Objectifs :
- Entrer en douceur dans la question « Asie du Sud-est » ;
- (se) créer des cadres pour mieux comprendre la question au concours ;
- Produire une carte des limites et des divisions de l'Asie du Sud-Est ;
Sources :
- Rodolphe de KONINCK, L'Asie du Sud-Est, Armand Colin, Collection U, 2019.
- Michel BRUNEAU, L'Asie d'entre Inde et Chine, Introduction, mappemonde, Belin, 2006.
- Michel BRUNEAU et Christian TAILLARD (dir), Asie du Sud-Est - Océanie, Nelle Géographie Universelle, Belin-Reclus, 1995.
- Michel BRUNEAU, « Des géographes et l'Asie du Sud-Est », L'Espace Géographique, 1986-4, p. 247-255.
- Michel FOUCHER, Asies nouvelles, Belin, 2002.
- Michel BRUNEAU, l'Eurasie, CNRS, 2018.
- Hugues TERTRAIS, « Asie du Sud-Est, émergence d'un modèle régional », Matériaux pour l'histoire de notre temps, N° 45, 1997, pp. 58-62
- Mutations économiques et recompositions territoriales en Asie du Sud, numéro spécial des Annales de géographie, 2010-1-2.
Enjeux :
On nous propose un travail de réflexion sur l’Asie du Sud Est. Or, cette partie du monde ne va pas de soi : ce n’est ni un ensemble homogène, ni un groupement de pays logique. Nous sommes loin de cette zone et notre regard est influencé par cette distance tout comme il est influencé par notre culture occidentale héritière des travaux de recherche des XIX° et XX° siècles mais aussi de ces sociétés coloniales du XIX° et XX° siècle. Certes, nous essayons depuis de décoloniser nos esprits, mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin.
Quand nous travaillons sur un tel espace, n’oublions pas de garder de la distance avec les représentations sociales actuelles marquées par ces influences que l’on retrouve fortement dans les médias ou les manuels scolaires.
C’est pourquoi, avant d’étudier l’Asie du sud-est (ASE), il faut se demander d’où vient cette ASE, pourquoi elle est étudiée comme telle aujourd’hui (en 2020).
1 Une région construite récemment par les géographes et les sciences politiques.
1.1. Une construction externe, un entre-deux.
a) Les Géographies Universelles des XIX° et XX° siècle : une zone de transition, des entre-deux (ou trois).
C’est lorsqu’on découpe le monde en grands ensembles que l’on se retrouve parfois face à des zones qui ne semblent pas exister pour elles mêmes : « Moyen Orient » (entre Europe et Asie), « Amérique centrale » (centre de quoi?) ou encore « Asie du Sud-Est » (là on ne trouve même pas un nom propre pour désigner cet espace). On est donc en ASE dans un entre-deux, un « tiers-lieu » (comme on a pu parler de tiers-lieu pour l’Europe médiane, ou Europe de l’est ou Europe centrale … encore un espace flou), ou encore une zone de transition. Cette vision qui associe deux éléments : d’un côté l'idée d'une « zone de transition graduelle » (Élisée Reclus) et de l’autre l'association de deux zones : des terres d'Asie du Sud (1) prolongé par des archipels (2)
- Conrad Malte-Brun, Géographie Universelle, 1837 : Une région entre Inde, Chine et Océanie. Pour la partie péninsulaire, Il évoque pour le 1° fois l'« Indochine » appelée aussi Inde Orientale (comme auparavant).
« De toute l'Asie; il ne nous reste à décrire que la partie qui comprend l'empire des Birmans, l'Inde orientale anglaise, le royaume de Siam, les États indépendants de Malacca, et l'empire d'An-nam, qui se compose des royaumes de Toung-King, de Cochinchine et de Cabodje. Cette région ne porte aucun nom généralement reconnu. On la désigne quelquefois sous celui de presqu'île au-delà du Gange, et pourtant ce n'est pas, à proprement parler, une péninsule. Plusieurs géographes l'ont nommée Inde extérieure ; cette dénomination est plus caractéristique que la première. Mais comme ces pays ont été quelquefois soumis à l'empire de Chine, et comme la plupart des peuples qui les habitent ressemblent beaucoup aux Chinois, soit par la physionomie, la taille et le teint, soit par les mœurs, la religion et le langage, nous avons proposé, il y a plusieurs années, de désigner cette grande région du globe sous le nom nouveau, mais clair, expressif et sonore, d'Indo-Chine. Nous allions abandonner cette innovation, lorsque nous avons appris qu'un savant anglais établi à Calcutta a eu presque la même idée. » (Malte-Brun 1837, vol. 9, . 708).
Les archipels sont présentés dans le vol. 12 « Océanie »
« Ainsi la Notasie désigna les îles que l'on avait coutume d'appeler grand archipel d'Asie, archipel Indien, archipel d'Orient, et dans lequel on comprenait les îles Philippines, les Moluques, Celebes, Bornéo, Sumatra, ou plutôt Soumâtra, Java; en un mot, toute la chaîne que l'on appelle les îles de la Sonde. Mais le nom de Notasie, qui signifie Asie méridionale, ne convenait point à cette division : M. Lesson, qui a visité ces archipels, et qui a reconnu que toutes les côtes des grandes îles sont peuplées de Malais, a proposé avec raison un nom plus exact, en appelant cette division Malaisie. C'est l'Océanie occidentale »
- Élisée Reclus (Géographie Universelle, vol. 14 « Océan et terres Océaniques »,1883) évoque « l'angle de l'Asie » mais sépare encore d'un côté l'Indochine (repris de chez Malte-Brun) et de l'autre « l'Inde insulaire » ou « l'Insulinde », ou encore « Indonésie » pensée comme « une région de passage entre deux continents : Asie et Australie ».
« de la Birmanie, du Laos et de l'Annam aux provinces de l'empire du Milieu, il se trouve partout une zone de transition graduelle ; ainsi que le dit le nom d'Indo-Chine, proposé d'abord par Malte-Brun et communément employé depuis l'éminent géographe pour la péninsule sud-orientale de l'Asie, cette terre appartient géographiquement, aussi bien qu'historiquement, aux deux mondes voisins.» (E. Reclus, 1883, 8, 7).
« l'ensemble des terres qui se prolonge au sud-est de l'Indo-Chine, de Sumatra à la Tasmanie, constitue, malgré sa rupture en îles distinctes, un corps terrestre analogue à l'Afrique et à l'Amérique méridionale... Que sont toutes ces terres, sinon un continent brisé, prolongeant les Indes dans l'hémisphère méridional ? C'est à bon droit que l'on a donné le nom d'Insulinde aux terres équatoriales qui continuent l'Indo-Chine au milieu de l'Océan » (E. Reclus, 1883, 14, 4).
- Jules Sion, Géographie Universelle, 1929, contient un tome « Asie des moussons » = un ensemble plus large (du Japon à l'Inde) organisé en trois régions: « Inde », « Indochine » (= la péninsule) et « Insulinde ». (= les archipels). C’est une association qui restera : à partir de Sion, Insulinde et Indochine sont toujours associées.
b) Mi-XX° siècle, un espace plutôt pensé comme culturellement homogène
- Pour Pierre Gourou (La terre et les hommes en Extrême-Orient, Paris, Flammarion, 1940) : l'ASE est une aire culturelle incluse dans un ensemble plus vaste (mais proche) : l'Extrême Orient. Son unité tient à ses paysages homogènes, une « civilisation du végétal » (et du riz) où les plaines alluviales sont peuplées et les montagnes délaissées et où règne un animisme agraire mâtiné de bouddhisme, de taoïsme ou d'hindouisme.
- Même chose chez J. Delvert, l'Asie méridionale (1979) pour qui il existe une « Asie méridionale », indienne ou indianisée de l'Indus aux Philippines. C’est un ensemble culturel (attelage à 2 bœufs ou buffles ; littérature, arts, ...) mais aussi un ensemble naturel (mousson, palmier Borassus, noix de bétel, … ).
- Chez Paul Mus, c'est un « angle de l'Asie » marqué au nord (terres, montagnes) par une « bretelle des invasions » et au sud (mers) par « une écharpe des moussons » avec des voies maritimes transitant par des détroits et des ports, des comptoirs cosmopolites. Cet espace s’étend de l'Himalaya au Yunnan – Guizhou et c’est un espace circulatoire maritime avant tout
Cependant, à côté, des auteurs insistent sur les particularismes locaux :
- C Robequain, dans Le monde malais (1946) étudie particulièrement trois pays (Malaisie + Indonésie + Philippines) uni par une langue, une religion (islam) et la mer ;
- J. Delvert définit un « Monde Bouddhique » (1974) : Birmanie + Thaïlande + Laos + Cambodge. Ils ont un point commun : le bouddhisme Teravada dit du « Petit Véhicule » (avec moines et bonze aux robes safran + stupas et pagodes)
Enfin, noter que les limites encore parfois floues :
- à l'Est, les Philippines y sont ou non associées ;
- à l'Ouest, idem avec les îles indiennes (Andaman et Nicobar) mais aussi incorporation parfois de l'Assam (Inde), du Yunan, d'Hainan (Chine) ou de Taïwan.
- Pour les chinois et les japonais, cela reste « les mers du sud » (Chinois : nan yang ; Japonais : nana yo)
c) Fin XX° siècle, une stabilisation autour d'une définition politico-économique : l'ASEAN (Association des États de l'Asie du Sud Est)
L'ASE est alors un théâtre d'opération et d'enjeux de la Guerre Froide (1946-1989) suite au recul colonial (France, Royaume-Uni et Pays-Bas) et aux indépendances = Philippines 1946 [États-Unis], Birmanie 1948, Indonésie 1949, Vietnam, Laos et Cambodge 1954 Malaisie 1957, Singapour 1965 (vis à vis Malaisie), Brunei 1984 et Timor Leste 2002.
En 1954, création de l'OTASE (sur le modèle de l'OTAN) : Organisation du Traité de l'Asie du Sud-Est par les EU contre l'avancée communiste en Asie = Philippines + Thaïlande + Pakistan + Cambodge + Sud Vietnam + Laos + France + Australie + Nouvelle Zélande + Etats-Unis. Finit en 1977.
En 1967, création de l'ASEAN par les Philippines + Thaïlande + Singapour + Indonésie + Brunei. Puis se stabilise à 10 États : Birmanie + Thaïlande + Laos + Cambodge + Vietnam + Malaisie + Singapour + Indonésie + Phil + Brunei (manque donc Timor Leste dans la liste : le 11° pays de la zone).
Pour M. BRUNEAU (1997), l'ASEAN est une « organisation du sud » qui apparaît comme un modèle pour d'autres pays du sud, marquée par (notez les critères culturels et politiques dominants) :
- sa diversité forte ;
- la complexité culturelle et économique ;
- jamais unifiée (sauf partiellement et temporairement par un empire Khmer début XIII° siècle pour la partie péninsulaire) ;
- des États tous pluri-ethniques ;
- une domination des basses terres sur les hautes terres ;
- une grande variété de langues et d'écritures basées sur 5 groupes (austro-asiatiques, austronésiennes, Thaï, Miao Yao et sino-tibétaines) ;
- deux religions dominantes (Islam et Bouddhisme) ;
- des « assimilations distanciées » de minorités ethniques, religieuses.
Se développe alors l'idée d'un modèle sud-est asiatique reposant sur :
- un développement agricole intensif (par des gains de terres sur les forêts = défrichements + par une intensification, mécanisation, spécialisation (révolution verte) et intégration dans des circuits d’échanges internationaux. (ex : riz ou huile de palme). Selon De KONNINCK (2003), « une fuite en avant » ;
- un développement industriel marqué par une montée en gamme = de l'assemblage vers la conception puis la tertiarisation, exemple des NPI(A) ;
- Mais au delà du modèle, l'ASE a joué et joue encore un rôle stratégique au delà de la GF, par sa place de carrefour ou de détroit, point de passage obligé entre Asie de l'Est (Chine, Japon) et Inde, Moyen Orient, Europe.
- Mais un autre modèle est proposé par Willem van SCHENDEL (2001) : les montagnes forment le « ZOMIA » (de ZO )= retiré et MIA = peuple) = une zone de refuge, de résistance mais aussi de rébellion face aux plaines irriguées.
d) Aujourd'hui : une unité assez remarquable ?
Je me suis servi de quatre ouvrages pour délimiter cet espace :
- Michel BRUNEAU + Christian TAILLARD, Asie du Sud-Est - Océanie, Nouvelle Géographie Universelle, Belin-Reclus, 1995 :
- un espace séparé du reste de l'Asie et associé dans ce volume à l'Océanie ;
- un entre deux (une « Asie à deux faces »);
- une Asie insulaire séparée du continent indochinois (reste très classique).
- Le chapitre finit par les enjeux = le développement, l'urbanisation et la difficile affirmation d'une unité régionale.
- Michel FOUCHER, Asies nouvelles, Belin, 2002 :
- Un espace présenté sous un angle géohistorique et centré sur l'Asie. Il sépare l'Asie du SE du reste (c’est à dire l’Asie du Sud + l’Asie Orientale).
- Un « angle de l Asie ».
- Puis une lecture par États.
- Intérêt : Beaucoup de cartes.
- Michel BRUNEAU, l'Eurasie, CNRS, 2018 :
- Un espace présenté comme un « angle de l'Asie », mais aussi un espace circulatoire maritime qui est dominé par 3 foyers distincts d’États impériaux et de civilisation (Inde, Chine, Japon) ;
- un espace qui suit le modèle de développement japonais(repris aujourd'hui par la Chine comme moteur) = un fort endoctrinement social via État, entreprises, familles + la présence de conglomérats puissants (zaïbatsu au Japon) soutenus par l’État et associés à des milliers de sous-traitants ; une diffusion par relocalisations + investissements + par les pôles urbains / ports :
- une interface entre Inde et Chine via des anciens corridors entre cités-Etats dont seule subsiste Singapour ;
- De nombreux espaces transnationaux formels (triangle SOJORI ou « Grande région du Mékong » impulsé depuis 1992 par Chine et qui a renforcé Kunming ou informels (piraterie, contrebande).
- Rodolphe De KONNINCK, L'Asie du Sud-Est, 2019 (2012) :
- Un angle de l'Asie : « C'est ainsi que situé entre le monde chinois et le monde indien, s'y rattachant tout en s'en dégageant, le Sud-Est asiatique représente l'aboutissement de l'Asie, son terme en contact du monde tropical et océanique. Mais c'est aussi un lieu de convergences, un carrefour, une synthèse de l'Asie : une synthèse qui est à la fois l'occasion d'une transition, ou plus exactement d'une poursuite de l'Asie au delà du domaine continental. Ainsi, sur plusieurs plan l'Asie du Sud-Est est partagée en deux zones, l'une qui s'attache au continent et qui en porte les marques, l'autre qui s'en éloigne, qui s'éparpille dans le domaine océanique. Mais de telles aires, continentales et insulaire, demeurent partenaires dans la constitution de cette région centrale représentée par le Sud-Est asiatique. Une région qui se définit tout autant par sa localisation au terme de l'Asie, en situation de carrefour et de transition, de pont bi-hémisphérique, que par sa position de centre, d'axe ou de pivot, entre deux océans, entre masse continentale et dispersion océanique, entre Asie et Australie. » (Introduction, page 7).
- « Car bien qu'elle soit tout en nuance, n'impliquant aucune coupure véritable, la transition malaise entre péninsule indochinoise et l'archipel permet tout de même de d'identifier cinq pays à caractère plus résolument continental et six autres de plus en plus impliqués dans la transition maritime. D'un côté la Birmanie, la Thaïlande, le Cambodge, le Laos et le Vietnam rassemblent, sur près de 2 M de km² de terres continentales, soit environ 43 % du total pour la région, quelques 244 millions d'habitants au début de 2019, soit 36 % de sa population. De l'autre, les Philippines, l'Indonésie, le Timor Oriental (Timor Leste) Brunei, Singapour et la Malaisie rassemblent 417 M des quelques 662 M de Sud-Est Asiatiques sur plus de 2 500 000 km² de terres essentiellement insulaires. » (idem, p. 8)
- Son livre est découpé en trois parties : 1 les structures (milieux / histoire) ; 2- les États, les uns après les autres (9/11 : manquent Brunei et Timor O) ; 3- une conclusion sur les enjeux à venir = démographiques + agricoles + liés à l'urbanisation + environnementaux + géopolitiques.
Si je fais le bilan de c es lectures, il en ressort :
- Une unité régionale qui reposerait donc sur :
- des éléments naturels :
- Un milieu tropical humide ;
- Un isthme (comme le Moyen Orient ou l'Amérique centrale), un « entre deux », un point de passage entre le monde Australien et le monde Asiatique ou le monde Indien et le monde Chinois.
- Un fort morcellement topographique, une forte indentation des côtes : sur continent par les montagnes et dans les archipels par la mer;
- Des barrières montagneuses qui servent de refuge ;
- Des littoraux marqués par le changement global (menace sur les deltas, fleuves, plaines agricoles, mangroves).
- Des éléments socio-culturels :
- Une Méditerranée ?
- Des densités de pop° relativement faibles pour l'Asie = hors Laos à 27 habs/km², les autres = 71 (Timor) à 263 habs/km² (Vietnam), 2° exception : Singapour, 7 100 ;
- 80 à 100 M d'habs sur 2,5 M de km² ;
- La présence de la diaspora chinoise mais aussi d'autres mobilités plus complexes, internes aux pays ou internationales.
- Des éléments économiques :
- Une croissance économique rapide qui se pose aussi comme un modèle ;
- un modèle de croissance basé sur l'industrie + l'agriculture + le tourisme de masse : Thaïlande – Bali - …)
- un modèle décrié aussi pour ses atteintes à l’environnement (huile de palme, animaux, déforestation, …)
- une urbanisation très rapide qui n'est pas sans poser des problèmes d'étalement urbain, de congestion urbaine (Jakarta, Singapour, Bangkok).
- Des éléments politiques :
- Des États forts en transition démographique plus ou moins difficile (Thaïlande).
- des éléments naturels :
2. Quelles limites et divisions à cette région ?
2.1. Des limites à définir.
On a donc des limites :
- Produites par les géographes européens (surtout français ici) dans leurs découpage du monde, sur quels critères ? :
- Naturels ? Cela ne marche pas entièrement car si l’ASE fait bien partie du monde tropical, celui ci ne se limite pas à cette région du monde et il continue en Australie du nord ou en Chine du Sud … De plus, on pourrait trouver une division nette entre les îles et la partie continentale, entre les zones basses et les montagnes … même si c’est plus compliqué que cela car ces territoires sont connectés entre eux et interdépendants.
- Culturels ? Ce n’est pas facile non plus. Car au-delà d’un front de rencontre entre plusieurs cultures (indienne, chinoise, micronésienne, européenne, ou entre plusieurs aires religieuses (islam, chrétienté, bouddhisme, hindouisme, …) il existe bien des spécificités locales qui en font un territoire qui ne dépend pas uniquement des influences extérieures. Il est difficile d’imaginer que l’ASE soit un territoire entièrement dominé culturellement (ce qui dénoterait chez nous un bel esprit colonial qui sous entendrait que seules les soit disant grandes cultures auraient voie au chapitre).
- Politiques ? Là, c’est plus facile, puisqu’existe cette ASEAN.
- Économiques ? Idem, mais il semble aussi pour les deux derniers ponts (économique et politique) que les divisions sont aussi nombreuses entre ces pays de taille, de structure économique ou politique, de puissance ou d’ambitions régionales différentes. Pour faire très simple, ce sont quand même tous des pays pas trop riches (oups, j’oublie Singapour et Brunei), pas trop pauvres (oups, j’oublie le Laos, le Cambodge et Timor).
2.2. Comment appréhender la diversité de cette « zone de transition graduelle » ?
On s'aperçoit qu'on a aussi la constitution de plusieurs sous-ensembles :
- Question 1 : combien de sous-ensembles peut-on voir ?
- Question 2 : sur quels critères créer ces sous-ensembles (évidemment cela dépendra de votre angle d'entrée et de votre problématique).
- Opposition plaines littorales agricoles denses / montagnes forestières peu denses ?
- Diversité culturelle avec plusieurs foyers extérieurs (Inde, Islam, Chine, Micronésie, Australie) ?
- politique via l'ASEAN ?
- Économique via l'APEC (Coopération Économique pour l'Asie Pacifique) créée en 1989 pour libre échange, croissance économique et qui existe via des réunions annuelles de chefs d’États (21 États (11 + Australie, Chine, Corée, Japon, Canada, EU).
- Questions complémentaires :
- que faire des fronts pionniers ? Sont-ils spécifiques à cette régions, permettent-ils de la définir ? (Thaïlande, Philippines depuis les années 1960-70 ; Indonésie, Birmanie, Laos, Cambodge et Malaisie depuis les années 1980 … seule la Thaïlande a stoppé cette politique d'extension du terroir agricole) ;
- idem avec les réseaux présents = réseaux de communication, réseaux économiques, réseaux humains (mobilités, migrations, diasporas) ;
- idem enfin avec la division entre Grands États archipélagiques et États continentaux agraires, concentriques et cités-États ?
Travail à faire pour bien appréhender les limites de cet espace … et ses divisions : Produire une carte qui montre :
- les diverses limites de la région « Asie du Sud-Est » (naturelles, politiques, culturelles, économiques) ;
- les noms des divers États et de leurs capitales + les limites de l’ASEAN + APEC ;
- les noms des mers et océans et détroits ;
- faire ressortir la présence d’un État enclavé (Laos) ;
- les noms des « grands voisins » (Inde, Chine, Japon, Australie, Etats-Unis, Taïwan).
- les divisions « naturelles » (climatiques, morphologiques, reliefs) ;
- les divisions démographiques (densités) ;
- les divisions culturelles (aires d’influences chinoise et indienne, mais aussi influence européenne, australienne, états-unienne).