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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Les ressources des mers et océans : exploiter un bien commun ?

Publié le 19 Juin 2017 par geobunnik in Géographie des mers et océans

Introduction :

  • Les ressources :
    • Selon les dictionnaires :
      • L'Encyclopédia Universalis :
      • « On dénomme ressources naturelles les diverses ressources minérales ou biologiques nécessaires à la vie de l'homme et à ses activités économiques. Celles-ci peuvent être subdivisées en deux groupes distincts :
      • Ce dernier groupe de ressources ne peut être considéré comme inépuisable que dans la mesure où son taux de prélèvement est inférieur à la productivité nette disponible, c'est-à-dire au taux de régénération. C'est une condition impérative à l'utilisation durable de telles ressources et, donc, à la sauvegarde des conditions de vie des générations futures. »
      • Les ressources renouvelables qui peuvent, en principe, être exploitées sans épuisement, étant capables de se régénérer en permanence. Elles regroupent l'eau, les sols (terres cultivables) ainsi que les ressources biologiques, qui sont constituées par les communautés vivantes exploitées par l'homme (forêts, pâturages, pêcheries maritimes, biodiversité – espèces animales et végétales) et par les ressources génétiques (variétés de plantes cultivées et races d'animaux domestiques).
      • Les ressources non renouvelables, constituées par les matières premières minérales et les combustibles fossiles, qui proviennent de gisements formés au cours de l'histoire géologique de la Terre et correspondant à un stock, par essence même, épuisable.
      • Le dictionnaire Larousse : 
      • « Ensemble formé par la nature et les modes pré-industriels d'exploitation de celle-ci. »
    • Selon l'Organisation Mondiale du Commerce : (Rapport sur le commerce et les ressources naturelles, 2010) : Ressources naturelles = « Les stocks de matières présentes dans le milieu naturel qui sont a la fois rares et économiquement utiles pour la production ou la consommation, soit a l’état brut, soit après un minimum de transformation ».
    • Selon la FAO, (Gestion durable des ressources naturelles. Kit pédagogique - Volume II: Manuel de base) :« Ensemble des potentialités d'un milieu physique et biologique ».
    • Selon les géographes :
      • Dictionnaire de Géographie et de l'espace des sociétés, (2013) : « Réalité entrant dans un processus de production et incorporée dans le résultat final de cette production. [...] Ce qu'on appelle ressource naturelle mérite davantage discussion. Une réalité issue du monde physique ou biologique ne peut être ressource que s'il existe un processus de production identifié dans lequel il peut être inséré et qui, par définition, provient de la société. Si on appelle naturel le monde biophysique en tant qu'il concerne l'homme et est traité par lui, alors une ressource naturelle est justement le résultat particulier qui consiste à lui trouver une place dans un ensemble d'actions finalisées. […] Les ressources sont donc toujours inventées, parfois bien après avoir été 'découvertes' comme le pétrole en tant que ressource énergétique ou l haute montagne comme 'gisement' touristique.[...]S'il est incontestable que le stock matériel de la Terre et de l'univers est fini, on ne peut nullement en conclure que les ressources que les humains en tirent sont elles aussi finies. » (article 'Ressource' par Jacques LEVY)
      • Michel DESHAIE et Guy BAUDELLE, Ressources naturelles et peuplement, ellipses, 2013 : « Les ressources naturelles constituent l'ensemble des matières et des formes d'énergies utiles à l'existence de l'homme. Qu'il s'agisse de substances utilisées à l'état brut, ou transformées plus ou moins fortement pour satisfaire des besoins, ou remplir une fonction, la notion de ressources naturelle est essentiellement contingente. […] Les ressources n'existent pas par elles-mêmes, elles le deviennent. »
      • Isabelle GENEAU de LAMARLIERE et Jean-François STASZAK, Principes de géographie économique, Bréal, 2000, « Les ressources naturelles servent de base à la satisfaction de besoins ou à la production de biens : ainsi l'air, l'eau, les fruits de la chasse, l minerai de fer … Certaines sont constituées par des biens économiques (le minerai de fer), d'autres par des biens libres (tel l'air que nous respirons) . Toutefois, toutes les ressources sont nécessaires à l'activité économique ou sont impliquées dans son élaboration ; aussi faut-il les aborder en géographie économique. Il n'existe de ressource en soi, indépendamment des besoins des hommes et des structures économiques. Les ressources se définissent par rapport à des biens et à des fins, variables selon les sociétés. [...] On peut classer les ressources naturelles selon leur origine : tout matière première est empruntée à la matière terrestre ; toute énergie, à l'exclusion du nucléaire, au soleil (par l'intermédiaire des plantes, des anomaux, du vent, …). »
    • Ce que l'on retient de ces définitions : 
      • des ressources très variées : minérales, biologiques mais aussi énergétiques ;
      • des ressources rares et utiles à la production et à la consommation ;
      • des ressources définies aussi par leur potentialité : elles seront ou non transformées par l'industrie. Ces ressources n'existent pas par elles-même, elles le deviennent ;
      • des ressources renouvelables ou non ;
      • des ressources relatives à un usage : la valeur, l'utilité, la rareté sont donc relatives aussi.
      • Donc pour les ressources dans un sujet sur « Géographie des mers et océans » : pêche, aquaculture ; hydrocarbures ; ressources énergétiques (hydroliennes, éoliennes) ; sables et minerais ; agriculture littorale ; eau de mer dessalée.
    • Attention, ne pas confondre ressource et réserve (qui inclut une dimension dynamique : les réserves peuvent diminuer ou s'agrandir selon les moyens techniques que l'on dispose pour l'exploitation) ; ni avec le stock (voir réserve) ;
  • des mers et océans : voir introduction générale du cours : penser le sujet dans sa globalité (océans) et sa diversité (les pluriels), ses dynamiques et sous un angle systémique.

  • exploiter un bien commun : La convention de Montego Bay (ou convention internationale du droit de la mer, 1982) a introduit l'idée que l'océan est un bien que l'on peut considérer comme « patrimoine commun de l’humanité » à propos des ressources des fonds marins dans les eaux internationales. idée de la finitude du monde, et d'un bien commun, donc d'une lecture globale. De plus, problème de l'appartenance de ces ressources : à qui appartiennent les poissons pêchés ? A celui qui les pêche ? À l’État ? À l'humanité ? Quid des pêches hors des ZEE ?

Ce qui donnerait comme introduction rédigée :

En novembre 2014, le Japon a décidé de lancer une offensive diplomatique pour permettre la pêche du thon rouge en Méditerranée. Cette pêche était très limitée depuis 2007 (13 500 tonnes par an, contre 30 000 ou 50 000 auparavant) pour permettre le renouvellement des stocks et permettre à cette ressource naturelle de se renouveler. La remontée du niveau des stocks a poussé les autorités japonaises à relever les quotas imposés, posant ainsi implicitement la question de la durabilité des ressource et de leur exploitation. Les ressources naturelles sont définies par plusieurs critères : elles sont d'origines variées (biologiques, comme le thon rouge de Méditerranée, minérales ou énergétiques, comme le vent ou les courants marins), elles possèdent un caractère limité ou non (eau, pétrole / vent), elles peuvent être renouvelables si le stock se renouvelle sur une période courte mais elles peuvent être aussi non renouvelables (hydrocarbures), ce ce renouvellement est plus long. Enfin, les ressources se définissent aussi pas leur potentialité à être transformée par l'activité humaine. Les ressources naturelles des mers et océans du globe (on inclut dans le sujet les mers fermées comme la Caspienne ou la mer Morte) sont très variées : ressources halieutiques et de l'aquaculture, ressources minérales et hydrocarbures, énergies éolienne et hydrolienne, agriculture littorale (sur les marais salants ou dans les mangroves par exemple), mais aussi l'eau de mer que l'on peut dessaler pour la consommer. La capacité des sociétés à transformer ces ressources naturelles pour produire d'autres biens ou pour une consommation différée dans le temps (conserverie, congélation) ou dans l'espace (comme ce thon rouge de méditerranée destiné à la consommation japonaise) pose la question de l'exploitation de ces ressources, de savoir qui en est propriétaire, s'il faut limiter ces productions par des quotas, comme le thon rouge. Mais la question centrale d'un tel sujet est celle de l'exploitation raisonnable (soutenable) des ressources : les sociétés humaines parviennent-elles à penser à long terme la gestion de ressources naturelles plus ou moins renouvelables ? Pour répondre à cette question, nous suivrons un plan thématique qui évoquera dans une première partie les enjeux de la pêche et de l'aquaculture, dans une deuxième partie la gestion des ressources énergétiques et minérales. Une troisième partie s'intéressera aux potentialités des ressources en eau, courants, vents marins mais aussi aux fonds marins.

 

ATTENTION, dans une copie, le plan serait tout à fait différent :

  1. des ressources mal réparties sur la surface du globe ;

  2. des ressources plus ou moins surexploitées ;

  3. des mesures de gestion plus ou moins durables et efficaces.

 

1- Les enjeux de la pêche et de l'aquaculture

Une logique simple : l'extension des territoires de l'exploitation halieutique et aquacole, posant des problèmes de surexploitation ou de concentration des risques sanitaires.

Selon le rapport de la FAO sur la situation mondiale de la pêche et l'aquaculture de 2012, « les pêches de capture et l’aquaculture ont produit approximativement 148 millions de tonnes de poisson en 2010 dans le monde (pour une valeur totale de 217,5 milliards de dollars EU), dont 128 millions de tonnes environ pour l’alimentation humaine. »

1.1- Les territoires de la production :

1.1.1- Les captures : La pêche : toujours plus loin, plus profond

  • Rappel : les captures dépendent en grande partie de la production primaire (voir partie 1 du cours)

  • Les zones les plus productives sont les zones d'upwelling, riches en phytoplancton. Elles représentent 1 % de la surface des océans mais 10 % des captures de pêche => Canaries, Californie, courant de Humboldt, courant de Benguela).

  • Le phénomène le plus remarquable en ce qui concerne la pêche est celui de la surexploitation, illustrant le triste modèle développé par l'économiste Garett HARDIN (1968) de la « tragédie des biens communs » (ou comment si on laisse dans un village un champ de fourrage commun aux villageois, ces derniers vont ajouter chacun un animal à leur troupeau pour – au final, et involontairement – surexploiter ce champ, pensant à leur bien propre avant de penser au bien commun). [La FAO estimait dans un rapport de 2008 que 80 % des espèces pêchées étaient soit pleinement exploitées (52 %) et nécessitaient une gestion prudente, soit surexploitées ou menacées (28 %)].

  • Depuis la seconde moitié du XXe siècle, on a assisté à un élargissement planétaire des zones de captures massives. Elles étaient alors circonscrites à l’Atlantique nord et au Pacifique nord, berceaux des grandes puissances halieutiques qui furent à l’origine du chalutage de fond et des pêches intensives (= les pays de l’Europe du Nord et de l’Ouest + les États-Unis + le Japon + l’URSS ; des pays qui représentent toujours 45 % des captures maritimes). Depuis 1985, les captures des pays sous-développés ou émergents dépassent celles des pays du Nord.

  • De plus, les moyens techniques ont permis de pêcher des espèces plus profondes. Ce phénomène a été poussé par le fait que les zones de pêche les plus proches et les plus élevées ont été surexploitées, : les pêcheurs se sont donc tournés vers des espèces plus lointaines : aujourd'hui, 15 % des captures ont lieu hors des ZEE. C'est ce mouvement qui a poussé les États à mieux penser leurs ressources propres, ou à les protéger des appétits des voisins, ce qui a abouti à la définition des ZEE en 1982 par la convention de Montego Bay.

  • En 2012 (FAO), les principaux lieux de capture sont : (croquis : http://geobunnik.over-blog.fr/2014/12/les-ressources-des-oceans-quelques-croquis.html)

    • Le Pacifique du nord-ouest qui baigne la Chine, le Japon et La Russie, d’où sont tirés 20 Mt, soit le quart du total mondial (81) ; => surexploitation selon la FAO, notamment le colin d'Alaska, le sabre commun, l'anchois ou la sardine.

    • Le Pacifique du centre-ouest, c'est à dire l'Asie insulaire (Philippines, Indonésie) et Thaïlande, Vietnam : 15,5 % de la production mondiale ; (thonidés)

    • Le Pacifique du sud-est (Pérou, Chili), avec 13 % des prises mondiales ; C'est une zone particulière car les prises y sont nombreuses mais de faible valeur (l'anchois péruvien représente 10 % des prises du monde, soit 7 à 10 millions de tonnes par an) et surtout soumises à un régime très irrégulier lié à l'ENSO (ou Oscillation Australe, plus connue sous le surnom d'El Niño). Comme les autres zones de pêche liées à l'upwelling (Atlantique centre-est, Atlantique sud-es, Pacifique nord-est et nord-ouest), les variations inter-annuelles peuvent être fortes.

    • L’Atlantique du nord-est, autrement dit européen, loin derrière, avec 9 Mt . (11 %) => surexploitation selon la FAO. Ce secteur reste le deuxième espace mondial pour la valeur des prises = harengs, cabillauds, églefin, morue, merlu, flétan. On peut l'associer à l'océan Atlantique du Nord-ouest (Canada + États-Unis) qui connaît lui aussi des problèmes de surexploitation des ressources halieutiques.

    • Les zones tropicales, les plus étendues, ne fournissent que le tiers de la production mondiale, bien que leur rôle se soit beaucoup amélioré depuis un demi-siècle, puisqu’elles étaient à l’origine de 17 % des prises en 1960. Ses eaux sont biologiquement moins riches (sauf exceptions locales : côtes ouest-africaines ou californiennes) que celles des zones tempérées, et les États riverains ne disposent pas des meilleurs moyens techniques pour exploiter la mer. La technique de la congélation qui a permis l’arrivée des grandes flottes de pêche des pays développés de l’hémisphère Nord dans les années 1960 y a permis une pêche plus intensive :

      • les Soviétiques et les pays de l’Europe de l’Est, des poissons plus ordinaires.

      • les Japonais, les Coréens du Sud, les Espagnols et les Français des thons ;

      • Les Américains sont venus y chercher des thons et des crevettes ;

      • Les deux zones de l'Océan Indien, en très forte augmentation depuis 40 ans : les prises ont été multipliées par 3 dans l'Océan Indien occidental (en surexploitation selon la FAO) et par 7 dans l'Océan Indien oriental. Ces pêches sont faites surtout au large des archipels de l'océan : Seychelles, Maurice, Réunion par des navires européens (Espagne, France) ou asiatiques (Taïwan, Corée, Japon).

      • Dans l’hémisphère austral, les zones de pêche sont plus éloignées des grands foyers de peuplement et ont toujours été marginales : 0,5 % des prises mondiales en 2012 selon la FAO.

  • La localisation des prises de pêche a pu s'étendre grâce aux progrès techniques. Selon François CARRE (Conférence lors du Festival international de Géographie 2009), il y a eu « deux révolutions industrielles des pêches » : une première à la fin du XIX° siècle, marquée par le moteur diesel (les captures passent alors de 4 Mt en 1900 à 21 Mt en 1938) et la seconde, qu'il appelle les « vingt glorieuses » (1950-1970), marquées par « une exploitation systématique des ressources de l’ensemble de l’océan Mondial, consécutive à de nouvelles techniques de captures, de conservation du poisson à l’essor de l’usage industriel du poisson » ; mise au point du chalut pélagique par les danois (on peut désormais pêcher des masses de poissons en surface), mise au point de la senne coulissante, invention de la congélation et de la surgélation. Des nouvelles espèces sont pêchées, comme l'anchois du Pérou On passe alors de 21 à 67 Mt pêchées.

  • A partir des années 1970, les principales zones de pêches (Atlantique nord et Pacifique nord) sont déjà surexploitées : les prises mondiales stagnent autour de 80 millions de tonnes par an. Pour François CARRE, les quatre décennies suivantes sont plutôt les « quarante douloureuses » pour la pêche, marquées par une série de crises :

    • crise du hareng dans l’Atlantique du nord-est à partir de 1969, liée à une surpêche des jeunes harengs immatures pour produire des farines (par les Soviétiques et les Islandais)

    • crise du pilchard de Namibie (1970-1971),

    • crise de l’anchois du Pérou à partir de 1972 : entre 1972 et 1975, la pêche minotière péruvienne s’est effondrée, au point qu’il fallut interdire la capture des anchois dont les stocks ont mis ensuite plus de vingt ans à se reconstituer, tout en restant depuis très fragiles et irréguliers : 1,7 Mt en 1998, puis 11,3 Mt en 2000.

    • Voir le croquis de la surpêche dans l'océan Indien. http://geobunnik.over-blog.fr/2014/12/les-ressources-des-oceans-quelques-croquis.html

  • Les pêcheurs se tournent logiquement dans la pêche de nouvelles espèces :

    • soit des espèces géographiquement proches et susceptibles d’avoir les mêmes débouchés, comme le capelan en Islande, le pilchard et le chinchard au Pérou et au Chili,

    • soit des espèces en eau plus profonde, depuis les années 1980. Selon L’Union Européenne, la pêche profonde par chalutage et filet maillant représentait seulement, en 2011, 1,5 % des captures de l’Atlantique nord-est (47 000 tonnes), espace maritime privilégié des grands chalutiers. On reproche aux pêcheurs de ne pas respecter l'environnement, notamment en raclant par chalutage les fonds marins, détruisant les écosystèmes mais aussi parce qu'une grande partie (20-40 %) des prises sont rejetées car non consommées sur terre. Les poissons pêchés sont différents et surtout on un cycle de vie plus lent et plus long : ils atteignent une maturité sexuelle plus tardivement (10-13 ans, contre 3-4 ans pour un saumon) et vivent plus longtemps. Le fait de les pêcher dérègle le cycle naturel. Le chalutage de fond par des navires-usines capables de remonter des chaluts raclant les fonds à 1 000 ou 1 500 mètres, rarement plus.

    • Soit par la recherche de nouveaux territoires de pêche, principalement l'océan Indien dans les années 1990-2015.

1.1.2- L'aquaculture

L'aquaculture désigne toutes les activités de production animale ou végétale en milieu aquatique. L'aquaculture se pratique en bord de mer (on parle dans ce cas de « cultures marines » ou mariculture), des rivières ou des étangs. Ici, on ne traitera que des cultures marines. La FAO définit l'aquaculture comme « toute production d’organismes aquatiques (poissons, crustacés, mollusques, plantes aquatiques) résultant d’une quelconque intervention humaine dans le processus de croissance. »

Quelque 600 espèces aquatiques sont produites en captivité dans le monde :

  • Des poissons d'élevage :
    • Pour la FAO, le terme de « poisson d’élevage destiné à la consommation » comprend les poissons proprement dits + les crustacés + les mollusques + les amphibiens (grenouilles) + les reptiles aquatiques (excepté les crocodiles) et d’autres animaux aquatiques (tels que les holothuries, les oursins, les ascidiens et les méduses).
    • En 2010, la production mondiale de poisson d’élevage destiné à la consommation était de 59,9 millions de tonnes (32,4 millions de tonnes en 2000).
    • Depuis les années 1980, la production mondiale de poisson d’élevage destiné à la consommation a été multipliée par 12 (taux de croissance annuel moyen de 8,8 pour cent). La contribution de l’aquaculture à la production mondiale totale de poisson a augmenté régulièrement, passant de 21 % en 1995 à 40,5 % en 2010. Sa part dans la production mondiale totale de poisson destiné à la consommation humaine était égale à 47 pour cent en 2010 contre seulement 9 pour cent en 1980. La production aquacole mondiale est particulièrement sensible aux conditions naturelles, socio-économiques, environnementales et technologiques :
      • La pisciculture marine en cages de saumons de l’Atlantique au Chili, l’ostréiculture en Europe (notamment en France) et l’élevage de crevettes de mer dans plusieurs pays d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique ont été frappés ces dernières années par des épidémies qui ont entraîné une mortalité élevée et la perte partielle, voire totale, de la production.
      • Les pays exposés aux catastrophes naturelles souffrent gravement des baisses ou pertes de production provoquées par les inondations, les sécheresses,les orages tropicaux et, plus rarement, les tremblements de terre. En 2011, au Mozambique, des épidémies ont virtuellement réduit à néant la production de l’élevage de crevettes de mer.
      • La pollution de l’eau menace de plus en plus la production dans certaines zones nouvellement industrialisées ou en pleine urbanisation. AInsi, en 2010, l’aquaculture chinoise a enregistré des pertes de production de 1,7 million de tonnes (équivalant à 3,3 milliards de dollars EU) provoquées par des maladies (295 000 tonnes), des catastrophes naturelles (1,2 million de tonnes), la pollution (123 000 tonnes), etc.
  • Des algues :
    • La production mondiale est dominée par les macroalgues, ou algues marines qui sont cultivées soit en eau de mer soit en eau saumâtre. 90 % de la production est consommée dans deux pays : la Chine et le Japon.
    • On a produit 19 millions de tonnes d'algues en 2010, 98,9 % de la production a consisté en varech japonais (Saccharina/Laminaria japonica) (principalement dans les eaux côtières de Chine), algues Eucheuma, Gracilaria spp., nori/varech comestible (Porphyra spp.), wakame (Undaria pinnatifida) et espèces de macro-algues marines non identifiées (3,1 millions de tonnes, principalement en Chine). Enfin, il faut noter la production de micro-algues comme la spiruline, par exemple.
    • Si la collecte d'algues reste régulière autour d'un million de tonnes par an depuis les années 1970, la production d'algues de culture est passée d'un million de tonnes en 1970 à 7 millions de tonnes dans les années 1990 à 19 millions en 2010 (près de 10 % de croissance annuel).
    • Ces production servent à 25 % comme gélifiant et à 75 % comme légumes pour la consommation humaine.
    • Le premier pays producteur est la Chine (10 M de tonnes) devant l'Indonésie (3 Mt).
    • En France, 10 ° producteur mondial, une région concentre 90 % de la production, la Bretagne. 6 000 tonnes y sont ramassées sur les plages, 65 000 tonnes sont récoltées par des goémoniers professionnels et 50 tonnes sont cultivées chaque année. En novembre 2014, une société (Algolesko) a obtenu des autorisations préfectorales pour exploiter une ferme de 200 hectares à 800 mètres des côtes sur la commune de Moëlan-sur-mer (Morbihan).
  • On peut aussi lire la production aquacole selon les différentes régions :
    • En 2010, l’Asie a fourni 89 % de la production aquacole mondiale en volume, mais la production se fait aux 2/3 en eau douce. L'Asie produit surtout des poissons (2/3) et des crustacés (10 %). Les grands pays producteurs en Asie sont la Chine (60 % de la production, mais aussi l'Inde, le Vietnam, l'Indonésie, le Bangladesh, la Thaïlande, le Myanmar, les Philippines et le Japon.
    • En Amérique du Nord, l’aquaculture (au 2/3 marine) a cessé de progresser au cours des dernières années, tandis qu’en Amérique du Sud elle affiche une croissance forte et régulière, en particulier au Brésil et au Pérou. En termes de volume, l’aquaculture en Amérique du Nord et du Sud est dominée par les poissons (57,9 pour cent), les crustacés (21,7 pour cent) et les mollusques (20,4 pour cent). La production de bivalves (= palourdes, huîtres, moules, pétoncles etc .) qui représentait 48,5 pour cent de la production aquacole totale s’est effondrée rapidement pendant les années 80.
    • En Europe, la part de la production en eau saumâtre et en eau de mer est passée de 55,6 pour cent en 1990 à 81,5 pour cent en 2010, une augmentation liée à la pisciculture marine en cages du saumon de l’Atlantique et d’autres espèces. Plusieurs producteurs européens importants ont réduit leurs capacités et leurs activités, notamment dans le secteur des bivalves marins. En 2010, les poissons représentaient les trois-quarts de la production aquacole européenne totale et les mollusques un quart. La part des bivalves dans la production totale a régulièrement diminué, passant de 61 pour cent en 1980 à 26,2 pour cent en 2010.
    • L’Afrique et l'Océanie ont une importance marginale dans la production aquacole mondiale.
    • Récemment, quelques pays en développement d’Asie et du Pacifique (Myanmar et Papouasie-Nouvelle-Guinée), d’Afrique subsaharienne (Nigéria, Ouganda, Kenya, Zambie et Ghana) et d’Amérique du Sud (Équateur, Pérou et Brésil) ont accompli des progrès rapides et sont devenus des producteurs aquacoles importants, voire majeurs, dans leurs régions.
  • On peut aussi établir une typologie à partir des principales espèces produites en aquaculture en 2010 :
    • Les mollusques représentent 23,6 pour cent, soit 14,2 millions de tonnes),
    • les crustacés (9,6 pour cent, 5,7 millions de tonnes), dont 70 % sont élevés en eau de mer : [55 % des crevettes consommées sont issues de l'élevage]
    • les poissons diadromes (6,0 pour cent, 3,6 millions de tonnes), principalement les salmonidés, loin devant les anguilles ou les esturgeon.
    • les poissons marins (3,1 pour cent, 1,8 million de tonnes),
    • les autres animaux aquatiques (1,4 pour cent, 814 300 tonnes).
    • Les plantes aquatiques (les algues). Seuls 31 pays cultivent officiellement des algues, les principaux étant la Chine (58 % de la production mondiale), l'Indonésie (20 %), la Corée du Sud (5 %), la Corée du Nord (2,7 %), le Japon (2,3 %)
    • (le reste, 56 % = les poissons d'eau douce).

 

1.2- Une concentration spatiale de la production

1.2.1- Des tensions entre pêche hauturière et pêche locale

Les causes sont - hélas - simples et bien connues (on reste dans une logique libérale et mondialisée) :

  • des navires toujours plus grands :
    • les navires : Les moyens de production de la pêche sont très variés. La pêche à pied ou en apnée reste très faible. En 2010, la FAO estime à 38,3 millions de personnes le nombre de pêcheurs dans le monde. On compte dans le monde environ 3,2 millions de bateaux de pêche, mais seuls les 2/3 sont motorisés. Logiquement, on trouve plus de navires en Asie (72 % des navires), devant l'Amérique latine (9 %), l'Afrique (7,5 %), l'Europe et l'Amérique du Nord (4,5 % chacun) et l'Océanie (2,5 %).
    • Parmi ces navires, 86 % mesurent moins de 12 mètres, taille au delà de laquelle on parle de pêche industrielle. Les géants des mers (+ de 24 mètres) ne représentent que 2 % des navires.
    • Les principales flottes de pêche par pays : Le processus de concentration des prises est assez fort : 20 pays concentrent 77 % des prises mondiales (sur 200 pays, dont 160 ont un accès direct à la mer).
      • le super-géant halieutique (selon Jean-René COULIOU) : la Chine, 15 millions de tonnes par an ;
      • des géants halieutiques (entre 3 et 8 millions de tonnes par an) : Pérou, Indonésie, États-Unis, Inde, Russie, Japon, Myanmar, Chili ;
      • des grands pays halieutiques (1 à 3 millions de tonnes) : Vietnam, Philippines, Norvège, Thaïlande, Corée du Sud, Bangladesh, Mexique, Malaisie, Islande, Espagne, Maroc.
      • L'UE représente globalement 4 millions de tonnes, la France 419 000 tonnes (38° place).
  • Cette situation n'est pas sans créer des tensions entre deux grands types de pêche :
    • La pêche artisanale, c'est à dire des navires de – 12 mètres qui restent près des côtes, sont souvent des navires familiaux pratiquant une pêche artisanale, généralement vivrière, parfois à temps partiel. Ils sortent la journée, rarement plus. On les trouve principalement dans les mers du sud. La FAO estime que 12 millions de personnes travaillent sur ce type de navires (en Afrique, ½ sont des femmes) et qu'un milliard de personne dépend de cette pêche pour la moitié au moins de son alimentation en protéines. Cette pêche représente 50% des prises et 85 % des navires.
    • La pêche industrielle hauturière qui concerne les navires de + de 24 mètres principalement. Cette pêche ancienne (relire Moby Dick d'Herman Melville) s'est accrue dans les années 1950-70 lors des « vingt glorieuses » de la pêche. Ce sont surtout des navires européens, japonais et nord-américains. Ces navires de pêche servent aussi à la pêche minotière (pour les farines et huiles → 30 % des prises mondiales. Elle est pratiquée surtout au Pérou et au Chili, en Chine, au Japon et en Thaïlande, aux États-Unis). Les besoins financiers font que ces navires industriels appartiennent à des armateurs, des sociétés privées (exemple Intermarché en France ou l'entreprise Pescanova, cotée à la bourse de Madrid, qui représente 20 % des captures mondiales de merlu et qui emploie plus de 10 000 personnes sur 140 navires). Ils utilisent les techniques de congélation, sont en lien direct avec la grande distribution et les IAA. Ce sont eux qui pratiquent la pêche en eaux profondes (200/400 mètres à 1 500 mètres). Selon la FAO, ½ million de pêcheurs. C'est ce type de pêche :
      • qui est la plus grosse consommatrice d’énergie (30 millions de tonnes de carburant)
      • qui est la plus dévastatrice (8 à 20 millions de tonnes de poisson rejetés),
      • qui produit les 35 millions de tonnes de pêche minotière destinée à la fabrication de farine et d’huile,
      • qui reçoit environ 5 fois plus de subventions diverses (construction, compensation du coût du carburant …) que la pêche artisanale ;
      • qui souffre le plus des politiques de quotas et des coûts d’exploitation (prix du carburant …).
    • Les tensions entre ces deux types de pêche ont lieu au large des pays pauvres, notamment en Afrique de l'ouest où pillage illégal des ressources halieutiques représenterait 37 % des captures totales de poissons, soit une perte de 0,8 à 1,6 milliards de dollars chaque année selon l’organisation Environnemental Justice Foundation (EJF). Le Sénégal a longtemps été le pays le plus touché par ces pêches illégales, mais le renforcement du système de surveillance dans ce pays a déplacé l'activité illicite plus au sud, dans la ZEE de la Guinée et de la Sierra-Leone (absence de systèmes de contrôle + instabilité politique : guerre civile de 1991 à 2002 au Sierra-Leone). Le 5 janvier 2014, le navire battant pavillon russe Oleg Naydenov, a été arraisonné dans les eaux sénégalaises alors qu'il pêchait en toute illégalité, sans aucun permis de pêche. Ce bateau-usine long de 120 mètres et doté d'un équipage fort d'environ 80 marins, est un multirécidiviste notoire et encourt une amende de 400 millions de francs CFA, soit 610 000 euros.

Voir l'article d'Yvanne BOUVET, De la mer à l’assiette : présentation de la filière halieutique dans le Monde. (géoconfluences : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/oceans-et-mondialisation/corpus-documentaire/de-la-mer-a-l2019assiette-presentation-de-la-filiere-halieutique-dans-le-monde

  • Pour limiter les tensions, les États ont mis en place différents types de mesures :
    • Des accords entre États : l'Union Européenne a ainsi signé des APP, Accords de Partenariat dans le domaine des Pêches avec 16 pays tiers : 11 accords uniquement sur la pêche au thon, les autres étant multi-espèces, avec le Groenland, l'Île Maurice, la Guinée-Bissau, la Guinée et le Maroc. Ces accords proposent des quotas de pêche pour les navires européens avec comme contre-partie des dédommagements financiers parfois importants.
    • des quotas, comme dans les eaux de l'Union Européenne, qui sont doubles : d'une part des TAC (Totaux Admissibles de Capture) pour limiter la capture totale. Ils sont définis chaque année par l'UE sur la foi de rapports d'experts (tous les deux ans pour les espèces profondes). 35 espèces sont concernées, que ce soit des benthiques, démersaux, pélagiques ou profonds. Ces TAC sont ensuite découpés en quotas entre chaque pays : chacun a une part fixe.
    • des droits de pêche pour limiter la pêche industrielle et partager la ressource (comme au Sénégal mais ce pays comme d'autres est confronté au problème des contrôles des captures)
    • des contrôles (mais limités pour les pays les plus pauvres ou pour les États faillis, comme la Somalie) ;

1.2.2- L'aquaculture : une concentration qui pose des problèmes sanitaires

  • Les méthodes de production sont très variables :
    • en bord de mer (dans les eaux territoriales, et plus précisément très proche des côtes) dans des casiers, des cages, des radeaux, des récifs artificiels ;
    • dans l'estran, avec des parcs de pousse, ...
    • sur la terre, on trouve aussi des fermes aquacoles, des parcs d'affinage et les bâtiments des entreprises.
  • Des spécificités par rapport à la pêche :
    • une mise en charge régulière (conduite du stock) ;
    • une alimentation plus ou moins contrôlée (attention, pas forcément de nourrissage) ;
    • une protection contre les prédateurs (mais pas les voleurs ...) ;
  • deux types de lieux de production :
    • La production en eau saumâtre (4,7 millions de tonnes) => crustacés (57,2 pour cent, 2,7 millions de tonnes), poissons d’eau douce (18,7 pour cent), poissons diadromes (15,4 pour cent), poissons de mer (6,5 pour cent) et mollusques marins (2,1 pour cent). Les crevettes de mer ont représenté 99 pour cent des crustacés. La part des poissons d’eau douce a énormément augmenté au cours des deux dernières décennies, notamment en raison du développement rapide de l’élevage du tilapia du Nil et d’autres espèces en Égypte. Le chano et la perche barramundi conservent une place importante mais leur part cumulée a considérablement diminué. Des salmonidés et des anguilles sont aussi élevés,en petites quantités, en eau saumâtre.
    • La production en eau de mer (18,3 millions de tonnes) a consisté en mollusques marins (75,5 pour cent, 13,9 millions de tonnes), poissons (18,7 pour cent, 3,4 millions de tonnes), crustacés marins (3,8 pour cent) et autres animaux aquatiques (2,1 pour cent), par exemple les holothuries et les oursins. La part des mollusques (principalement des bivalves : huîtres, moules, palourdes, coques, arches et coquilles Saint-Jacques) a diminué, puisqu’elle est passée de 85 % en 1990 à 75 % en 2010. cette baisse relative s'explique par l'extraordinaire développement de la pisciculture marine (10 % de croissance annuel de 1990 à 2010), notamment les salmonidés, dont le saumon de l’Atlantique (299 000 tonnes en 1990 → 1,9 million de tonnes en 2010), mais aussi la sériole, la dorade, le bar, les sciaenidés, le mérou, l’ombrine, le mulet, le turbot et les autres poissons plats, le vivaneau, le mafou, la palomine, la morue, le compère et le thon.
  • Des paysages marqués par ce type de production :
    • sur le littoral (en mer) : des filières, des parcs et cages d'élevage, des radeaux. => surtout pour les poissons.
    • dans l'estran : des parcs de pousse ou des bouchots mythilicoles => surtout pour les crustacés et mollusques.
    • sur terre : des bâtiments (écloseries, bassins, conserveries, usines de congélation ou de traitement, IAA, etc.)
    • Il ne faut pas oublier les risques liés à toute monoculture : des maladies qui se répandent très vites (comme les épizooties des huîtres en France dans les années 1970 ou les années 2000 ; virus chez les crevettes de Thaïlande en 1990 puis en Équateur en 1992 et dans toute l'Asie en 1992 aussi ; épidémie en Chine en 2011 : 80 % des crevettes à pattes blanches du sud-est du pays sont détruites, l'épidémie s'étend vers le Vietnam et la Thaïlande). Idem pour le Saumon(Norvège années 1990 ; Chili 2008).

2- La gestion des ressources énergétiques et minérales

Une gestion qui pend en compte le risque de disparition d'une ressource, mais qui obéit à la même logique : trouver des gisements toujours plus lointains , toujours plus profonds, quitte à augmenter les risques environnementaux et les coûts de production. Malgré le pic du pétrole, une production offshore qui augmente.

2.1- Les hydrocarbures

  • Les zones en mer représenteraient 20 % des ressources en hydrocarbures dans le monde, mais 32 % de la production mondiale de pétrole en 2 000 (soit 2 000 millions de tonnes), contre 10 % en 1960 (110 millions de tonnes et 27 % de la production de gaz naturel. L’océan mondial recèlerait quelque 175 milliards de tonnes de pétrole et près de 400 000 milliards de mètres cubes de gaz (50 % des réserves de pétrole et 70 % de celles de gaz pour le seul océan Glacial Arctique)
  • Cette exploitation est ancienne :
    • elle a débuté fin XIX° siècle en Californie, au large de Sunderland, puis en mer Caspienne (1° GM) et dans le Golfe du Mexique (1922 : Louisiane puis Venezuela). Après la deuxième Guerre mondiale, l'exploitation s'étend au Golfe arabo-persique et en mer de Chine méridionale, mais dans des eaux peu profondes.
    • Au milieu des années 1960, les progrès techniques et la demande qui augmente permettent d'exploiter des ressources plus éloignées des côtes et plus profondes, notamment en mer du Nord, une zone qui devient rentable et essentielle pour les européens. Cependant, les zones exploitées ne sont qu'à 200 mètres de fond.
    • Depuis les chocs pétroliers et l'envol du prix du baril de pétrole (et par conséquent du gaz naturel qui y est corrélé), l'exploitation s'est faite dans des zones toujours plus difficiles :
      • on sait puiser du pétrole offshore si le fond atteint plus de 2 300 mètres (Golfe du Mexique) grâce à des plate-formes de plus en plus lourdes et techniques , comme par exemple les plates-formes que Total a fait fabriquer en Corée pour exploiter le champs pétroliers angolais de Pazflor à 600 / 1 400 mètres de profondeur. Les plates-formes mesurent 325 mètres de long sur 65 mètres de large et pèsent 120 000 tonnes. Total en a positionné 4 au large de l'Angola (entre 100 et 200 km des côtes) pour exploiter 49 puits répartis sur 600 km², le tout pour un investissement global d'environ 9 milliards de dollars. Des supertankers passent tous les quatre jours pour "faire le plein".
      • Ces plate-formes sont soit fixées au sol pour l'exploitation à moins de 300 mètres de fond (1-2-3), soit mobiles, flottantes, avec des installations de tête de puits lui sont reliées par des conduites flexibles. Les plus avancées sont les FPSO (Floating Production Storage and Offloading), des plateformes en forme de coque, qui produisent du pétrole, le stockent temporairement et chargent les navires pétroliers. Elles sont ancrées au fond de la mer.
      • On arrive aussi à exploiter proportionnellement plus d'hydrocarbures dans les poches de pétrole et de gaz, ce qui fait que les réserves ne diminuent pas : elles deviennent exploitables.
      • On peut puiser du pétrole dans des mers froides et des conditions météorologiques difficiles, comme en mer du Nord. (malgré les risques : exemple, l’accident sur la plate-forme d'Elgin en mars 2012) ou en mer de Norvège et en mer de Barents.
    • Pour que cette exploitation soit rentable, il faut un pétrole cher (autour de 110 $ le baril pour la mer du Nord, 95 à 100 $ pour l'exploitation nord américaine … mais depuis juillet 2014, il est redescendu vers 75 $, le coût estimé rentable pour l'exploitation du gaz de schiste).
      • Ainsi, la mer est devenue un front pionnier pour l'exploitation du pétrole, avec toutes les conséquences qui y sont liées (risques accentués pour l'environnement, esprit de pionniers, risques financiers de plus en plus grands, innovation toujours plus poussée, …)
      • Cela pose la question des investissements : entre 2011 et 2015, 6 opérateurs concentrent 75 % des investissements offshore : Exxon Mobil, Total, Chevron, BP, Shell Petrobras (Brésil). Ces investissements sont souvent collectifs (comme en Angola : Total 40 % / Exxon obil 20 %, Statoil (Norvège) 23 % et BP 17 %). On estime que cela représente 60 000 emplois en France liés aux plates-formes pétrolières offshore, notamment l'entreprise Technip.

 

  • Actuellement, on trouve des exploitations pétrolières dans les régions suivantes :
    • Le golfe Persique ; 22 % de la production mondiale de pétrole + 24% du gaz (Golfe arabo-persique) ;
    • La mer du Nord, réparties au Royaume-Uni, en Norvège, aux Pays-Bas, au Danemark ; 17 % de la production mondiale de pétrole offshore / 24 % du gaz (mer du Nord) ;
    • Le golfe de Guinée notamment au Gabon et au Nigéria ; L'Afrique : 20 % / 11% ;
    • Les côtes du Brésil dont l’immense gisement de Tupi découvert en 2007 ; L'Amérique latine : 16 % / 11 % ;
    • Le golfe du Mexique, le long des côtes américaines et en baie de Campêche (Mexique) ; L'Amérique du Nord : 8 % / 8 % (Golfe du Mexique) ;
    • L'ensemble mer Caspienne et mer d'Okhotsk  ; La Russie : 4 % / 2 % ;
    • La mer de Chine dans les eaux territoriales du Vietnam, de la Malaisie et de la Chine ;
    • Les côtes Nord-Ouest et sud-est de l'Australie ;
    • Les côtes de la Malaisie, Brunei et certaines parties de l'Archipel Indonésien ; L'Asie-Pacifique : 2 % / 5% (mer de Chine / nord de l'Australie) ;
    • La mer Méditerranée, principalement au  large des côtes d’Afrique du Nord ;
    • Le littoral atlantique canadien, au large de Terre-Neuve (Hibernia, White Rose).

 

  • Les enjeux actuels concernent principalement :
    • le coût d'exploitation , assez élevé ;
    • les risques industriels liés aux accidents :
      • Bravo (mer du Nord) 1977 ;
      • Piper Alpha (mer du Nord) en 1988 (167 morts) ;
      • Elgin Franflin (mer du Nord) en 2012 ;
      • Ixtoc One au large du Texas en 1979 (une explosion : 1,5 million de tonnes de brut répandues dans la mer pendant près de dix mois.
      • explosion d’une plate-forme iranienne dans les années 1980 ( 250000 tonnes de pétrole)
      • Rio en 2001 (350000 tonnes de brut)
      • Deep Water Horizon en 2010 (une fuite de 5 000 barils par jour, soit 800 000 m3 de pétrole déversés sur les côtes de Louisiane et de Floride)
    • des risques industriels dans des zones difficiles, notamment l'Arctique, considéré comme un « eldorado du 21° siècle » (note de l'Isemar 125, mai 2010, page 3) : 25 % du pétrole offshore se trouverait dans l'Arctique russe. On pense que l'exploitation des hydrocarbure peut entraîner des séismes et de l'érosion mais aussi des fuites (responsables de 4 % des traces d'hydrocarbures dans les océans, la source principale restant les marées noires).
    • les délimitations des droits d'exploitation sur la plate-forme continentale (enjeu de l'extension de la ZEE, notamment en Mer de Chine méridionale.

2.2- L'exploitation des sous-sols marins

  • Elle est liée à trois éléments majeurs :
    • La territorialisation des mers, et l'extension des ZEE : si la haute mer reste publique, le sol, sur le plateau continental peut être exploité par le pays sur laquelle s'exerce l'autorité.
    • Les avancées techniques de l'exploitation ;
    • Les besoins industriels pour des minerais de plus en plus rares : on estime que les réserves de nombreux métaux seraient épuisées entre dix et cinquante ans, si l'on se base sur le rythme de consommation en cours, alors que dans le même temps la demande augmente (liée à l'augmentation du niveau de vie global des habitants de la planète, qui augmentent leur consommation de biens).
  • Une exploitation qui a pu être ancienne :
    • Une centaine de bassins houillers sont ou ont été exploités dans le monde à partir de gisements exploités sur les terres ; des galeries peuvent s'avancer jusqu'à 20 km des côtes, avec parfois des puits creusés à partir d'îles artificielles ou naturelles. (au Royaume Uni, cela a représenté 10 à 20 % de la production nationale dans les années 1970-80).
    • Des sites diamantifères sont exploités au large des côtes namibiennes depuis les années 1960. En 2010, la moitié de la production de la Namibie est offshore.
    • La Nouvelle Zélande exploite des phosphates au large de ses côtes.
  • Les nodules polymétalliques : une exploitation difficile car lointaine
    • Les nodules polymétalliques, ou nodules de manganèse, sont des concrétions de roche formées de couches concentriques d’hydroxides de fer et de manganèse disposées autour d’un noyau. Ce noyau, souvent microscopique, est parfois totalement transformé en minéraux manganésifères par cristallisation.
    • Ils reposent sur le fond (plancher sédimentaire), le plus souvent à demi enterrés. Certains sont complètement recouverts par les sédiments et il est arrivé que des nodules soient remontés alors qu’ils étaient invisibles sur les photographies.
    • Leur abondance est extrêmement variable. Ils peuvent couvrir plus de 70 % du fond et sont alors contigus. On estime toutefois que, pour présenter un intérêt économique, leur abondance doit être supérieure à 10 ou 15 kg/m². On en trouve à toutes les profondeurs, mais les plus fortes concentrations ont été repérées entre 4 000 et 6 000 mètres.
    • Trois régions ont été choisies pour la prospection industrielle : le centre du Pacifique nord-central, le bassin du Pérou dans le Pacifique sud-est et le centre de l’océan Indien nord. Les champs les plus favorables du Pacifique nord-central mesureraient de 1 à 5 kilomètres de large sur 10 à 18 kilomètres de long. Ils pourraient couvrir 35 % du fond et contenir 15 kilogrammes de nodules par m². L'extraction des nodules est très complexe et coûteuse, elle repose sur des systèmes de dragage du sol. La seconde difficulté réside dans le traitement de ces nodules pour séparer les métaux.
    • Des métaux nombreux :
      • Les explorations scientifiques menées dans les grands fonds depuis les années 1980 ont identifié plusieurs processus géologiques et géochimiques conduisant à la concentration des métaux dans des nodules polymétalliques, des encroûtements cobaltifères et des sulfures hydrothermaux.
      • Les nodules polymétalliques, amas sulfurés et hydrates de gaz naturel, abritent des « terres rares », ces dix-sept métaux essentiels aux technologies de pointe devenus stratégiques pour les industries de points (téléphonie, aérospatiale, aéronautique, …), comme le néodyme utilisé pour les aimants de précision, le galium utilisé pour fabriquer des billets de banque (et surtout éviter la falsification), etc.
      • Dans une étude, le Japon évalue les réserves de terres rares au fond du Pacifique à plus de 90 milliards de tonnes, alors que les réserves terrestres prouvées sont évaluées aujourd'hui à 110 millions de tonnes, pour une production annuelle de l'ordre de 150 000 tonnes en 2010.
    • Les grandes puissances à la recherche de ces minéraux :
      • La Chine a déposé une demande de permis pour rechercher des minéralisations hydrothermales dans l'océan Indien.
      • La Russie soutient un important programme d'exploration et d'inventaire des ressources minérales hydrothermales le long de la dorsale atlantique où elle vient de déposer une demande de permis auprès de l'autorité internationale des fonds marins (AIFM).
      • Le Japon, les États-Unis et l'Allemagne prennent en compte les métaux dans leurs priorités à moyen terme.
      • Une entreprise canadienne, Nautilus, a obtenu les droits d'exploration pour une surface de 600 000 km² dans le Pacifique Sud-ouest (Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon, Fidji, Vanuatu et Tonga). Elle espère exploiter des métaux à une profondeur de 1 600 mètres et y trouver du cuivre, de l'or et de l'argent. pour une quantité estimée par la société à « 2,2 millions de tonnes de minerai, y compris une ressource de 870.000 tonnes à des taux de 6,8 pour cent en cuivre et 4,8 pour cent en or ».
Les ressources des mers et océans : exploiter un bien commun ?

3- Les potentialités de ressources en eau, courants, vents et fonds marins.

Cette fois-ci, une vision qui semble plus à long terme, de développer des énergies renouvelables, des productions plus durables et moins coûteuses à long terme, même si les productions restent faibles et plutôt expérimentales.

3.1- Sel, sable et eau : une exploitation ancienne et littorale.

  • Les marais salants : Une exploitation ancienne et durable (voir introduction du cours)
  • L'exploitation des sables et des granulats (= plus gros que du sable) : Une exploitation sous surveillance car :
    • Cette exploitation est récente pour fournir les entreprises de construction en granulats et sables : En France, l'extraction de granulats marins concerne plus de 650 emplois, 12 entreprises, 15 navires sabliers et deux usines de retraitement de calcaires. 2% des matériaux de construction proviennent des granulats marins, soit environ 7,5 millions de tonnes par an extraites des 17 concessions concédées par l’État à des entreprises privées. Dans le monde, on utilise 15 milliards de tonnes de sable par an dont 75 millions de tonnes de sable marin.
    • Les plus grosses productions concernent les pays du nord-ouest de l’Europe : en 2009, l’extraction totale des sédiments marins était de 195 Mt pour les Pays-Bas, de 33 Mt pour l’Allemagne, de 25 Mt pour le Royaume-Uni, de 11,5 Mt pour le Danemark et de 7,5 Mt pour la France (principalement en Bretagne + Manche + quelques plages de l'Atlantique).
    • Les conséquences sont assez bien connues : L’extraction de granulats marins se fait principalement par aspiration hydraulique en marche par des navires spécifiques (des 'dragues aspiratrices'). Les sédiments sont aspirés sur une dizaine de centimètres d’épaisseur et sur un mètre de large, puis sont stockés dans les cales. L’eau et les particules les plus fines sont rejetées. Depuis le début des années 2000, des dragues apspiratrices en marche (DAM) de grande capacité ont vu le jour principalement à Singapour et dans le Golfe Persique (pour les travaux de terrassement et de poldérisation, comme Palm Island, The World). Ces navires peuvent extraire profondément et remplir leur cale rapidement. Ces dragues sont également utilisées pour l’extraction minière en Afrique du Sud et pour la protection des installations pétrolières contre les icebergs.
    • Il existe des effets physiques puissants :
      • Une modification, voire une suppression totale ou partielle, temporaire ou non, des biocénoses et des habitats benthiques ciblés par l’exploitation.La pêche devient impossible en zones d’extraction ; la réglementation limite par ailleurs le voisinage des dragues et des navires de pêche. La conchyliculture, la navigation de plaisance et la pose de câbles sous-marins sont aussi affectées potentiellement par l’extraction.
      • Des modifications topographiques et granulométriques sur la zone de dépôt du panache turbide ;
      • Une augmentation de la turbidité par la remise en suspension de matières lors du passage de la drague et du rejet de l’eau qui s’accompagne de l’expulsion de particules fines ;
      • L'érosion et la modification du trait de côte (même si ce n'est pas automatique) ;
    • Les limites à l'exploitation :
      • la profondeur d’eau accessible aux navires sabliers (dragues), actuellement 50 mètres environ ;
      • la présence d’activités humaines (pêche, câbles, routes maritimes, zones de la défense nationale) ;
      • l’existence de secteurs réservés, reconnus comme essentiels à l’équilibre écologique du milieu marin (frayères, flore et faune benthiques assurant le renouvellement de la nourriture des espèces commerciales, nourriceries) ou de secteurs protégés (ZNIEFF, Natura 2000, AMP)
      • la nature des sédiments, qui doivent pouvoir être utilisés directement, sans rejet.

3.2- l'eau douce :

  • On estime qu'entre 0,3 et 0,9 % de l'eau consommée dans le monde est issue d'un dessalement.
  • Il existe aujourd’hui 17 000 usines de dessalement dans 120 pays. Elles produisent 66 millions de m3 d'eau douce, dont les deux tiers sont destinés à la consommation, plus de 30 % à l’industrie et 3 % à l’irrigation => 200 millions de personnes sont alimentées en eau dessalée.
  • Il existe plusieurs méthodes pour dessaler l'eau de mer :
    • la distillation – premier système développé, très gourmand en énergie - qui reste majoritaire en Arabie Saoudite par exemple.
    • la technique de l'osmose inverse, considérée comme la plus performante : elle coûte moins cher (respectivement entre 0,46€ à 1,83€ le m3 en sortie d'usine pour la distillation contre 0,30-0,91€ pour l'osmose inverse).
  • Le dessalement renforce l'indépendance nationale puisque, en principe, aucun acteur étatique extérieur n'est nécessaire. La mer n'ayant pas d'amont ni d'aval, le flux ne peut être limité par un voisin. La ressource étant considérée comme, sinon illimitée, peu limitée, les conflits concernant son utilisation n'ont pas l'intensité de ceux portant sur les fleuves internationaux. Cependant, l'exploitation de cette ressource pose des questions sociales, notamment autour du prix de cette eau, environnementales, autour de l'énergie utilisée pour produire cette eau et du sel récupéré qui est pollué par les techniques de séparation, ou encore économiques.
  • Les principaux pays qui dessalent de l'eau de mer sont des pays riches :
    • des pays industriels qui connaissent des pénuries localisées, comme l'Australie (toutes les métropoles : Perth, Sydney, Melbourne, … un coût estimé à 10 milliards d'euros) , l'Espagne (Barcelone mais aussi toute la côte méditerranéenne, les Baléares ou les Canaries : 900 sites en tout), l'Italie, la Grèce, le Chili, la Californie et la Floride aux États-Unis (2° producteur mondial = 15 % de la production mondiale), en Israël.
    • des pays pétroliers du Moyen-Orient (la moitié des usines de dessalement du monde, 60 % de la production ; l'Arabie Saoudite : une trentaine d'usines, surtout sur la mer Rouge ; 1er pays à dessaler l'eau avec environ 17 % de la production mondiale), les Emirats Arabes Unis (15 % de la production mondiale), le Koweit ou l'Algérie.
    • des pays qui se tournent de plus en plus vers le dessalement, comme l'Inde et surtout la Chine depuis le milieu des années 2000, considérée par ses dirigeants comme une « puissance du dessalement en devenir »
    • des îles : Malte, Maurice, Seychelles, Kiribati, Maldives, notamment pour les hôtels.
  • Les principales usines sont :
    • La plus grande usine de dessalement au monde est celle d'Oran, en Algérie, avec 500 000 m3/jour.
    • A Melbourne (Australie), une des plus grandes au monde produit 450 000 m3 d’eau potable par jour. Elle couvre le tiers des besoins des 4 millions d’habitants de la deuxième plus grande ville du pays.
    • La plus grande usine de dessalement d’Europe fournit 20 % de l'eau de la région de Barcelone depuis 2009 (200 000 m3/jour d’eau dessalée).

 

3.3- Les énergies renouvelables de la mer : un front pionnier

Des sources d'énergie nombreuses et variées : la houle, les vagues et les marées :

  • l'énergie marémotrice est la plus ancienne : utiliser l'énergie de la marée montante et descendante (exemple de l'estuaire de la Rance, face à Saint Malo, petit fleuve côtier de 100 km mais très fort marnage d'environ 8 mètres.
  • L'énergie éolienne offshore est de plus en plus utilisée : elle profite des vents constants sur des territoires non habités. Cependant, la pose de pylônes en mer pose des problèmes de maintenance, de tension aux vents + aux courants, aux tempêtes hivernales. Des contraintes techniques qui alourdissent le poids financier de ces structures. On trouve aujourd'hui des fermes éoliennes en mer du nord : la première ferme offshore a été construite en 1991 à Vindeby au Danemark, et que la plupart des 25 fermes en opération à la fin de l’année 2012 sont localisées en Europe. En effet, on comptait un peu plus de 4 GW d’éolien offshore installés dans le monde à la fin de l’année 2011, dont 3,8 GW en Europe, principalement au Danemark et au Royaume-Uni, ce dernier étant devenu ces dernières années la locomotive européenne, concentrant 50 % de l'énergie éolienne offshore produite dans le monde, devant le Danemark (21 %), la Chine (6 %), les Pays-Bas (6 %), l'Allemagne (5 %), la Belgique (5 %) et la Suède (4 %). (source : Global Wind Energy Council, 2011. Si les fermes actuelles se situent dans des profondeurs comprise entre 5 et 10 m, plus rarement jusqu'à à 20 m, les futures fermes devraient être placées en moyenne à 25 m de profondeur, voire jusqu'à 50 m grâce à des améliorations techniques pour les fondations. De même, la distance à la côte va s’allonger pour atteindre 20 et 40 km de la terre ferme. Le coût de la connexion reliant la ferme au réseau terrestre restant un poste de dépense important (le prix du câble augmente avec la distance à couvrir).
  • Les énergies hydroliennes et houlomotrices sont encore expérimentales. L'énergie houlomotrice semble moins porteuse que l'énergie hydrolienne qui vise à récupérer l'énergie des grands courants marins au large des côtes dans des passages assez resserrés. Des essais ont actuellement lieu en Bretagne, en Écosse (Orcades).De même, des essais sont en cours pour tenter de profiter des différences de température dans l'eau : l'énergie thermique des mers est actuellement utilisée. Elle cherche à profiter du différentiel de température entre les eaux de surface et les eaux froides de profondeur => deux projets en France, à la Réunion (avancé) et à la Martinique.
  • Mais ces techniques restent peu utilisées : 0,7 % de l'énergie consommée dans le monde seulement (hydrocarbures 54,3 %, charbon 27 %, nucléaire 6 %, biomasse et hydraulique 12 %)
  • Des logiques proches de l'exploitation pétrolière :
    • Une exploitation qui part du littoral pour aller toujours plus loin dans la haute mer.
    • Une course à l'innovation : seuls les pays les plus riches et les plus avancés technologiquement peuvent participer à cette course : pays européens et nord-américains. Une innovation soutenue par ces États plus riches (comme en France). Une course menée par les pays industriels les plus puissants et les plus avancés technologiquement : les États aident les entreprises privées par des aides industrielles (financées par le 'Grand Emprunt' en France) ou par un rachat de l’électricité à un prix élevé (en France, deux fois le prix de base).
    • Un financement très lourd lié à ces nouvelles technologies.
    • Un front pionnier industriel.

 

Conclusion :

S'il existe une prise de conscience de plus en plus forte autour d'enjeux économiques (la raréfaction et la hausse du prix des ressources naturelles, marines en particulier), d'enjeux écologiques (surtout autour des risques de pollution, du réchauffement climatique et de la disparition de certaines ressources surexploitées) ou d'enjeux politiques (le partage des ressources n'aboutit pas à des conflits mais à des accords internationaux plus ou moins bien respectés), les ressources marines, comme la mer en général n’apparaissent pas comme étant au cœur des problématiques politiques mondiales : les aires marines protégées ne représentent que 1,5 % de la superficie des océans, et l'océan mondial reste inconnu, une frontière au sens mouvant du terme, un infini à conquérir et exploiter pour grand nombre d'habitants de la Terre. De plus, la gestion à long terme de ces ressources n'est pas toujours intégrée dans les choix politiques, le court terme étant souvent l'horizon des choix politiques et économiques, surtout en période de crise économiques, comme depuis 2007-2008 où les objectifs de durabilité semblent devenir secondaires face à des objectifs de paix sociale et de croissance économique.

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P
je suis d'accord avec ludovik
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P
Ludovic pardon*
G
Bonjour Ludovic, <br /> Comme tu aurais pu t'en douter, ce que je produis ici n'est pas une copie de Capes, mais un cours donné à des étudiants qui préparent le Capes ... d'où cette remarque : cet article n'est pas une composition mais un cours ... <br /> Bonne lecture !
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L
Mais à quoi sert votre plan si vous dites que dans une copie il serait tout à fait différent ????????<br /> C'est incompréhensible !
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