Introduction :
Deux termes proches très marqués dans deux sens : un sens naturel, climatique et un sens culturle lié à une image ambivalente : à la fois positive (plages, exotisme, chaleur, musiques tropicales, ...) et négative (pauvreté, moiteur, développement, etc.). Ces deux termes nous amènent à penser le sujet autour de cette ambivalence qui est appérue assez rapidement dans les études géographiques, elles mêmes dépendantes de leur environnment culturel et historique : d'abord un environnement colonial et impérial de la findu XIX° siècle jusqu'aux années 1960, puis un environnement tiers-mondiste et de la coopération dans les années 1960 - 1980, enfin un environnement culturel moins déséquilibré à l'heure de la mondialisation et de prise en compte de la diversité des mondes tropicaux.
Pas de définition de ces termes maintenant, j'y reviendrais dans le développement, cependant, il faut préciser que les deux termes eux aussi ont une temporalité nette : tropiques se voulant plus neutre, transdisciplinaire et sur le long terme (des géographies grecques de l'Antiquité à nos jours) alors que la tropicalité intègre des éléments plusmodernes et récents de la géographie, c'est un terme plus daté, plus marqué par la géographie humaine (bien qu'il soit repris par les bioclimaticiens ou les naturalistes).
On peut se demander si les recherches sur les tropiques et la tropicalité sont encore marquées par une vision occidentalo-centrée de la géographie.
Pour répondre à cette question, nous verrons quatre parties : 1- Une géographie zonale particulière. 2 - Un regard sur cette zone qui a longtemps été celui d'un nord sur les suds. 3 - Aujourd'hui, des recherches qui dépassent le cadre naturel sans l'ignorer. 4 - La place des tropiques dans les programmes et l'enseignement au collège et au lycée.
1.1. Quel découpage du monde, quelle zone ?
Tout découpage résulte d'un choix :
- Christian GRATALOUP dans L'invention des Continents (Larousse, 2009) rappelle que le nombre des continents fut une manière pour l’Europe de se penser sur la planète. Ainsi, alors que les érudits du Moyen Age pensaient vivre dans un monde parfait organisé en trois territoires (cf. la Trinité), la découverte par les Européens d'un quatrième continent en 1492, oblige à revoir sa pensée symbolique du Monde. Désormais c'est le chiffre 4 qui devient la référence (4 mondes, 4 races, 4 couleurs de peau, ... que l'on retrouve aussi dans les arts : voir la fontaine de la place Navonne à Rome).
- Ce découpage n'est pas nouveau et la terre a été coupée trè stôt en différentes zones climatiques expliquant pourquoi nous, Grecs ou Européens, étions les plus à même de dominer le monde. On peut citer les travaux de POSIDONIOS DE RHODES (135-51) ; idem chez PTOLEMEE (100-180) pour qui à chaque peuple correspond un "climat", c'est à dire une manière de vivre, de penser, ... Il rappelle que le meilleur de ces climats est le climat méditerranéen, bien sûr.
Un découpage zonal qui n'est pas unique :
- On pense bien sûr à une autre zone climatique très étudiées depuis quelques années : la zone arctique, qui n'est pas étudiée forcément sous l'angle des contraintes (comme le monde tropical) mais sous celui de la géopolitique depuis la Guerre Froide et sous celui des ressources (voir le plan Nord du Québec ou les projets états-uniens en Alaska ou encore les projets russes dans la zone).
- En revanche, il n'existe pas de géographie "tempérée" ... peut-être parce que c'est de cette zone que viennent la majorité des géographes ?
- Un découpage toujours marqué par des éléments physiques : bioclimatiques notamment, est-ce aussi parce qu'on est dans des milieux partciluièrement difficiles voire hostiles, parfois à la limite de l'oecoumène.
Comment définir cette zone tropicale, les tropiques ?
- On peut pour cela citer les travaux de François DURAND-DASTES qui a défini le terme dans la revue en ligne Hypergéo : "Au sens strict, deux parallèles de latitude 23°27’ nord et sud, dont la signification est liée à un facteur cosmique assez stable, l’inclinaison de l’axe des pôles par rapport au plan de l’écliptique. Ils ont été nommés à partir de signes du zodiaque, (tropique du cancer pour l’hémisphère nord, tropique du capricorne pour l’hémisphère sud). Par extension, les tropiques désignent les parties du monde comprises entre ces deux parallèles, caractérisées en premier lieu par leurs climats. Mais ces domaines ont été considérés aussi dans des perspectives plus larges, et prises parfois comme sujet d’étude d’une partie de la géographie."
- Au sens large, il s'agit d'un domaine climatique plus complexe à cerner mais marqué par un bilan thermique très positif, lié à la durée du jour et à la hauteur du soleil au dessus de l'horizon.
1.2. Des territoires complexes et variés :
Des critères naturels pour marquer les limites de la zone : On vient de le voir, le principal critère est climatique. Cependant, si les régions intertropicales sont globalement marquées par des climats chauds et humides (pluvieux), on peut affiner cette affirmation :
- Il y a des climats plus humides, où l'humidité est étalée sur toute l'année et où les températures varient peu d'une saison à l'autre. Ce sont les territoires des plus basses latitudes (équatoriales) ;
- Il existe des climats aux saisons sèches et humides plus marquées (un été et un hiver) et où les températures varient également un peu (paroxysme de chaleur à la fin de la saison sèche, autour des équinoxes de printemps).
- Il existe des territoires marqués par le continentalité qui sont donc plus secs : des climats chauds et secs surtout dans les régions occidentales et centrales des masses continentales.
- Il existe des territoires marqués par un saison pluvieuse longue et abondante avec une saison plus froide sur les façades orientales notamment.
- Il ne faut pas oublier le rôle des moussons d'été, des courrants transéquatoriaux de l'hémisphère en hiver vers l'hémisphère en été. Ce "climat de mousson" reste bien entendu un climat tropical.
A ce critère bioclimatique, il faut ajouter les éléments végétatifs : on est dans des milieux naturels particuliers marqués par :
- La fragilité des écosystèmes : forêt tropicale sur des sols lessivés et eu épais, savane sèche, mangrove, etc.
- Une fragilité renforcée par un élément humain : une forte pression anthropique sur les marges de ces milieux : le long des axes de circulation (fleuves, routes, pistes), à proximité des villes. On pense bien sûr à la situation de l'Amazonie, de Bornéo, du Sahel ou des mangroves de l'Asie du sud-est.
Au delà du milieu naturel une diversité des sociétés humaines : Depuis la découverte des autres continents et leur mise en valeur par les occidentaux (colonisation), les géographes comme les autres scientifiques se sont aperçu de la variété des situations tropicales au delà de leurs points communs :
- L'Afrique a très vite été étudiée sous l'angle de territoires peuplés de civilisations considérées alors comme inférieures car disposant rarement de l'écriture ; On y oppose classiquement les peuples des forêts aux peuples des savanes, selon des critères raciaux nets.
- L'Amérique latine, après avoir été vue comme un vivier de ressources minière a été vue ensuite comme des territoires à coloniser, avec un esprit pionnier particulier (de MONBEIG à aujourd'hui) ;
- L'Asie a été vue comme un territoire du plein, où deux civilisations ont pu contredire l'idée générale des tropiques sans civilisations fortes : l'Inde et la Chine. Ailleurs, comme en Indochine, on met en avant la volonté d'aménager des territoires difficiles.
1.3. Des conditions de recherche particulières
L'isolement : Les chercheurs qui partent étudier les territoires tropicaux se sont sentis très tôt isolés : loin de la métropole et de la recherche universitaire classique, même s'ils puisent en elle les outils méthodologiques ou conceptuels. Cet isolement pousse les chercheurs à axer leur travail autour d'une géographie de terrain.
Cet isolement est aussi local : les géographes locaux restent peu nombreux, comme le montre l'étude d'Emmanuel Y. GU-KONU parue dans L'Espace Géographique 4-1992 intitulée Une géographie africaine pour quoi faire ? Il y montre que les géographes africains sont rares : 188 étudiants géographes en 1987 ... 75% étant formés hors d'Afrique, notamment en France (109), aux EU, GB ou au Nigéria. En revanche, on compte 114 africanistes, dont 59 % de Français et 23 % de Britaniques.
La collaboration : Une collaboration liée à l'isolement : les géographes tropicalistes ont très vite noué des liens avec les autres scientifiques isolés avec eux : naturalistes bien sûr, mais aussi ethnologues, sociologues, ... Une collaboration entre tropicalistes aussi, liée à un sentiment d'appartenance à un groupe particulier, comme le dit François DURAND DASTES dans son article sur les tropiques dans Hypergéo : il évoque une pratique, mais aussi des goûts, des circonstance et des affinités. Des géographes qui subissent les mêmes contraintes, partagent les mêmes problèmes existentiels.
Une certaine institutionnalisation en France particulièrement. Cela se fait surtout après 1947 et la chaire de géographie tropicale au Collège de France (Pierre GOUROU). Mais aussi par l'université, notamment celle de Bordeaux et le Centre d'Etude de Géographie Tropicale (CEGET), un laboratoire propre du CNRS de 1968 à 1992 ; une série de débats scientifiques sont lancés dans les années 1980-1990 autour de la géographie tropicale et le Tiers monde, jusqu'en 2007.
On peut aussi penser au travail réalisé au sein de l'ORSTOM (devenu IRD) où une section de géographie a été fondée.
Le rôle de Claude LEVY-STRAUSS est à rappeler : il appela au comité de rédaction de l'Homme, future Revue Française d'Anthropologie un géographe éminent, Pierre GOUROU. (1960).
Mais aussi les Journées de Géographies Tropicales qui se tiennent tous les ans à Pessac.
2.2. Le temps de la géographie classique et coloniale.
Avant la géographie universitaire :
Après la période chorographique de description du monde environnant et les tentatives d'explicqtions zonales chez les auteurs grecs antiques, il existe au XIX° siècle une période de description des territoires découverts par les Européens, une description faite par des militaires, des médecins militaires au service des puissances coloniales mais aussi par des naturalistes, comme Charles DARWIN.
La thèse de Frédéric THOMAS sur La construction d'un objet scientifique tropical : forêts et bois coloniaux d'Indochine (2003) montre comment entre 1960 et 1940 se construisent des représentations, des clichés par une "géographie in-situ", pratiquée par des sociétés de géographie (comme celle de Hanoï), des périodiques (Tour du monde, Revue indochinoise) ou encore par des missions scientifiques (la mission Pavie de 1879-1895). On y décrit une opposition entre les peuples des plaines, les agriculteurs qui gèrent bien et intelligemment leur territoire agricole et d'autre part les peuples des forêts qui sont isolés, incultes, en retard dans l'évolution technique et intellectuelle.
Ces travaux sont diffusés par les grandes Géographies Universelles :
- Conrad MALTE BRUN (1810-1826)
- Elisée RECLUS (1884)
- Paul VIDAL DE LA BLACHE et Louis GALLOIS (1929 pour la partie Asie des Moussons rédigée par Jules SION qui crée cette notion).
A l'étranger, il ne faut pas minimiser l'apport de la géogrpahie allemande, notamment par :
- Alexandre de HUMBOLDT et une vision naturaliste : dans les Andes, il observe les relations entre climat, relief, végétation, animaux et hommes, et dresse. Il innove aussi en matière de climatologie tropicale en observant les variations de température par rapport aux parallèles et invente le concept d'isotherme qui montre que le climat d'un point donné ne dépend pas seulement de sa situation géographique, mais aussi de son altitude, de la proximité des océans et des vents. Remarquant des grandes anomalies climatiques et magnétiques en désaccord avec la théorie, il prouve l'existence de dépressions au niveau de l'Équateur et d'anticyclones au niveau des Tropiques du Cancer et du Capricorne. Enfin, lors de sa longue expédition, il recense six mille espèces végétales et se penche sur la répartition de la flore en zones verticales et en régions horizontales.
- RICHTHOFEN (1833-1905) prend participe dans les années 1860-1872 à des expéditions en Chine, à Java, à Ceylan, aux Philippines, en Indochine et au Siam. Il en revient fasciné par ces régions inexplorées, mais aussi par l'importance du facteur humain dans la formation du paysage en extrême orient. Il est le premier géographe tropicaliste allemand et va fonder une longue traditionde tropicalistes par son approche et sa méthode maruqée par l'observation minutieuse sur le terrain ; la mise en évidence des interactions entre facteurs géographiques et processus dynamiques ; l'explication des formes et des phénomènes comme étant le résultat de forces dynamiques et de processus ; et la nécessité d'une problématique de départ, fondée sur l'observation, pour aborder l'analyse.
- RATZEL (1844-1904), naturaliste de formation et darwiniste convaincu pense que l'évolution des espèces est mue par le « milieu ». Il propose une "Anthropo-Geographie", à contre-courant de la tendance géomorphologique dominante à cette l'époque : une étude des interactions et des relations entre la surface de la Terre, qui change peu, et l'Homme, qui évolue constamment dans l'espace. Elle lui permet d'opposer des peuples primitifs (Naturvölker) aux peuples évolués (Kulturvölker). Le déterminisme naturel est donc un thème central chez Ratzel, qui s'intéresse tout particulièrement aux effets psychologiques et physiologiques de la nature sur l'Homme.
Les liens entre géographie classique et colonialisme :
- Marcel DUBOIS (1856-1916) est le premier universitaire à s'intéresser au monde tropical à travers la géographie coloniale. Il est nommé professeur de géographie coloniale à la Sorbonne en 1893. Sa thèse de doctorat ès lettres porte sur un sujet de géographie historique : les Ligues Étolienne et Achéenne, Systèmes coloniaux et peuples Colonisateurs (1895).
- Jean BRUHNES est celui qui va rédiger le premier travil universitaire sur le monde tropical en France, mais à la marge de celui-ci ; sa thèse porte sur la Géographie humaine de l'irrigation dans la péninsule ibérique et en Afrique du Nord (1901).
- Charles ROBEQUAIN : Il est en fait le premier à rédiger une thèse centrée sur un territoire tropical, en l'occurrence la province vietnamienne de Thanh-Hoa. dans ce thèse rédigée en 1929, il oppose deux mondes : celui des paysans de la plaine agricole, des groupes intégrés, dynamiques, organisés ; et le monde isolé des ethnies des montagnes. Il tébalit une classification basée sur le rôle des techniques agricoles avec une vision évolutionniste : les ethnies des forêts sont comme des enfants, celles des plaines comme des adultes ... mais restent inférieures aux annamites et aux colons ! ette géographie est marquée par une approche vidalienne par les milieux naturels et les régions naturelles autour de la notion de genre de vie : chaque groupe met en oeuvre des techniques propres pour satisfaire ses besoins en exploitant le milieu qu'il occupe. Ces techniques osnt considérées comme le fruit d'une adaptation au milieu naturel. A cette approche vidalienne, ROBEQUAIN ajoute li'dée de civilisation qui élérgit le genre de vie aux coutumes, images et symboles du monde transmis de génération en génération. Cependant son travail reste soumis à un fort déterminisme climatique qui confine à un "racisme climatique" voire à un classement évolutionniste des populations, des ethnies selon leur genre de vie, concept cher aux géographes classiques : les plus bas étant les chasseurs-cuiellleurs, les pêcheurs des mangroves, les plus hauts étant ceux qui sont en contact avec les colons ...
- Il ne faut pas oublier que les années de l'entre-deux-guerres est l'âge d'or du colonialisme, le temps des grandes expositions coloniales qui montrent comment la France et les Européens en général apportent lumière et civilisation aux peuples colonisés d'Afrique ou d'Asie. Le travail fait par Yves MARGUERAT sur les thèses de géographie tropicale présentées dans les années 1930 à 1960 montre bien que sur les 70 thèses, 43 portent directement sur l'empire colonial. Les géographes tropicaux sont donc là pour présenter la colonisation sous ses angles positifs, à savoir l'aménagement des territoires : une géographie au service des aménageurs coloniaux.
2.2. Pierre GOUROU, où comment passer de la géographie coloniale à la géographie tropicale.
Le déterminisme civilisationnel :
- Attention, Pierre GOUROU a toujours été un intellectuel de son temps, marqué par les influences repsctives du colonialisme et du structuralisme mais refusant le marxisme (notamment en restant circonspect face à la notion de sous-développement).
- Très vite, GOUROU a pris ses distances avec le possibilisme vidalien qui considèrait que l'homme comme agent géographique fait des choix volontaires et libres entre différentes possibilités offertes par la nature. Il préfère une approche culturaliste à partir d'une analyse des paysages humanisé et des densiotés de population.
- Il va développer l'idée d'une "civilisation paysanne" en 1936 dans Les Paysans du delta Tonkinois. qui explique que les facteurs explicatifs sont nombreux. Il préfère mettre en avant les facteurs sociaux, économiques, culturels et économiques par rapport axu facteurs naturels. Sa géographie se base alors sur trois piliers : des paysages humanisés + un milieu naturel + une civilisation. A noter l'importance chez GOUROU (comme dans la géographie classique) des paysages, auxquels GOUROU accorde une dimension esthétique qui le marque beaucoup. Un concept de civilisation jugé "mou" par Denis RETAILLE dans l'article "Géographie tropicale" du Dictionnaire de la Géographie et de l'espace des sociétés.
L'invention de la géographie tropicale :
- On peut légitimement dater l'invention de la géographie tropicale par Pierre GOUROU (donc le passage de la géographie coloniale à la géographie tropicale, d'un paradigme politique à un paradigme zonal) à 1947-1949.
- La première date correspond à la première édition de Les pays tropicaux ; la seconde correspond à la leçon ignaugurale au collège de France, lorsque GOUROU donne une vision pessimiste et encore fortement teintée de naturalisme du monde tropical. Dans ce monde tropical, l'homme est affaibli par les endémies et cultive des sols fragiles et peu fertiles. Il n'y trouve pas de "civilisation supérieure" c'est à dire capable de fixer durablement dans les paysages des traces et de fixer des populations denses. Seules exceptions : les Mayas, les Chinois et les Indiens. GOUROU refuse le déterminisme et le possibilisme mais convient volontiers que le climat et le milieu sont des contraintes fortes. Il pense encore que la sortie de la pauvreté passera par l'intensification des cultures d'exportations dans le cadre économique libre échangiste. Il reste ainsi dans le modèle colonial classique, étant perçu comme un "orientaliste tropical" pour les géographes anglo-saxons marqués par les lectures d'Edward SAID (BOWD, CLAYTON - 2005).
L'importance de l'encadrement social et intellectuel :
- En 1966, Pierre GOUROU réédite Les pays tropicaux. Il tempère son pessimisme initial et le naturalisme pour y substituer une reflexion sur le retard de la recherhce scientifique et de la technologie sous les tropiques. Il pense qu'il faut faire une révolution verte (sans utiliser cette expression) basée sur l'irrigation, les engrais, la selection des plantes, la mécanisation et la motorisation mais de manière progressive.
- En 1982, GOUROU publie un ouvrage important : Terres de bonne espérance : le monde tropical. il y développe une vision plus optimiste des tropiques se basant sur des critères naturels positifs (ensoleillement, ressources en eau). Il propose l'idée d'une "écologie humaine" , un développement surtout agricole basé sur des bonnes "techniques d'encadrement". Il ne compare plus les deux mondes (tempéré et tropical) au point de vue de l'infériorité mais des différences.
Pierre GOUROU face aux problématiques de développement :
- C'est aussi depuis les années 1970 qu'il se pose en opposant à la notion de développement qu'il juge superficielle et aux objectifs peu clairs. Les termes de "sous-développement" et de "développement" sont toujours écrits entre guillemets car iul les trouve trop marqués dans le temps : pour lui le développement est plus qu'économique et se mesure à plus long terme (vers une développement durable ???) Bref, il refuse une occidentalisation des territoires tropicaux, que ce soit sous l'influence capitaliste ou sous l'influence marxiste (vers un Tiers monde ??) Selon lui, le développement de ces territoires doit se faire en suivant des modèles du sud, comme il l'explique dans son dernier ouvrage L'Afrique tropicale, nain ou géant agricole ? en 1991 (8 ans avant sa mort) : l'Afrique doit copier l'Inde, pas l'Europe et éviter les cultures tropicales d'exportation pour des cultures vivrières tournées vers des marchés africains protégés.
2.3. La tropicalité.
Un changement de paradigme : l'apport d'Edward SAID :
- Edward SAID dans son livre Orientalisme, l'Orient créé par l'Occident en 1978, donne naissance aux études post-coloniales en général. Il y montre comment le regard des occidentaux sur le monde oriental a forgé celui-ci et les représentations de ce dernier. Il permet aux intellectuels de s'interroger sur le fond de leur recherches, sur le regards qu'ils portent à leur sujet.
- Ainsi à l'heure des reflexions sur la nouvelle géographie, se pose aussi la question du regard des géographes sur des territoires anciennement colonisés qui gardent la marque de la colonisation non seulement dans les paysages ou l'économie mais aussi dans les esprits à la fois des anciens colonisés mais aussi des anciennes puissances coloniales.
- Dans la même logique, il ne faut pasoublier que des universités sont créées dans les années 1960 dans les pays nouvellement indépendant, si lespremières recherches sont toujours menées par des occidentaux, le personnel local est aussi formé, des écoles de géographie apparaissnet à Dakar, Youndé ou Brazzaville.
L'apport de l'étude systémique :
- Continuant les reflexions de Pierre GOUROU contre le déterminisme et le possibilisme, les géographes vont utiliser les réflexions de Georges BERTRAND sur les géosystèmes. La géographie va s'affranchir du classicisme vidalien pour s'engager vers une recherche associant les élements naturels et les éléments humains sans dégager de priorité de l'un sur l'autre. On entre dans des relations plus complexes et surtout non hierarchisées par automatisme.
- L'étude des géosystèmes dépasse l'échelle locale des écosystèmes des naturalistes et des biologistes. Il intègre aussi l'homme de manière plus importante mais aussi pense à se placer sur des échelles de temps plus longues.
L'apport de la nouvelle géographie anglo-saxonne :
- Face aux idées de Pierre Gourou, une critique sévère apparait autour de la notion de développement et de sous-développement (terme issu d'un discours du président des Etats-Unis TRUMANN en 1949), en mettant en avant les critères économiques. Une géographie du développement qui ne se base pas sur des éléments culturels, ou naturels (comme la tropicalité), mais sur les éléments édconomiques et sur la diffusion spatiale des innovations autour du modèle centre/périphérie.
- Ils utilisent les apports de la géographie radicale qui remet en cause les relations nord-sud en remettant en question les sources des scientifiques, leur regard. Ils dénoncent ainsi la dérive culturelle de la tropicalité et veulent insérer dans le raisonnement les logiques de lutte de classes.
- Attention, ces critiques sont à relativiser, puisque GOUROU lui même s'intéresse à l'économie, même s'il ne la met pas comme élément moteur ou premier.
François DURAND-DASTES et l'importance de l'espace :
En 1995, François DURAND-DASTES propose d'aller plus loin dans la réflexion sur les sytèmes pour rompre définitivement avec la logique linéaire qui cherchait un principe explicatif déteminant. Il entend ajouter au géosystème l'idée de logiques de l'interaction. Pour lui, il y a une "boucle de rétroaction". Prenant l'exemple de la riziculture, il explique qu'il y a :
- une rétroaction positive entre riziculture et fortes densiotés de population : la riziculture fournit une grande quantité de calories à l'hectare mais nécessite beaucoup de temps de travail.
- Sans rétrocaction négative, population et production augmenteraient sans cesse. Il y a donc des rétrocations négatives entre les ressources limitées en eau et en sols qui limitent ainis la croissance de la production de riz et la croissance de la population.
De plus, d'autres structures interviennent, comme les aménagements agraires existants (les digues, les barrages, les canaux d'irrigation, les formes de l'habitat), comme les structures sociales (la communauté villageoise par exemple). Ces structures contribuent au maintien du système.
Ainsi, la riziculture a permis de dégager des surplus pemettant de créer des villes et une population urbaine (cadres, commerçants, appareil d'Etat, etc.) qui a pu mobiliser une force de travail permettant des aménagements lourds qui ont renforcé la densité de la population.
Pour François DURAND DASTES, le déterminisme est bel et bien à oublier : s'il y a de la riziculture irriguée en Asie et pas en Afrique, c'est lié nonseulement à des conditions naturelles (comme la mousson) mais aussi à la distance vis à vis des réseaux des grandes voies de circulation. Il ya donc une part d'aléatoire certaine.
Donc, l'espace en tant que produit social peut agir sur la société : il ya interaction entre le social et le spatial. "La société fabrique son espace, mais elle se fabrique en même temps par l'intermédiaire de son espace".
La prise de conscience d'une France tropicale :
- Une prise de conscience tardive pour quatre territoires, DROM : Guyane, Martinique, Guadeloupe et Réunion. Tardive cer les études sur ces îles ont été longtemps coloniales.
- On pense aussi à la réflexion sur les îles tropicales et leur modélisation (notamment autour de la Réunion).
- La France tropicale n'est donc pas vue comme tropicale mais comme ilienne, isolée, plus que tropicale. Ce que l'on met en avant ce sont les risques liés à la tropicalité (cyclones) et les aménités (tourisme, agriculture) mais pas forcément la tropicalité en elle-même (peut-être trop marquée par les réflexions d'Aimé Césaire sur la négritude et la tropicalité).
3.1. Une nature toujours trop présente ?
La tropicalité vue par Jean DEMANGEOT :
- Dans son ouvrage Tropicalité. Géographie physique intertropicale A. Colin, 1999. J. DEMANGEOT reprend une lecture naturaliste de la tropicalité. Comme ses prédecessuers de la géographie vidalienne, il base son travail d'abord sur la très grande ancienneté des terres tropicales, émergées depuis 80 millions d'années, soumises à un climat presque toujours chaud et humide, formant d'immenses plateformes aplanies par l'érosion, accumulant des sols d'une grande épaisseur, permettant l'éclosion et l'épanouissement de millions d'espèces végétales parfaitement adoptées au milieu et qui sont toujours là. Cette pérennité forme le fil directeur de l'ouvrage :
- Les six premiers chapitres analysent les spécificités thématiques, les mécanismes climatiques, l'hydrologie tropicale, l'empreinte des paléoclimats, en particulier sur la morphologie, la richesse du monde vivant, les sols et les latérites.
- Les cinq chapitres suivants sont consacrés à l'analyse des grands domaines: milieu forestier, steppes et savanes, montagnes tropicales, milieux aquatiques, îles et rivages.
- Un dernier chapitre aborde l'étude des risques naturels.
La tropicalité vue par François HALLE :
- En 2010, François HALLE, un naturliste, publie La condition tropicale, une histoire naturelle, économique et sociale des basses latitudes, Actes Sud. Il y explique sa vision de la tropicalité : Il pose comme postulat une vision déterministe. Pour lui, l'élément central de la tropicalité est naturelle : l'importance des critères actronomiques et particulièrement le photopériodisme (liée au nombre d'hures de lumière pendant la journée) qui iduit que la vision du temps est différente sous les tropiques que sous les climats tempérés. Sous le stropiques, le temps est tournant (un terme issu de la réflexion de Jean MALURIR sur les peuples premiers), cyclique, immuable, alors que sous les climats tempérés, le temps est courrant, linéaire, et même croissant.
- Ce photopériodisme a des effets naturels (des milieux très riches, les plus riches en biodiversité sont les forêts primaires et les mangroves), mais aussi des effets sociaux (prédominance du groupe sur l'individu ... qui en fait est un élément présent dans toutes les sociétés traditionnelles, des tropiques ou d'ailleurs), des effets politiques (un goût pour les révolutions et les coups d'Etat ... hum hum), des effets sanitaires (le complexe pathogène cher aux géographes de la santé depuis les travaux de Max SORRE), et même des effets géographiques (des relations nord-sud plus fortes que les relations est-ouest ... mais il se place dans une lecture actuelle ou récente des faits, pas sur le temps long et ounlie même les choix actuels du Brésil ou de la Chine et de l'Inde. De même, L'Indonésie, Honk-Kong ou Singapour ne se positionnent pas seulement dans des relations nord-sud, ils sont sur des axes maritimes plus complets). Autre critique faite à son travail : il oublie souvent de jouer sur les échelles.
- Son travail a été salué dans sa dimension naturaliste, mais fortement critiquée dans les années 2010-2011 dans ses aspects humains ou géopgraphiques, notamment dans l'Espace Géographique.
Une nature présente mais qui n'est plus étudiée pour elle-même :
- La nature des géographes tropicalistes est vue sous l'angle des risques. En effet, nombreux sopnt les aléas qui marquent les territoires tropicaux : les cyclones, les inondations, les glissements de terrain, mais aussi des risques naturels liés à l'anthopisation des milieux : déforestation, désertification, artificialisation. Des phénomènes qui ne marquent pas spécifiquement les milieux tropicaux mais où ils sont peut-être plus sensibles car plus fragiles. (voir les travaux d'Yvette VEYRET mais aussi de Jean GALLAIS, Les Tropiques, terres de risques et de violences, A. Colin, 1994)
- La nature est aussi toujours vue sous l'angle médical, de la géographie de la santé, sous tous ses angles, tant celui de l'accès aux soins, de la démographie, des risques sanitaires, du complexe patholgique, des, maladies tropicales, ou encore de l'analyse des politiques de santé. (Voir les travaux de Gérard SALEM ou Emmanuel VIGNERON).
- Un monde rural toujours paysan, mais qui a perdu sa place centrale dans les études géographiques, pour des raisons sociales et universitaires (un monde rural moins central dans la population + des études moins nombreuses car plus axées vers les villes). Aujourd'hui, ce monde rural est étudié pour l'évolution des problèmes fonciers (fronts pionniers, réformes agraires, achat de terres ou locations pour 99 ans, etc. ) ; pour la modernisation des systèmes agricoles ; pour l'évolution des paysages. Les terroirs peuvent se briser (Burkina Faso) ou se défaire par disparition des usages communautaires (les Serer du Sénégal), ou encore par la dégradation des conditions écologiques (chez les Serer ou en Casamance, dans le Nordeste brésilien, dans les Andes, etc.) Ils peuvent aussi se renforcer, sous la pression démographique ou touristique.
3.2. Des villes enfin étudiées pour elles mêmes
Odette LOUISET dans son Introduction à la ville, A.Colin, 201,1 explique "qu'avant d'en arriver au tableau contemporain d'une ville unifiée par la mondialisation, les villes d'ailleurs ont été intégrées dans le tableau géographique sous trois faces successives qui sont très mêlées plutôt qu'elles ne se présentent en véritable succession : ville coloniale, ville tropicale, ville sous-développée, la ville tropicale manifestant sans doute une originalité de la géographie francophone. Mais très généralement, et à travers les trois approches, c'est le plus souvent sinon toujours d'urbanisation qu'il a été traité et fort peu d'urbanité malgré l'étrangeté des moeurs qui était relevée : des plans, des gestions, vite refoulés dans la normalité. Le modèle implicite de ce que doit être la ville n'a pas été entamé par la nécessité de faire une place à ces autres villes au contraire. On reconnaîtra néanmoins, sous une forme culturaliste, la place qui a été faite à des originalités qui pouvaient empêcher le développement de la vraie ville. Parmi ces originalités, figure la mobilité de la « ville elle-même » : camp royal ou marché du pouvoir en Afrique, la quasi-réduction de la ville au palais impérial et à ses dépendances comme en Chine ou en Inde moghole, au temple souvent. C'est la complexité et la convergence des fonctions qui semblent manquer à ces situations originales. Sans doute manquait-il aussi aux observateurs de la matérialité géographique de percevoir la complexité des relations sociales cachées derrière ces apparences."
Les villes coloniales :
- Les villes coloniales sont bien présentées dans les ouvrages des géographes, mais elles sont présentées comme des façades sans activités associées. Lorsque Jules SION décrit Hanoï dans la Géographie Universelle (1929) , c'est pour montrer que la ville "a su conserver une physionomie bien française dans un décor asiatique".
- Les villes précoloniales sont souvent oubliées, car elles sont signes d'un passé négatif, celui d'un temps précolonial. On s'intéresse parfois à leurs ruines.
Les villes dans la géographie tropicale :
- Elles ne sont pas non plus étudiées pour elles même, puisque les études sont toujours centrées sur les sociétés rurales, paysannes. Lorsque les villes sont étudiées, dans les années 1960, c'est sous le prisme du sous-développement et de la croissance urbaine. La géographie tropicale reste d’abord et surtout rurale. Pourtant, même chez GOUROU, la ville est aussi le lieu de la modernisation, de la libération individuelle, de la salubrité par opposition à la campagne arriérée, traditionaliste ; une ville, etsurtout la grande ville, qui entraîne cependant la perte des repères culturels et sociaux en provoquant des changements dont les conséquences sont le plus souvent négatives.
- Ce n'est qu'après les années 1960 que la ville prend de l'importance dans les travaux de recherche, quelques thèses y sont consacrées (Pointe Noire (P. VENNETIER, 1968), Douala (G. MAINET, 1985), Lima (J.-P. DELER, 1974), Kinshasa (M. PAIN, 1979), Calcutta (J.-L. RACINE, 1986), Mexico (J. MONNET, 1993). Des villes décrites à travers le prisme de la "crise urbaine" et les formes originales de relais du développement qu’elles abritent. La recherche française étudie plus particulièrement l'Afrique occidentale et le Maghreb (francophones) même si elle n'ignore pas les villes asiatiques et latino-américaines. Cette forte représentation de l'Afrique noire (ou tropicale) oriente pour partie les directions de la recherche : réputées absentes ou peu étendues avant la colonisation, les villes sont considérées comme "duales" avec d'un côté un noyau colonial, la ville blanche ou "vraie ville" se différencie des quartiers indigènes d'abord liés à la colonisation puis en rapide croissance après les indépendances. Mais ce qui caractérise alors la ville c'est d'abord la pauvreté (déjà décrite par les tropicalistes des années 1930-1940) à travers le paradigme du sous-développement avec un modèle souverain qui s'impose à toutes les échelles (depuis le monde jusqu'à l'intra-urbain) : celui du centre/périphérie.
Les villes dans la géographie radicale :
- Elles aussi sont vues négativement : la géographie radicale vent dénoncer le sous-développement comme résultat de l’exploitation néo-colonialiste. Ainsi la ville occupe deux positions contradictoires : les géographes occidentaux et radicaux y voient le relais de l'impérialisme et la concentration de tous les maux, notamment l'exploitation de la campagne et la concentration d'un volant de main-d'oeuvre déracinée et bon marché. La ville devient alors une invention occidentale, coloniale et impérialiste destinée à organiser l'exploitation des sociétés dominées qui ne peuvent être que rurales. Cette reproduction d'un schéma idéologique a constitué la base d'une doctrine révolutionnaire maoïste largement reprise dans les études radicales portant sur le développement du sous-développement. Mais la ville est aussi le lieu de la concentration des prolétaires donc de leur possible mobilisation.
- Ces études géographiques furent donc l'occasion d'enquêtes sur la circulation et les transports des produits agricoles vers lesmarchés urbains et sur les orientations technico-économiques imposées au monde rural avec leurs conséquences : la déstructuration des structures agraires traditionnelles et l'exode rural présenté comme le facteur le plus négatif possible de la croissance urbaine, responsable du déracinement d'une part et du chômage structurel qui alimente l'exploitation du travail soit dans les formes modernes de l'emploi salarié soit plus encore dans les circuits informels dont les détenteurs de pouvoir de la société traditionnelle et de la bourgeoisie extravertie sont les organisateurs et les bénéficiaires.
- De même, les géographes s'intéressent à la démographie des villes, à l'urbanisation non maîtrisée, mais aussi au désordre né de cette croissance, à travers les bidonvilles.
L'apport de la géographie culturelle :
- Avec Augustin BERQUE ( Du geste à la cité,1993) qui voit dans la ville japonaise un anti-modèle de la modernité occidentale, s'opère un nouveau regard sur les villes tropicales. Il reprend les idées du philosophe japonais (phénomènologiste) WATSUJI, qui pesne que la ville japonaise serait mieux adaptée aux manières d'habiter et qui ne saurait prétendre à l'universalité, bien au contraire. Espace et temps sont à la mesure de la relation qui s'établit entre des objets qui ne sont pas sujets. La ville n'a pas de centre ni de monuments et la nature y est présente bien que sous la forme de signes très ténus. La ville, d'ailleurs, n'apparaît pas comme une enveloppe très soulignée, entre le micro-espace de la maison et de la maisonnée, et l'œcoumène. Ce n'est pas par la ville que s'établit le lien social. Là encore, comme espace privilégié du politique, elle ne semble avoir guère de sens. Elle n'a pas de murs : les montagnes environnantes en jouent le rôle. Dans la définition de la ville, la question de la nature est encore centrale, mais réglée d'une façon différente. Augustin BERQUE y voit un défi à la définition d'une modernité universelle sans pour autant choisir la voie du relativisme ou de l'incomparabilité. Car le problème le plus englobant est celui de la rencontre, à l'intérieur d'une seule société, de fondements idéologiques pour les choses et pour les êtres humains, à première vue incompatibles. La priorité accordée ici au sens, interdit d'interpréter les formes urbaines comme une mondialisation de l'imitation ou une victoire définitive du modèle de la domination. Une approche culturelle qui n'évacue pas les systèmes de relation, les échanges, et privilégie la poursuite de l'invention de la culture, offre de riches possibilités d'interprétations et peut-être d'action. L'importation comme toute forme d'échange n'est pas seulement porteuse de sens mais génératrice de sens.
4.1. Au collège
En sixième (thème annuel : habiter)
- Les tropiques ne sont pas étudiés pour eux-même, comme tous les autres milieux, mais ils sont abordés dans la partie II, pour expliquer la répartition des hommes sur terre, notamment à travers l'exemple de l'Asie de l'Est. Les élèves doivent localiser les espaces faiblement peuplés.
- A travers les études d'habiter la ville et d'habiter le monde rural, on peut utiliser un exemple dans les mondes tropicaux dans les études de cas où le cadre de vie, les conditions naturelles et de développement servent de critères de comparaison. (thèmes III et IV).
- L'étude d'habiter les littoraux peut aussi être l'occasion, à travers une étude de cas sur un littoral touristique, de s'interesser au monde tropical (thème V).
- Enfin, le thème VI Habiter des espaces à fortes contraintes est peut-être le moment le plus privilégié pour étudier un territore tropical, que ce soit dans une ou deux études de cas (île, désert chaud ou froid, montagne) mais aussi lors de la généralisation.
En cinquième : (développement durable) :
- Si les tropiques et la tropicalité ne sont pas au coeur du programme, qui se centre sur le développement durable, les parties 2 et 3 et les études de cas peuvent se préter à des études de cas situées dans la one tropicale. En effet, la partie 2 propose d'étudier les inégalités de conditions de vie, de richesse et de développement à différentes échelles et la partie 3 invite à s'intéresser aux liens entre sociétés et ressources. Deplus, les instructions officielles précisent bien que le programme se place dans différents territoires et qu'il doit permettre aux élèves d'appréhender le développement durable à l'échelle du monde.
- Dans la partie 1, le thème 2 sur les dynamiques de la population repose sur deux études de cas parmi 4 choix proposés. Les 4 territoires proposés sont tous des territoires tropicaux : Inde et Chine pour montrer l'évolution démographique, Amérique latine et Afrique pour montrer l'existence de fronts pionniers plus ou moins vastes.
- Dans la partie 2, les sociétés inégalement développées se prètent elles aussi à des études de cas qui peuvent être centrées sur les tropiques :
- thème 1, la santé : indirectement par l'étude des infrastructures de santé entre pays riches et pauvres (attention, tous les pays pauvres ne sont pas tropicaux).
- Thème 2, l'alphabétisation : rien (échelle mondiale) ;
- Thème 3, les sociétés face aux risques. Le programme demande d'étudier dexu études de cas, une dans un pays riche, l'autre dans un pays pauvre. Si la tropicalité n'est pas synonime de pauvreté, on a vue que les risques naturels s''y concentrent, pour des raisons géologiques ou climatiques.
- Thème 4 (obligatoire), la pauvreté dans le monde. Même remarque que précédemment sur la relation tropiques – pauvreté.
- Partie 3 : des hommes et des ressources ; 5 thèmes sont proposés :
- Thème 1 : les ressources alimentaires : Sur les deux études de cas à choisir, les deux proposent de traiter les tropiques, soit directement, avec l'étude des ressources alimentaires du Brésil, soit par la comparaison de la situation alimentaire dans deux sociétés différentes (mais pas forcément tropicales).
- Thème 2 : La question de l'accès à l'eau propose deux études de cas à choisir, l'une en Australie (pays tropical, il ne fait pas l'oublier), l'autre au Maghreb (à la limite du monde tropical, même en dehors). La carte du monde permet aussi de montrer que les tropiques sont soumis à un double défi face à l'accès à l'eau : la quantité (ressource abondante ou rare, selon la pression démographique) et celle de la qualité et de l'accès dans des pays souvent pauvres ou mal gérés (corruption des élites, choix politiques discutables privilégiant telle ou telle région ou groupe, conflits, ...)
- Le thème 3, Gérer les océeans et leurs ressources propose lui aussi de choisir l'étude de cas soit dans un territoire maritime tempéré (l'Atlantique nord), soit de le faire dans un territoireà préciser, celui des tropiques.
- Le thème 4 Ménager l'atmosphère s'intéresse peu aux tropiques, sauf dans la généralisation où onpeut rappeler que les villes tropicales sont aussi soumises à des enjeux sanitaires liés à la pollution atmosphérique (transports, industries)
- Le thème 5 sur l'énergie propose un choix entre une étude de cas sur la Russie (hors sujet) ou sur le Moyen Orient (dans la zone tropicale en partie).
- En quatrième et troisième, rien de spécifique, sauf lorsqu'on aborde les questions internationales dans le cadre de la mondialisation.
4.2. Au lycée
En seconde :
Le thème central du programme est aussi le développement durable. Il ne traite donc pas spécifiquement des tropiques, mais comme en cinquième, on y retrouve des territoires tropicaux ou des phénomènes liés à la tropicalité :
- Le thème introductif évoque les enjeux du développement durable : pas grand chose.
- Le thème 2 (pas de thème 1) Gérer les ressources terrestres propose de choisir parmi trois questions dont les études de cas
sont spécifique : nourrir les hommes, l'eau, les énergies. Les études de cas ou les exemples lors de la généralisation peuvent être choisis librement dans toutes les parties du monde.
L'enseignant en choisira donc aussi dans les mondes tropicaux, que ce soit pour les problématiques liées à l'alimentation, à l'eau ou même à l'énergie.
- Le thème 3 Aménager la ville peut aussi s'appuyer sur une étude de cas (sur les deux demandées) choisie dans le monde tropical. Il s'insère donc dans une logique tropicaliste moderne, hors de la vision classique et déterministe des tropiques.
- Le thème 4 Gérer les espaces terrestres propose trois thèmes (deux à enseigner) : les mondes arctiques (hors sujet) et surtout les littoraux et les risques majeurs dont on a vu l'importance dans la zone tropicale.
En première, le programme est centré sur la France et sur l'Europe. Cependant, une petite ouverture sur les mondes tropicaux est offerte aux enseignants à travers les DROM.
En Terminale …