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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Introduction à "la France en villes" - Capes

Publié le 17 Octobre 2012 par geobunnik in La France en villes

1- Pourquoi un tel sujet ? 

 

Un sujet sur la France, c'est une obligation pour le CAPES et l'Agrégation, mais ce sujet n'est pas que cela. En effet, depuis longtemps la Franc e est un pays majoritairement urbain (depuis le recensement de 1936, + 50 % de la pop° française vit en ville), mais surtout les formes d'urbanisation récentes ont transformé les paysages de la France entière : les villes imposent un modèle spatial dominateur qui pousse les limites de l'urbain toujours plus loin.

 

Pour commencer ce cours, il faut s'attarder sur la définition de la ville par les géographes, avant de voir ce qu'on entend par l'urbain puis par le sujet proprement dit.  

 

1.1. Une définition administrative

Aujourd'hui, la classification de l'INSEE semble être la mieux adaptée, autour de deux idées : l'emploi et la mobilité et d'une notion géographique, la relation centre-périphérie qui crée des polarités :  Une aire urbaine est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain, et par des communes rurales ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci.

 

1.2. De multiples critères à prendre en compte :

Des critères quantitatifs ? 

  • La statistique nationale de 1846 à 1954 désigne comme ville « toute commune de + de 2 000 habitants agglomérés en chef lieu ; l'agglomération étant constituée d'un ensemble de maisons dont aucune n'est distante de la plus proche de + de 200 mètres et qui sont peuplés d'au moins 50 personnes ».
  • L'INSEE en 1954 précise le concept de ville : "l'unité urbaine : est urbain tout ce qui s'inscrit ds la continuité du cadre bâti des territoires urbains. " L'INSEE précise la "zone bâtie" : "ensemble de maisons dont aucune n'est distante de la plus proche de + de 200 mètres et qui comprend au moins 50 personnes. "
  • Max DERRUAU (Géographie humaine - A Colin, 1976) : "La ville est une agglomération importante, aménagée pour la vie collective (cet aménagement constitue l'urbanisme) et dont une partie notable de la population vit d'activités agricoles ou non agricole."
  • Pierre LABORDE (les espaces urbains ds le monde, A Colin, 1980) ; " Le terme de ville convient à toutes les localités qui ont des caractéristiques urbaines (taille, densité de population et de construction, fonctions) assemblées et mélangées dans un espace continu."

Des critères qualitatifs ?

  • Etienne DALMASSO (Les espaces urbains dans le monde, Nathan, 1989) : "Les villes sont la projection sur une fraction de l'espace des conditions naturelles, des héritages de l'histoire, du jeu des forces économiques, des efforts du progrès technique, du génie créateur des architectes, des contraintes administratives, des habitudes quotidiennes comme des aspirations conscientes ou inconscientes de leurs habitants"
  • Paul CLAVAL (Éléments de géographie humaine, Librairies techniques, 1974) se demande si la ville n'est pas "une organisation de l'espace qui a pour but de favoriser le développement des relations sociales et de les maximiser."
  • En 1960, la création des ZPIU (Zones de Peuplement Industriel ou Urbain) pose une définition économique de la ville autour de l'idée que la ville n'est pas un espace exclusivement urbain concentrique, c'est aussi un espace diffus, incluant la périurbanisation. On est toujours dans la logique de l'habitat et des relations économiques avec espace périphériques mais aussi les mobilités. (On y trouve aussi les notions de « commune-dortoir » et de « commune rurale industrielle »).
  • En 1982, idée de zone d'emploi par l'INSEE (pop° active de + de 40 000 personnes) => 365 zones sonr proposées, mais en 1990, 75 % des communes et 96 % de la pop° sont dans des ZPIU ... l'outil est obsolète d'autant + que les transports st plus rapides et les distances parcourues plus grandes => idée d'aire urbaine => 361 aires urbaines.
  • Pôle urbain : unité urbaine d’au moins 5000 emplois

  • Couronne périurbaine : contient les communes dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille chaque jour dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci. C'est un bloc d’un seul tenant et sans enclave.

  • Pôle + Couronne = Aire urbaine

  • Aire urbaine + Communes multipolarisées = Espace à dominante urbaine

  • Commune multipolarisée : au moins 40% des actifs travaille dans plusieurs aires urbaines sans atteindre ce seuil avec l’une d’entre elle

 

Un élément isolé ? 

  • Jacqueline BEAUJEU-GARNIER s'intéresse au rôle de la ville comme à son contenu (Les espaces urbains dans le monde, 1989) : « une organisation médiatrice entre les industriels et groupes sociaux d'une part et le milieu extérieur d'autre part. Il n'y a de ville que s'il y a noyau susceptible d'unifier, de dominer, d'organiser la périphérie. »
  • Gabriel WACKERMAN (Dictionnaire de géographie, Ellipses, 2005) : « Agglomération aux fonctions quasi exclusivement non agricoles, formant une centralité par rapport à l'espace rural ambiant, auquel elle confère une certaine impulsion ; la ville est structurante d'espace. »

Une structure administrative ? 

  • On peut délimiter les villes par leur superficie (voir G-F DUMONT page 26)

Ce qu'on peut retenir à ce stade de la réflexion, c'est que cette variété des définitions s’explique en partie par l’évolution des formes de villes, en lien avec les innovations dans les systèmes de transports ... ce qui nous mène vers une notion importante : la métropolisation.

 

1.3. Une approche par des entrées différentes

Par les paysages urbains

  • Les paysages urbains sont, comme les fonctions urbaines, en pleine évolution : toujours moins d'industrie, même en périphérie, plus de services à différents niveaux, selon la localisation dans la ville.
  • Des paysages urbains marqués par la concentration, la verticalité au centre, mais aussi par l'étalement, l'horizontalité aux périphéries. Attentions, si certaines fonctions sont urbaines et marquent le paysage urbain (l'industrie), il ne faut pas oublier que l'industrie peut être rurale et que les IAA se trouvent en ville (minoteries, biscuiteries, brasseries, ...) ou à la campagne (sucreries, bioethanol, …) 
  • De même la question récurrente revient : où arrêter la ville à la bordure des lotissements ? facile s'ils sont bien délimités, mais si l'habitat n'est pas aussi bien organisé, où stopper la ville ?
  • Antoine BAILLY puise chez Kevin LYNCH les éléments qui forment les paysages urbains : « La structure du paysage urbain se décompose en cinq éléments : les cheminements, les limites, les noeuds, les repères et les quartiers. » (A. Bailly, La perception de l’espace urbain, Paris, Centre de recherche d’urbanisme, 1977).
  • De plus cette question des paysages se pose à un niveau plus large que celui de la géographie : en février 2010, Télérama titre un numéro sur les villes intitulé « Halte à la France moche » pour dénoncer les effets indésirables de l’urbanisation actuelle : étalement urbain, uniformisation des paysages périurbains, etc.

  • Depuis toujours, il y a eu séparation sémantique entre la ville (emmurée ou non) espace de fortes densités bâties, de concentration des pouvoirs, de modernité et la campagne, son pendant inverse. (on pense à la Grèce antique où la cité (Polis) est divisée entre l'asty (la ville) et la chôra (la campagne productive). Cependant, depuis longtemps déjà (dès la Grèce antique, mais aussi au Moyen Age), des quartiers se sont insérés entre les limites urbaines et la campagne : les faubourgs puis les banlieues (territoire d'une lieue, 4 km, entourant une ville et sur lequel s'étendait le pouvoir urbain et, à partir du XIX° siècle, extension continue de l'habitat autour de la ville) puis les "grands ensembles" dans les années 1950-80 : groupes d'immeubles locatifs de grande dimension implantés dans une zone d'aménagement ou séparés du centre-ville par un espace formant une discontinuité - ex : le Val-Fourré de Mantes-la-Jolie) ...

Par la densité de population ?

  • Problème : la ville se vide au profit des campagnes ... des campagnes environnantes ou d'espace suburbain, ce que Gérard-François DUMONT appelle la "para-urbanisation" (peuplement de territoires de morphologie rurale situés au delà des territoires urbains en continuité de zone bâtie), un mouvement commencé dans les années 1970-1980.
  • De même, la ville vieillit, comme ses populations, et pas toujours bien :
    • Des phénomènes d'exclusion sont de plus en plus marqués, malgré la loi SRU (13 décembre 2000 - consolidée en 2006 et 2008)
    • Mais le vieillissement n'est pas spécifique de la ville, puisque les campagnes profondes sont aussi marquées par un grand vieillissement de la population.
  • La ville comme lieu d'accueil des migrations ? En fait, les espaces qui gagnent le plus d'habitant en France actuellement ce sont les espaces ruraux ... ou plutôt le rural proche des villes : le « paraurbain » ou rurbain. : Des espaces dépendants de la ville mais à la campagne, c'est Alphonse ALLAIS qui serait content.
  • De plus, un autre phénomène apparaît depuis quelques années dans les grandes villes et les métropoles, celui du retournement de l'évolution des densités : les villes se « dé-densifient » depuis les années 1970-1980 (selon les lieux) : voir l'exemple de Toulouse étudié par Gabriel DUPUY.

Par les fonctions urbaines :

  • La question des fonctions dépasse la seule question de ce que l'on produit en ville (tout sauf de l'agricole ? ou plutôt des fonctions spécifiques comme les fonctions de décisions).
  • Au delà de ces fonctions se pose la question de leur spatialité : Quel est le cœur des villes ? Aujourd'hui, existe un questionnement sur la polynucléarité des villes qui change le vécu des habitants, l'organisation spatiale des villes.
  •  Brian BERRY en 1971 avait classé les villes selon leurs fonctions, reprenant ainsi les réflexions de Walter CHRISTALLER ou d'autres géographes allemands du début du XX° siècle. Il aboutit à une classification des villes selon leurs fonctions.
  • Les fonctions permettent de mesurer le rôle d'une ville selon ses activités économiques (commerce, industrie, services) et selon le pouvoir de commandement à différentes échelles (locale, départementale, régionale, nationale, internationale).
  • Les fonctions de commandement (sièges d'entreprises, administrations, équipements publics de transport ou de loisir comme un opéra ou un parc d'activités) sont en général concentrés dans les grandes villes. On parle alors de fonctions métropolitaines. Cela pousse à chercher le cœur des villes, là où se concentrent les fonctions et les pôles urbains :
    • le centre, avec ses fonctions administratives ?
    • la périphérie, avec ses fonctions commerciales, de logistique, d'industrie ? Mais quels espaces périphériques ? Autour des technopoles ? mais rayonnent-ils à l'échelle locale ? Autour des centres commerciaux ? mais quel pouvoir décisionnel ont-ils ? Autour des lieux de travail ? mais tous les travaux n'ont pas le même poids décisionnel ?
  • On peut alors se servir d'un outil propsé par l'INSEE, la liste des emplois métropolitains supérieurs. Une liste créée après le recensement de la population de 1990 pour compléter l'analyse traditionnelle par secteur d'activité et mettre en évidence les fonctions caractéristiques des plus grandes villes. Elle a été actualisée grâce au recensement de 1999. L'emploi relevant des onze fonctions supérieures représente 7,9 % de l'emploi total français : il est qualifié d'emploi métropolitain supérieur. En 1990, ce taux était de 7,1 %. Son augmentation, qui traduit l'élévation générale et continue des qualifications, concerne surtout les aires urbaines. La liste se base sur trois critères :
    • des fonctions aisément identifiables,
    • des fonctions urbaines,
    • des fonctions au plus haut niveau de qualification, de type cadre ou ingénieur

Grille simplifiée des onze fonctions métropolitaines supérieures, par ordre alphabétique

(Entre parenthèses, part en 1999 dans l'emploi métropolitain supérieur, qui représente lui-même 7,9 % de l'emploi total en France métropolitaine)

  • Art (7,2 %) : Artistes et emplois supérieurs artistiques, artisans d'art.

  • Banque-Assurance (8,1 %) : Cadres des banques et des assurances.

  • Commerce (11,9 %) : Cadres des commerces de gros et interindustriel.

  • Commercial dans l'industrie (4,5 %) : Ingénieurs et cadres commerciaux, technico-commerciaux dans les établissements industriels.

  • Gestion (7,1 %) : Cadres de direction, d'administration et de finance des établissements industriels.

  • Information (3,2 %) : Cadres et emplois supérieurs de l'information.

  • Informatique (1,9 %) : Ingénieurs et cadres de l'informatique des établissements industriels.

  • Recherche (15,2 %) : Ingénieurs et cadres techniques de recherche, études ou développement dans les établissements industriels ; chercheurs de la recherche publique, emplois supérieurs des établissements de recherche et d'enseignement supérieur.

  • Services aux entreprises (30,6 %) : cadres des services aux entreprises.

  • Télécommunications (4,2 %) : ingénieurs et cadres des postes et télécommunications.

  • Transports (5,9 %) : Ingénieurs et cadres des transports.

 

  • Ces emplois métropolitains supérieurs et leur répartition spatiale pousse à réfléchir à la polarisation : « Attraction d’un lieu, d’un espace, par un « pôle » (renvoie à la gravitation). « Région polarisée » : région dont tous les lieux sont censés être « tournés » vers le chef-lieu, « tourner » autour de lui, dépendre de lui et être animés par lui. S’opposait à la région dite « homogène » et donc « amorphe » au sens strict. En fait, la notion relève bien plus de la théorie des lieux centraux que de celle des pôles de croissance (cf. François Perroux, 1955). » Les mots de la géographie

Par l'entrée politique :

  • L'entrée politique pose une question importante, celle de la gestion des villes : les structures administratives sont devenues trop petites : les communes ne peuvent gérer les transports, les déchets, l'eau, les loisirs, les taxes seules => vers l'intercommunalité et les nouveaux territoires : communautés de communes, communautés d'agglomération, pays, …
  • On comptait 37 708 communes au recensement général de la population de 1968. Il en subsiste 36 679 au recensement général de 1999, dont 92,5 % avaient moins de 3 500 habitants et 28 % avaient moins de 200 habitants.

L'intercommunalité, résultat d'un long processus :

  1. Un long processus inachevé :

     

    • La commune reste viscéralement associée à la Révolution de 1789, elle reste un territoire proche et parlant pour les Français. Il est donc difficile de ne pas prendre en compte ce paramètre.

    • La loi du 22 mars 1890, institue les premiers syndicats de communes. Ceux-ci devaient permettre la prise en charge de services publics ou d'activités débordant les limites territoriales des communes (eau, assainissement, électricité, transports, etc.). Cette formule a rencontré un grand succès.

    • La seconde moitié du vingtième siècle a vu se multiplier les textes réglementaires et législatifs sur l'intercommunalité. Schématiquement, ces réformes successives ont poursuivi deux objectifs principaux :

      • la rationalisation de l'organisation territoriale,

      • la prise en compte du phénomène urbain et de la concentration des populations dans les agglomérations.

    • Ces deux aspects sont déclinés dans différents lois et décrets :
    • Ordonnance n° 59-29 du 5 janvier 1959 qui a autorisé la création de syndicats à vocation multiple (SIVOM) ; 
    • Loi du 31 décembre 1966 qui créé quatre communautés urbaines (Bordeaux, Lille, Lyon, Strasbourg) ;
    • Loi du 16 juillet 1971 qui a pour but de forcer les fusions et regroupements de communes ;
    • Loi du 13 juillet 1983 qui a modifié le régime des villes nouvelles créées dans les années soixante et soixante-dix, a notamment institué les syndicats d’agglomération nouvelle ; 
    • Loi n° 88-13 du 5 janvier 1988 (d’amélioration de la décentralisation), qui a notamment permis la création de syndicats de communes « à la carte ».
  1. Le tournant des années 1992-99 :

    • La loi du 6 février 1992 d’orientation relative à l’administration territoriale de la République a créé deux nouvelles catégories d’EPCI (Établissement Public de Coopération Intercommunale) à fiscalité propre : les "communautés de communes" et les "communautés de ville". 

    • La loi du 12 juillet 1999 supprime les districts et les communautés de villes faute de succès : cinq communautés de villes seulement avaient été créées depuis 1992.

      • Elle créée une nouvelle catégorie d’EPCI à fiscalité propre, les « communautés d’agglomération », réservée aux groupements de plus de 50 000 habitants.

      • Elle recentre les communautés urbaines sur les ensembles de population les plus importants : 500 000 habitants au lieu de 20 000 précédemment.

      • De plus, elle élargit les compétences des communautés de communes.

      • Cette loi souhaite promouvoir une intercommunalité de projet. Ces territoires doivent former un ensemble d’un seul tenant et sans enclave « au sein d’un espace de solidarité, pour élaborer et conduire ensemble un projet commun de développement urbain et d’aménagement de leur territoire » comme les communautés de communes ont pour vocation d’associer des communes « au sein d’un espace de solidarité, en vue de l’élaboration d’un projet commun de développement et d’aménagement de l’espace »

    • La loi du 12 juillet 1999 est alors porteuse de quatre objectifs clairs, auxquels on peut en ajouter un cinquième :

      • promouvoir l’intercommunalité urbaine à travers les communautés urbaines redéfinies et la nouvelle catégorie des communautés d’agglomération ;

      • simplifier et rationaliser les règles d’organisation et de fonctionnement des intercommunalités ;

      • rendre plus transparent le fonctionnement des structures de coopération intercommunale, ce qui signifie notamment clarifier les statuts et les compétences sous l’angle de l’intérêt communautaire ;

      • développer le régime de la taxe professionnelle unique au niveau de l’agglomération afin de promouvoir un véritable espace de solidarité fiscale et économique et pour cela assortir les statuts des groupements à TPU d’incitations financières.

      • cinquième objectif moins explicite : la consolidation de l’intercommunalité en dehors des aires urbaines, grâce à un statut « modulable » de la communauté de communes en zone rurale. 

    • Limites actuelles : L'intercommunalité apporte un échelon administratif de plus, le paysage intercommunal n’a pas été simplifié (enchevêtrement de syndicats de tous types) ;

    • C'est un succès par le nombre et la couverture du territoire par ces nouvelles catégories d’EPCI.

  1. Conséquence : une nouvelle géographie de la gouvernance des villes en 4 types :

    1. 16 communautés urbaines - 413 communes - 7,6 M d'habs - des métropoles : Alençon / Arras / Bordeaux / Brest / Cherbourg / Dunkerque / Le Creusot-Montceau / Le Mans / Lille / Lyon / Marseille / Nancy / Nantes / Nice / Strasbourg / Toulouse ;

    2. 181 communautés d'agglomération - 3107 communes - 22,4 M d'habs

    3. 2 409 Communautés de Communes - 31 225 communes - 27,5 M d'habs ;

    4. 5 syndicats d’agglomération nouvelle (loi Rocard du 13 juillet 1983 pour organiser les villes nouvelles)- 29 communes- 320 000 habs.

  • La gestion (ou la gouvernance) des villes a changé depuis 15-20 ans sous l'effet de la concurrence accrue entre les villes et les territoires (cf DIACT 2005-2009), mais aussi sous l'effet des urbains, des citadins, des citoyens : plus de développement durable, plus d'éco-quartiers.
  • Enfin, en politique, il ne faut pas oublier que depuis les années 1980 aussi, on parle d'une "politique de la ville", surtout avec la LOV, Loi d'Orientation sur la Ville de juillet 1991.

Une entrée par l'espace vécu et l'espace perçu dans les villes : à quelle échelle vit-on la ville ? (géographie culturelle)

  • D. Stea a travaillé sur les représentations mentales des groupes et des individus à travers des cartes mentales Ainsi il montre que la façon dont l’individu se représente l’espace en termes de connaissance et d’organisation des éléments varie selon de nombreux critères. Ces cartes sont intéressantes car elles subissent beaucoup de décalages personnels par rapport à la réalité de l'espace. Ces décalages expriment des visions intérieures et donc projectives. Cette hypothèse est très physiologiste car elle aboutit à des cartes expressives caractéristiques de l’espace personnels et social du sujet. Par exemple, les cartes sont affectées par le sexe : les femmes sont plus sensibles à l’espace humain tandis que les hommes sont plus sensibles à l’espace matériel. On trouve encore des différences entre les piétons et les automobilistes dont les cartes sont plus riches. 
  • Abraham MOLES évoque une typologie des coquilles dans lesquelles nous, humains,  vivons. Il propose la typologie suivante (voir tableua ci-dessous) pourmontrer que notre environnement est à lire à différentes échelles, et donc que notre relation à notre environnement est aussi à lire à pluisuers échelles.
  • Guy DI MÉO a écrit un article sur Bordeaux dans les Annales de Géographie (Guy DI MÉO   Les femmes et la ville. Pour une géographie sociale du genre, Annales de Géographie, n° 684, 2012/2) qui montre comment le comportement ou la relation à la ville change selon le sexe et le rapport aux lieux (des lieux repoussants,à éviter, à traverser, ... )

LA TYPOLOGIE DES COQUILLES DE L’HOMME

 

TYPE DE COQUILLES

ATTRIBUTS

Le corps propre

Cette coquille constitue la frontière de l’être et détermine

la frontière entre moi et le monde.

Le geste immédiat

C’est la sphère d’extension du geste autonome.

C’est l’ordonnancement du « tout » à portée de la main.

La pièce d’appartement

(le domaine visuel)

La pièce est le territoire optiquement fermé, couvert par le champ visuel. C’est tout l’espace mis sous l’emprise du regard.

L’appartement (l’idée d’emprise et de privatisation)

C’est le lieu où j’exerce mon emprise de maître et de possesseur.

La paroi est ici épaisse et dure : la domination s’exerce

à l’intérieur des murs résistants et s’arrête à l’extérieur.

Le quartier

(le lieu charisma-tique de la rencon-tre, le regard social).

Cette coquille correspond à l’idée d’un

domaine familier mais dont on n’est pas maître.

Le quartier est la personnalisation de l’impersonnel.

La ville et son centre

(la coquille d’anonymat)

C’est le lieu des services rares

(on fait appel au médecin de quartier mais on consulte

le spécialiste de la ville).

C’est aussi le lieu de la variété et de l’anonymat

(il s’y passe quelque chose et on n’y est pas sous l’œil du voisin).

La région (l’agenda)

C’est un domaine où l’homme dépend de son agenda de rendez-vous,

c’est-à-dire d’une organisation de son budget-temps.

La région se définit par l’ensemble des lieux où l’homme

peut aller et revenir en moins d’une journée, sans découcher.

Le vaste monde (l’espace de projets)

C’est la zone de voyage et d’exploration,

le réservoir du nouveau.

L’idée de préparation, celle de bagages,

sont inhérentes à la transgression des frontières

de la région pour passer dans le vaste monde.

Source : d’après Moles et Rohmer (1978).

  • On peut aussi se demander à quel temps les habitants vivent la ville. En effet, l’espace urbain est la scène de la vie quotidienne qui définit la communauté des citadins ; l'espace urbain est un territoire de vie et d'identité : 

    • Les idées de Kevin LYNCH : LYNCH est un architecte qui s’intéresse à la forme des villes nord-américaines (notamment le plan orthogonal). Il se pose la question de savoir si l’on peut définir un plan urbain optimum présentant une image structure qui permette au citoyen la meilleure adaptation possible. Il travaille sur Boston, Jersey-city et Los Angeles en étudant la manière dont les citadins se représentent leur ville : Boston possède un centre historique, Jersey-city fait partie de la communauté urbaine de New-York et Los Angeles est une ville pavillonnaire très étendue. Il s’aperçoit que la perception de la ville est en constante évolution : elle s’actualise en fonction des lieux d’habitation, de travail, des événements qui s’y déroulent et des relations sociales qui s’y nouent. Cette situation se traduit par une représentation fragmentaire de la ville.

    • La théorie de Raymond LEDRUT : LEDRUT ne s’inscrit pas dans cette perspective, bien qu’il reprenne l’approche de LYNCH. Il travaille sur Toulouse et Pau à partir de photographies. Son propos est de remettre en question le citadin en indiquant qu’une expérience n’est pas réductible à l’autre, que la perception de la ville est fonction du genre (sexe), de la classe sociale et du lieu de résidence. La relation à la ville s’effectue sous la forme d’une personnification de la ville ; elle est définie comme une personne ayant ses humeurs. La relation à la ville est perçue comme la relation avec la mère. Il montre la dualité entre bonne et mauvaise ville. La ville est ambiguë et ambivalente.

    • Julien GRACQ fait, dans La forme d’une ville (1985), l’apologie d’une bonne ville : Nantes ; la mauvaise ville étant Angers, c’est une ville de l’intérieur des terres, repliée sur elle-même. La personnalité de la ville est définie par ses monuments anciens ; ce sont eux qui en font le cachet, l’esprit. Cette perception du centre historique est indéterminée ; il n’y a aucune connaissance spécifique des monuments. Ce qui est valorisé, c’est le caractère d’ancienneté ; il est sécurisant, donne une pérennité qui permet d’avoir une perception éternelle de la ville. La relation n’est pas de connaissance, intellectuelle, mais affective.

Enfin, pour clore cette partie sur le temps des villes, il ne faut pas oublier trois choses :

1- Les villes ont une histoire, qui peut être mise en avant ou non (ville antique – cf Arles, Orange - , ville médiévale – cf Provins, Troyes- , ville royale -cf Fontainebleau - , ville industrielle, ville du XX° siècle – cf Le Havre). Jacques LE GOFF a essayé de comprendre comment a émergé une nouvelle temporalité au XIIème siècle. Il s’est aperçu de la naissance d’un temps des marchands, temps différent du temps de l’Église. TOMPSON s’est interrogé su le temps industriel, le temps personnel qui est régi par la montre. Pour LE GOFF, il existe différents temps :

  • Le temps théologique qui structure la foi chrétienne ; ce temps appartient à Dieu créateur car Dieu a créé le temps.
  • Le temps du Christ est un temps linéaire dont Jésus est le centre. Le passé est la période qui mène de la Création au Christ ; le futur est le temps qui va du Christ pour conduire l’homme à son salut. Ce salut est le but du temps. Le Christ par sa venue a porté la certitude du salut, mais il appartient à chacun de l’obtenir. Si l’on se place sur un point de vue de l’histoire des Sciences religieuses, tous les schismes (interne à l’Église catholique) comme les séparations avec l’Église orthodoxe et l’Église réformée ont eu pour point de départ la question du salut de l’Homme. Le présent est le lieu d’engagement du salut.
  • Le temps vécu est celui qui est en rapport avec l’environnement. C’est le temps paysan, naturel et cyclique. Le passé est imprécis : c’est autrefois, jadis...
  • Le temps économique émerge avec la puissance des marchands. Il associe le temps à l’argent. L’activité marchande est de spéculer sur le temps : les prochaines récoltes seront-elles bonnes ou mauvaises ? Les stocks doivent-ils être au plus haut ou au plus bas ? Le marchand se saisit de la conjoncture économique pour analyser les données du marché. L’activité marchande est une activité dont le temps est la trame, l’essence de la transaction. Sur le prêt à usure est condamné par l’Église, c’est parce qu’il est une hypothèque su le temps. MONTHERLANT fait dire au Maître de Santiago : « Le temps n’appartient à personne, il appartient à Dieu ».

2 - En Europe la ville est un objet historique ; elle est fondamentalement un lieu de mémoire. On peut s’appuyer sur les réflexions sur la mémoire collective selon Maurice HALBWACHS. Pour ce sociologue, la mémoire collective est la mémoire distinctive d’un groupe social ; c’est une mémoire que le groupe ne partage avec aucun autre groupe. Cette mémoire ne connaît pas de rupture ; elle entretient avec le passé un rapport continu. Le passé est transmis par une mémoire vivante et non savante. La mémoire collective c’est l’album de photo de famille ; c’est une collection d’images non légendées qui n’a de signification que pour le groupe qui a entretenu des relations et qui en est le possesseur. Selon lui, la mémoire collective se repère dans l’espace : « L’espace est une réalité qui dure [...], qui se conserve par le milieu matériel qui nous entoure ». C’est l’appartement familial. L’espace urbain est le support privilégié de la mémoire collective. Les chemins de la mémoire partent de l’espace concret pour y retourner. Le groupe reste identique et la mémoire fixe l’attention sur le groupe. La mémoire alimente l’imaginaire de la nostalgie.

 

Cette mémoire collective est inscrite à travers les noms de rue qui se réfèrent au passé local de la ville ; des rues qui désignent un type de population (rue des Lombards, des Juifs, etc), des noms de famille propriétaires (rue Clovis), une activité économique (quai des orfèvres, rue des bouchers, rue de la halle aux vins), des enseignes (rue du chat qui dort). La mémoire historique enregistre les changements perçus à l’échelle régionale, nationale. Cette mémoire historique se met en place au moment de la Révolution par l’utilisation de nécronymes (noms de familles illustres parce qu’ayant un sens par rapport à la destinée de la Nation). Les premiers nécronymes sont des noms d’écrivains (rue Racine, etc.) et par la création de monuments symbolisant l’unité nationale, comme le Panthéon dédié à la consécration posthume des Français qui se sont illustrés par leur talent, leur vertu et leur service à la Patrie. 

 

3- Les villes changent, se transforment à l'intérieur, comme à l'extérieur : exemple de Toulouse. On assiste aussi à l'accroissement de la vitesse et à un « télescopage des échelles » (OFFNER 2000) par :

  • une dilatation des villes grâce à l’accroissement de la vitesse des transports urbains (échelon de la ville) ;
  • une contraction (rapprochement relatif des villes) grâce à l’accroissement de la vitesse des transports inter-urbains (échelon des systèmes de villes) : chemin de fer, autoroutes, TGV, avions … Conséquence, les petites villes sont court-circuités les premières (sélection hiérarchique). Cela peut expliquer en partie la hiérarchisation des tailles de villes.

Ces changements se placent au cœur du processus de métropolisation : un mouvement de concentration des populations et des activités les plus dynamiques dans des villes de plus en plus grandes et qui est lié à la fois aux recherches d’économies d’agglomération et à la contraction espace-temps.

 

Une entrée par les recommandations d'Historiens et Géographes  qui propose une « approche très large, à toutes les échelles, des mécanismes, des formes et des dynamiques, de leurs conséquences spatiales, sociales, politiques et culturelles » (Note de présentation, Historiens et Géographes, n°410, avril-mai 2010, p. 142)

 

Une entrée par les dictionnaires de géographie :

  • Pierre GEORGE et Fernand VERGER, Dictionnaire de la Géographie, 1970. Ce dctionnaire propose une vision ancienne et « classique » de la ville :  Il commence par le nombre, l'agglomération et les fonctions : la ville est "un groupement de population agglomérée définie par un effectif de population et par une forme d'organisation économique et sociale." Puis, un petit tour autour de la géohistoire : la création des villes pour des motifs militaires, administratifs ou commerciaux. Ensuite, il rappelle les notions de site et de situation puis y ajoute des nouvelles fonctions liées à l'industrialisation (produire, fiances, transit, services). Les paysages urbains, la croissance urbaine : idée d'agglomération et de conurbation, la taille des villes et l'urbanisme sont traités plus rapidement.
  • Jacques LEVY et Michel LUSSAULT, Dictionnaire de la Géographie et de l'espace des sociétés, 2003 : La ville y est considérée comme un acte géographique :"un géotype de substance sociétale fondé sur la coprésence" : la ville y est décrite comme un espace, une société régie par l'urbanité qui est liée au couple densité/diversité et caractérisée par la relation territoire/réseau. Vient ensuite des paragraphes sur une géohistoire de la ville autour de l'idée que la ville n'est pas un produit de la campagne et que l'histoire de la ville est à lire autour de l'étalement (desserrement, individualisation, périurbanisation). La ville est liée à l'urbain => mais selon Françoise CHOAY, il y a eu un divorce fin XIX° siècle entre la ville (urbs) et l'urbain (civitas), et c'est une victoire des réseaux sur les territoires. De la ville naît l''urbanité, et même plusieurs géotypes de l'urbanité selon Jacques LEVY dans lesquels deux critères interviennent, la densité et la diversité : plus on s'éloigne du centre, moins les populations sont denses et diverses. Autre thème développé : le modèle urbain "Représentation sociale fortement présente non seulement dans les débats politiques explicites mais aussi dans les schèmes d'action de ceux qui font la ville, c'est à dire les citadins." => opposition de deux modèle urbains : Jo'burg et Amsterdam (densité ; compacité ; interaccessibilité des lieux urbains ; présence d'espaces publics ; importance des métriques pédestres ; coprésence emploi_habitat ; diversité des activités ; mixité sociologique ; etc. )

 

1.4. A quelle échelle doit-on considérer le sujet ?   

 

  • L'échelle de la ville ? De l'agglomération ? De l'îlot ? Ou du quartier ?
  • L'échelle plus petite des systèmes de villes ? De la France (mais certaines villes débordent les frontières : Lille, Bâle, Biarritz-Bayonne) ?
  • L'échelle de l'Europe (pour les métropoles) ou du monde (pour Paris, Marseille, Le Havre)

Cela nous pousse à évoquer les systèmes de ville

L’article de Denise PUMAIN, « Les systèmes de villes », in Encyclopédie de Géographie explique :

« Les villes, prises isolément et dans leur ensemble, jouent un rôle majeur dans l'organisation de l'espace géographique. En polarisant la vie de relation, en développant une hiérarchie de centralités, elles maintiennent et renforcent des liens d'interdépendance entre les points de concentration qu’elles forment dans un territoire. L'expression de réseau urbain traduit la permanence et la force de l'image qui représente, sur les cartes à petite échelle, les villes symbolisées par des points et reliées par les voies ou les flux qui assurent leurs échanges. On lui a substitué parfois, pour éviter une confusion possible avec les réseaux techniques dont s'occupent dans chaque ville les urbanistes, l'expression d'armature urbaine, qui évoque bien la fonction de desserte et d'encadrement territorial dévolue aux ensembles de villes. Désormais, l'expression de système de villes, moins ambiguë, tend à remplacer ces deux termes en ajoutant des connotations dynamiques de cohérence et de synergie à l'observation des propriétés géométriques et fonctionnelles des réseaux urbains.

L'organisation hiérarchique demeure une caractéristique de la structure des systèmes de villes, ce qui n'implique pas nécessairement que toutes les relations qu'ont les villes entre elles soient orientées selon une pyramide de pouvoirs, mais ce qui signifie qu'elles se différencient très fortement, en niveaux très contrastés, selon leur dimension, la variété et le nombre de leurs fonctions, la portée spatiale de leurs relations et l'étendue des régions dans lesquelles s'effectuent ces relations.

L'étude de cette forme d'organisation récurrente a suscité le développement d'un corps de théorie qui est l'un des plus importants de la géographie, la théorie des lieux centraux. Les modèles originels rendent assez bien compte des fondements de l'organisation des réseaux urbains par les relations que suscite la distribution des biens et des services à une population dispersée sur un territoire. Ils doivent être complétés pour inclure les autres fonctions des villes, expliquer la persistance des réseaux urbains à travers les vicissitudes de l’histoire des territoires et évaluer leur variabilité dans le Monde. On s’acheminerait alors vers une véritable théorie de l’évolution des systèmes de villes. » (p. 623-624).

 

Attention aux termes :

  • On a commencé à parle de réseau urbain (mais il traduit trop la permanence et il faut se méfier de la force de l’image représentant, sur les cartes à petite échelle, les villes symbolisées par des points reliés par les voies ou les flux assurant leurs échanges).
  • On a aussi parlé d’armature urbaine, mais c’est l’expression de système de villes qui tend maintenant à remplacer les deux autres termes. Et l’organisation hiérarchique est une caractéristique essentielle de la structure des systèmes de villes.
  • L’étude de cette forme d’organisation récurrente a suscité le développement d’un ensemble de théorie dont la plus importante est la théorie des lieux centraux.

    • Elle est formalisée par Walter CHRISTALLER en 1933 et August LÖSCH (1940) pour expliquer l’organisation spatiale et hiérarchique des réseaux urbains par la fonction économique des villes qui est de distribuer des biens et des services à une population répartie dans un territoire.

    • Le concept-clé est celui de la centralité : l’offre et la demande de biens et de services se rencontrent et s’échangent dans des lieux privilégiés par leur accessibilité = les lieux centraux. L’interaction offre-demande qui définit un centre et sa zone d’influence = la polarisation, à plusieurs niveaux. Le coût de transport et le prix d’une marchandise définissent la portée d’un bien ou service, et le volume de la clientèle minimale constitue son seuil d’apparition.

    • La théorie suppose que toute la population doit être desservie, que les consommateurs s’approvisionnent au plus près de leur résidence, que les entrepreneurs entrent librement sur le marché et se font concurrence pour se partager la clientèle. Elle stipule que, en application du principe de centralité, les biens et les services qui ont des portées comparables se rassemblent dans les mêmes centres, et en particulier que les centres d’un certain niveau offrent tous les services du niveau inférieur.

    • La théorie fournit ainsi une explication économique et territoriale à l’organisation des villes selon une hiérarchie de tailles, d’espacements, de niveau et de variété des fonctions.

    • Mise en application de la théorie des lieux centraux : en Allemagne du Sud par CHRISTALLER, dans les plaines du Middle West par Brian BERRY (1967), en Hongrie et au Japon par SKINNER (1964-1965), en Afrique du Sud et en Chine par LAMOUROUX (1992), par ROCHEFORT, DUGRAND et BABONAUX en France (1960, 1963, 1966) …

  • La remise en cause de ces modèles spatiaux est facile à deviner :

    • Les villes réelles n’offrent jamais une rigoureuse disposition géométrique. Il faut évidemment tenir compte des variations de l’environnement, et la théorie aide alors à prédire les déformations auxquelles on devrait s’attendre : resserrement des hexagones dans les régions urbaines à fortes densités, extension des zones d’influence dans les périphéries peu peuplées, concentration des villes dans les vallées au détriment des bordures montagneuses ou étirement du réseau urbain le long d’un littoral + riche que l’intérieur.

    • Mais la remise en cause de la théorie concerne aussi l’attitude présumée rationnelle du consommateur : des études de comportement de chalandise ont montré l’importance des voyages à buts multiples qui tendent à court-circuiter les niveaux inférieurs.

    • Enfin, la théorie ignore les fonctions non-centrales des villes, et se place dans une perspective statique et a-historique.

  • Les études sur les structures urbaines doivent donc prendre en compte d'autres éléments, notamment la notion de spécialité : la spécialisation introduit entre les villes d’un même réseau des différences repérables dans tous les réseaux urbains.

    • Les principales spécialisations sont nées de la valorisation de situations géographiques particulières (villes portuaires), de l’exploitation sur place de gisements (villes sidérurgiques, minières ou touristiques). Les 3 types de villes (spécialisée / au portefeuille d’activité diversifié / avant tout lieu central) sont dispersés dans le territoire témoignant des relations de complémentarité et concurrence les associant.

    • La spécialisation d’une ville témoigne des aptitudes de ses acteurs à valoriser certains avantages, cette valorisation est souvent en relation avec une innovation qui a donné un avantage initial maintenu et renforcé par la suite. Les villes d’un même niveau étant interdépendantes, sont en relation constante, et, concurrentes, se surveillent. Le plus souvent les innovations y sont convoitées et très vite imitées. Mais ce ne sont pas les mêmes qualités urbaines qui sont requises et valorisées par les grands cycles d’innovation. La diversité des systèmes de villes évolue alors selon les formes prises par la division spatiale du travail, en fonction des économies d’échelles et des économies d’agglomération.

  • Dans leur immense majorité les réseaux de villes se sont développés et organisés spontanément. La notion de système de villes aide à formaliser les régularités et les cohérences observées dans des territoires presque entièrement urbanisés. Les villes ne dépendent alors plus uniquement (comme pour CHRISTALLER) de leurs relations avec leur hinterland rural ou de leurs liens de concurrence avec leurs voisins immédiats. Des relations non plus de proximité mais de connexité, et des réseaux asymétriques par rapport à l’emboîtement hiérarchique des fonctions urbaines doivent être pris en compte.

 

2- De la ville à l'urbain :

Le sujet de la France en villes nous pose la questin non pas des villes mais de leur imprtance dnnas notre société, ainsi que de l'importance du fait urbain.

 

Pour cette partie, je reprend les réflexions de Anne HERTZOG  et Alexis SIERRA dans leur  article Penser la ville et l’urbain, les paradoxes de la géographie française, dans la revue en ligne EchoGéo, n° 12 | 2010. link

 

" L’émergence des géographies sociale, culturelle et politique a entraîné un profond renouvellement des approches des espaces urbains à partir des années 1970-80. Les études internes centrent l’analyse sur les sociétés urbaines. L’objectif prioritaire est de comprendre l’organisation intra-urbaine au double sens du mot organisation : ce qui organise (les acteurs et leurs logiques), ce qui est organisé (formes, paysages, types d’espaces).  

  • La notion de « production de l’espace » oriente dans un premier temps les études sur des espaces urbains socialement différenciés avec parfois des visées modélisatrices (centre/périphérie). Cela conduit à s’intéresser à la distribution de la population, à analyser les thèmes de la ségrégation, des mobilités et des recompositions socio-spatiales.
  • Les recherches consacrées aux politiques publiques et à la gestion urbaine se développent avec un intérêt de plus en plus fréquent pour les représentations socio-spatiales de la ville et les pratiques de ses habitants.
  • La dimension physique ne disparaît pas : la ville est considérée comme un environnement construit qui permet de renouveler la question de la relation homme/milieu. La problématique des risques d’origine naturelle ou technologique interroge la ville à la fois comme système vulnérable et comme foyer d’aléas. L’espace urbain devient d’autant plus complexe à gérer en situation d’incertitude que la ville concentre les enjeux.

 Avec le développement des mobilités et de nouvelles pratiques, avec également les dynamiques à l’œuvre sur l’ensemble du monde, les notions de ville et d’urbain se différencient. Si les conférences et fora urbains tentent de penser la ville de demain, il y a bien la « disparition d’une certaine manière locale de vivre institutionnellement ensemble, qui fut le propre des entités dotées d’une identité et qu’on appelait ville » (Françoise CHOAY, 1999). Les outils de la géographie classique, trop souvent persistants, deviennent inopérants pour comprendre les phénomènes liés à la ville.

Au cours des années 1990, Jacques LEVY propose une théorie de l’urbain comme organisation spatiale caractérisée par un jeu de couple entre densité et diversité, l’urbain étant toujours plus dense et plus divers que le non urbain. Des degrés d’urbanité sont alors définis qui permettent de questionner l’urbain et ses dynamiques dans le contexte de la mondialisation (1999). Les questions de l’étalement urbain (périurbanisation) et de l’organisation réticulaire des espaces urbains alimentent les réflexions sur la « fin de la ville » ou la « ville émergente » (CHALAS,DUBOIS -TAINE, 1996) et conduisent à des redéfinitions comme l’exprime la « métapole » de François Ascher (1995). La question de la fragmentation urbaine devient fondamentale et imprègne le questionnement sur la gouvernance urbaine. Elle interroge sur ce qui « fait ville » et ce qu’est être urbain : les pratiques, les représentations, les images participent à une géographie des identités urbaines et de la citadinité (GERVAIS-LAMBONY, 2007). Le développement généralisé des mobilités (migratoires, touristiques…) contribue à redéfinir les territorialités urbaines (CAPRON., CORTES, GUETAT-BERNARD, 2005,) et l’urbanité (KNAFOU, DUHAMEL, 2007).

 En portant les thèmes du développement durable, de la gouvernance, des discriminations et du genre, de la gestion dans l’incertitude voire la question climatiques, les instances internationales mettent en exergue la ville et la société urbaine à la fois comme lieu d’identification des problèmes et comme laboratoire de nouvelles politiques. La question urbaine est porteuse de transversalité comme le montrent les conférences internationales à travers des notions-slogans comme ceux de la ville durable, la ville citoyenne ou la ville sûre. Tous les champs disciplinaires sont alors sollicités mais la géographie peine encore à se situer entre les préoccupations sociales et l’implication à laquelle elles peuvent conduire, et une recherche scientifique qui reste critique envers la terminologie utilisée et qui doit intégrer la diversité (et la relativité) des points de vue.

 

3 - Quelques sujets potentiels

 

Pistes de travail pour viser ou réviser les écrits :

  • Les systèmes de villes (Paris et le désert français, les aires urbaines, l’État et les métropoles, les différents systèmes : linéaire, dual, macrocéphalique, centrifuge, etc.) ;

  • La diversité des villes en France (Paris, métropoles régionales, villes moyennes, villes nouvelles, …) ;

  • La gouvernance des villes (autonomie, intercommunalité, ville durable, politique de la ville) ;

  • Les dynamiques des villes (mobilités, populations, recomposition des villes, polynucléarité des villes, les centre-villes, l'exclusion …)

  • Villes, citadins, identités ; Les quartiers en difficulté;gérer les villes en France ; La rénovation urbaine

  • L'étalement urbain, les limites de la ville en France.

  • Les fonctions urbaines ;

  • Les villes portuaires ;

  • Le tourisme et les villes en France ; nourrir les villes ;

  • Les transports urbains ; se déplacer en ville ; se déplacer dans les territoires urbains ;

  • L'appropriation de l'espace par les villes et les urbains ; la nature et les urbains ;

  • des monographies de villes (pour l'oral) mais quand même, il faut avoir des exemples précis de villes à différentes échelles : Il faut connaître Paris / une métropole (Lyon - Marseille - Strasbourg - Nice - Lille -Toulouse - Nantes - Nancy - Rouen ?) / une ville moyenne (Dijon, Le Mans, Nîmes, Rennes ?) / une ville dynamique (Nice, Grenoble, Toulouse?) / une petite ville / une ville nouvelle (?).

Quelques problématiques utilisables

  • autour de la "fracture sociale", même si ce terme n'est plus à la mode, aujourd'hui on dirait DD ;

  • autour du concept d'habiter ; de vivre sa ville ; de l'appropriation de la ville par ses habitants ;

  • autour de la gestion des territoires, difficile ("sécuritate" - gouvernance - citoyenneté - "care" - …) ;

  • autour de la relation ville - urbains – ruraux ;

  • autour des mobilités (plus uniquement la voiture, mais aussi les transports en site propre, les déplacements doux, les transports en commun, …

  • autour des rénovations urbaines (Lyon confluences, Bordeaux Chartrons, Nantes LU, Nancy, Paris Bercy => friches industrielles => Parc André Citroën)

Ne pas oublier que problématiser, c'est montrer la spécificité d'un lieu (ou d'une période) et que c'est organiser ses connaissances.

 

 

4- Bibliographie

 

Ouvrages de base sur la France

 

- Vincent ADOUMIE (dir), Géographie de la France, Hachette Supérieur, Paris, 2007

- Félix DAMETTE, Jacques SCHEIBLING, La France. Permanences et mutations, Hachette, Carré géographie, Paris, 2003

- Daniel NOIN, Le nouvel espace français, Armand Colin, Cursus, Paris, 1996/2006

- Florence SMITS, Géographie de la France, Hatier, Initial, Paris, 2007

- Magali REGHEZZA-ZITT, La France dans ses territoires, Sedes, 2012.

 

Manuels sortis pour les concours :

- Gerard-François DUMONT, dir. La France en villes, SEDES, Paris 2010

- Gabriel WACKERMANN, dir, La France en villes, Ellipses, Paris, 2010

- Aurélien DELPIROU, Hadrien DUBUCS, Jean-Fabien STECK, La France en villes, Bréal, 2010

Approche régionale

- Vincent ADOUMIE, Les régions françaises, Hachette; Paris, 2010

- Marcel BALESTE, Jean-Claude BOYER, Jacques GRAS, Solange MONTAGNEVILLETTE, Claude VAREILLE, La France des 22 régions, Armand Colin, Coll. U, Paris, 1993

- Jean-Claude BOYER, Laurent CARROUÉ, Jacques GRAS, Anne LE FUR, Solange MONTAGNÉ-VILLETTE, La France. Les 26 régions, Armand Colin, Coll. U, Paris, 2009

 

Villes/territoires urbains

- JP. ANTO

-

NI, Lexique de la ville, Ellipses, Paris, 2009

- François ASCHER, L’âge des métapoles, La Tour-d'Aigue, Ed. de l’Aube, 2009

- Augustin BERQUE, Philippe BONNIN, Cynthia GHORRA-GOBIN, La ville insoutenable, Paris, Ed. Belin, Coll. Mappemonde, 2006

- Claude CHALINE, Les politiques de la ville, Ed. PUF, Coll. Que sais-je n°3232, Paris, 2010

- M. DUMONT, Les nouvelles périphéries urbaines, PUR, Rennes, 2010

- Yamna DJELALI, C DELSOL, JF MATTEI, L'étalement urbain, PUR, Rennes, 2010

- Philippe PANERAI, Paris métropole. Formes et échelles du Grand-Paris, Ed. de La Villette, Paris, 2008

 - Jean Pierre PAULET, Manuel de géographie urbaine, Ed. Armand Colin, Coll. U, (3è édition) 2009

- Marcel RONCAYOLO, La ville et ses territoires, Ed. Gallimard, Coll. Folio, Paris, 1990

- Thérèse SAINT-JULIEN, Renaud LE GOIX (dir), La métropole parisienne. Centralités, inégalités, proximités, Ed. Belin, Coll. Mappemonde, Paris, 2007

- Hervé VIEILLARD-BARON, Les banlieues. Des singularités françaises aux réalités mondiales, Paris, Ed. Hachette, 2001

 

Traduction didactique (La Documentation Photographique, Ed. La documentation Française) 

- Nacima BARON-YELLES, France. Aménager et développer les territoires, n° 8067, 2009

- Youri CARBONNIER, Paris. Une géohistoire, n°8068, 2009

- Antoine FREMONT, Les transports en France, n° 8066, 2008

- Jean-Christophe GAY, L’outre-mer français en mouvement, n°8031, 2003

- Robert MARCONIS, France, recompositions territoriales, n° 8051, 2006

- Robert MARCONIS, Urbanisation et urbanisme : les métropoles de province, n° 8025, 2002

 

Atlas de France, GIP Reclus/La documentation Française, Coll. Atlas de France, Paris/Montpellier, 1995-2000

- Vol. 1 : La France dans le Monde

- Vol. 2 : Population

- Vol. 3 : Emplois et entreprises

- Vol. 4 : Formation et recherche

- Vol. 5 : Société et culture

- Vol. 6 : Milieux et ressources

- Vol. 7 : Tourisme et loisirs

- Vol. 8 : L’Espace rural

- Vol. 9 : Industries

- Vol. 10 : Services et commerces

- Vol. 11 : Transports et communications

- Vol. 12 : L’Espace des villes

- Vol. 13 : Les Outre-mers

- Vol. 14 : Territoire et aménagement

 

Sites internet

- Cybergéo : link

- Géoconfluences : link

- Géothèquelink

- Hypergéo (encyclopédie en ligne) : link

- Mappemonde : link

- APHG : link

- Festival International de Géographie (FIG) : link

- Cafés géographiques : link

- Librairie La GéoGraphie : link

 

Revues :

 

- les Annales de géographie (www.armand-colin.com/revue/5)

- L'espace géographique (www.mgm.fr/PUB/EG/)

- Population et Avenir (www.population-demographie.org)

- La Documentation Photographique (www.ladocumentationfrancaise.fr/.../documentation-photographique/index.shtml)

- Géocarrefour (www.Géocarrefour.org/)

- BAGF(Bulletin de l'Association des Géographes Français) (association-de-geographes-francais.fr/)

- Hérodote (www.herodote.net/)

- Etudes rurales (www.editions.ehess.fr/revues/etudes-rurales/)

- Norois

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