Correction
1- Remarques préliminaires :
1.1. Un sujet vaste
Un tel sujet est vaste, il faut donc bien définir ce qu'est la ville dans cette partie du monde :
- On doit partir des définitions légales ou statistiques pour montrer qu'elles ne correspondent pas à une définition géographique pertinente : une ville ce n'est pas qu'un nombre d'habitants agglomérés, mais c'est aussi des fonctions (principalement industrielles et tertiaires, notamment les fonctions de commandement économique, politique ou culturel) ;
- Ce sont aussi des paysages particuliers (surtout en Amérique du nord, marqués par deux éléments : une forte verticalité au centre et une forte horizontalité tout autour) ;
- Étudier les villes c'est aussi s'intéresser aux manières d'habiter la ville (des personnes qui sont mobiles, d'autres qui ne peuvent pas l'être faute de moyens, des personnes qui s'enferment dans des gated communauties, d'autres enfermées de fait dans des ghettos - on peut évoquer les termes d'urbanité et de citadinité pour expliquer les relations entre les individus et leur ville, une culture spécifique des urbains, des liens sociaux).
- De plus, les villes s'inscrivent dans des réseaux et sont formées de réseaux. La forme réticulaire est donc à associer à la ville nord américaine et aux villes en général. Ces réseaux permettent d'expliquer une hiérarchie, des concurrences entre villes, entre quartiers, voire entre rues, tant à l'échelle locale qu'à petite échelle (Etats - Continent - Monde).
- Enfin, les villes sont aussi des territoires à aménager et à gérer. Les villes du Canada et des États-Unis sont marquées par des périodes d' immigration (XIX° et XX° siècle surtout) qui ont laissé des traces non seulement dans les paysages mais aussi dans les structures urbaines (voir l'école de Chicago et l'exemple de Chicago). Ces villes restent soumises à un zonage strict, comme New York, qui limitent l'usage des sols et qui déterminent aussi la forme globale de la ville. Au Mexique, pays plus pauvre où l’État a pu être dépassé par la croissance démographique, on peut trouver d'autres formes d'habitat urbain (des bidonvilles) qui posent la problème de la durabilité de certains quartiers. Dans les trois pays, on note une forte ségrégation urbaine.
1.2. L'importance de la problématique
Lorsqu'un sujet est si vaste, on a pas le temps de tout dire ou écrire. Il faut donc faire des choix. Ces choix passent par une problématique qui permettra d'organiser ses connaissances, d'aller à l'essentiel, de montrer à la fois les points communs et les différences des villes de ces trois pays.
Il ne faut pas oublier de préciser qu'au CAPES il n'y a pas de plan imposé. Cependant, il faut que certains éléments apparaissent dans la copie :
- Une typologie organisée autour de critère précis : les décisions, les productions, la croissance démographique, la taille (ça devrait suffire pour faire une belle typologie). Cette typologie permet de montrer que toutes les villes ne se ressemblent pas même si elles peuvent avoir des points communs : importance de l'automobile, paysages urbains, etc.
- Des croquis en lien avec le sujet : au moins un plan de ville par pays, pour montrer les différences. Un croquis de Chicago ou de Los Angeles (pour la ségrégation), un croquis de la mégalopolis, un croquis de New York, un croquis de Mexico, un croquis des petites villes aussi.
- Un croquis de synthèse qui peut se faire à l'échelle continentale, avec comme éléments présents ce qu'on a mis dans la copie => une typologie des villes doit apparaître ; les réseaux doivent être visibles ; l'idée de polarisation ou de métropolisation aussi.
- Des notions majeures sur un sujet comme celui-ci (attention, il ne faut pas les définir, mais les utiliser à bon escient) : métropoles, métropolisation, mégalopole, méga-cities, CBD, fragmentation urbaine, gated communauties, bidonvilles, ghetto, gentrification, réseaux, concurrence, urbain, citadin, aires métropolitaines, aires micropolitaines, suburanisation (=les banlieues), exurbanisation (= les pôles périurbains), étalement urbain (spatial mismatch, urban sprawl, counterurbanization, edge cities, boomburb), front urbain, polycentrisme, etc.
- Un emboîtement d'échelles : du local au mondial.
Alors quelle problématique utiliser ?
- autour de l'idée de fracture urbaine, de ségrégation ;
- autour de la notion de mobilité (des personnes, des entreprises) ;
- autour de la notion de puissance, des décisions ;
- autour de la notion de concurrence ;
- autour de la notion de multiculturalisme, du vivre ensemble ;
- autour de la notion de polarisation des activités et des personnes (à l'échelle urbaine et plus petite du continent) ;
Évidemment, il faut éviter le plan historique et de la géographie classique qui étudierait d'abord les sites et situations des villes (côtes, fleuves, ...), puis leur histoire (issues de la colonisation ou de l'industrialisation), puis leurs fonctions (industrielle, tertiaire, parfois agricole), avant d'étudier les problèmes socio-spatiaux actuels.
2- Exemple de plan (à détailler, bien sûr) :
2.1. Introduction :
- accroche : des pays à l'image urbaine et qui savent jouer de cette image par des symboles forts : statue de la liberté, immeubles du centre, vastes banlieues, le tout à la fois dans la littérature (relire L.F. CÉLINE lorsque dans Voyage au bout de la nuit Bardamu est à New York, mais aussi Paul AUSTER, Allen GINSGERG, ...)
- présentation du sujet : définition de la ville, limites spatiales et montrer aussi l'importance du fait urbain dans ces trois pays. Si la nature est au cœur de la pensée de ces États (cf Thoreau, la nordicité), ce sont des territoires urbains depuis longtemps.
- problématique : les villes du C-EU-M parviennent-elles à gérer les fortes disparités économiques et spatiales qui les caractérisent ?
- annonce du plan.
2.2. Développement :
1- Des villes marquées par un étalement sans comparaison.
1.1. Des villes toujours plus peuplées et étalées
(le phénomène urbain est au cœur des enjeux des trois pays - chiffres de la pop° urbaine, chiffre de la pop° des plus grandes villes - montrer que l'étalement urbain est un long processus, qu'il s'accompagne d'un urban sprawl, d'un spatial mismatch - qq chiffres, qq exemples : Chicago pour le long terme (1850-2010), Atlanta - un étalement qui accompagne un mode de vie : l'american way of life, bien sûr à relativiser pour le Mexique où seuls les plus riches y ont accès)
1.2. L'importance des réseaux de transport dans les villes
(Des villes qui se sont étalées le long des voies de communication par des programmes autoroutiers décidés dans les années 1950 - des villes aux densités de population faibles)
1.3. Des villes sans fin ? de la mégalopole aux méga cities.
(importance des réseaux entre villes, par les transports rapides : autoroutes, aéroports, insertion dans la mondialisation ; des villes en réseau : la mégalopole ; les mégacities ; le cas de la frontière EU-M avec des villes doubles)
2- Des villes marquées par une forte concurrence des territoires
2.1. Des villes multipolaires ?
(du modèle de l'école de Chicago au modèle de l'école de Los Angeles : les villes s'organisent toujours autour d'un CBD, mais des nouveaux centres le concurrencent : les technopoles - exemple Silicon Valley / croquis - les mall - exemple autour d'Atlanta / croquis - idée des edge cities à relativiser - enfin montrer que les réseaux de transport favorisent ces nouvelles centralités : autoroutes, aéroports).
2.2. Des villes en concurrence : la métropolisation
(processus ancien dans ces pays qui a poussé les habitants et les activités à se concentrer dans les villes les plus grandes, les plus dynamiques et les mieux reliées par des moyens de transport rapides. Cela permet une typologie des villes : ville mondiale, métropoles d'importance continentale, métropoles régionales, grandes villes, petites villes. Baser la typologie autour des critères vus dans les remarques préliminaires). => c'est ici que l'on introduit le croquis de synthèse sur les villes basé sur la fond de carte continental;
2.3. Des paysages relativement proches dans les trois pays
(Les paysages du centre très proches - la hauteur ; les paysages des suburbs très proches - l'étalement des villas ; les paysages des petites villes très proches - la rue principale, main street et ses commerces ; à relativiser cependant pour le Mexique où le pueblo reste le modèle de base dans les villes, mais un modèle que l'on retrouve dans le SO des EU mais aussi pour la présence de bidonvilles ou de villes coloniales)
3- Les villes, lieux de tensions et de conflits
3.1. Les villes, lieu de la ségrégation
(autour d'un croquis qui montre les quartiers fermés, les ghettos, les quartiers riches et pauvres des villes. Se référer à des exemples précis, Mexico, Détroit, New York, LA ou autre. )
3.2. Des tensions passées toujours vives
(les émeutes passées - LA, Detroit, Mexico - les tensions actuelles autour des territoires, des langues, de la pauvreté, des droits sociaux etc. - les villes restent les lieux des tensions qu'elles soient liées à l'urbanité ou non : lieu des manifestations, des contestations, des revendications)
3.3. Des réponses politiques à des situations économiques et sociales
(tolérance zéro - circonscriptions électorales - volonté de réduire les fractures - zonage, etc. )
NB : un croquis est possible dans chaque sous-partie.
2.3. Conclusion :
Les villes du C-EU-M sont donc marquées par de fortes divisions socio-spatiales. Ces divisions, nous l'avons vu, ont des raisons politiques et sociales qui sont enracinées dans des choix parfois anciens liés aux fondements même des États (importance de la liberté politique et économique aux EU, colonisation espagnole au Mexique, volonté politique d'intégrer les migrants et les minorités au Canada). Ces divisions visibles dans les paysages comme dans le quotidien des habitants (accès plus ou moins facile au centre ou aux services en général, réseaux de transport plus ou moins bien connectés et plus ou moins dépendants de l'automobile) ont pu et peuvent encore aboutir à des tensions fortes voire à des émeutes, comme celles de South central à Los Angeles en 1992, celles de Fitzgerald en 1967 ou encore celles de Mexico en 1968. La ville reste un lieu de tension de nos jours, ce qui pousse nombre d'habitants à s'isoler de plus en plus dans ces trois pays, que ce soit dans les résidences gardées (gated communauties), dans des villes de retraités de type Sun city ou encore dans des rues privées ou privatisées (Mexico). C'est pour ces raisons que l'on peut dire que les villes d'Amérique du nord parviennent difficilement à gérer les disparités. Pourtant, des outils existent et permettent de limiter les effets des discriminations, notamment les leviers politiques : dans les pays neufs comme les EU et le Canada, les circonscriptions politiques locales ou nationales bougent et savent accueillir les nouveaux groupes, qu'ils soient ethniques ou linguistiques. Ainsi, les minorités ne sont pas niées, les sociétés s'adaptent (parfois avec quelques heurts) aux nouveautés. Loin d'être figées, les villes restent en mouvement, des territoires dynamiques et mouvants.