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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Chapitre 1 : Une unité de milieu naturel ?

Publié le 22 Février 2013 par geobunnik in La Méditerranée

 

Le but de ce cours d'une heure est de présenter rapidement les caractères essentiels du milieu méditerranéen, puis de déconstruire ce milieu pour montrer que s'il est important, il n'explique pas tout dans l'occupation et la gestion de l'espace, que ce soit pour les activités touristiques ou les autres activités (transport, agriculture, industrie). En effet, le milieu méditerranéen est une des raisons de l'attractivité de la Méditerranée, mais il ne faut pas oublier les legs de l'histoire dans les paysages, l'importance des villes. De plus, cette unité du milieu est à relativiser : les sociétés ont façonnés des terroirs et des territoires différents dans des conditions pédologiques ou climatiques proches.

 

 

1.1- Les caractères du milieu méditerranéen :

 

Rappel : la notion de milieu. Il est intéressant de commencer le cours sur la Méditerranée par la notion de milieu car c'est le seul espace qui a laissé son nom à un milieu naturel, montrant ainsi sa spécificité. Par milieu, il faut entendre « L'ensemble des conditions à la fois biologiques et sociales qui peuvent agir sur le comportement d’un groupe humain qui lui, en retour, peut agir sur ces conditions. » (M. LUSSAULT, J. LEVY, Dictionnaire de la géographie, 2003).

Un milieu est donc :

  • ce qui entoure l’homme, plaçant l’homme et la société au centre ;

  • L'incarnation matérielle de l’interaction entre l’homme et la nature.

Le milieu méditerranéen est intéressant à ce titre : il est un ensemble particulier de conditions biologiques et sociales.

 

Autre élément à ne pas oublier : si on parle d'un milieu méditerranéen, celui-ci n'est ni monolithique ni figé : il change, subit des influences externes et internes.

 

1.1.1. Le climat.

 

Comme le dit justement l'auteur de l'article « Aire Méditerranée » du site en ligne de l'encyclopédie universalis, « Le climat méditerranéen établit une transition entre les climats tempérés, à hiver assez froid et été assez humide, et les climats désertiques ou tropicaux, à été humide et hiver sec : en Syrie, on passe du climat désertique au climat méditerranéen ; entre Narbonne et Toulouse ou entre Saragosse et Pampelune, on passe progressivement du méditerranéen au tempéré. La proximité des deux climats extrêmes entraîne une graduation du climat méditerranéen, subdivisé en subméditerranéen, mésoméditerranéen, thermoméditerranéen et xéroméditerranéen. »

 

Ce climat méditerranéen est caractérisé par :

  • Un été chaud (30 voire 40 °C en août, mais toujours supérieures à 22 °C), sec, voire aride (on parle d'une sécheresse estivale qui peut durer de 3 à 6 voire 10 mois au sud de la Méditerranée) et un hiver doux (8-9 °C pour le mois de février, le mois le plus froid, sauf dans le nord du bassin, où l'influence océanique ou continentale commence à se faire sentir : Catalogne, Plaine du Pô, … ) ; les saisons intermédiaires sont peu parquées (courtes) ;
  • Des précipitations plutôt dans les intersaisons, et marquées par une forte irrégularité. Globalement elles sont comprises entre 300 et 1 000 mm/an mais elles sont concentrées (moins de 100 jours par an). Elles tombent de manière brutale (orages) voire violentes (200-300 mm/m² en 24 heures, soit 20 à 30 cm d'eau dans les rues), entraînant des inondations. Bien sûr, les précipitations tombent sous forme de neige dans les montagnes, que ce soit dans le sud des Alpes, mais aussi en Corse, au Maroc ou en Algérie.  
  • Un climat aussi marqué par des vents fréquents et -autrefois- très connus par les populations : Mistral (vent du nord, fort et long), Tramontane (du nord-ouest, froid et violent), Sirocco (du sud saharien, chaud et sec), Marin (humide et chaud, du sud-est), Autan (idem, plus dans les terres), le Grec (du nord-est, froid), le levant (doux, humide, de l'est), libeccio (ouest, chaud et sec),...

 

1.1.2. La mer.

 

C'est la plus vaste mer intérieure du monde, avec une superficie de 4,5 fois celle de la France : 2,5 millions de km². Le littoral mesure 46 000 kilomètres, ce qui a une importance pour l'aménagement ou le tourisme (côtes rocheuses, plages ; emplacement des ports, …) Pour repères : 4 000 km de Gibraltar au Liban et 800 km du Golfe de Gènes à la Tunisie.

 

a- Une mer presque fermée, ce qui a des conséquences :

  • Peu de marées (sauf au fond du Golfe de Gabes et en Mer Adriatique : 1 à 2 mètres seulement) ;
  • Une mer relativement chaude (plus que l'Atlantique) : 14 à 17 °C en février, 22 à 27 °C en août, dont une certaine homogénéité.  
  • Une mer assez salée à cause de l'ensoleillement et du vent (évaporation) 35 à 39 grammes pour mille (gradient : augmente lorsqu'on s'éloigne de l'Atlantique, qui est à 35 g/litre.

 

b- Peu de portes d'entrée :

  • Le détroit de Gibraltar, 14 km de large à son minimum (60 km de long, 39 de large) : la seule ouverture naturelle vers l'Océan. Les eaux de l'océan y pénètrent en hauteur, alors que les eaux de la Méditerranée en sortent en profondeur.  
  • Les détroits du Bosphore et des Dardanelles (qui encadrent la mer de Marmara) s’étirent pour les Dardanelles (au sud) sur 120 km pour une largeur moyenne de 10 km et un minimum de 1,3 km ; pour le Bosphore (au nord) sur 30 km pour une largeur de 2 km (mais seulement 700 m à Istanbul).  
  • Une entrée artificielle : le canal de Suez creusé de 1859 à 1869 sur 193 km (largeur de 280 à 345 m).

 

c- Une mer que l'on coupe traditionnellement en deux parties :

  • à l'Ouest du détroit de Sicile (entre Sicile et Tunisie, 138 km), le bassin occidental, 1/3 de la surface ;
  • à l'Est, le bassin oriental, 2/3 de la surface, qui communique avec la Mer Noire.

 

d- Une mer qui est aussi découpée en sous ensembles :

  • En Méditerranée occidentale :
    • la mer Tyrrhénienne entre Corse-Sardaigne et Italie,
    • la mer Adriatique (entre Italie, Croatie et Albanie) ;
  • En Méditerranée orientale :
    • la mer Ionienne (entre Sicile, Crète et Libye),
    • la mer Égée (entre Grèce, Crète et Turquie)
  • On peut y ajouter des sous-bassins :
    • Golfe du Lion (sud France),
    • Mer Baléare,
    • mer des Syrtes (Libye),
    • Golfe de Tarente (sur Italie), …

 

e- Une mer profonde,

 

Cela a des conséquences pour la pêche : la plate-forme continentale est pu étendue. La mer Méditerranée a une profondeur moyenne de 1 500 m, avec une profondeur maximale de 5 121 mètres en mer Ionienne au creux de la fosse de Matapan (au large du Péloponnèse). Cependant, trois zones ont un plateau continental plus étendu : la mer Adriatique, la mer Égée, et la plate-forme s’étendant entre la Sicile et la Libye au large de la Tunisie.

 

f- Une mer aux rivages multiples :

  • des côtes rocheuses à falaises (45 % des côtes) ;
  • des côtes à cordons littoraux, les lidos (40 %) ;
  • des deltas (15 %) : Rhône, Ebre, Nil, Pô, … Des deltas nombreux car il y a peu de marée et peu de très fortes houles.

1.1.3. La tectonique.

 

Le milieu méditerranéen est marqué par la tectonique des plaques. En effet, la Méditerranée est traversée par une faille qui sépare la plaque eurasiatique de la plaque africaine. Ces deux plaques se rapprochent et à terme devraient faire disparaître la Méditerranée (0,5 à 1 cm par an).

 

Cela a des conséquences :

  • Le bassin est marqué par une forte sismicité, même si les régions de forte sismicité sont concentrées :
    • autour de l'Italie,
    • autour de la mer Egée (qui constitue une plaque isolée)  
    • au nord du Maghreb (surtout en Algérie).  
  • Au XX° siècle, les trois séismes les plus meurtriers ont été ceux de  
    • Messine en 1908, magnitude 7.2, 100 000 morts ;  
    • Avezzano, 1915, magnitude 6.9, 50 000 morts ;
    • Agadir en 1960, magnitude 5.9, 12 000 morts.
  • Pour mémoire, certains séismes ont été particulièrement remarqués :   
    • El Asnam en Algérie, 1980 ;  
    • L'Aquila en Italie, novembre 2009 ;  
    • Assise en Italie, 1997.

A noter que ces séismes peuvent être à l'origine de tsunamis, comme celui de Messine en 1908.

 

Il faut donc penser au risque sismique lorsqu'on étudie la Méditerranée : un risque présent dans les mémoires, les légendes, les mythes (mythe de l'Atlantide dans le Timée de Platon), mais aussi un risque présent dans les choix d'aménagement et enfin un risque qui peut avoir des conséquences dramatiques pour les personnes, les constructions ou l'art.

 

  • A côté des séismes, il faut souligner la présence d'un volcanisme actif en Méditerranée, principalement en Mer Egée et en Italie du sud :  
    • le Santorin (explosif – 1 620 av JC) ;  
    • l'Etna (coulées de lave- au dessus de Catane) ;  
    • le Vésuve (explosif – 79 av JC, Pompéi - Naples).

1.1.4. La montagne.

 

La montagne est le résultat de la tectonique des plaques en Méditerranée. Elle fait partie des paysages et participe à l'organisation spatiale du bassin. En effet, la mer est bordée par un ensemble de chaînes : voir croquis

 

Ces chaînes ne sont pas qu'un décor, un paysage, elles ont permis l'identité de cet ensemble : elles ont été de tout temps des refuges, des repères (lieu de séjour des dieux chez les Grecs au Mont Olympe). La montagne est constitutive du milieu méditerranéen : les sociétés ont partout associé la vie littorale à la vie des collines ou des montagnes où les groupes pratiquent l'agriculture traditionnelle (élevage et trilogie méditerranéenne : blé, vigne, olivier). Il en ressort des paysages typiques.

 

Aujourd'hui, ce lien entre littoral et intérieur tend à se distendre. Pour évoquer cette évolution, on parle d'un « espace retourné » : Le littoral, longtemps considéré comme inhospitalier, voire hostile (malaria, invasions) est devenu à partir de la moitié du X° siècle un territoire attractif, alors que les espaces refuge ( montagnes) ont été abandonnées par les activités et les sociétés (agriculture non rentable, difficultés d'accès, éloignement, …).

 

De même, ces paysages sont aussi l'enjeu de conflits entre acteurs : touristes, agriculteurs, habitants (urbains), aménageurs, sportifs, … Ils ont marqués par des évolutions contradictoires : enfrichement, fermeture, reboisements d’une part, incendies, étalement urbain, mitage d’autre part.

 

Bien souvent, au sud et à l'est, les montagnes sont aussi une limite entre le milieu méditerranéen et le milieu aride, désertique (Sahara, désert de Libye, Arabie). Au nord, les montagnes forment aussi une frontière avec d'autres milieux, comme le milieu tempéré continental en Europe ou en Turquie.

 

C'est aussi dans les montagnes que se trouvent des réserves en eau : des réserves sous forme de lacs ou fleuves côtiers assez petits, ou sous forme de neige (Alpes, Pyrénées, Monts du Liban, …). Les précipitations y sont plus abondantes qu'en plaine.

 

1.1.5. Les cultures et l'élevage.

 

Traditionnellement, et ce depuis l'Antiquité, on associe le milieu méditerranéen à sa fameuse trilogie agricole : blé, vigne et olivier. Il en ressort des paysages agraires particuliers :

 

a- les paysages de complantage,

 

C'est à dire des champs où sont plantées au moins deux sortes de cultures, le plus souvent des arbres (oliviers en général) et des cultures au sol : blé, vigne, légumes, maïs, tournesol, … La polyculture permet de subvenir à ses besoins propres (agriculture vivrière) mais aussi permet d'éviter que les cultures ne « brûlent » sous le soleil d'été.

On les trouve en Italie centrale, Cévennes, Catalogne, Baléares, Sicile, Maghreb, Grèce.

Les paysages de huerta, qui sont une variante intensive du complantage : sur des parcelles très petites, une arboriculture à deux étages, arbres (mûriers, fruitiers) et cultures herbacées (céréales, légumes). Un assolement complexe permet de réaliser jusqu'à 3 récoltes par an.

Côtes espagnoles (Catalogne, Andalousie, Valence) ; Roussillon ; Campanie ; périphéries d'Oran ou d'Alger : plaine de la Bekaa (Liban).

 

b- Les paysages de la monoculture associée à l'élevage :

 

un système archaïque et peu productif. Le blé ou l'orge sont plantées entre deux périodes de jachère. Les rendements y sont faibles.

Hautes plaines algériennes, Espagne centrale (« secanos »)

 

c- Les paysages de l'élevage extensif,

 

Là où la terre est la moins riche et le climat le plus sec. Le nomadisme s'est imposé comme le meilleur moyen d'utiliser la terre, notamment sous la forme d'une transhumance.

Espagne, Pyrénées (françaises), Grèce, Sardaigne, Atlas Algérien).

 

d- Les paysages de l'agriculture spécialisée, intensive liées à l’irrigation :

  • Les vignobles de qualité (Espagne : Jerez, Malaga, Rioja ; Italie : Marsala ; Grèce : Corinthe ) ;  
  • Les vignobles de masse (le plus vaste : la Mancha en Espagne ; Roussillon ; Pouilles) ; 
  • Les rizières (Ebre, Po, Camargue) ;
  • Les céréales (Guadalquivir ; Marais Pontins en périphérie de Rome ; …)

 

e- l’arboriculture sèche :

 

Châtaignier , figuier, olivier (98 % de l'huile d'olive produite dans le monde provient des rives de la Méditerranée => Andalousie, Tunisie, Lesbos) La production mondiale (2004) d'huile d'olive est de 3,2M de tonnes, dont 80% sont produits par l'UE : Espagne (47% - 1,5 m de tonnes, Italie (31%), Grèce (20%), Portugal (2%). Hors UE, les principaux pays producteurs sont : la Turquie (5%), la Syrie (5%), la Tunisie (4%), le Maroc (2%), l'Algérie (1%), la Palestine (1%) et la Jordanie(1%).

 

 

1.2- Un milieu fragile

 

1.2.1. Des pollutions.

 

Selon un rapport du Sénat de 2011, la Méditerranée est soumise à de nombreuses pollutions. Il rappelle qu'en trente ans (1970-2000) la population des pays riverains a augmenté de 50%, passant de 285 à 427 millions. La Grande Bleue accueille 31% du tourisme mondial (275 millions de visiteurs). Or, les infrastructures sanitaires n'ont pas suivi: dans le sud,«44% des habitants des villes de plus de 10.000 habitants ne bénéficient pas d'un accès à un réseau d'épuration», précise ainsi le rapport. Au nord, 11% sont également concernés. Sans compter toutes les stations qui ont le mérite d'exister mais dont les technologies sont aujourd'hui dépassées.

 

a- Ces pollutions peuvent être :

  • De source piscicole ; L’aquaculture -200 000 tonnes par an- est la source de diverses pollutions : antibiotiques, effluents , transmission d’épizootie, évasion d’espèces domestiques vers les milieux naturels ;  
  • De source industrielle : à partir des trois bassins traditionnels du nord (Po, Ebre, Rhône) mais aussi des bassins plus récents : ports d’hydrocarbures algériens, turcs, égyptiens, …) ;   
  • De source agricole : pesticides et nitrates mais aussi des effets indirects liés à l'irrigation (le stockage des limons dans les barrages ne réduit plus l'érosion) ;  
  • De source urbaine : la consommation domestique dans des villes à l'extension mal contrôlée parfois (stations d’épuration) : entre 1970 et 2000, la population urbaine côtière a progressé de 10 millions d’habitants sur la rive Nord et de 30 millions d’habitants sur les rives Sud et Est. Ce développement urbain est surtout le fait de mégapoles de dimension européenne (Barcelone, Marseille, Rome, Athènes, Gênes, Naples, Alexandrie) ou mondiale (Le Caire/15-16 millions d’habitants, Istanbul/13-14 millions d’habitants). 85 villes de 300 000 à un million d’habitants. Pour la seule Turquie, on dénombre 12 villes de plus d’un million d’habitants.  
  • Liées aux transports : les marées noires, comme : 
    • au large de Gènes en avril 1991 (navire le Haven, 144 000 tonnes dont 20 000 déversées) ;  
    • L'Irenes serenade en 1980 dans la baie de Pilos (Grèce), avec 40 000 t déversées ;

 

b- Les pollutions physiques :

 

Il s’agit de pollutions introduites par l’installation d’aménagements ou la poursuite d’activités directement susceptibles de modifier la qualité physique d’un milieu côtier. S’y ajoute la minéralisation des sols, qui, en cas de débordements fluviaux, accroît la turbidité des eaux et en modifie la composition en y drainant plusieurs types de pollution.

 

Les contaminants chimiques :

  • Des métaux lourds : Dans le Rhône, en Arles et sur les flux particulaires (suivant les métaux, de 2 % à 15 % sont dissous dans l’eau), on aboutit à des quantités totales dépassant les 3 000 tonnes annuelles. (attention cependant, une partie de cet apport est lié à des usages anciens, de plus la teneur en métaux lourds de la Méditerranée n’est pas notablement différente de celle d’autres régions maritimes du monde).  
  • Des contaminants chimiques traditionnels : PCB, POP ou HAP. Ce sont des substances à très forte rémanence dans l’environnement due a leur faible biodisponibilité. De plus elles ont une importante faculté de bio accumulation, ce qui explique qu’on les retrouve souvent au sommet de la chaîne alimentaire. 
  • Les pollutions par les nitrates et phosphates : 31 % des villes côtières de plus de 10 000 habitants ne sont pas desservies par une station d’épuration. Si ce chiffre est de 11 % sur les rives nord, il est de 44 % sur les rives sud, zone où les stations sont en plus mauvais état de fonctionnement, moins performantes. Aujourd'hui, on estime que 60 a 80 % des habitants de la rive Sud du Bassin, soit ne sont pas relies a des réseaux d’assainissement, soit sont desservis par des systèmes d’épuration incomplets ou au fonctionnement intermittent. 
  • Les pollutions émergentes, c'est à dire la présence de résidus de produits pharmaceutiques. Leur consommation a doublé entre 1970 et 2002 et est appelée a s’accroître avec le vieillissement de la population. Ces produits sont peu filtres par les stations d’épuration (antibiotiques, anticancéreux qui peuvent être mutagènes et reprotoxiques ; perturbateurs endocriniens (majoritairement les contraceptifs) dont la reprotoxicité est élevée.

 

c- Les micro et macrodechets :

Les macrodéchets côtiers proviennent des rejets des ménages, des installations touristiques, des rejets de décharge et des rejets fluviaux La densité de ces macrodechets est de 40 pièces /km² mais peut être plus forte aux débouches des grandes villes (Nice, Marseille, Gènes). Ils sont une des causes de la mortalité de la faune marine qui les ingère (oiseaux, cétacés, tortues).

 

Les interrogations sur les dangers de polymérisation de la mer Méditerranée : On produit dans le monde 300 millions de tonnes de plastiques par an (5 millions de tonnes au début des années 50). Ces débris (de l’ordre de 300 L) très présents en Méditerranée (de 115 000 à 890 000 par km²) présentent plusieurs risques pour l’environnement :

ce sont des vecteurs des espèces invasives ;

ils fixent des polluants persistants et les transmettent à la chaîne alimentaire par l’intermédiaire du phytoplancton.

 

Les phytotoxines : Les lagunes méditerranéennes (qui sont au nombre de 26) sont des milieux très riches en biodiversité mais régulièrement atteints par des efflorescences de phytotoxines qui ont des effets délétères sur le parc et sur les consommateurs de produits marins.

 

La pollution par les hydrocarbures qui résultent de plusieurs causes :

les accidents mettant en cause des pétroliers ou le pétrole contenu dans les cuves des autres navires, à l'heure d'un accroissement constant du trafic maritime (qui est passé en quelques années de 312 à 492 millions de tonnes…) ;

les incidents liés aux manœuvres portuaires ;

la pollution chronique provenant de rejets volontaires (100 000 à 200 000 tonnes par an suivant les estimations).

 

1.2.2. Des espèces invasives.

 

a-Un phénomène assez récent (XIX° siècle)

 

Les premières espèces invasives répertoriées sont celles de la deuxième mondialisation (celle du XIX° siècle, de la colonisation), notamment après l’ouverture du canal de Suez. L'eau de la mer Rouge, plus salée accueille des espèces plus résistantes. Les mouvements se sont fait lentement (on parle de la migration lessepsienne ou l'invasion érythréenne). Cette invasion été accélérée par la construction du haut barrage d'Assouan sur le Nil dans les années 1960 (cela a réduit l'afflux d'eau douce et de limon riche en éléments nutritifs du Nil dans la Méditerranée orientale, dont rendu les conditions encore plus similaires a celles de la mer Rouge avec par conséquence l'aggravation de l'impact des espèces envahissantes). On estime à 300 espèces les espèces venues de la Mer Rouge. 70% des décapodes non-indigènes et environ 63% des poissons exotiques se trouvant en Méditerranée sont d'origine Indo-Pacifique.

 

b- Plusieurs sources d’invasion :

 

La dispersion naturelle ;

Les canaux (soit par dispersion naturelle (larves dans le plancton, la migration active par des adultes) soit par des activités de navigations ou de pêche).

Les eaux et sédiments de ballast ;

Les communautés de Fouling sur les coques de bateaux ;

Aquaculture / pêche (translocation accidentelle ou délibérée d'espèces) ;

Les animaux de compagnie et l'aquariophilie ;

La recherche scientifique.

 

D'autres espèces invasives peuvent venir d'ailleurs. On connaît l'exemple classique de la Caulerpa Taxifolia issue de l'aquarium de Monaco. En tout, 600 espèces exogènes sont répertoriées.

On peut citer Mnemiopsis Leidyi (méduse américaine) répandue d'Israël à l'Espagne qui a provoqué de grandes inquiétudes en raison de son impact connu sur les écosystèmes et zones de pêche.

Des espèces, comme l'huître ou la palourde japonaises, ont aussi été volontairement introduites avec le développement de l'aquaculture. Les fermes à huîtres sont devenues de véritables portes d'entrées dans les eaux côtières pour toute une série d'algues.

 

 

1.2.3. La Méditerranée face au changement climatique.

 

Les effets du changement climatique sont nombreux en Méditerranée :

 

a- Une élévation inéluctable du niveau de la mer.

 

Entre 1900 et 2000, on a relevé une élévation moyenne globale de 1,7 mm/an. La tendance s’accélère actuellement : entre 1993 et 2003, le rythme global a été de 3,1 mm/an, ce qui correspond à une élévation de 31 cm sur un siècle.

Projections d’élévation pour la décennie 2090-2099, en référence à 1980-1999 :

  • scénario B2 (augmentation de la température moyenne globale de 2,4°C), celle-ci serait comprise entre 0,20 et 0,43 m. 
  • scénario A2 (+ 3,4°C) augmentation du niveau de la mer serait comprise entre 0,23 et 0,51 m (GIEC, 2007).

Cette élévation du niveau de la mer entraînera aussi des phénomènes de submersion des côtes basses (sableuses et rocheuses, zones humides…), d’intrusion d’eau marine dans les aquifères, d’où des problèmes de salinisation des nappes phréatique. Les impacts sur l'évolution des courants marins sont méconnus.

De plus, l'élévation du niveau de la mer peut menacer soit des habitations (villes) soit des activités (agricoles, industrielles, transports)

 

b- Réchauffement et acidification des océans :

 

L’océan mondial a stocké plus de 90% de l’augmentation de quantité de chaleur reçue par la planète pendant la seconde moitié du XXe siècle. On estime que la température moyenne des eaux superficielles a augmenté de 0,17°C depuis 1969. Cette élévation de la température est accompagnée d'une hausse de la concentration de CO2 qui entraîne une acidification des eaux superficielles marines.

 

c- Effet sur les précipitations :

 

Celles -ci devraient baisser au cours du XXI° siècle (de – 4% à – 27 % selon les rives et les modèles), mais cette baisse est concentrée sur la saison sèche, l'été (jusqu'à – 30 %) et sur les rives sud.

 

d- Influence sur la faune et la flore, notamment par une fragmentation voire une disparition des habitats :

 

Environ 5 000 des plantes de la Méditerranée (17% de la flore totale) sont classées comme menacées, rares ou vulnérables par l’Union mondiale pour la conservation de la nature (IUCN). Le cas du phoque moine est emblématique : il a quasiment disparu de la mer Égée ou des côtes du Maghreb où il était autrefois très commun. Les milieux aquatiques, les zones humides et les espaces deltaïques sont des écosystèmes particulièrement menacés.

 

Un impact sur les forêts, déjà fragiles (incendies) mais aussi avec des nouvelles espèces alors que ces territoires se vident.

 

Le changement climatique impose aussi des enjeux socio-économiques comme la gestion de la ressource en eau douce, la diffusion de maladies (par de nouveaux vecteurs ou virus), impacts sur le tourisme ou sur les besoins en énergie (climatisations, transports, gaz à effet de serre, …).

 

 

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