Un territoire fragile et sous tension.
Présentation des documents :
Ces quatre documents sont de nature différente : un article d'un journal national, 20 minutes, qui reprend les informations d'une agence de presse, l'AFP ; un extrait d'une revue de géopolitique, Herodote, qui montre les débats politiques autour de la préservation du littoral mais aussi des enjeux autour de son aménagement. Ces deux documents montrent que ce territoire est soumis à un regard national et non pas seulement local.
Enfin, une image satellitale, issue de Google Earth et retravaillée pour que les élèves puissent se repérer montre comment la ville de Porto Vecchio s'étend de plus en plus, entraînant un mitage du territoire rural par l'urbain. Associée au document 8, elle montre qu'on construit plus de logements dans le sud de la Corse qu'autour d'Ajaccio ...
Questionner les documents :
Cette troisième partie de l'étude de cas vise à faire comprendre qu'habiter un littoral touristique comme celui de l'extrême sud concentre des enjeux que l'on doit lire à différentes échelles :
-
enjeux environnementaux : la protection de la nature sur terre comme en mer (échelle locale) ;
-
enjeux économiques : le tourisme, activité
dominante, est un secteur fortement concurrentiel. Il est associé au secteur résidentiel (construction). L'aquaculture s’est développée sur quelques sites (Santa Manza, Pinarello
et Ventilegne), l'agriculture est en recul (11 exploitations de moins par an en moyenne ces dernières années et 1/3 des 345 exploitations considérées comme professionnelles selon le RGA de 2000). (échelle locale, nationale et internationale)
- enjeux politiques : quels aménagements prévoir, quelle place donner aux différents acteurs économiques, sociaux, politiques ? (échelle locale et nationale)
- enjeux sociaux : faire cohabiter touristes, habitants (toujours plus nombreux et comptant plus de retraités que la moyenne nationale), saisonniers, ... (échelle locale)
Objectifs et mise en œuvre :
1. Pourquoi ce littoral est-il fragile ? (documents 11 et 12)
2. Souligner dans les documents les acteurs qui interviennent dans le débat autour de la protection du littoral (documents 11-12-13)
3. Quelles solutions sont proposées ? (document 11 et 12)
4. Compléter l'organigramme suivant : Organigramme Porto Vecchio
Document 11 : Les bouches de Bonifacio classées «zones maritimes particulièrement vulnérables»
D'après un article du journal 20 minutes, 29 aout 2011.
Source : http://www.20minutes.fr/article/777000/bouches-bonifacio-classees-zones-maritimesparticulierement-vulnerables
Mérous, coraux, posidonies, cormorans… La réserve naturelle des bouches de Bonifacio abrite 37 % des espèces remarquables de Méditerranée. Les 79.460 hectares entre la pointe sud de la Corse et la Sardaigne sont désormais classés «zone maritime particulièrement vulnérable». Ce statut permettra de mieux contrôler la navigation m
aritime dans le détroit et de mettre en place de nouvelles mesures de protection des mammifères marins.
Chaque année, plus de 4.000 navires empruntent le détroit des bouches de Bonifacio. Selon le ministère de l’Ecologie, 10% de ces bateaux transportent des matières dangereuses pour l’environnement, notamment des hydrocarbures. [...] Pour améliorer le contrôle des bateaux, la France et l’Italie ont obtenu de l’Organisation maritime internationale (OMI) le classement en «zone maritime particulièrement vulnérable» [...]
Les mammifères marins devraient également bénéficier du classement des bouches de Bonifacio, qui font partie du sanctuaire marin Pelagos, destiné à protéger les dauphins, cachalots ou rorquals de Méditerranée des activités humaines. D
epuis l’arrêté du 1er juillet 2011, toute perturbation intentionnelle des animaux, ainsi que la destruction ou la dégradation de leurs aires de repos ou d’alimentation sont interdits. [...]. Un premier pas avant la création d’un parc marin international qui réunirait les deux réserves naturelles, française et italienne, des bouches de Bonifacio.
Document 12 : Un littoral au coeur de choix politiques corses.
En 2004, un débat l’aménagement possible de la loi littoral va cristalliser le débat politique en Corse. Les nouveaux dirigeants de la CTC évoquent alors la nécessaire « désanctuarisation » des rivages de l’île. Dans le journal Le Monde du 2 avril 2006, le président Camille De Rocca Serra déclare ainsi que « le passage de 12% à 20% de domaine constructible sur la zone littorale offrirait une vraie bouffée d’oxygène » à l’économie corse. Les élus mobilisent des associations de propriétaires lésés par la non-constructibilité de leurs terrains, en particulier dans le sud de l’île. Un « Collectif du 24 juillet » est alors créé au cours de l’été 2004 pour réclamer l’assouplissement de la loi. [...] Les arguments développés de part et d’autre sont légitimes. Le coût élevé de l’immobilier en Corse est une conséquence de plans locaux d’urbanisme (PLU) sélectifs qui classent souvent en terrains agricoles non constructibles les propriétés des citoyens les moins influents. Il est vrai également que la forte valorisation immobilière de ces dernières années suscite des appétits immobiliers. De son côté, le « Collectif pour la loi littoral » fédérant 16 associations écologistes entend mener dans un cadre démocratique un combat pour le maintien et la stricte application de la loi littoral. La presse locale et nationale fait largement écho à ce débat (Marianne, 18 au 24 août 2007,
« Ces promoteurs à l’assaut du littoral » ou Le Point, 30 août 2007, « Ces autonomistes qui
laissent bétonner la Corse »). Les services de l’État jouent désormais le rôle d’arbitres et de médiateurs entre les deux parties adverses.
Joseph Martinetti, Les tourments du tourisme sur l’île de Beauté, revue Herodote n° 127. 2007.
source : http://www.herodote.org/spip.php?article308
Document 13 : Nombre de logements autorisés par les permis de construire entre 1998 et 2008 constructions autorisées
PortoVecchio
Document 14 : L'importance du mitage urbain autour de Porto Vecchio, l'exemple du sud-ouest de la ville :
(fond d'image : Google Earth) mitage urbain autour Porto
Vecchio
Document 15 : La réserve naturelle des bouches de Bonifacio réserve naturelle
des bouches de Bonifacio
http://educorsica.fr/v/GEOGRAPHIE/50+DOCUMENTS+POUR+UNE+GEOGRAPHIE+DE+LA+CORSE/24+-+DOC_1+-+ORGANISATION+DES+ACTIVITES+DE+GESTION+DANS+LA+RESERVE+NATURELLE+DES+BOUCHES+DE+BONIFACIO.JPG.html
Document 16 : bande des 100 m Porto Vecchio
source Corse Matin, 24 mai 2008
Document 17 : Les Bouches de Bonifacio, une zoneà risques. Bouches de Bonifacio
source : http://www.marine-marchande.com/informations-maritimes-2732.htm
Document 18 : Le problème des produits alimentaires, l'accident du Fenes en septembre 1996.
Comme tous les autres produits transportés par voie maritime, des produits alimentaires se retrouvent occasionnellement déversés au large ou sur les côtes, à la suite d'un abordage, d'un naufrage ou d'un échouement. Quand il n'y a pas eu mort d'homme, la première réaction à l'annonce de ces accidents est une expression de soulagement : c'est malheureux pour l'assureur, mais les poissons vont se régaler.
L'analyse est naturelle, mais pas tout à fait exacte. Les poissons sont loin de se précipiter sur ces nourritures en nombre suffisant pour éliminer des centaines de tonnes déversées en masse, même au terme de plusieurs mois. Le produit va donc être plus ou moins largement transporté par les courants, évoluer selon sa nature (émulsification, rancissement, polymérisation, fermentation...) et en tout état de cause se putréfier, générant une prolifération bactérienne et des dégagements gazeux, donc polluer.
L'accident du Fénès
C'est ce genre de situation qu'a vécu la réserve naturelle des îles Lavezzi (bouches de Bonifacio) après l'échouement du céréalier panaméen Fénès, le 25 septembre 1996, sur l'île même où la frégate la Sémillante, en route pour Sébastopol, s'était fracassée le 15 février 1855 avec 773 hommes à bord, dont aucun ne fut sauvé.
Il n'y a pas eu mort d'homme cette fois-ci, ni même de pollution par hydrocarbures, grâce à la réaction rapide de la Préfecture Maritime de la Méditerranée et de l'assureur du navire. Le fioul de propulsion et les huiles du navire furent enlevés dès le 10 octobre. Mais les tempêtes de l'automne éventrèrent peu à peu le Fénès et sa cargaison se déversa autour de lui dans une crique d'éboulis rocheux, profonde d'une dizaine de mètres.
Sur un peu plus d'un hectare, un herbier dispersé de posidonies (espèce protégée depuis 1988), les algues et animaux sessiles se retrouvèrent enfouis sous des dizaines de centimètres voire plusieurs mètres de blé. Les responsables de la réserve des îles Lavezzi s'en inquiétèrent très logiquement, craignant un impact à terme pour l'environnement. Relayée et amplifiée par des expressions de colère d'élus et d'associations mobilisés depuis longtemps sur le problème des risques de la navigation dans les bouches de Bonifacio, cette inquiétude atteignit vite dans la presse régionale la qualification de « cancer sous la mer ».
Il fallait agir, enlever non seulement l'épave mais aussi le blé. [...] Dès le 31 octobre, l'armateur reconnut que l'enlèvement du blé était techniquement faisable. Il restait à en justifier la nécessité. Dans le cadre de la législation française, cela impliquait qu'il y ait pollution, ou au moins que le blé déversé soit qualifiable de déchet. La situation de pollution fut formellement établie par une cellule de concertation scientifique, réunie le 14 novembre à la Préfecture Maritime. Les opérations de pompage commencèrent le 4 décembre. Le 13 janvier, après 10 opérations d'emport et de déversement au large, pour une quantité totale estimée aux environs de 2 500 tonnes de blé humide, représentant autour des trois quarts du chargement du Fénès, la Préfecture Maritime donna acte d'achèvement des travaux à l'armateur, sur proposition des plongeurs de la réserve. L'objectif de base était atteint.
Le suivi écologique a fait apparaître un impact notable sur 8 hectares dont une atteinte sévère sur 3,9 hectares avec, entre autres, destruction de 2 500 m2 d'herbiers de posidonies. C'est donc un effet indubitable, mais heureusement localisé et géographiquement modeste en regard des 10 000 hectares de la réserve marine.
D'après le Cèdre. http://www.cedre.fr/fr/accident/fenes/fenes.php