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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Etude de cas sur Alger - correction potentielle

Publié le 13 Février 2018 par geobunnik in L'Afrique du Sahel et du Sahara à la Méditerranée

B- Que tirer de ces documents ?

Je vous invite toujours associer les deux premières étapes d'une étude de documents, à savoir une lecture (paraphrase) des documents et une première analyse (qui répond aux questions suivantes : de quoi est-ce le signe ? Quel message est implicite ? Quels acteurs sont en présence ? Quels sont les enjeux de ce discours ?)

La troisième étape (qui se prépare en même temps, mais que l'on formalise par la suite) est celle qui détermine le sens général du dossier (sa problématique) et qui fixe les grands thèmes du dossier.

 

Document 1 :

  • lecture :

    • une carte qui permet de localiser qq enjeux : axes routiers, littoral, la taille de la ville, qui longe le littoral

    • Une carte qui permet de localiser des quartiers et des villes de la périphérie d'Alger : Bab el Oued, El Harrach, Rouiba, …

  • analyse :

    • on devine la place centrale d'Alger en Algérie (axes routiers, autoroutes, ports). On peut évoquer déjà la macrocéphalie du système urbain algérien, assez classique en Afrique et dans de très nombreux pays ayant connu une longue période coloniale.

    • Il ne faut pas oublier les éléments naturels (mer, montagnes, plaine de la Mitidja)

    • on ne voit pas les dynamiques de la ville … il faut y penser (quel étalement urbain ? Quels quartiers gagnent des populations, des activités ? Quels sont les quartiers riches, les quartiers pauvres ?)

 

Document 2 :

  • lecture :

    • un urbanisme flamboyant, « de projet », principalement sur le littoral ;

    • un discours sur la ville qui veut montrer la puissance de la ville et du pays via la ville-capitale qu'est Alger ;

    • une influence non plus européenne mais moyen-orientale (Golfe arabo-persique).

    • Idée d'un rattrapage après une « décennie perdue » (les années 1990-2000 = la guerre civile algérienne) via les investissements.

    • un projet de technopole et de ville-nouvelle (Sidi Abdellah)

    • des villes nouvelles ou satellites

  • analyse :

    • des difficultés pour financer ces grands projets lorsque le prix du baril de pétrole baisse ;

    • des projets qui ne répondent pas à une demande sociale (des logements, des emplois) dans une ville en manque de logements et d'emploi

    • aménager une ville sur un territoire restreint (entre littoral, collines et plaine agricole)

    • des besoins d'infrastructures

    • la volonté de penser la ville à plusieurs échelles : l'échelle locale (aménager), l'échelle nationale (la capitale, modèle urbain national) et l'échelle mondiale (ou méditerranéenne ou continentale = suivre des modèles et se poser comme modèle mais aussi intégrer les flux mondiaux via le port ou la ville nouvelle et le technopôle).

    • Besoin de gérer l'étalement urbain et la croissance urbaine d'une métropole du sud (aie aie aie : qu'est-ce donc que ce regard colonial sur une ville extra-européenne ??? Je rectifie : une métropole d'Afrique du Nord)

 

Document 3 :

  • lecture :

    • Des bidonvilles à Alger, appelés « quartiers informels », « constructions illicites », etc. Différents cas de figure ;

    • une volonté de régularisation des constructions illégales

    • une forte ségrégation socio-spatiale ) Alger, avec un fort écart entre l'ouest riche et l'est pauvre.

    • A ne pas rater : les lignes 15-18 : des nouveaux besoins familiaux → n'oubliez pas que les villes sont habitées par des personnes qui sont aussi actrices dans la ville, qui font des choix subis ou assumés. Une ségrégation qui se complexifie.

    • Des plans d'aménagement faits par le gouvernement (pas par les habitants ou les élus d'Alger ???)

    • Attention, comme toute carte, elle n'est pas que descriptive.

    • On retrouve la ségrégation socio-spatiale (dans le carton en bas à gauche)

    • On lit dans ce document l'histoire de l'aménagement d'Alger + les types de logement (bcp de collectif) + l'étalement urbain

    • notion de plan stratégique 2030

    • 50 000 bidonvilles : un bon repère à garder en tête. Attention, cela ne veut pas dire 50 000 habitants … mais peut-être 200 000 ou 300 000 ?

    • on voit aussi que la ville est aussi étalée que « verte » (bcp de zones non construites)

  • analyse :

    • insister sur l'aspect « ségrégation », très fréquent dans des villes d'Afrique du Nord et du Sahel (des restes de la colonisation + un manque d'urbanisme planifié + une croissance urbaine mal maîtrisée par les élus et les aménageurs)

    • Ne pas porter un regard misérabiliste sur les constructions illégales : ce sont d'abord des constructions marquée par l'aléa (pas de permis de construction = destruction possible par les autorités + du bakchich + des services publics défaillants). Les populations ne sont pas nécessairement pauvres, mais elle sont soumises à la pression de personnes ayant un pouvoir sur eux (propriétaire du terrain, élus, policiers, …)

    • localiser ces zones riches et zones pauvres = des fractures urbaines, que les autorités tentent plus ou moins de résorber par deux formes d'action (dans le doc) : détruire et reconstruire ou légaliser des constructions illégales. Il manque peut-être des actions concernant l'accès aux services publics ou privés.

    • cependant, on note la présence de plusieurs acteurs : les populations, les élus nationaux, l’État, et peu d'investisseurs privés.

    • Question : la ville est-elle pensée ? Réponse : oui (des plans d'aménagement) mais ces plans ne répondent pas forcément à la demande des populations concernées.

    • comment découper la ville : en deux (est-ouest) ? En trois (quartiers riches, mixtes, pauvres) ? En quatre (le centre, l'ouest, le sud, l'est) ? En 11 (sur les couleurs de la carte) ?

    • Un plan = un acteur central l’État algérien + des aménageurs (bureaux d'étude, architectes, …) etc. Une ville en dynamique, qui se construit en permanence. Ne pas avoir une vision figée de la ville ni une vision historique (il n'y a pas que le passé qui compte).

    • Les zones non construites sont-elles aménagées (euh … pas trop, c'est du maquis et des collines). ? Cette ceinture verte est-elle une réalité ? (vu d'Ajaccio, cela ressemble plus à un vœu pieux.

    • Le plan de Constantine est une planification pensée et en partie réalisée par la France entre 1958 et 1961 visant à réduire l'écart entre les populations dites musulmanes et les populations dites européennes. Alger est concernée par le pan urbain (200 000 logements, 400 000 emplois industriels, etc. ). Logiquement la guerre d'Algérie a stoppé ce plan qui visait à limiter le poids politique des indépendantistes du FLN.

    • Cherarba = un front urbain ?

 

Document 4 :

  • lecture :

    • des statistiques à lire comme il se doit = on cherche les évolutions à long terme (ici = augmentation de la population d'Alger très forte en 42 ans : triplement) puis on entre dans les détails = classiquement un centre qui perd, une première couronne qui a explosé (x 5) et une périurbanisation qui se précise à partir des années 1980.

    • une croissance qui se ralentit

  • analyse :

    • l'évolution de la taille de la ville est corrélée à l'usage massif de l'automobile (essence très peu taxée, on est dans un pays exportateur de pétrole)

    • les raisons de la croissance sont doubles : exode rural (mais en Algérie accompagné d'une fuite de la ville pendant la décennie perdue) + croissance démographique (qui se réduit aussi. L'Algérie est aussi en fin de transition démographique)

    • De plus, on voit bien la différence entre l'évolution de la population à Alger et celle du pays : une croissance plus faible liée à l'urbanisation des populations, qui ont donc un régime démographique urbain.

 

Document 5 :

  • lecture

    • la même chose que précédemment, mais de manière plus visuelle (pour ceux qui n'aiment pas les chiffres)

  • analyse :

    • un document utile pour un croquis.

    • Littoralisation et densification des zones bâties.

    • Question à 1 dinar (algérien) : où s'arrête la ville ?

 

Document 6 :

  • lecture :

    • les fonctions de la ville, retenir qq chiffres et l'idée de macrocéphalie.

    • Le port géré par une entreprise de Dubaï

    • la zone hyper-centrale garde les fonctions de commandement.

    • Les difficultés de circulation

  • Analyse

    • renforcement ou argumentation pour la ségrégation urbaine

    • repérer les acteurs (entreprises, État, universités, …)

    • repérer les activités de la ville et les localiser

 

Document 7 :

  • lecture :

    • encore une carte !

    • Localiser les zones en plus forte croissance = en périphérie (toujours pour ceux qui n'ont pas bien lu les docs 4 et 5.

  • analyse :

    • voir plus haut …

 

Document 8 :

  • lecture :

    • voir le doc 1

    • Je l'ai mis pour tracer les limites de l'aire urbaine

  • analyse :

    • pour ceux qui ne le savent pas, une aire urbaine = le cœur de la ville (lieux des emplois, du pouvoir économique culturel et politique) + les périphéries (qui dépendent donc du ou des centres). Cette notion permet de dépasser une lecture administrative de la ville. Ici, ce ne sont pas les communes qui comptent mais la forme urbaine.

 

Document 9 :

  • lecture :

    • des villes nouvelles autour d'Alger plus ou moins proches (donner des exemples)

    • le texte semble assez critique sur la réalisation de ce plan … une critique renforcée par les cartes : certaines villes sont très lointaines, plusieurs centaines de km … ce ne sera pas pour faire un aller-retour dans la journée. Il faut donc voir que ces trois sortes de villes nouvelles répondent à des demandes différentes. Cependant, le dossier étant centré sur Alger, il faut s'attarder surtout sur les villes de la première couronne et de la deuxième.

    • Un plan d'urbanisme ambitieux

  • analyse :

    • des villes nouvelles, ce ne sont pas des nouvelles villes (en fait si, mais pas seulement) : ce sont des projets urbains, porteurs de messages et de pouvoirs. La ville nouvelle est destinée a=à accueillir des personnes « en trop » dans les espaces déjà bâtis + montrer que le pouvoir organise la ville, la planifie + permettre une réorganisation de la ville moins centralisée (s'il y a des emplois dans ces villes nouvelles, sinon ce sont des villes satellites, ou cités dortoirs).

    • Les villes de la première couronne ont un intérêt certain, désengorger le centre et réorganiser la ville.

    • Celles de la deuxième couronne restent à l'état de projet, sauf pour Boughezoul, en construction. On peut poser la question de la distance et du rôle de cette ville. Un modèle à rapprocher des villes nouvelles des environ du Caire (Égypte), qui sont plutôt des villes satellites.

    • Enfin, s'il y a un plan, c'est qu'il y a un acteur derrière. Je vous laisse deviner lequel (bravo : l’État)

 

Document 10 :

  • lecture :

    • des lignes qui existent déjà … et d'autres en construction et en projet.

    • Des lignes qui relient le centre aux quartiers périphériques (c'est assez logique)

    • des lignes qui longent le littoral

  • analyse :

    • Finalement, il n'y en a pas que pour l'automobile … mais est-ce suffisant pour une métropole de 2,9 millions d'habitants ?

    • Des infrastructures en développement.

    • Une logique centre-périphéries renforcée (pas de liaison périphérie vers périphérie)

    • encore et toujours cet acteur qu'est l’État qui paye ces infrastructures via les entreprises publiques de transport

 

C- Quels thèmes ai-je trouvé?

Comme je suis gentil, je vous ai rajouté des éléments non présents dans les documents et l'analyse précédente.

Dans votre brouillon, pensez (pas comme moi dans cet exemple) à placer les n° des docs correspondants aux infos. Cela permet de vérifier si tous les docs ont été utilisés et si les différentes parties et sous-parties ne reposent pas que sur un seul document.

Et comme je ne suis pas si gentil que ça, je n'ai pas mis de sous-parties ... le classicisme a ses limites (hahaha).

 

1- Une croissance urbaine très rapide jusqu'à la fin des années 1990 qui s'est ralentie ensuite : comment les autorités parviennent-elles à maîtriser cette croissance ?

  • À Alger : investissements dans des infrastructures, ce qui favorise un étalement urbain vers les zones agricoles de la riche paline de la Mitidja et vers le Sahel, plateau littoral surplombant la Méditerranée à l'est et à l'ouest de la ville (7 000 hectares artificialisés entre 1966 et 1998, selon J.F. Troin, Le Grand Maghreb, A Colin, 2006, page 269)
  • Une ségrégation urbaine entre quartiers riches de l'ouest (J. F. Troin parle de « Gated Communauties » pour les quartiers d'Hydra et du Club des Pins) et quartiers pauvres de l'est de la ville (el Harrach, Bab el Oued, Bachdjerah).
  • Des sites industriels en déclin sur plus de 1 800 hectares dans la ville) qui sont aujourd'hui insérés dans le tissu urbain (el Hajjar, Hussein Dey, Bab el Oued mais aussi le long des axes de chemin de fer et les autoroutes urbaines ainsi que sur les communes de Rouïba-Reghaïa.
  • Des quartiers d'affaire centraux (Alger centre + Sidi M'hammed) qui forment un hypercentre dans lequel on trouve 88 % des sièges des banques et compagnies d'assurances du pays, 42 % des services aux entreprises.
  • Des bidonvilles importants dans l'agglomération : 50 000 baraques officiellement recensées en 2015 (le taux moyen d'occupation d'un logement à Alger est de 6 personnes, et il est supérieur dans les quartiers les plus pauvres : 7-8 personnes en moyenne). Face à ces bidonvilles issues de l'exode rural ou de relogements après catastrophes (inondations), les autorités proposent de construire des logements, comme à Cherarba où les logements informels ont été remplacés par des habitations collectives. On en trouve aussi à Gué de Constantine ou à Boumati. Ces bidonvilles sont aussi le résultat de pratiques de corruptions.
  • Création de villes nouvelles plus ou moins bien pensées : la ville nouvelle de Sidi Abdellah, à l'ouest d'Alger destinée à des catégories supérieures, la ville de Bouinan à l'est de Blida (35 km du centre, un projet de 150 000 habitants dans 32 000 logements) mais aussi des villes encore plus éloignées comme Boughezoul (à 160 km au sud d'Alger, soit aujourd'hui 2h40 de route ; un projet de 350 000 habitants sur 3 600 hectares en 2025).
  • De même, l’État algérien a mis en place des programmes de logement collectifs massifs, comme la cité des 617 logements (444 logements en fait) destiné aux classes populaires, ou le programme AADL destiné aux classes moyennes (location-vente).
  • Le besoin, compris tardivement par les autorités, de développer des infrastructures de transports en commun (tramway et métro). Le métro est organisé autour d'une ligne est-ouest de 9,5 km, le tramway suivant une ligne parallèle sur 23 km. Ces deux infrastructures renforçant les liaisons centre-périphéries. Ces lignes, bien que très utilisées (2,5 M de passagers / mois pour le métro en 2017), restent moins utilisées par l'automobile dans un pays où le litre d'essence est de 22 centimes en octobre 2017. De même, les autorités ont longtemps privilégié les axes autoroutiers (rocades, pénétrantes). Le nombre d'automobiles a été multiplié par 5 entre 1970 et 2000.

 

2- Une hypercéphalie d'Alger par rapport au reste du pays (concentration des activités) : cette métropole parvient-elle à trouver une place dans la région et dans le monde (mondialisation) ?

  • A Alger : une place dominante dans l'économie du pays par les emplois industriels (en recul mais toujours importants à Alger : 1/3 des emplois industriels d'Algérie, 59 % des emplois industriels étrangers en Algérie) et tertiaires supérieurs.
  • Une place dominante dans les lieux de décision politiques et culturels : siège du gouvernement et des ambassades étrangères ; siège des deux plus importantes universités ; siège des principaux médias du pays ; siège des grandes entreprises privées ou publiques du pays (Sonatrach et autres entreprises pétrolières ; les entreprises de télécommunication, du BTP ou de l'industrie automobile -Kia …)
  • Le premier aéroport et le premier port (hors hydrocarbures) du pays.
  • Des investissements pour rester compétitifs (port, technopole de Sidi Abdellah spécialisé dans les TIC et les technologies avancées, …) mais aussi attractifs (Stade, Grande mosquée, …) ou encore des « grands projets » plutôt de prestige, comme le projet récréatif de front de mer.
  • La première porte d'entrée des IDE du pays.
  • une tertiarisation de l'économie possible grâce à l'argent du pétrole : recul des industries (emplois, mais aussi dans l'emprise foncière) et extension des quartiers de bureaux vers les hauts d'Alger

 

3- Des enjeux environnementaux forts : la protection de l'environnement est-elle une priorité pour ces villes ?

  • la ville connaît un étalement rapide depuis trente années (cf l'image satellite de 1987) selon trois axes majeurs : un axe centre → est, un axe centre → ouest et un axe centre → sud ; ces trois axes étant aussi les principaux axes routiers.
  • La ville connaît des problèmes de pollution de l'air (autos + industrie), des eaux (traitement des eaux usées industrielles et humaines), de manque d'aménagements. Le plan vert est destiné à améliorer la qualité de vie des habitants par la création de 23 agri-parcs, d'une protection des zones agricoles et la réhabilitation des berges de l'oued el Harrach.
  • Le traitement des ordures est aussi problématique : la décharge de l'oued Smar a été fermée en 2013.

 

D- une proposition cartographique de ces informations :

 

 

Etude de cas sur Alger - correction potentielle
Etude de cas sur Alger - correction potentielle

Pour visualiser Alger, quelques photos (désolé pour les droits, je n'avais pas  noté les sources quand je les ai copiées)

Dans l'ordre :

1- Bab Ezzouar

2 et 3 - le quartier de Cherarba

4- la cité des 617 logements

5- le projet de gare routière de Bir Mourad Rais

Etude de cas sur Alger - correction potentielle
Etude de cas sur Alger - correction potentielle
Etude de cas sur Alger - correction potentielle
Etude de cas sur Alger - correction potentielle
Etude de cas sur Alger - correction potentielle

Et pour compléter, un article du Monde du 27 décembre 2017 sur le quartier de Sidi Abdellah

Etude de cas sur Alger - correction potentielle
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