- Cette partie du cours est destinée à se donner des repères spatiaux sur cette activité touristique à différentes échelles, en s'intéressant aux territoires d'accueil, les lieux ou territoires touristiques mais aussi les foyers de départ (entrevus) et les flux.
- En effet, le touriste, s'il habite le territoire ou le lieu touristique où il séjourne emporte avec lui sa culture, ses préjugés, voire ses habitudes (balnéaires, culturelles, alimentaires), ce qui peut avoir des conséquences sur les populations qui accueillent comme sur celles qui émettent des touristes (festivals, migrants, …)
3.1. À l'échelle mondiale, trois foyers majeurs
Pour comprendre le tourisme international, on peut construire une carte qui prend comme base trois éléments :
1- les pays d'accueil
2- les pays émetteurs
3- les flux.
Que remarque-t-on ? Quelles logiques organisent le tourisme à l'échelle mondiale ?
Les territoires émetteurs, comme nous l'avons vus précédemment sont :
les pays riches
les métropoles mondiales
Les territoires récepteurs sont assez proches, dans des périphéries ou dans les centres eux-mêmes.
Trois foyers émetteurs majeurs :
Europe du nord-ouest
dont les régions les plus urbaines et les plus riches : voir carte
dont les métropoles : Grand Londres, Grand Paris, Randstad Holland, Ruhr, Italie du Nord, …
Amérique du Nord
dont les régions les plus urbaines (façades maritimes de l'Atlantique et du Pacifique)
dont les métropoles : la Mégalopolis, le triangle texan, les Grands Lacs et le Saint Laurent, Cascadia, La Californie.
Asie de l'Est
dont les régions les plus urbaines (mégalopole japonnaise, façade Pacifique de l'Asie, entre Corée du sud et Hong Kong)
dont les métropoles : Tokyo, Osaka, Kobé, Séoul, Pékin, Shanghai, le delta de la rivière des perles
Trois lieu d'accueil majeurs :
La Méditerranée
les rives du nord
les villes
certaines zones seulement
Les Caraïbes
les îles
les ports
L'Asie du sud-est
les rivages
les villes
Les flux
des flux proches (courts et moyens courriers)
des flux plus lointains (longs courriers)
On peut s'inspirer de la modélisation proposée par Olivier DEHOORNE : (http://etudescaribeennes.revues.org/882)
Et proposer un plan qui reprend une problématique simple :
Les territoires du tourisme correspondent-ils aux territoires urbains ?
Cela peut donner une carte qui ressemble à celle-ci : Le tourisme dans le monde en 2013
3.2. À l'échelle régionale, des territoires à différencier.
Une partie assez classique pour expliquer les principaux territoires touristiques, ou champs touristiques à voir comme 'un réseau de lieux, d'acteurs dont les relations spatiales sont centrales (distance, temps, limites, localisation, imaginaire géographique, etc.)'. Cette mise en réseau est relativement locale : près de 80 % des déplacements touristiques mondiaux se font dans la région de départ, mais ces régions sont plus ou moins vastes (Amérique du Nord, Europe, Asie de l'est). Ces champs sont issus des touristes qui se créent ainsi un monde imaginaire et réel dans lequel ils se déplacent avec leurs représentations, leurs rencontres, leurs mobilités, leur regard, …
Le premier champ étudié ne sera pas le champ méditerranéen, vu plus tard dans l'année, dans un chapitre spécifique (avec une carte qui est en ligne : http://geobunnik.over-blog.fr/2013/12/une-carte-du-tourisme-en-m%C3%A9diterran%C3%A9e.html).
Les 10 champs : Amérique du nord / Asie de l'est / Europe de l'est et du centre
Amérique centrale / Amérique du sud / Moyen Orient / Asie du sud / Russie et Asie centrale / Afrique.
Ces champs sont tous particuliers dans le sens où ils répondent à une demande spécifique :
- tourisme balnéaire – montagnard – rural ;
- tourisme de découverte – d'affaire – sexuel – religieux – sportif – …
- tourisme de masse – tourisme individuel ou collectif – tourisme de pionniers aux limites de l'écoumène
3.2.1. L'Europe occidentale et septentrionale :
C'est le premier territoire touristique au monde, à la fois en tant que foyer émetteur qu'en tant que récepteur (44 % des recettes et 55 % des arrivées mondiales). Ce territoire va de la France du nord à la Scandinavie et l'Islande en passant par les îles britanniques, le Benelux, les États alpins (Suisse, Autriche) et l'Allemagne. C'est le lieu de naissance du tourisme, qui est marqué par la diversité, voir l'aspect complet de l'activité, des structures : un modèle qui englobe toutes formes de tourisme. Un modèle qui semble remis en question par la saturation mais qui reste privilégié par la culture touristique de ses habitants.
- Une région riche, urbaine, mue par de nombreuses mobilités :
- Une région riche … notamment à l'ouest et au nord, les deux foyers émetteurs principaux.
- Une région riche : des régions au dessus de la moyenne de richesse de l'UE (plus de 23 063 Standard de Pouvoir d'Achat en 2008) sauf exceptions (Poitou-Charentes ; Haute-Normandie ; Picardie ; Nord-Pas-de-Calais pour la France ; ex RDA pour l'Allemagne ; régions rurales du Royaume Uni ; …)
- conséquence : des pays qui dépensent beaucoup pour le tourisme.
- Une région urbaine, le long des littoraux et du Rhin.
- Une région urbaine : deux villes mondiales (Paris Londres de plus de 10 M d'habitants, mais aussi des conurbations importantes : la Randstad Holland, la Ruhr ; des métropoles réparties sur tout le territoire (Manchester, Hambourg, Munich, Zurich, ... Et, pour toute l'Europe, 5 000 unités urbaines de plus de 10 000 habitants (soit 1/4 du total planétaire).
- Des villes marquées par l'histoire : dans cette région, peu de traces antiques dans les paysages, mais on trouve des restes de villes médiévales (Provins, Francfort, Bruges, …), des cathédrales gothiques, des villes modernes (places, maisons, plan, comme Nancy).
- Des villes parfois reconstruites a l'identique après une destruction (ou dans l'esprit de ce qui existait avant) : Londres en 1666 (incendie), Lisbonne en 1755 (tremblement de terre), Hambourg, Cologne, Francfort, Le Havre ou Rotterdam en 1945 (bombardements).
- Des villes devenues touristiques, comme Amsterdam, Bruxelles, Cologne, Berlin, Stockholm, Dublin, Helsinki, Paris, Strasbourg, …
- Un continent mu par les mobilités : ses liens avec le tourisme : L'automobile, la déréglementation aérienne (1/3 des vols en low cost aujourd'hui), le train avec un développement des LGV, les bus, ...
- Conséquence : des taux de départ à l’étranger très élevés : Luxembourg (90 %), Pays Bas et Allemagne (+ 60 %), Belgique (+ 50 %).
- Conséquence 2 : ces pays (sauf 4 : la France +13 milliards de dollars, la Suisse + 3,7, l'Autriche + 8,5 et le Luxembourg +0,5) ont des balances touristiques déficitaires : en 2009, ce solde est négatif pour l'Allemagne (- 45 milliards de dollars), le Royaume Uni (-22,5), la Belgique (-8,5) le Danemark (- 3,4),les Pays Bas(-3,2). Au total en 2009 : 68 milliards de dollars de solde négatif.
- La diversité de l'offre touristique européenne (hors méditerranée) :
- une diversité des milieux et des paysages :
- les lacs et forêts boréales de Scandinavie ;
- les côtes de Norvège (1 500 km, fjords), celles de la Baltique allemande, de la mer du Nord, de l'Atlantique, …
- les îles suédoises de Aaland ou de Gotland ;
- les 187 000 lacs de Finlande ou 100 000 de Suède ;
- les glaciers (12 000 km² dont 9 000 pour l Vatnajökull), volcans et Geysers d'Islande
- les campagnes agricoles du Danemark, d’Écosse, d'Angleterre, …
- les fleuves (la Vallée du Rhin, la vallée de la Moselle, Danube)
- les montagnes (Alpes, mais aussi Vosges, Forêt Noire, Alpes Scandinaves, …)
- etc.
- une diversité culturelle :
- langues scandinaves, germaniques, latines (Français) qui se déclinent en diverses langues.
- Des minorités (les 'lapons' ou samis)
- Des régions où la culture locale est mise en avant (Bavière, Écosse, …)
- Les villes de la Hanse (Bergen, Hambourg, Brème, Lübeck, …)
- Les métropoles mondiales : Paris / Londres
- Les autres villes : Oslo / Stockholm / Göteborg / Helsinki / Copenhague / Dublin / Édimbourg / Amsterdam et ses périphéries / Bruxelles / Anvers, Bruges, Gand / Berlin / Munich / Francfort / Dresde / Lille / Strasbourg / Lyon / ...
- Les édifices religieux : églises en bois de Norvège - les cathédrales gothiques du XI°-XIII° siècle -les palais de l'époque moderne (Versailles, Sans-soucis, …) - ...
- une diversité de l'offre :
- parcs à thème ;
- tourisme urbain ; (monuments, musées, …)
- tourisme balnéaire ; (plages de l'Atlantique et de la mer du Nord ; lacs)
- tourisme sportif ; (hiver – été ; mer – montagne – campagne)
- Norvège : pêche aux îles Lofoten, ski, saut à ski ; JO de Lillehammer en 1994, Telemark
- Écosse : Golf
- Irlande : randonnées équestres
- Alpes françaises, suisses et autrichiennes : le premier domaine skiable du monde (55 millions de skieurs sur les pistes françaises, 50 millions en Autriche durant l'hiver 2011-2012 – clientèles nationales et nord-européennes).
- tourisme d'affaires ; congrès, foires (Bruxelles, Paris, Hanovre, Milan, Francfort, Barcelone, Cannes, Vienne, Berlin, Amsterdam, Stockholm, Lisbonne, …)
- tourisme religieux ; (Rome), Lourdes, Czestochowa, (Saint-Jacques-de-Compostelle, Fatima.)
- conséquence : une capacité d’accueil très grande, tant dans les villes que dans des territoires ruraux (bien qu'urbanisés, comme les stations de ski ou les stations balnéaires de la mer du nord)
- une diversité des milieux et des paysages :
- La saturation, un frein au modèle touristique actuel ?
Si les littoraux de l’Europe du nord ne sont pas touchés par la saturation touristique (sauf peut être localement dans les grandes stations balnéaires de l'Atlantique français (La Baule, Arcachon), du sud de l’Angleterre (Blackpool) voire de la mer du Nord (Ostende, La Haye), ce n'est pas le cas dans les montagnes et principalement dans les Alpes du Nord, en France, Suisse et Autriche.
« au cours de ces dix dernières années, le tourisme de montagne présente des difficultés de croissance dans tous les pays alpins, en particulier pendant la saison estivale. On peut lire sur l’éditorial du numéro du mois d’août de Montagne Leaders « en France, la fréquentation de la montagne l’été régresse chaque année. Désormais cette destination est passé derrière celle du littoral, de la campagne et de la ville. » (Drapier, 2008) » (source : Andrea Macchiavelli, « Le tourisme alpin », Revue de géographie alpine, 97-1 | 2009)
Dans les villes aussi, le tourisme connaît une certaine saturation malgré la découverte de nouvelles destinations depuis le début des années 1990 (Europe de l'Est) et le milieu des années 1990 (déréglementation aérienne et apparition des compagnies low cost). Cette concentration se fait principalement dans quelques quartiers centraux, voire quelques rues.
Une autre saturation se fait aussi sur les axes de transport, notamment lié à la forte saisonnalité des déplacements, que ce soit dans les gares et aérogares début juillet, fin juillet et fin août, mais aussi au cours du mois de février, surtout dans les pays centralisés comme la France. Cette saturation se retrouve sur les axes routiers, notamment dans les cols alpins et dans la vallée du Rhône, entraînant des investissement toujours plus lourds pour traverser les Alpes (Liaison Lyon-Turin, tunnels de basse altitude du Simplon, …)
3.2.2. L’Amérique du Nord :
C'est le deuxième foyer émetteur du monde, derrière l'Europe, avec 135 milliards de dollars dépensés en 2009 et près de 78 millions de touristes accueillis en Amérique du Nord. Celle-ci est composée de deux pays, le Canada et les États-Unis, deux pays émetteurs et récepteurs, sur le modèle nord-européen. En effet, les deux pays d'Amérique du nord ont développé un tourisme assez proche de celui de l'Europe, avec un élément supplémentaire, la présence d'espaces vastes, quasi-infinis qui ont forgé le rapport des nord-américains avec leur environnement, celui-ci étant vu à la fois comme producteur de ressources naturelles vues parfois comme infinies (agriculture, eau, hydrocarbures, bois) mais aussi vues comme à protéger contre les assaut des urbains (c'est le lieu de naissance des parcs naturels au XIX° siècle).
- Des urbains mobiles :
- Une population assez nombreuse : 350 millions d'habitants, avec une croissance démographique forte poussée par l'immigration.
- Une population urbaine qui suit le modèle de vie nord-américain (american way of life) basée sur l'usage de l'automobile, la maison individuelle, les loisirs,
- Une relation avec la nature forte depuis les écrits de Henri David THOREAU (Walden, ou la vie dans les bois, 1854 ; autres récits de voyage dans la nature nord-américaine) mais aussi les westerns des années 1950-1960 (John WAYNE).
- Une population mobile avec des congés plutôt fractionnés en week-ends ou semaines. Les États-Unis détiennent donc près d'un quart des chambres d’hôtel du monde (4,8 millions sur un total estimé à 20 millions). Cette population utilise massivement l'automobile, mais aussi l'avion, surtout depuis la déréglementation du milieu des années 1980 (20 000 aéroports aux États-Unis et 1 200 au Canada) Les déplacements en avion concentrent 18 % des mobilités contre 4 % en 1960.
- Des urbains qui cherchent la nature, soit en ville (le jardin en périphérie, les parcs urbains dans toutes les villes, du Mont Royal à Central Park), soit hors de la ville, dans les parcs naturels : 58 parcs nationaux aux États-Unis. Le premier parc national, Yellowstone, fut créé par une loi signée par le président Ulysses S. GRANT en 1872 et fut suivi par Sequoia et Yosemite en 1890. L'acte organique de 1916 créa le National Park Service afin de "conserver les paysages et les objets naturels et historiques et la vie sauvage qui s'y trouvent, ainsi que de permettre d'en profiter d'une manière qui les préserve dans le même état pour les générations futures". L'Alaska et la Californie sont les états qui comptent le plus grand nombre de parcs (8 chacun), suivis de l'Utah (5) et du Colorado (4). La superficie totale des parcs nationaux est d'environ 210 000 km². Le parc le plus visité est Great Smoky Mountains qui a accueilli plus de 9 millions de visiteurs en 2008, suivi de Grand Canyon (plus de 4 millions). Au Canada, les 42 parcs s'étendent sur 224 466 km², ce qui représente 2,2 % de la superficie totale du pays. Le plus visité est celui de Banff, dans les Rocheuses.
- Une population riche aussi qui dépense beaucoup durant ses voyages touristiques.
- Les territoires des touristes :
- les grands espaces : là aussi une grande variété des milieux naturels dans des distances très grandes : 4 500 km séparent la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique.
- Les chutes du Niagara
- La vallée du Mississippi (deep south, associé à une culture musicale, le jazz et le blues) ;
- Les Grandes plaines, mais qui ne constituent pas un lieu majeur du tourisme sauf autour de quelques lieux emblématiques comme le mont Rushmore (Dakota du sud), le lieux de bataille contre les indiens (Little Big Horn, Dakota du nord) ;
- Les Rocheuses qui combinent un tourisme d'hiver dans quelques stations et un tourisme d'été dans les parcs nationaux comme Yellowstone (9 000 km², 2 millions de visiteurs par an ; Grand Téton ; parc des Glaciers, Zion, Arches, Grand Canyon, …) ne pas oublier les Prairies canadiennes et ses parcs naturels et ses stations de ski (Calgary) ;
- L'Alaska ;
- Le grand Nord canadien
- La Nouvelle-Angleterre, considérée ou vue comme le berceau des États-Unis.
- Les villes, et principalement les métropoles du nord-est (Mégalopole, Grands Lacs, Saint-Laurent), du sud-est (Floride) et du sud-ouest (Californie) ou du centre (Las Vegas). Bien souvent, ils'agit d'un tourisme exclusif : les touristes y passent quelques jours, une semaine sans visiter d'autres lieux : New York (principalement Manhattan), Philadelphie (pour des raisons politiques : ville des pilgrims, de la déclaration d'indépendance du 4juillet 1776), Boston (idem), Washington (idem), Montréal, Chicago (et les Grands Lacs), la Nouvelle Orléans, Los Angeles, San Francisco, Vancouver, ...
- les littoraux :
- La Floride qui s'est développée grâce au tourisme : 2,7 millions d'habitants en 1950, 20 millions aujourd'hui ; un tourisme balnéaire (2 000 kilomètres de plages ; combiné aux Everglades, aux parcs à thèmes autour d'Orlando ou aux 1 200 golfs), un tourisme d'affaires (à Miami principalement) et un tourisme de retraite (18 % de la population) dans les petites villes comme les grandes. Miami – et ses ports associés – reste la premier port de départ du tourisme de croisière dans le monde.
- La Californie qui combine elle aussi un tourisme balnéaire, un tourisme d'affaires, un tourisme de parcs naturels ou de parcs à thème.
- les grands espaces : là aussi une grande variété des milieux naturels dans des distances très grandes : 4 500 km séparent la côte atlantique à l'est et la côte pacifique à l'ouest. Il faut parcourir 2 500 km pour relier le Canada au Mexique.
- Des flux importants et une saturation qui pose aussi problème.
- Les principaux flux partent des métropoles du nord-ouest. Vers le sud. On a donc ici aussi des flux globalement nord sud. Ces flux concernent des étudiants (mi-term break) vers les mers chaudes durant l'hiver, des retraités (tempes grises) vers le sud des États-Unis, des employés vers les plages du sud ou les îles des Caraïbes ou du Mexique, des joueurs vers les casinos du désert … Las Vegas, Reno, …
- Ces flux sont surtout internes là encore : les États-Unis fournissent 90 % des touristes internationaux au Canada et 85 % des touristes internationaux au Mexique, et les flux émis par le Mexique et le Canada convergent d’abord vers les États-Unis.
- Des flux internationaux importants (mais minoritaires) venus d'Europe ou d'Asie principalement sur les côtes et dans les métropoles.
3.2.3. L'Asie de l'est :
Cet ensemble se positionne comme un nouveau cœur du tourisme, avec deux zones distinctes ; Attention, ces chiffres ne tiennent pas en compte du dynamisme du tourisme intérieur de ces pays , tant au Japon qu'en Chine (voir Benjamin TAUNAY , Le tourisme intérieur chinois Presses universitaires de Rennes, 2011) et dans les autres pays. En effet, il ne faut pas oublier que certains de ces pays sont des pays très peuplés et émergents, comme l'Indonésie (235 millions), la Thaïlande (70 millions) ou les Philippines (95 millions), que certains états sont très urbanisés (Taïwan Japon, et bien sur Hong Kong ou Singapour. Ces derniers étant aussi des nœuds de communication aériens).
- Un cœur en expansion : le nord
Ce cœur est en expansion grâce à l'enrichissement rapide de la Chine et la poursuite de la croissance de la Corée du sud. Le Japon, troisième pilier du tourisme régional connaissant quant à lui une période de stagnation. Il reste un pays émetteur majeur dans le monde. Trois autres pays ou ensembles complètent ce groupe, trois sous-ensembles de la Chine : Macao et Hong Kong qui ont réintégré l'ensemble chinois tout en gardant des statuts particuliers, et Taïwan, toujours séparé de la Chine continentale.
Cet ensemble regroupe 12 % des flux et 13,3 % des recettes du tourisme en 2009 (OMT), avec quatre pays au solde touristique négatif (Chine - 4,5 milliards de dollars, Japon – 22 milliards, Corée du sud – 1,7 milliards et Taïwan – 700 millions de dollars) et deux pays au solde positif (HK, Macao). La Chine étant devenue le premier pays émetteur au monde.
C'est un groupe très urbanisé, avec des populations nombreuses comme la Chine (1,5 milliards d'habitants), le Japon (127 millions) ou la Corée du sud (50 millions). S'ils voyagent beaucoup, c'est souvent peu de temps et pour dépenser beaucoup :
La Chine est devenue en 2012 le pays qui dépense le plus pour le tourisme (102 milliards de dollars pour 83 millions de touristes internationaux, soit en moyenne 1 230 dollars par personne), devant les États-Unis et l'Allemagne (84 milliards chacun). Une petite moitié des touristes de luxe chinois dépense plus de 5.000 dollars (3.800 euros) par voyage. Les touristes chinois achètent aujourd'hui un quart des produits duty-free au monde, selon le leader mondial des services de détaxe Global Blue. (source l'expansion, 04/06/2013). Il ne faut pas oublier que ces touristes voyagent d'abord dans des pays proches, asiatiques.
De même, si le Japon se classe à la 12ème place en nombre de voyageurs visitant la France, les dépenses d'un Japonais lors de son séjour sont 27% plus élevées que la moyenne des dépenses effectuées par les touristes étrangers.
(source : ccifj.or.jp/news-japon/conference-evenements/vue-detail/n/tourismes/#sthash.iZqup0Kq.dpuf
Benjamin TAUNAY estime ainsi à plus de 300 millions le nombre de touristes intérieurs en Chine dont 215 qui voyagent à travers des agences de voyages (voir carte des principales destinations touristiques). Ce sont des lieux connus, des zones « d’intérêt paysager et historique d’importance nationale» (Zhongdian fengjing mingsheng qu) qui attire le regard des touristes intérieurs. Ces zones sont centrées sur des lieux « célèbres» (« Mingsheng» en chinois), visités depuis le XVèmesiècle par une noblesse lettrée. La filiation entre les pratiques des anciens voyageurs et celles des touristes d’aujourd’hui a été réalisée par l’Etat dans un but de « construction nationale». C’est ce que montrent notamment Nyíri en 2006 et David en 2007 : les lieux et les pratiques sont stéréotypés afin d’affirmer le sentiment national chez les touristes.
Selon lui, les Chinois qui voyagent à l’étranger proviennent des trois plus grands centres urbains du pays, Pékin, Shanghai et Canton. Ces Chinois représentent moins de 10% de la population de ces centres urbains, soit la classe supérieure de la population (300 000 Chinois sont très riches, avec un patrimoine supérieur à 1 million de dollars, hors immobilier).
Bien évidemment, ces pays sont aussi des pays d'accueil pour le tourisme d'affaires (1/3 des 57 millions d'arrivées en Chine), le tourisme culturel.
Pékin, Shanghai et Guangzhou (Canton) forment le cœur du tourisme chinois, le reste du pays étant relativement peu visité.
Au Japon (6 millions de touristes en 2011 mais + de 8 en 2010), c'est le tourisme intérieur qui guide aussi les pôles touristiques : Tokyo, Kyoto, avec leur passé prestigieux concentrent le tourisme culturel, les autres métropoles accueillant du tourisme d'affaires. Les littoraux du sud, avec un climat tropical, est un territoire du tourisme balnéaire.
En Corée, qui accueille un peu moins de 10 millions de touristes en 2011, Séoul est le pôle majeur (tourisme d'affaires + culturel autour des temples et palais royaux), tout comme Pusan (port, tourisme d'affaires).
On peut aussi noter que comme les pays d'Europe, les pays d'Asie du nord-est ont développé un tourisme et une image grâce aux événements sportifs ou commerciaux internationaux : Coupe du monde de football en Corée et Japon en 2002, Jeux Olympiques à Séoul (1988), à Pékin (2008), Exposition universelle de Shanghai (2010).
- Une périphérie au sud
C'est là où se rendent les touristes régionaux ou internationaux, composée des pays du sud de l'Asie de l'est, comme la Thaïlande, l'Indonésie, la Malaisie, le Vietnam, le Cambodge, les Philippines. Chacun de ses pays voit dans le tourisme une importante source de devises même si l'Indonésie, Singapour ou les Philippines ont un solde touristique négatif en 2009. Ce groupe compte pour 7,5 % des recettes mondiales et accueille 77 millions de personnes en 2011.
La Thaïlande reste le cœur de tourisme du sud-est asiatique avec plus de 19 millions de touristes accueillis en 2011 (20 milliards de dollars de recettes). Bangkok reste la porte d'entrée du pays, avec un tourisme culturel mais aussi balnéaire (Pataya, Bang Saen). La péninsule malaise avec Phuket est aussi un pôle important du tourisme local. Dans le nord, le tourisme est plus diffus, avec des excursions (paysages, temples, minorités).
La Malaisie est aussi une destination majeure, principalement pour un tourisme balnéaire (24 millions de touristes en 2011).
Singapour, hub aéroportuaire mondial (42 millions de passagers – 2010) attire aussi plus de 10 millions de touristes d'affaire ou culturels.
L’Indonésie (7 millions de touristes en 2011) est un acteur moins important, car son tourisme est concentré principalement dans l'île de Bali et dans l'ouest de Java, autour de Jakarta – Bandung – Bogor (ancienne résidence du gouverneur hollandais).
Les Philippines accueillent un tourisme isolé, de plongeurs, de sex-tours (Manille), …
Le Vietnam a connu un boom touristique récent, basé sur des paysages (baie d'Along) mais aussi autour de la mémoire de la guerre
Les autres pays (péninsule indochinoise) restent peu visités sauf autour de quelques pôles isolés, comme Angkor Vat au Cambodge ou Vat Phra Kéo au Laos.
- Un ensemble relié au monde :
Ce qui relie ces deux ensembles, ce ne sont non seulement les flux entre les pôles urbains du nord et les plages, les villes ou les temples du sud, mais aussi le fait que ces deux groupes sont très bien connectés à un champ touristique mondial, peut être plus encore que l'Amérique du nord ou l'Europe.