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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

6- Une région d'Europe et de France, la Corse

Publié le 18 Mars 2013 par geobunnik in CRPE Ajaccio

 

La Corse est une région périphérique, c'est à dire qu'elle n'est pas un centre de commandement ou de décision, au contraire, elle semble subir les évolutions économiques, culturelles, politiques à l'heure de la mondialisaton et de l'Union Européenne.

 

6.1. Une région périphérique

 

6.1.1. Une île-région

 

La Corse a la particularité d'être la seule Région administrative française de la métropole qui soit une île. Si la Corse est devenue française en 1768, elle n'est devenue une région que tardivement, puisque à la création des régions en 1962, elle est rattaché à la région PACA. Cependant, les mouvements régionalistes et la logique politique ont fait que l'île est devenue une Région administrative.

Cette évolution est certes logique du point de vue politique, mais elle a créé une petite Région, une des plus petite de France.

 

La Corse est une région périphérique de l'Europe. En effet, ce n'est pas un centre politique, ni un centre économique ni un centre culturel majeur de l'Europe. La région dépend de l'extérieur pour son économie : la plupart des produits sont importés du Continent : l'île importe 10 fois plus de produits qu'elle n'en exporte : pétrole, énergie, produits industriels, mais aussi produits agricoles.

Les exportations sont faibles, axées sur des produits de qualité : clémentines, vins, olive, charcuterie, lait de brebis, fromages.

 

Les raisons de cette situation sont multiples :

  • La Corse est une île, isolée des centres urbains et économiques => Calvi-Nice 170 km ; Bastia-Piombino : 80 km mais Sardaigne à 12 km. Elle n'est pas sur un axe majeur du transport international.

  • Le marché intérieur de la Corse est exigu : 300 000 habitants, ce qui explique cette dépendance, notamment au point de vue industriel, une activité quasiment absente de la Corse.

  • Les choix politiques de la fin du XIX° siècle peuvent aussi expliquer cet isolement : le choix de la construction politique et économique nationale a poussé les dirigeants nationaux à pousser la Corse à consommer des produits français, coupant par des taxes (protectionnisme) les circuits commerciaux italiens. Étonnamment, depuis la construction de la CEE puis de l'UE, ces circuits ne se reconstituent pas, la Corse commerce toujours globalement avec le Continent français.

Document : L’insularité

L'insularité est autant une discontinuité physique qu'un phénomène politique et social. Les pressions des populations insulaires pour la reconnaissance des spécificités émanent à la fois d'une volonté d'intégration et de différenciation. Il faut y voir l'effet de la mémoire historique, souvenir des coercitions qui ont pu accompagner l'incorporation de l'île à l'État national et des processus économiques et sociaux qui tendent à faire des îles des périphéries qui développent le sentiment d'une identité insulaire.
L'insularité est alors revendiquée comme le fondement d'une identité distincte, nécessitant des statuts spécifiques.
L'affirmation de la spécificité culturelle, l'aspiration à l'autonomie, voire à l'émancipation politique, constituent les composantes les plus significatives de la conscience insulaire.
Ainsi, en Corse, l’université de Corte est née du désir de valoriser une richesse et une diversité culturelle singulière.

D.Borne et J.Scheibling (dir), La Méditerranée, Hachette 2002

 

 

6.1.2. Une région pauvre et dominée par une monoactivité, le tourisme

 

Avec un Produit Intérieur Brut par habitant en 2010 estimé à 23 000 €, la Corse se situe en dernière position parmi les régions françaises de  la métropole (moyenne nationale : 29 900).

 

La Corse dispose d'une population très majoritairement urbaine (63%). Elle compte par ailleurs le secteur secondaire le moins développé du pays ; elle constitue enfin la région française la plus orientée vers le secteur tertiaire. Son potentiel touristique inhérent à un patrimoine culturel et environnemental riche et varié.

 

Le secteur agricole occupe aujourd'hui une place réduite dans l'économie insulaire : représentant environ 2% du PIB de l'île et 3,6% de la population active.

L'agriculture corse revêt un caractère dual, une agriculture traditionnelle de type extensif, centrée sur l'élevage (intérieur et sud de l'île) côtoyant une agriculture spécialisée, moderne et intensive, axée sur les cultures fruitières et la vigne (plaine orientale). Elle souffre cependant de multiples handicaps :

  • Faible rentabilité des exploitations ;

  • Situation foncière complexe : l'indivision rend l'accès au foncier difficile ;

  • Vieillissement préoccupant de la population agricole : [...] L'âge moyen s'élève désormais à 50 ans ;

  • Surendettement agricole : L'endettement représente ainsi 124% du chiffre d'affaires contre 87% dans la France entière ;

Deux pistes sont suivies pour améliorer l'agriculture en Corse :

  • La promotion de la qualité pour trouver de bons débouchés et bénéficier d'une excellente image auprès du public. (AOP, AOC, Labels, ...)

  • Le développement de l'agro-tourisme : la Corse constitue un terreau propice à l'essor du tourisme vert.

On dénombre en Corse à peine quarante entreprises industrielles dont moins de la moitié emploient plus de vingt personnes, pour un effectif industriel total de 900 personnes (hors entreprises unipersonnelles). En 2004, l'industrie ne représente ainsi qu'environ 6 % de la valeur ajoutée (contre 14 % au niveau national).

En milieu rural, le secteur artisanal apparaît comme le pilier de l'activité économique. Outre les emplois d'artisans, il représente 42 % des emplois salariés, contre 26 % en milieu urbain.

 

Le tourisme représente aujourd'hui de 6 à 12% de l'emploi salarié (hors Etat et agriculture). La valeur ajoutée du tourisme s'élève à plus de 300 millions d'euros et représente près de 10% de la valeur ajoutée totale de la Corse.

La Corse cumule 3 M de séjours par an dont 2,5 M entre avril et octobre et connaît des pointes à 340 000 visiteurs en été, ce qui n’est pas sans créer des problèmes de saturation de l’île et de congestion des routes.

En moyenne sur l’année, l’activité touristique permet d’attirer 83 000 habitants en plus, soit 30 % de population supplémentaire. Ainsi, pour élaborer toutes les politiques de gestion territoriale, il faut raisonner en termes de population globale présente sur l’île au lieu de considérer la seule population permanente corse.

Parmi les formes d'hébergement, la première place est occupée par les résidences secondaires au nombre de 60 000. Les campings avec près de 25 000 emplacements et les 10 000 chambres d'hôtels occupent les 2ème et 3ème rangs. Enfin, les gîtes ruraux ont connu un récent développement et offrent aujourd'hui 2000 places.

 

La Corse occupe une position centrale en Méditerranée et est au cœur de l’une des plus importantes destinations touristiques mondiales. Elle occupe donc une position géographique de choix. Mais elle est aussi entourée de pays touristiques majeurs et doit donc faire face à un fort contexte concurrentiel (Italie, Baléares, Sicile et Sardaigne, Espagne, Côte d’Azur…).Cependant, la nécessité du voyage par avion ou par bateau crée une sensation de rupture. Pour le touriste étranger, aller en Corse, ce n’est pas aller en France. La Corse est donc rarement perçue comme une région, avec ses richesses et ses particularités culturelles et naturelles.

 

Deux handicaps à ce tourisme :

  • La pression touristique peut avoir des conséquences négatives sur l’environnement. Les autorisés de l’île doivent donc gérer les flux et le niveau de fréquentation touristique. Il a ainsi été défini un seuil de saturation prenant en compte l’équilibre environnemental, les capacités hôtelières et le maintien de la dimension humaine qui se veut si caractéristique de l’offre corse. Ce seuil a été fixé à 400 000 personnes présentes en un instant T sur l’île. Au-delà apparaissent des menaces. Ce point de rupture n’a pas encore été atteint, notamment l’été, mais il existe déjà d’importants problèmes de congestion des routes.

  • L’autre faiblesse éventuelle de l’île est la forte saisonnalité de sa fréquentation. Mais s'il y a dix ans, 70 % des touristes venaient l’été, aujourd’hui, ils ne sont plus que 43 % à venir en haute saison. La période de fréquentation touristique s’est fortement étirée ; seule l’hiver demeure aujourd’hui une période creuse.

 

6.1.3. Une île au bout des réseaux de transport

 

Au point de vue des transports aussi la région est dépendante de l'extérieur. Les lignes aériennes internationales sont rares (16 % des voyageurs en 2003), et les trois premières lignes déservent des métropoles nationales : Paris (45 %), Marseille (26 %) et Nice (13 % du trafic). De même, les lignes maritimes déservent en majorité le Continent (2/3 du trafic) et l'Italie (1/3).

 

A noter que la présence depuis quelques années des compagnies low cost ont créé des lignes estivales, mais cela n'a fait que renforcer la polarisation des transports vers Paris-CDG : 51 % du trafic en 2009 (contre 15 % vers Lyon ; 10 % vers l'Allemagne ; 10 % vers la GB).

 

 

6.1.4. Une région peu peuplée et vieillie mais attractive.

 

Au 1er janvier 2007, la population de la Corse est de 299 209 habitants : 159 847 en Haute-Corse et 139 362 en Corse-du-Sud. => 307 000 en 2009 selon l'INSEE.

 

Avec 34,5 habitants par km², la région est la moins densément peuplée de métropole. Néanmoins, cette densité a beaucoup augmenté depuis 40 ans. Au cours des dernières années, la croissance démographique en Corse est même la plus forte de toutes les régions métropolitaines : elle s'établit à 1,8 % par an depuis 1999, contre 0,7 % au niveau national.

 

La population insulaire est largement concentrée sur le littoral, et en particulier dans les grandes villes et leur périphérie. Ainsi, 43 % des habitants vivent sur à peine 2 % du territoire. Les communautés d'agglomération d'Ajaccio et de Bastia regroupent à elles seules 45 % de la population de l'île. Toutefois, contrairement aux décennies passées, tous les types de territoires bénéficient du récent dynamisme démographique. L'espace rural se peuple aussi, y compris les petits villages.

 

La population de l'île est âgée : un habitant sur quatre a 60 ans ou plus. Cette proportion place la Corse parmi les trois régions les plus âgées. En outre, la population est vieillissante. La part des 60 ans et plus parmi les résidents insulaires augmente nettement depuis 1999, en raison de l'allongement de l'espérance de vie, des migrations de retraités et de la faible natalité insulaire.

 

Parallèlement, la part des moins de 20 ans diminue. Ils représentent désormais 21 % de la population. La Corse fait ainsi partie des régions où les jeunes sont les plus rares.

Au total, l'indice de vieillissement atteint en Corse 120,9, soit le 2° rang après le Limousin (140,3), la moyenne nationale s'établissant à 86,2.

 

Dans la région, un habitant sur huit vit seul. Ainsi, parmi les 123 300 ménages insulaires, 29% sont composés d'une personne seule, soit une part inférieure au niveau national (33 %). L'isolement concerne en majorité les femmes, et en particulier les femmes âgées, du fait de la disparition généralement plus précoce du conjoint. En Corse, 61% des femmes vivant seules ont plus de 60 ans contre 36 % des hommes. Pour autant, l'isolement des personnes âgées n'est pas un phénomène marquant dans la région. Seulement 32 % des personnes de 75 ans ou plus vivent seules contre 39 % au niveau national. Certes, elles ont moins souvent recours aux structures d'accueil spécialisées mais en revanche, elles vivent beaucoup plus souvent qu'ailleurs dans des ménages où cohabitent plusieurs générations.

 

Depuis 1999, la population insulaire s'est ainsi accrue à un rythme annuel moyen proche de 1 %, l'un des plus soutenus de France métropolitaine. A l'image des autres régions méridionales, le dynamisme démographique de la Corse s'explique essentiellement par son excédent migratoire, reflet de son attractivité. A l'inverse, le solde naturel de la Corse, à peine excédentaire depuis 1999, ne contribue quasiment pas au peuplement de l'île


Pour les deux départements de Corse, l'apport migratoire est donc l'unique source de croissance démographique. Néanmoins, ils n'ont pas connu le même développement de leur population résidente au cours des dernières années. La population de Corse-du-Sud a progressé de 1,3 % par an depuis 1999. Ce rythme place la Corse-du-Sud au 11e rang des départements métropolitains en matière de dynamisme démographique. En Haute-Corse, l'accroissement de population, quoique supérieur à la moyenne nationale, a été plus limité sur la même période : + 0,8 % par an.

 

Les retraités représentent 40 % de cet excédent. Ainsi, chaque année depuis 2000, près de 800 personnes retraitées viennent s'installer en Corse, contre 550 au cours de la décennie précédente. Ils proviennent essentiellement de Provence-Alpes-Côte d'Azur et d'Île-de-France. Ces deux régions concentrent 70 % des retraités arrivant en Corse.

Depuis 2000, près de 2 300 actifs de 15 à 64 ans s'établissent chaque année en Corse, alors qu'ils étaient 1 500 au cours des années 1990. La mobilité concerne essentiellement les jeunes actifs. En effet, la moitié des actifs entrants en Corse ont entre 25 et 40 ans, proportion toutefois plus faible que dans les autres régions métropolitaines. Parallèlement, les sorties d'actifs sont également plus nombreuses et concernent désormais 1 500 actifs par an.

 

Un tiers des immigrés à Ajaccio et Bastia

La moitié des immigrés résident dans l'une des six communes de plus de 5 000 habitants que compte l'île. Ajaccio et Bastia à elles deux en recensent respecti-vement 5 300 et 3 900, soit environ 10 % de la population, proportion identique à celle observée au niveau régional. Ces deux villes diffèrent en ce qui concerne l'origine des immigrés.

Les natifs du Maroc constituent 50 % de la population immigrée à Bastia et seulement 30 % à Ajaccio. Cette dernière abrite, en nombre, des personnes originaires d'Italie (1 310) et de Tunisie (740). Plus de 40 % de la communauté tunisienne de l'île habitent ainsi la cité impériale.

Au sein même des deux principales villes insulaires, la répartition de la population immigrée n'est pas homogène. Ainsi, 40 % des immigrés bastiais résident dans le quartier de la Citadelle, alors que celui-ci ne concentre que 20 % de la population totale de Bastia. Ce phénomène de concentration est moins marqué à Ajaccio. La proportion maximale d'immigrés n'y atteint pas 14 %. On la recense dans les quartiers des Cannes, de La Villeta et de Loretto.

source : INSEE, Atlas des population immigrée en Corse

 

Au 1er janvier 2005, la Corse compte 25 000 immigrés au sein de la population des ménages. Les immigrés représentent 9 % de la population insulaire, contre 8 % au niveau de la France métropolitaine. La Corse est la seule région dans laquelle le poids de la population immigrée a reculé depuis 1999 (- 0,7 point). Ainsi, l'île figure désormais au 5e rang régional en matière de population immigrée, alors qu'elle se situait en 2e position après l'Île-de-France en 1999.

Plus de la moitié des immigrés de Corse sont nés en Afrique (essentiellement en Afrique du Nord), contre 42 % au niveau national. Cette proportion est en légère diminution depuis 1999. En particulier, les immigrés marocains, majoritaires sur l'île, regroupent en 2005 près de 40 % des immigrés, même si leur nombre a légèrement diminué depuis 1999. Hors continent africain, la quasi-totalité des immigrés sont originaires de l'Europe des 15. En particulier, les immigrés italiens (qui ont acquis en majorité la nationalité française) et portugais sont les plus nombreux : ils concentrent un immigré sur trois.
Les immigrés sont les plus nombreux aux âges actifs. Ainsi, les enfants de moins de 15 ans ne représentent que 6 % des immigrés contre 16 % pour la population régionale. En effet, est comptée comme immigrée une personne née étrangère dans un pays étranger, ce qui n'est pas le cas des enfants nés en France de parents immigrés. Par ailleurs, la Corse est une terre d'immigration relativement jeune et les immigrés sont donc moins souvent âgés que le reste de la population : un immigré sur cinq a plus de 60 ans contre un sur quatre dans l'ensemble de la population insulaire. Par ailleurs, les immigrés sont un peu plus jeunes en Corse que sur le continent, et en particulier que dans le Sud de la France. Leur moyenne d'âge est un peu supérieure à 43 ans contre 45 ans au niveau national.

La population immigrée de Corse est très peu diplômée. Sept sur dix n'ont aucun diplôme ou le seul certificat d'études, contre un sur trois dans l'ensemble de la population insulaire. Même parmi les jeunes de moins de 30 ans, cette proportion atteint 60 %. Par ailleurs, les immigrés diplômés de l'enseignement supérieur sont rares en Corse : seulement 7 % contre 18 % au niveau national, et ce quelle que soit la tranche d'âge. Les femmes immigrées sont un peu plus souvent titulaires d'un diplôme supérieur que leurs homologues masculins. A l'inverse, les immigrés arrivés récemment en Corse (depuis moins de 5 ans) sont très qualifiés : les deux tiers d'entre eux ont au moins le baccalauréat.

 

Cependant, malgré ou à cause de cette "périphéricité", au point de vue politique, l'île possède une certaine autonomie.

 

 

6.2. Une région aux pouvoirs étendus.

 

6.2.1. Une décentralisation unique en France :

 

La Corse est la seule région de France métropolitaine à disposer de pouvoirs aussi étendus. Pourtant, la création de la région Corse a été tardive. C'est face à la demande des habitants de l'île, sous la pression de mouvements indépendantistes mais aussi dans un mouvement européen de décentralisation des pouvoirs que cette évolution a eu lieu.

  • 1960 : Mise en place des 21 "circonscriptions d'action régionale" ; la Corse est rattachée à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

  • 1972 : La Corse est érigée en "établissement public régional". Le conseil régional comprend les conseillers généraux, les parlementaires, les représentants des grandes villes. Le Préfet de Région prépare et exécute ses décisions.

  • 1975 : La Corse est détachée de Provence-Alpes-Côtes d'Azur et devient la 22ème région métropolitaine. Elle est composée de deux départements, la Haute-Corse et la Corse-du-Sud.

     

  • 2 mars 1982 : La Corse devient une "collectivité territoriale" de plein exercice, quatre ans avant les autres régions, avec une organisation, des compétences et des ressources spécifiques.

  • 13 mai 1991 : Loi portant "statut de la Collectivité Territoriale de Corse" est promulguée. Elle prend effet en 1992. Cette collectivité constitue une collectivité territoriale de la République à part entière. Son organisation institutionnelle est unique.

 

6.2.2. Une région aux compétences élargies.

 

Les autres régions de France ont vu aussi leurs pouvoirs s'étendre au cours des années 1980-2000 (lois de décentralisations de 1982, élection des présidents de régions, délégation par l'Etat de compétences territoriales autour du principe de subsidiarité lié au fonctionnament de l'UE - Le principe de subsidiarité consiste à réserver uniquement à l’échelon supérieur ce que l’échelon inférieur ne pourrait effectuer que de manière moins efficace.) mais la région Corse bénéficie de plus de compétences que les autres régions de la métropole.

 

La CTC a pleines compétences dans les domaines suivants :

- l’éducation (collèges-lycées-université)
- l’action culturelle
- le tourisme
- l'environnement (forêts domaniales - eau)
- les équipements et la gestion des ports et aéroports principaux
- la définition des aides aux entreprises

Des compétences partagées avec l'Etat :
- le patrimoine historique et archéologique
- l’environnement
- l’agriculture et la pêche

Ces transferts de compétences ont été accompagnés du transfert de moyens (personnels, crédits de fonctionnement et d’investissement) utilisés par l’Etat lorsque ces missions lui incombaient.

La Région perçoit la dotation générale de décentralisation, une part des impôts directs locaux, ainsi que les produits des taxes sur les cartes grises et permis de conduire, de la vignette automobile, des 3/4 des droits de consommation sur les tabacs.
Le budget régional passe de 12 Millions d' Euros en 1981 à 26 Millions d' Euros en 1983, puis 91,5 Millions d' Euros en 1992 et 475 Millions d' Euros en 2004 et 750 Millions d' Euros en 2010.
Ces recettes s'avèrent très vite insuffisantes pour permettre à la nouvelle collectivité de donner une pleine impulsion au développement économique, social et culturel de l'île.

 

Les ressources de la CTC sont accrues par la suite : elle reçoit une dotation de continuité territoriale, perçoit la taxe sur les alcools, la taxe sur les transports, et à partir de 1994, 10% de la taxe sur les produits pétroliers, ainsi qu'une taxe sur les navires de plaisance.

Enfin, six offices, établissements publics d'Etat, sont chargés par la loi de mettre en œuvre la politique de la Région dans les secteurs qui les concernent :

- l'Office de Développement Agricole et Rural de Corse,

- l'Office d’Équipement Hydraulique de Corse

- l'Office des Transports de la Corse.

- l'Office de l'Environnement

- l'Agence du Tourisme

- l'Agence de Développement Économique.

 

 

6.2.3. Une région aux institutions uniques en France :

 

La CTC comporte 3 entités :
-
l'Assemblée de Corse est composée de 51 membres élus pour six ans, dont son Président.
Sur proposition du
Conseil Exécutif, elle règle par ses délibérations les affaires de la Collectivité Territoriale. Elle vote le budget et adopte le plan de développement de la Corse.
Elle conserve son pouvoir d'avis et de proposition en matière législative et réglementaire.


- le Président du Conseil Exécutif exerce le pouvoir exécutif, détenu dans les autres régions par le Président du Conseil Régional. Le Conseil Exécutif de Corse est composé de 7 membres, dont le Président, qui sont élus au sein de l'Assemblée de Corse.
Il dirige l'action de la Collectivité Territoriale dans tous ses domaines de compétences. Il élabore et met en œuvre le plan de développement.

 

- le Conseil Économique Social et Culturel de Corse est consulté sur la plupart des projets de délibérations de l'Assemblée de Corse.

 


6.3. Une région très morcelée

 

6.3.1. Un morcellement ancien qui dure.

 

Ce qui marque l'organisation territoriale de l'île, c'est le morcellement

Il y a une division orographique (liée au relief : la ligne de crète des montagnes est de direction NO-SE) et historique : la division classique Cismonte ("en deça") = la partie NE / Pumonte ("Au delà") = la partie SO de l'île ;

Mais la Corse est aussi divisée en nombreuses vallées mal ou peu reliées entre elles : des vallées qui regardent vers la mer, où des relations pastorales anciennes se sont nouées entre alpages et prairies littorale, en atteste la toponymie de certains villages. (Ghisoni - Ghisonaccia ; Bastellica - Bastellicaccia ;

 

Le réseau routier garde les traces de ce passé ;

 

L'organisation politique garde elle aussi les traces de ce morcellement : le morcellement est donc à la fois naturel (relief); culturel (histoire, langues) et institutionnel. (cf la carte des cantons en Corse)

 

 

6.3.2. Un morcellement politique.

 

Ce cloisonnement peut peut-être expliquer le relatif échec en Corse de l'intercommunalité. Le territoire de la Corse dispose de ressources faibles, ses communes sont de petite taille, sont peu peuplées et disposent donc de faibles capacités d'investissement (pour l'eau courante, pour l'école, pour la gestion des déchets, ...).

 

Pourtant, la Région est celle qui est le moins bien pourvu en France en EPCI (Établissements Publics de Coopération Intercommunale) : seulement 78 % des habitants habitent dans un territoire classé EPCI en Corse, contre plus de 90 voire 95 % de la population des autres Régions du pays. Seule l’Île de France fait moins bien (mais c'est lié à l'exception parisienne qui ne peut pas faire partie d'une EPCI, logiquement, 50 % de la population francilienne habite dans une EPCI). La moyenne nationale est de 87 %.

 

On trouve en Corse :

  • 2 Communautés d'Agglomération (Ajaccio et Bastia) : + de 50 000 habitants. Elles bénéficient d'une fiscalité propre ;

  • Aucune Communauté Urbaine (+ de 500 000 habs, il n'y en a que 9 en France) ;

  • 18 communautés de communes ;

  • un seul pays (le pays de Balagne) ;

  • de nombreux SIVOM et SIVU (Syndicat Intercommunal à VOcation Multiple / Unique) qui gèrent les déchets, l'eau ou le ramassage scolaire.

 

6.3.3. Un consensus autour du patrimoine naturel.

 

Malgré ces divisions, il existe une entité administrative qui fédère les énergies, c'est le Parc Naturel Régional de Corse (PNRC).

 

Le Parc naturel régional de Corse a été créé en 1972. Avec une superficie de 375 000 ha, il recouvre les quatre-dixièmes de l’île et associe 145 communes des deux départements. Sa charte, renouvelée en 1999, lui attribue trois priorités : la revitalisation de la Corse de l’intérieur, la protection et la valorisation du patrimoine naturel et culturel, l’information et la sensibilisation du public au milieu naturel insulaire.

 

De plus, la Corse accueille sur son teritoire six réserves naturelles :

  • l’étang de Biguglia,

  • Scandola ( qui figure également au patrimoine mondial de l’Unesco),

  • les îles Cerbicale et Finocchiarola,

  • les Bouches de Bonifacio (dont les îles Lavezzi)

  • et les Tre Padule de Suartone, dernière née en 2000.

Elles couvrent 83 000 ha, dont 95 % pour la seule réserve des Bouches de Bonifacio.

 

L’île compte aussi une vingtaine de sites classés, et certains espaces font aussi l’objet d’engagements internationaux comme le plan d’eau de Biguglia inscrit sur la liste des zones hum des de la convention Ramsar ou la réserve de biosphère de Corse, la MAB du Fango (région de Galéria).

 

L’acquisition d’espaces naturels constitue également un instrument efficace pour assurer leur conservation. Ainsi, créé en 1975, le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres possède aujourd’hui une soixantaine de sites en Corse, représentant 16 000 ha. Par ailleurs, l’Office national des forêts assure, en Corse, la gestion d’un patrimoine forestier de 150 000 ha, soit 17 % de la surface de l’île, pour le compte des propriétaires forestiers publics : les communes (100 000 ha) et la Collectivité territoriale (50 000 ha).

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