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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Les brouillards jaunes de l'hiver 2018

Publié le 11 Décembre 2018 par geobunnik in hors catégorie

A l'heure des peurs et des représentations contrastées sur les gilets jaunes, il me paraît pertinent de se poser et de porter un regard géographique et décentré sur ce qui se passe en France depuis quelques semaines. Les gilets jaunes ont pris la main sur l'actualité, sur les conversations et les réseaux sociaux et comme j'ai l'impression que tout semble flou dans la tête des citoyens (et la mienne aussi), j'ai essayé de comprendre comment on peut de manière géographique lire et expliquer ce moment de notre démocratie et de notre république.

Pour cela, j'ai tenté d'appliquer une méthode assez simple en quatre temps. Je me suis attelé d'abord à lire ce qui se passe en localisant ce moment, une deuxième partie se propose d'écouter les messages des gilets jaunes pour comprendre les grilles de lectures utilisées par les médias, les acteurs politiques ou les intellectuel.le.s pour caractériser les gilets jaunes. Un troisième temps vise à analyser ce moment avant de penser aux enseignants que nous sommes pour se poser la question de la transmission de grilles permettant une analyse critique par ses élèves.

 

1 Localisons ou lisons le phénomène.

Si j'en crois les nombreux reportages et articles de presses tombés sous mon regard,mais aussi l'article de Jacques Lévy dans La Revue des deux Mondes du 16 novembre 2018 ainsi que la carte produite par Sylvain Genevois sur son blog cartographie(s) numérique(s) (http://cartonumerique.blogspot.com/2018/11/carte-gilets-jaunes.html), les gilets jaunes sont de très bon géographes.

Les brouillards jaunes de l'hiver 2018

Ils ont une connaissance fine des territoires qu'ils habitent, des réseaux qu'ils pratiquent et qu'ils constituent et des lieux qu'ils fréquentent ou produisent. Ainsi, les gilets jaunes privilégient quelques lieux d'action : les ronds-points, les radars, les entrées de villes, les entrées de centres commerciaux, etc. S'ils n'ont peut-être pas lu Michel Lussault, il est est évident qu'ils pratiquent une lutte des places qui leur permet d'essayer de contrôler des points de passage, des entre-deux qui visent à contrôler ou gêner certains réseaux (les autoroutes, les routes nationales) et qui visent à en prendre le contrôle par une présence parfois permanente, souvent très fréquente (du petit matin à la nuit tombée).

Cette occupation de l'espace n'est pas qu'intermittente et concrète, elle est aussi fortement symbolique. De tout temps, les pouvoirs ou les oppositions ont cherché à prendre le contrôle des voies de communication et de certains points de passage (cols, entrées de ville, ponts). Le contrôle des entrées des villes vise à marquer non seulement des revendications mais aussi des territoires.

La carte produite par Sylvain Genevois permet de localiser à l'échelle nationale (hors DROM plus ou moins touchés) les points de contrôle posés par les gilets jaunes. On le voit, la grande majorité des lieux concernés sont urbains ou périurbains, même si les territoires ruraux peuvent être aussi le lieu de blocages. On est donc dans un mouvement qui s'organise autour des villes, pour le contrôle de son accès : les métropoles, bien sûr, mais aussi tous les pôles urbains de taille moyenne ou grande.

Autre élément frappant, on remarque que c'est l'ensemble du territoire national qui est touché par ce brouillard jaune, même si les territoires les plus urbains sont plus visibles.

 

Mon second souci de localisation concerne les occupants de ces lieux de contrôle. La localisation dont je parle n'est plus seulement spatiale mais aussi sociale. Si j'en crois les médias, les gilets jaunes se regroupent sur les ronds-points et autres lieux mais viennent de territoires plus vastes. Ce seraient des périurbains et des ruraux. Une analyse plus fine devrait être faite pour déterminer la proportion de ruraux et de périurbains, mais on est bien dans un ensemble de personnes très mobiles, voire hyper-mobiles, non pas par choix mais par nécessité. Dans ces territoires de la faible ou de la très faible densité, les mobilités se font principalement par l'automobile ou la moto. Ce sont des pratiques contraintes issues de choix personnels ou collectifs qui pèsent sur les budgets des classes moyennes ou des « petits-moyens » comme l'écrit Isabelle Coutant dans le Monde du 9-10 décembre 2018. Des choix personnels issus de la vie, des espoirs, de représentations ou de pratiques familiales (habiter loin des zones dites sensibles, fuir les aménités négatives des villes, posséder son logement, …) mais aussi des choix collectifs liés aux intérêts bancaires ou à la durée de remboursement des prêts immobiliers, à une politique de desserte ferroviaire ou de transports en commun déficiente voire anémique, à des représentations collectives sur la campagne et ses valeurs, etc. Pour cela, les travaux de la géographie sociale peuvent aider à comprendre ces choix d'acteurs.

Ce que nous disent les médias, c'est que les gilets jaunes sont des personnes intégrées, actives, retraitées ou chômeuses qui ne cherchent qu'à rester dans la « cordée » et qui voient leur niveau de vie s'éroder non pas par une baisse de salaire mais par une hausse de dépenses contraintes qui sont autant de marqueurs sociaux et économiques (l'automobile, le téléphone portable, la connexion internet, la télévision XXL, etc.). Il émane des revendications une demande de justice spatiale forte (une demande déjà relayée par les élu.e.s des territoires ruraux ou du « rural profond » et qui a pu être entendu par des politiques de « revitalisation rurale »).

 

 

 

2. Écoutons

Les gilets jaunes le répètent à l'envi, ils ne constituent pas un bloc mais une somme d'individus qui communiquent de manière horizontale. Au delà de cette horizontalité signe de la création d'un espace particulier comme l'a été en son temps le mouvement intellectuel Nuit Debout (intellectuel car porté par des élites lettrées, des débats qui se voulaient complexes et organisés non pas par une parole libre mais par une parole contrainte dans le temps et l'espace), les gilets jaunes veulent rester pluriels et non contraints. Ils n'ont peut-être pas tous lu ou entendu parler de Michel Foucault mais ils connaissent et subissent bien les biopouvoirs dont il parle : le.la chef.fe, l'automobile, l'élu.e, le journaliste, l'uniforme, l'enseignant.e, le garagiste, le médecin ou toute autre personne prescriptive. Ce pluriel est signe d'une volonté d'autonomie, de liberté, demande noble et justifiée qui tend peut-être à s'affranchir de l'égalité ou de la fraternité, idéaux très présents mais qui semblent secondaires.

 

C'est bien ce pluriel qui heurte les tentatives d'analyse de ce mouvement. Un mouvement qualifié fort justement de gazeux par Pierre Rosanvallon (Le Monde 9-10 décembre 2018). Nous sommes face à un nuage de revendication, un nuage de points de contrôle, un nuage de personnes fluctuantes (un jour en jaune, un jour en gris, les gilets jaunes ne sont pas encartés ou engagés à vie dans un mouvement), un nuage sans tête malgré la volonté des prescripteurs cités au dessus : journalistes, élu.e.s, analystes.

 

Alors pour bien comprendre ce nuage, il faut s'arrêter quelques secondes, faire un pas de côté, décentrer notre regard et essayer de les écouter.

  • Pour bien saisir ce nuage, tentons d'abord de capter les discours dans leur ensemble et leur complexité. Certes les revendications sont nombreuses et partent dans tous les sens … mais que demandaient les cahiers de doléance de l'hiver et du printemps 1789 ? De la liberté générale, des libertés individuelles, des revendications locales ou globales, des libertés politiques et économiques, des réductions de taxes et une demande de sécurité, des envies pratiques et des besoins plus profond. Il y eut ensuite un travail de sélection vertical par les élites locales (ceux qui savaient mieux écrire et mieux parler, ceux qui voulaient représenter les revendications pour mieux les contrôler : les prêtres, des avocats, des nobles). Or, il semble que c'est bien ce travail de sélection, d'organisation ou de hiérarchisation qui est refusé bien souvent. La question qui reste en suspens est bien celle de la prise en compte du pluriel, c'est à dire de la diversité, de la complexité et de la hiérarchisation des revendications. Faut-il y voir une défaillance de notre enseignement, de cette capacité que nous devrions porter, celle de construire ce fameux « esprit critique » dont tout le monde se réclame et que trop peu savent réellement mettre en place, confondant souvent esprit critique et grille de lecture imposée.
  • Il nous faut aussi prendre en compte les émotions (un terme qui désignait dans des temps pas si lointains des révoltes populaires). Ces émotions portent en elles un double sens, celui de sentiment et celui d'action. C'est à nous, enseignants, de passer de ces émotions à une lecture posée, critique et distanciée de ce qui se passe. Cela ne veut pas dire qu'il faille s'enfermer et ne pas écouter, au contraire. Il faut écouter pour mieux essayer de comprendre et agir. Passer de l'émotion au choix raisonné … une démarche complexe qui s'apprend en prenant le temps de décrire les événements, de catégoriser (le pluriel des gilets jaunes est à analyser comme un ensemble d'individus aux demandes diverses mais à la méthode commune ; il est assez simple de différencier trois ensembles vagues et eux aussi complexes : des participants actifs (sur les ronds-points, dans les manifestations pacifiques) ; des activistes politisés et violents (qui convergent dans les centre-villes les jours de manifestation) ; et des casseurs sans revendication politique particulière ou clairement exprimée (qui suivent les jours de manifestations les deux autres groupes en profitant du chaos porté par les activistes).
  • Enfin, pour essayer de comprendre ce nuage, il faut aussi décrypter les discours et les grilles de lecture utilisées depuis quelques semaines. Des grilles qui peuvent se mélanger, s'associer. Les lectures ou analyses du nuage sont souvent elles aussi complexes ou confuses et empruntent à plusieurs grilles.
    • Des grilles de lecture parfois surplombantes ou condescendantes envers les gilets jaunes vus comme un peu bas de plafond, peu politisés, non électeurs, un peu bourrins … une vision particulière du peuple qui n'honore pas ceux et celles qui portent un tel regard sur les gilets jaunes. On peut se demander qui porte ce regard condescendant : des urbains ? Des intellectuels ? Des classes dites supérieures. Ce qui est fort avec ce regard surplombant, c'est qu'il réactive ce que certains avaient enterré depuis longtemps : la lutte des classes.
    • Des grilles de lectures révolutionnaires voire millénaristes qui annoncent la fin du monde pour samedi prochain (acte I puis acte II-III-IV-V ...). Il y a ceux qui rêvent du Grand soir, ceux qui en ont peur. Il y a ceux qui espèrent ou appellent à la révolution et ceux qui en ont peur. Il y a ceux et celles qui pensent le mouvement à court terme (avec la possibilité pour elles ou eux d'exister médiatiquement pendant quelques semaines) et ceux qui espèrent un pourrissement progressif, du jaune au blanc ?
    • Des grilles de lecture justificatives ou justificatrices. Elles sont trop souvent fatalistes, mono-causales (c'est la faute à l'automobile / au gouvernement / à l'étalement urbain / etc.). Avec cette grille de lecture, le mouvement actuel est le résultat de dix-huit mois ou trente cinq ans de choix politiques. C'était donc écrit.
    • Ces grilles de lectures sont – grâce au système médiatique actuel – très souvent simplistes et n'arrivent pas à prendre en compte la complexité de ces nuages et des revendications qui sont finalement assez simples à décrypter si on utilise des grilles de lecture classiques : les revendications sont sociales et politiques et économiques et culturelles. Elles ne sont pas l'une ou l'autre, l'une contre l'autre. On ne peut se contenter d'une grille de lecture uniquement sociale ou uniquement culturelle. Ce serait rabaisser les gilets jaunes à des personnes sans raison (uniquement passionnées), à des personnes uniquement intéressées par leur pouvoir d'achat ou par des personnes uniquement là pour gêner la mobilité des autres.
  • Pour mémoire, voici quelques grilles de lecture à dépasser ou à compléter :  (je m'inspire pour cela du travail d'Aurélien Delpirou dans La Vie des Idées du 23 novembre 2018)
    • Une grille de lecture uniquement politique insiste sur les fractures politiques, sur un changement de président, de gouvernement, de députés, de régime ou de constitution, sur des visions de la société opposées, etc. entre des personnes qui ne votent pas ou plus et qui veulent une démocratie participative, horizontale qui postule que les élus doivent être soumis en permanence au contrôle des citoyens et les tenants d'une démocratie représentative basée sur des élections régulières et qui postulent que le temps politique doit être un temps relativement long, celui du mandat ;
    • Une grille de lecture uniquement économique insiste plus sur les aspects financiers des demandes : moins de taxes, des salaires décents, etc. en gros, des abandonnés face à des privilégiés ;
    • Une grille de lecture uniquement sociale propose d'opposer des classes moyennes ou populaires aux classes dites supérieures ou le peuple face aux nantis des centre-ville ;
    • Une grille de lecture uniquement culturelle évoque des « jacqueries », des prolos face à des bobos, des provinciaux face aux parisiens

On le voit, il faut se départir d'une lecture trop simple de ces nuages et des revendications de ces citoyen.nes en colère. Ces grilles de lecture, vous l'avez certainement vu sont souvent binaires et donc limitent le débat et la réflexion.

 

3. Analysons.

Vous l'avez compris, le brouillard jaune dont je parle dans le titre de cet article nous pousse à réfléchir et à tenter de saisir la complexité de notre société. Ainsi, il faut être capable de dépasser des lectures trop simples, des lectures mono-causales (et si E. Macron est bien visé, les revendications dépassent sa petite personne), et surtout une lecture linéaire et fataliste du mouvement.

Sans donner moi-même de grille de lecture, je vous propose de penser par vous-même à partir des éléments suivants :

  • Dominé par ma culture géographique et de sciences humaines, je ne peux conseiller d'adopter une lecture et une analyse systémique. Cette analyse permet de faire ressortir des acteurs présents (gilets jaunes participants ; activistes ; casseurs ; élus ; employeurs ; autres citoyens ; … )
  • Toujours dominé par ma culture géographique, je ne peux que vous pousser à penser le nuage à différentes échelles : l'échelle micro-locale (celle de la friction quotidienne, des klaxons et des ronds-points, celle de la mise en réseau par Facebook), l'échelle urbaine (celle des blocages, des bouchons, des stratégies d'évitement, des manifestations hebdomadaires. Une échelle qui prend en compte trois territoires : le rural, finalement peu impacté ; le périurbain, vu comme un territoire de la lutte quotidienne ; le centre-ville, vu comme un lieu de pouvoir économique et politique à occuper ponctuellement). L'échelle mondiale est peu utilisée dans les analyses pour l'instant (vive le franco-centrisme ?).
  • Ce choix d'une lecture systémique et par acteurs vous pousse aussi à penser le brouillard jaune sous l'angle des représentations portées par et sur ces gilets jaunes, comme j'ai tenté de le faire ci-dessus.
  • Cette analyse vous pousse aussi à penser aux pratiques spatiales des acteurs. Des pratiques mobiles (très mobiles parfois), des logiques de réseaux, de points ou d'aires (urbaines). Les gilets jaunes sont des acteurs géographiques.

 

Tout cela pose certainement la question d'un droit à la ville peu dense pour compléter la pensée d'Henri Lefebvre qui évoquait un « droit à la ville », c'est à dire le droit de faire la ville par les citoyens, et non par des techniciens ou des élus pour les citoyens. Contrairement à l'idée assez bien répandue de territoires passifs, isolés, sans vie commune, les gilets jaunes nous invitent peut-être à modifier nos grilles de lecture sur le périurbain peu dense et sur le rural proche des villes. Certes ce sont des espaces clivés, ségrégués mais – l'être humain est formidablement grégaire – aussi des lieux, des territoires où se crée une urbanité différente basée toujours sur le contact et la rencontre (la fameuse diversité de Jacques Lévy dans sa définition de la ville comme l'association de la densité et de la diversité). Des lieux où se crée la ville et un droit à la ville qui nécessite toujours des places (qu'est-ce qu'un rond point si ce n'est qu'une place vide, mal décorée et qui n'attend que d'être habitée), des lieux de rencontre et de friction, des réseaux humains ou de transport, des distances. En bref, les gilets jaunes sont en train de créer des nouveaux espaces comme Nuit Debout créait un espace particulier à partir du 31 mars 2016. Évidemment, une urbanité créée sans les élites (comme dans les camps de Calais ou autour, comme dans les bidonvilles), ça fait peur à certains. La peur d'un monde fluide et non dominé par des élites élues ou non.

 

4. Transmettons

Je suis enseignant et ce blog s'adresse à des enseignant.e.s ou à des futur.e.s enseignant.e.s. Mon objectif n'est pas de vous imposer une grille de lecture personnelle et dominante. Mon objectif est de vous permettre de comprendre par vous même le nuage jaune qui se trouve dans les rues et tenter de vous sortir du brouillard dans lequel vous êtes peut-être. Par cet article, je ne cherche qu'à vous pousser à exercer votre propre esprit critique en vous donnant des éléments pour construire vous-même votre grille d'analyse par un recul, une distance vis-à-vis de l'actualité.

De plus, je vous rappelle que lorsque l'on enseigne, on cherche non seulement à transmettre notre savoir mais aussi à transmettre des capacités et des savoir-être. On cherche aussi à réfléchir à ses choix et à ce que l'on enseigne. Il ne s'agit pas d'expliquer le monde mais de donner à chacun.e d'être capable d'expliquer le monde. Si vous êtes dans la transmission, donnez votre version des faits (autonomie des élèves réduites à « je suis d'accord / je ne suis pas d'accord »). Si vous être dans le constructivisme, poussez les élèves à construire leur propre raisonnement en se constituant leur grille d'analyse basée sur la nécessité de gérer une certaine complexité.

 

Avec vos élèves, vous êtes vous-même face aux interrogations des élèves et vous avez peut-être du mal à y répondre. Alors, comment faire ? Je reste fidèle à ma démarche (Lire → Analyser → Organiser → Transmettre).

  1. prenez le temps d'écouter les élèves et les représentations qu'ils portent sur les gilets jaunes. Ce temps peut être amorcé à l'oral mais nécessite un temps d'écriture pour poser les idées et pousser chacun.e à dire ce qu'il sait des gilets jaunes.

  2. prenez le temps de leur faire écrire ou décrire les différents acteurs qui sont en place ainsi que leurs objectifs ou revendications. Cela permettra de montrer la diversité des gilets jaunes et de commencer une mise à distance vis-à-vis de ce brouillard jaune.

  3. Montrez que ces acteurs font des choix souvent contraints (car nous sommes dans une société et dans un monde complexe) et que ces choix se font à diverses échelles. On peut localiser à l'échelle de l'aire urbaine du lycée ou du collège les zones de blocage, les zones de manifestations ou les zones de conflit (vitrines brisées / poubelles brûlées / confrontations avec la police, …)

  4. Prenez le temps d'expliquer, de compléter les représentations posées par les élèves, de les éclairer dans le temps ou l'espace. Paye-t-on trop de taxes ? Faut-il opposer taxes et transition écologique ? Qu'est-ce que la transition écologique, est-ce un dogme ou un nécessité ? Peut-on penser un monde complexe aujourd'hui ? De quels outils a-t-on besoin pour expliquer ce monde complexe ? Quelle est la place du citoyen dans la cité ? Dans le jeu politique actuel ? Etc. Vous le voyez, en prenant le temps d'entrer dans les revendications, on ouvre une boite de Pandore (euh … pour ceux qui ne le savent pas, rien à voir avec les flics). Le rôle de l'enseignant.e est de contrôler la parole dans la classe pour que chacun.e se construise et pense par lui même (le fameux esprit critique).

  5. Prenez le temps aussi de faire écrire vos élèves en se mettant à la place des acteurs en présence : quels arguments pourraient être ou sont utilisés par les gilets jaunes-participants, par les activistes, par les casseurs, par les commerçants, par les routiers, par les élus ou les syndicalistes,...

  6. Tout cela peut alors se cartographier, s'organiser (sous forme d'organigramme ou de schéma montrant des interactions) … et s'afficher en classe ou dans les couloirs, ou même dans des réseaux sociaux (la transmission, c'est essentiel).

  7. Enfin, si vous voulez emmener vos élèves vers de la complexité, prenez aussi le temps (après avoir posé une grille de lecture) de décrypter ou de faire décrypter les discours médiatiques. Là, vous ferez un travail actif permettant de développer l'esprit critique.

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S
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et un blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo) Au plaisir.
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V
Merci pour cette présentation utile des grilles de lecture qui permettent d'embrasser d'un regard géographique l'ensemble de cet étonnant mouvement ! Je dois cependant dire que j'ai tiqué sur votre évocation des "activistes politisés et violents qui convergent dans les centre-villes", quand, me semble-t-il, la majorité de ces manifestants sont des gens qui redécouvrent les différents modes de revendication politique par le biais des gilets jaunes et de ces rassemblements hebdomadaires. Mais, comme vous le dîtes, chacune de ces vagues est complexe, gardons nous de toute simplification abusive.<br /> En vous remerciant !
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A
Merci pour ton éclairage, bien utile dans ce brouillard !
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O
merci beaucoup
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O
merci de ces lignes qui m'aident a prendre du recul
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