développement - Correction
Commentaire de documents, L'Inde, dynamiques de population et développement - Correction
Commentaire de documents, L'Inde, dynamiques de population et développement - Correction
Commentaire de documents, L'Inde, dynamiques de population et développement - Correction

1.4. Organiser ses idées :

Prendre 15 minutes environ pour trouver sa problématique, puis 1 h 30 -2 h pour rédiger

On le voit, cet ensemble documentaire est très riche. Il fait apparaître quelques pistes, quels idées fortes qu'il faudra mettre en valeur dans l'analyse critique des documents :

  • l'idée d'une intervention politique forte dans ces deux domaines (population et développement), qui relie les deux ;
  • l'idée de jeux d'acteurs variés (État, états, populations ou individus);
  • l'idée d'inégalités spatiales fortes, d'une division forte de l'Inde en plusieurs groupes (villes, campagnes, états ou régions du Gange, Kérala, …) ;
  • l'idée que le dynamisme de la population est vu non plus comme un atout (comme dans les premières années après l'indépendance), mais comme un soucis (pour ne pas dire un problème), notamment dans les régions ou les quartiers pauvres. Le nouveau modèle familial qui s'impose depuis quelques décennies vient des villes et des régions riches mais aussi du Kérala, où l'état a mené une politique volontariste.
  • On peut aussi souligner le rôle des femmes dans ce changement, en tant qu'actrices de leurs choix d'enfants, de vie, même si elles sont mal considérées (cf document 1)

Ce corpus de documents est à présenter. Ici, on peut rapidement exposer :

  • trois types de docs :
    • deux articles de site internet, scientifiques à destination d'un public de spécialistes (docs 2 et 5) ;
    • un article de journal (le Figaro), pour le grand public (doc 1) ;
    • deux groupes de cartes (docs 3 et 4) destines aussi à un public de spécialiste (Carto + manuel de syntèse pour concours) ;
    • une unité de dates et d'échelle :
      • les années 1991-2011 (recensements) ;
      • l'échelle nationale, même s'il y a des références aux états de l'Union indienne
  • deux thèmes entremêlés : l'évolution de la population et les enjeux du développement en Inde, autour de thématiques propres à chaque doc :
    • dans les doc 1 et 4, l'évolution de la population , la transition démographique et la place des femmes en Inde ;
    • doc 2, 3 et 5 évoquent les enjeux du développement : forces et les faiblesses de la révolution verte (doc 2) et calcul / répartition de la pauvreté en Inde (doc 3) : l'IPM ou encore les csq politiques de la pauvreté (doc 5).

Au bout d'une petite heure, on peut donc essayer de trouver une problématique qui dépasse l'idée que le développement de l'Inde est lié à l'évolution de la population (ça, c'est le sujet, pas une problématique) ou que la baisse de la population est liées à un développement économique et social des Indiens (un peu trop simple à mon goût … on peut le garder pour le développement en classe)

Je propose donc la problématique suivante : Les décisions politiques de réduction de la pauvreté suffisent-elle à expliquer les changements démographiques récents de l'Inde ?

(j'insisterais donc sur les choix politiques effectués depuis une quarantaine d'années en Inde pour montrer qu'ils ne sont pas les seuls facteurs explicatifs : il y a aussi des raisons culturelles liées à la place de la femme de la société par exemple ou des facteurs socio-culturels : les minorités – non évoquées dans les documents – peuvent avoir des stratégies démographiques différentes, comme les musulmans, plus pauvres que la moyenne nationale, qui font plus d'enfants … ce qui pose des problèmes politiques dans un pays où le mythe d'un pays uni autour de l'hindouité est fortement mis en avant par le gouvernement nationaliste du BJP)

Je propose le plan suivant en vérifiant bien que les informations se retrouvent dans plusieurs documents dans chaque partie : il faut absolument éviter de faire une partie basée sur un document seulement, toujours s'attacher à relier les documents, les informations des documents et à relier ces informations à un regard [ou une analyse] critique.

 

1- Une population indienne dynamique et très variée

Attention, je ne parle pas que du dynamisme de la population : je l'associe à des critères économiques, au développement.

a. Un dynamisme de la population mal contrôlé par l’État (docs 1 et 4)

=> Cette partie évoquera l'idée de transition démographique, de croissance de la population, les chiffres de la natalité, de la mortalité ou encore de l'indice conjoncturel (ou synthétique) de fécondité.

b. La place des femmes dans la population, un rôle essentiel mais une position de mineures (docs 1 et 4)

=> montrer la place des femmes comme secondaire face aux hommes, mais aussi comme essentiel dans la réduction du nombre d'enfants [attention, relativiser selon les états]

c. Une population marquée par une grande pauvreté (docs 1-3-4-5)

=> On s'attachera à montrer les différences spatiales entre les villes et les campagnes, entre les régions (ou états), entre les quartiers, … On montrera aussi que cette pauvreté est forte et qu'elle s’accroît (doc 5) On pourra associer aussi les mouvements spatiaux non décrits dans les documents, mais qui sont liés à la pauvreté.

 

Transition qui reprend la pbq : une population en changement, voire en mutation profonde mais qui reste profondément rurale (pas d'exode rural fort) et où les écarts se creusent … un enjeu politique important.

 

2- Un développement inégal malgré l'action de l’État.

a. la volonté de réduire la pauvreté en Inde (docs 3 et 5)

=> Cet enjeu est d'abord politique : la pauvreté est mesurée soit par l'IPM (doc 3) soit par le niveau de revenus (pour le PDS). Cette mesure de la pauvreté est aussi un enjeu national(iste) et économique : la lutte contre la pauvreté est au cœur de toutes les campagnes électorales depuis l'indépendance de l'Inde. Il semble que cette lutte porte des résultats depuis 30 ans, au prix d'écarts sociaux grandissants entre riches et pauvres et entre villes et campagnes.

b. Des choix politiques forts (docs 2 et 5)

=> Ces choix ont été d'abord marqués par la volonté d'éviter un exode rural massif en privilégiant le développement rural via un soutien de l’État indien à l'agriculture (ou à la petite industrie). La révolution verte a été le fer de lance de cette politique dans quelques régions (Penjab, deltas). Depuis 30 ans, la libéralisation économique transforme l'économie du pays (plus tertiaire, plus urbaine) et voit les aides de l’État à l'agriculture et aux campagnes se réduire.

c. La question de la durabilité de ces choix politiques (docs 1,2 et 5)

=> On a vu les enjeux économiques et sociaux, il faut aussi évoquer les enjeux politiques (rébellion naxalite), environnementaux des choix d'une agriculture intensive, les enjeux sociaux d'une agriculture peu mécanisée … mais aussi le recul de l'engagement de l’État dans l'agriculture ou les campagnes.

 

Transition : On le voit, un acteur est central dans ce changement, c'est l’État. Cependant, ce n'est pas le seul. Les décisions politiques liées au développement et à la population se font aussi à d'autres échelles.

 

3. Une gestion de la pauvreté, du développement et des populations à différentes échelles.

a. Le poids de l’État dans les changements actuels et passés (tous les docs)

=> Au delà des choix politiques vu au dessus, l’État joue un rôle majeur à travers le planning familial. Celui-ci vise à réduire le nombre d'enfants par femme par une politique incitative, un accès facilité aux méthodes contraceptives ou encore des campagnes de promotion d'un nouveau modèle familial. Mais ce changement se fait aussi via l'accès à l'éducation (doc 1), des investissements dans l'économie (docs 2 et 5), l'accès à l'électricité, à l'eau courante ou à des toilettes (doc 3), l'accès à l'éducation (doc 3), ...

b. Le rôle des états indiens (docs 2,3 et 5)

=> Ils peuvent expliquer les différences socio-spatiales de développement et de dynamiques de la population en Inde. Ainsi, on pourra montrer que le Kérala a été un moteur de la transition démographique indienne suite à des choix mettant en avant le rôle des femmes dans la vie sociale.

c. Des choix individuels (docs 1 et 4)

=> Évidemment, les individus restent les maîtres de leurs stratégies familiales et démographique, même si l’État indien a pu commettre des excès au milieu des années 1970 lors des campagnes de stérilisation. Les femmes, via l'éducation ou l'accès aux soins et les couples, via le niveau de vie, l'accès au confort, … sont des acteurs à part entière dans cette démocratie.

 

Conclure sur l'aspect scientifique en répondant à sa pbq et en proposant une ouverture sur les enjeux pédagogiques d'un tel sujet (passer d'un phénomène complexe qui ne touche pas que l'Inde à une classe de 5° ; utiliser des notons complexes ; intégrer cela dans un thème annuel consacré au développement durable, ...) puis se relire.

 

2- Exploitation adaptée.

(il vous reste 2 heures – 2 heures 30)

L'objectif de cette partie est simple : vous devez être capable d'expliquer vos choix.

Pour réaliser cette « exploitation adaptée », il faut se baser sur :

  • les programmes officiels ;
  • le socle commun de compétences et de connaissances ;
  • les fiches éduscol ;
  • le savoir scientifique explicité dans la première partie.

Il faut faire ressortir les éléments suivants, nécessaires à la construction d'une séance/séquence :

  • il y a des contraintes de temps (année, séquence, séance) : il faut replacer la séquence dans la longue durée, celle de l'année et celle du collège (ou du lycée) ;
  • Il y a des contraintes liées aux notions à utiliser ; quelles notions essentielles sont à voir, quelles notions essentielles sont déjà connues ? Quelles autres notions (que l'on ne développera pas forcément avec les élèves, sauf s'il s posent la question) peuvent être utiles (ou utilisées) ? 
  • Il y a des contraintes de compétences : quelle compétence veut-on mettre en avant (cartographie ? Lecture et analyse de paysage ? Lecture et analyse de texte ? Lecture et analyse de tableau chiffré ? …) ;
  • Que les élèves ont des connaissances liées à des cours passés en géographie, en histoire mais aussi en français, en maths (sur les chiffres, les pourcentages par exemple dans ce dossier), en arts, en langues, … Ces connaissances pourront être utiles au cours : ici, les connaissances sur les foyers de population par exemple (vus en 6°)

L'ensemble de ces contraintes va permettre de construire une séance dans une séquence … Votre travail est donc de montrer comment vous utilisez ces contraintes pour obtenir une séance intéressante pour les élèves. Vous pourrez glisser vos connaissances sur l'utilité d'une étude de cas, sur l'importance de l'évaluation si vous le voulez, mais en lien avec ce que vous écrivez. (il ne s'agit pas de réciter bêtement un cours, mais d'argumenter vos choix).

Ainsi, le sujet nous impose de traiter de la question en 5° :

Commentaire de documents, L'Inde, dynamiques de population et développement - Correction
  1. Le temps :

Dès le début de l'année scolaire de la classe de 5° :

Thème 1 = Il occupe 1/3 du temps de l'année (soit théoriquement 12 semaines sur 36 → septembre + octobre + novembre). Il faut donc expliquer que la séquence sera la première de l'année, qu'elle est consacrée à l'étude de la population mondiale, comme en 6° mais sous un autre angle, celui du DD (en 6° : répartition de la population + habiter). Ainsi, au delà d'un constat sur l'évolution des populations, il faut s'interroger sur les différents rythmes d'évolution des populations et sur les causes de ces différences puis se poser la question de la relation entre l'évolution des populations et le développement économique, social et les enjeux environnementaux.

La fiche éduscol précise : "Au cycle 4, en 5e,les élèves interrogent et comparent les effets de la croissance démographique sur le développement de plusieurs pays (Chine ou Inde, un pays africain, États-Unis et Europe). Ils font le constat d’un monde inégal et approfondissent leurs connaissances" (voir : http://cache.media.eduscol.education.fr/file/Geographie_(ok)/05/8/C4_GEO_5_Th1_Question_demographique_inegalites_developpement_558058.pdf

Pourquoi préciser cela ?

  • Pour montrer sa connaissance des programmes et donc que les élèves vont comprendre ce qu'est un développement durable.
  • Pour montrer aussi que l'on maîtrise la gestion du temps, les connaissances passées des élèves ; en gros que la séquence étudiée n'est pas isolée mais s'inscrit dans une temporalité complexe (collège / 5° / géographie / population).

Ce thème 1 est consacré à l'étude de la population à partir de 2 études de cas. On le voit, l'objectif est de montrer que les populations connaissent des dynamismes internes forts : dynamismes spatiaux et transition démographique (à prendre comme une grille de lecture, pas comme un mode de développement ou un objectif à atteindre).

Sur ces 12 heures de la partie 1, il faut proposer un découpage :

Les fiches Eduscol ne propose pas de découpage de temps. Cependant, il faut proposer 2 études de cas + une mise en perspective sans un premier sous-thème (donc à priori 6 heures divisé en trois). On peut donc passer 2 heures sur chacun de ces trois temps. 

On peut aussi postuler que la première étude de cas est la première de l'année, qu'il faut donc poser des bases pour l'année, que les élèves ne sont pas encore bien identifiés et connus par l'enseignant, donc on peut passer une heure de plus pour cette première étude de cas. C'est à vous de choisir ... et de le dire.

Si je pars d'une étude de cas de deux heures, je dois maintenant découper le temps interne en pensant que les élèves ont besoin de temps pour lire et comprendre les documents, pour faire des exercices oraux et écrits et pour proposer une trace écrite.

2.1. L'intérêt d'une étude de cas pour ce sujet :

En quelques mots, rappeler ce qu'est une étude de cas (une étude d'un territoire particulier à grande ou moyenne échelle, avec des problématiques particulières qui permet d'entrer dans une étude plus générale en dégageant des axes d'étude ou problématiques que l'on retrouve, ou pas, dans d'autres territoires à une échelle plus petite)

L'intérêt ici est de montrer que chaque pays, chaque territoire a ses logiques propres et ses propres enjeux. Ici, l'Inde cherche à réduire sa croissance démographique de manière incitative et non pas coercitive (comme le fait la Chine avec la politique de l'enfant unique, qui tend à s'assouplir depuis 2015). Que la croissance rapide de la population d'un pays implique des investissements importants pour l'éducation ou la santé ; que la croissance d'une population est liée à des enjeux économiques (en Inde, l'enjeu du développement économique), etc.

En faisant un focus sur un pays, on voit précisément les enjeux liés à l'évolution de la population de l'Inde tels qu'on les a vus dans le commentaire de documents : enjeux économiques, sociaux et environnementaux liés à des choix politiques.

2.2. Pourquoi le choix de votre réalisation graphique ?

Ce choix est établi à partir :

  • du dossier documentaire,
  • de votre méthode de travail,
  • du travail à réaliser avec les élèves.

Ici, on peut partir des cartes pour montrer l'évolution dans le temps (doc 4) mais le doc 2 est peut être un peu complexe, sauf a passer beaucoup de temps dessus, carte par carte, ce qui semble difficile en classe.

On pourrait partir d'un document pour faire un croquis, un schéma, un organigramme également. Les documents écrits sont certainement trop longs pour des élèves de 5°. Il faut donc penser à les réduire pour en tirer l'essentiel mais sans les dénaturer.

Par exemple, voici ce que je garderais du doc 1 : (attention, cela je l'explique réellement dans ma dernière partie, 2.5. de ma correction)

Je garde l'idée d'une croissance de la population + une baisse de la croissance + un lien avec l'alphabétisation. Je garderais la place des femmes dans un autre document pour ne pas compliquer la lecture ou la compréhension. Évidemment, le titre est à changer.

A partir de ce nouveau document, je propose un questionnaire visant à faire ressortir :

  • l'idée de croissance de la population dans un des foyers de peuplement de la Terre ; => réinvestissement de connaissances passées (6°);
  • l'idée d'un recul de la croissance => a associer avec un graphique ?
  • l'idée de transition démographique => à expliquer par l'enseignant(e) ;
  • l'idée d'un lien avec l'alphabétisation. => à expliquer par l'enseignant(e) ou à relier à un autre document.

Ce document pourrait être utilisé pour compléter un organigramme qui montre les causes de la baisse de la croissance démographique en Inde, par exemple (causes → alphabétisation + place des femmes dans la société (autre doc) + intervention de l’État + élévation du niveau de vie) (donc → croissance démographique toujours forte mais en baisse) (puis à partir d'autres éléments : enjeux → améliorer le niveau de vie + place des femmes dans la société + nourrir la population + enjeux environnementaux + ...)

Voici ce que cela donnerait :

Document 1 : Inde: grand déséquilibre homme/femme La croissance de la population en Inde.

 

La population indienne a augmenté de 181 millions en dix ans, [...] et le taux d'alphabétisation a progressé mais le pays connaît un déséquilibre croissant entre les sexes, selon les premiers résultats du recensement.
La hausse de la population en dix ans, [...] fait passer le nombre total d'habitants à 1,21 milliard, plaçant l'Inde en bonne position pour dépasser la Chine à l'horizon 2030. Aspect positif des choses : la croissance de la population a enregistré le plus important déclin depuis l'indépendance de l'Inde en 1947, avec une progression de 17,6 % contre une progression de 21,5 % voici dix ans.
"Les données montrent que l'Inde est en transition démographique. [...]", a commenté le Pr P.M. Kulkarni, démographe à l'université Jawaharlal Nehru de New Delhi. Dans le même temps, le taux d'alphabétisation a nettement progressé, passant de 64,8 % en 2001 à 74 % en 2011, selon les chiffres provisoires publiés jeudi.
[...]

2.4. Quelles sont les notions principales à utiliser durant la séance ?

Autour de la croissance démographique en Inde :

  • expliquer le calcul de la croissance démographique,
  • expliquer le taux de natalité, 
  • expliquer le taux de mortalité, 
  • expliquer la transition démographique. (on pourra faire une croquis)

Question : peut-on utiliser une pyramide des âges (oui, bien sûr, mais c'est un document complexe à bien expliquer … ce qui fait beaucoup de théorie en même temps : comment intégrer tous ces éléments en une heure trente ?)

Autour des raisons de la croissance démographique en Inde :

  • politique de limitation des naissances (ou de contrôle de naissance),
  • rôle de l’État (politiques incitatives et parfois coercitives),
  • Autour de les conséquences de l'évolution de la population en Inde :
    • expliquer le déséquilibre homme-femme,
    • expliquer le processus de vieillissement de la population
  • Autour des enjeux du développement :
    • expliquer que l’État indien a fait des choix de privilégier un développement rural avec la Révolution verte ;
    • montrer que ce choix a des conséquences : fin des famines, autosuffisance alimentaire, déséquilibres régionaux, pollution, …

=> Vous le voyez, ce cours n'est pas si simple qu'il n'y paraît : il faut organiser ces notions pour imposer les plus importantes et laisser de côté des pistes pour plus tard dans l'année, autour de l’alphabétisation, de la santé, de la pauvreté, de l'accès à l'eau, …

2.5. Quelle trace écrite pour les élèves ?

Cela dépend de votre choix de document :

  • soit le 1 qui a été caviardé → vers un organigramme ?
  • soit le 4 pour montrer l'évolution → vers un croquis qui montre cette évolution ? Les élèves construisent la légende :
    • zones où la fécondité des femmes a baissé plus tôt (Sud + métropoles)
    • zones où la fécondité des femmes était forte et est devenue moins forte (Plaine du Gange + Nord)
    • zones où la fécondité a très fortement baissé (le reste du pays)

 

A partir de ce choix de document, il faut construire et décrire la logique qui dicte la création de la trace écrite des élèves, sous forme d'une production graphique. Il faut donc expliquer comment les élèves, à partir d'une étude de document (non pas en posant directement les questions aux élèves, mais en donnant les logiques : par un questionnement, les élèves vont relever des éléments visuels, de vocabulaire ; dans un tableau, ils relèveront des termes (lesquels ? Quelles colonnes du tableau?), sur un croquis, il reporteront des éléments trouvés dans un texte (quels éléments?), etc.

Vous montrez ici votre capacité à utiliser des leviers pédagogiques pour :

  • trouver des informations,
  • classer/trier des informations,
  • organiser des connaissances,
  • mettre en lien des connaissances vues dans une séance/séquences avec des informations du document,
  • rédiger une légende,
  • réaliser une partie ou un croquis entier,
  • ou autre …

 

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