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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Sortir les territoires urbains des marges en France

Publié le 26 Juin 2017 par geobunnik in La France des marges

Introduction :

  • Je passe l'accroche : vous pouvez la trouver dans des exemples d'aménagement ou de politiques urbaines.
  • Définition du sujet :
    • « Les territoires des marges » = des territoires de l'à-côté, qui se définissent face à une norme et qui refusent ou sont refusés par cette normalité. Souligner le pluriel de territoires, qui induit une pluralité de ces territoires qu'il faudra traiter. Or, les villes accueillent aussi des territoires en marge, nombreux et variés liés à l'histoire de la ville, de ses habitants et liés aussi à des actions extérieures (désindustrialisation, mondialisation, concurrence entre territoires, …)
    • « sortir » = Ce sujet invite à réfléchir dans certaines temporalités à travers l’évolution de ces marges, mais aussi (et surtout) à travers la volonté d'acteurs, variés eux aussi, de sortir ces territoires de la marge, ou de sortir de la marge (donc des actions extérieures mais aussi des actions internes). Cette temporalité pose ainsi la question des acteurs qui agissent et interagissent sur ces territoires, des résistances éventuelles, des conséquences spatiales mais aussi sociales.
  • Ainsi, il faut penser le sujet :
    • à l’échelle urbaine, même si le sujet intègre toutes les parties de la France (penser a donner des exemples ultramarins) ;
    • à travers l’aménagement des territoires ;
    • à travers l’idée d'acteurs et de territoires en concurrence ;
    • à travers des dynamiques ;
    • à travers les représentations (attention, les marges ne sont pas passives) ;
    • à travers l’idée d'exclusion sociale ;
    • à travers les enjeux de connexion et de transports, de mobilités.
  • Quelles problématiques ?
    • Autour des acteurs ? Assiste-t-on à une montée en importance des acteurs locaux dans les logiques d’aménagement des territoires urbains ? (à relier à la décentralisation et à la libéralisation économique)
    • Autour d'un acteur particulier, l’Etat ? L'Etat reste-t-il un acteur déterminant dans les logiques d’aménagement des territoires urbains visant à faire sortir ceux-ci des marges ?
    • Autour des représentations ? Les politiques visant à sortir les territoires urbains de la marge reposent-elles sur des représentations, voire des sur-représentations des marges, entraînant un renforcement de l'image de celles-ci et renforçant de fait leur marginalité ? 
    • Autour de la notion de classes créatives ? Faut-il, comme le propose Richard Florida et de nombreux prescripteurs culturels (urbanistes, architectes, médias), s'appuyer sur une catégorie sociale particulière (les « classes créatives ») pour sortir les territoires urbains des marges ? 
    • Autour de l'urbanisme ? L'action majeure choisie par les aménageurs pour sortir les territoires des marges, à savoir un urbanisme visant à reconnecter ces marges au reste de la ville, est-elle suffisante ?
    • Autour des mobilités ? Les actions visant à sortir les territoires urbains des marges peuvent-elles se limiter à mieux connecter ces zones ou ces lieux au reste de la ville ? 
    • Autour de la durabilité ? Les villes actuelles peuvent-elles se passer d'une réflexion autour des trois piliers du developpement durable pour intégrer tous les territoires de manière durable ?
  • Quel plan ?
    • Je l'ai construit autour de la problématique suivante : Faut-il, comme le propose Richard Florida et de nombreux prescripteurs culturels (urbanistes, architectes, médias), s'appuyer sur une catégorie sociale particulière (les « classes créatives ») pour sortir les territoires urbains des marges ?
  1. Des marges nées de choix politiques
  2. Agir de l’extérieur : le rôle des pouvoirs publics et d'acteurs prives
  3. Agir de l’intérieur : le rôle des habitants sur les territoires des marges

Rappel : Tout doit être coordonné et logique. Si mon plan parle d'acteurs prives et publics, s'il insiste sur les classes créatives, s'il montre des choix politiques, tous ces termes doivent apparaître en amont dans l'introduction : dans l'accroche (autour des idées de Richard Florida ? Autour de l’aménagement des friches de la Belle de Mai à Marseille ? d'un autre exemple ?, …), dans la définition du sujet (lorsqu'on aborde la diversité des territoires ou des actions ? Lorsqu'on aborde les évolutions, les temporalités qui sont issues de choix ? Lorsqu'on évoque les acteurs, dont les classes créatives ? …), dans la problématique.

L'introduction est un exercice de style qu'il faut maîtriser : cela montre que l'on domine le sujet et que l'on sait de quoi l'on parle.

Conclusion :

Je vous invite à rédiger dès le début une conclusion pour savoir où vous irez (vous tracez votre cheminement plus facilement) et parce que, d'expérience, je sais que souvent une ouverture peut se transformer en bonne problématique …

  • Réponse à la problématique : Malgré la volonté de certains opérateurs publics (maires, conseils municipaux, élus locaux, …) ou privés (architectes, urbanistes, investisseurs, …), et si les « classes créatives » jouent bien un rôle dans le sortie de certains territoires des marges dans les villes, cette catégorie sociale mal définie (artistes, homosexuels, intellectuels, …) n'est pas la seule à agir et à pouvoir faire sortir ces territoires de la marginalité qu'ils connaissent. En effet, les habitants, quel que soit leur bagage culturel, social ou spatial, sont aussi des acteurs essentiels qui agissent et interagissent avec leurs moyens, leurs refus ou leur enthousiasme.
  • Ouverture :
    • Sur des logiques identiques dans d'autres territoires :
      • les parcs naturels régionaux ? Les marges rurales ? Les îles ?
      • ailleurs dans le monde … mais pas seulement l'Inde et ses bidonvilles...
    • ou sur des logiques différentes dans les mêmes territoires :
      • processus d’étalement urbain qui est aussi créateur de marginalités ;
      • processus de ségrégation liée a la concurrence entre territoires ;
      • enjeux de connexion et des mobilités … et surtout d’accès a la mobilité des habitants, y compris les plus pauvres ou ceux qui choisissent une vie a la marge.

Croquis :

  • À ce stade de réflexion et de rédaction, il faut penser son croquis de synthèse en fonction du plan proposé. Le choix du fond de croquis est donné par le sujet : on est à l’échelle de la ville, pas de la France … même si le sujet intègre toutes les parties de la France (penser a donner des exemples ultramarins – bis repetita). Cela peut donner les pistes suivantes :
    • Des marges nées de choix politiques :
      • L'impact de la fin du fordisme sur les territoires urbains : des friches, des territoires qui s'enferment.
      • Une compétition entre métropoles et une tertiarisation de l’économie qui ont favorise les territoires centraux par l’aménagement.
      • Des tiers-espaces dispersés qui servent de refuge (parcs, bordures, prisons, poches de pauvreté, squats de pauvreté, …)

Ces informations peuvent être localisées, former un fond de carte. Il induit une réflexion préalable sur la ville, les métropoles, l'aire urbaine, les centralités et les territoires en marge.

  • Agir de l’extérieur : le rôle des pouvoirs publics et d'acteurs privés = le rôle de l’Etat reste majeur, il faut le montrer + le rôle de la région et de l'Union Européenne, des acteurs qui prennent de l'importance + le rôle des acteurs prives (urbanistes, architectes, investisseurs, médias, …). On y trouve des logiques simples :
    • Attirer (les investissements, par les lois, les exonérations de taxes, le branding, …)
    • Connecter (via des infrastructures de transport, des réseaux de transports, des réseaux de villes, …)
    • Zoner (qui a deux conséquences spatiales antinomiques et complémentaires : d'une part séparer les territoires qui sont labellisés, marqués, et d'autre part associer les territoires via l’intercommunalité par exemple. Souligner le rôle de la loi SRU (2000) renforcée par la loi Allur ou loi Duflot de 2014 et de la politique de la ville notamment.

Sur le croquis, ces acteurs extérieurs doivent apparaître non seulement par les actions qu'il impulsent (lois, aides financières, agences, …) mais aussi par des actions concrètes (musée, réhabilitation, Grand site de France, …) et des zones, des axes.

  • Agir de l’intérieur : le rôle des habitants sur les territoires des marges :
    • Innover : Sortir de la marge ne se fait pas que par l’extérieur, noter le rôle des artistes, de la gentrification, … mais aussi de cultures urbaines qui permettent de changer l'image des territoires en marge. Des innovations culturelles mais aussi politiques (par les acteurs politiques locaux), sociales, économiques.
    • Se regrouper : cette fois-ci de manière non institutionnelle, même si cela peut se faire de manière instituée (associations), avec des logiques de protection des territoires mais aussi de mise en réseau des acteurs avec d'autres territoires et enfin des action visant a médiatiser ces actions.
    • Lutter : les territoires en marge se vivent parfois (souvent?) comme des territoires de lutte contre un modèle dominant auquel ils n'ont pas accès ou qu'ils refusent (capitalisme, État, …) Cela peut aboutir à des logiques Nimby, a des ZAD, a des violences sociales (émeutes), …

Le croquis reprend ces idées de manière graphique : des lieux d'innovation culturelle, des liens, des lieux de lutte, …

 

Plan :

1- Des marges nées de choix politiques :

a) l'impact de la fin du fordisme sur les territoires urbains : des friches, des territoires qui s'enferment.

  • Description du processus de désindustrialisation depuis les années 1970 qui à changé la physionomie (les paysages) des villes en France, grandes ou petites. Exemple d'un quartier marqué par la désindustrialisation (Plaine Saint-Denis, île de Nantes, Presqu’île de Lyon Confluences, Roubaix, …)
  • Développement des friches liées à cette désindustrialisation : friches industrielles, bien sûr, mais aussi friches ferroviaires, ou quais et entrepôts fluviaux ou maritimes (Rouen, Marseille, Bordeaux, …)
  • Autre processus lié, non pas aux entreprises directement, mais lié aux employés, ouvriers : des quartiers qui se sont fermés, isolés dans la pauvreté, le déclassement social par le départ de classes moyennes et le maintien ou l'arrivée de pauvres. (exemple du Haut-du-Lièvre à Nancy, du Vert-Bois à Saint-Dizier, …)

b) Une compétition entre métropoles et une tertiarisation de l’économie qui ont favorisé les territoires centraux par l’aménagement.

  • Cette compétition se fait entre métropoles et renforce les points d'appui de la mondialisation (quartiers d'affaires et portes d’entrée de la ville : aéroports, autoroutes, gares TGV, …)
  • La tertiarisation de l’économie a transformé le rapport à la ville de ses habitants : un renouveau des centres vus comme positifs, à aménager, à réoccuper après des années à vouloir quitter ce centre considéré comme sale, vieux, …
  • Cette compétition des territoires urbains entre eux, à l’échelle de l'aire urbaine, renforce logiquement des inégalités socio-spatiales et abouti au processus de gentrification (exemple de Paris).

c) Des tiers-espaces disperses qui servent de refuge (parcs, bordures, prisons, poches de pauvreté, squats de pauvreté, …)

  • les lieux de l'exclusion collective : campements, squats de la pauvreté, …
  • les lieux de l'exclusion individuelle et maximale : les lieux des SDF
  • les lieux de l'exclusion temporaire ou de modes de vie « déviants » (sexe, drogue et rock and roll).

2- Agir de l’extérieur : le rôle des pouvoirs publics et d'acteurs prives

a) Attirer :

  • Attirer les investissements par l’exonération de taxes : création de zones franches, d'aides a l'installation, … Noter le rôle important de l’Etat dans ces choix, mais aussi à l’échelle locale les élus.
  • Le rôle des lois qui fixent des obligations, des minima pour équilibrer le territoire ou limiter les inégalités
  • Changer le regard des territoires des marges et des villes : le branding, les écoquartiers, les Opérations d’intérêt national comme Euroméditerranée à Marseille, …
  • mais des conséquences spatiales parfois inverses a l'effet annonce (ou prévu) : une polarisation des activités et des regards autour de quelques quartiers ou lieux emblématiques (exemple encore de Marseille qui a vu se concentrer les services et emplois supérieurs dans le périmètre d'Euroméditerranée, au dépends des autres quartiers de la ville).

b) Connecter

  • l'importance des infrastructures de transport, des réseaux de transports, vus comme des supports d'un désenclavement global (TGV) ou local (TCSP, trams, voies vertes et bleues, …)
  • des réseaux de villes, vues comme des partages d’expériences, sur les écoquartiers, ...
  • mais le résultat peut aboutir à une polarisation des activités autour de ces nœuds et de ces axes.

c) Zoner

  • Un zonage qui a deux conséquences spatiales antinomiques et complémentaires : d'une part séparer les territoires qui sont labellisés, marqués, et d'autre part associer les territoires via l’intercommunalité par exemple. Souligner le rôle de la loi SRU (2000) renforcée par la loi Allur ou loi Duflot de 2014 et de la politique de la ville notamment.
  • Rôle majeur de la « politique de la ville » à expliquer : logiques, lois, investissements et les territoires concernés (soit des banlieues, des faubourgs, soit des îlots des centres) – ZFU, ZUS, ZEP, …
  • Un zonage qui permet un renouvellement urbain fort, parfois paysager, souvent social et économique (nouvelles fonctions économiques) exemple de Nancy- Meurthe-Canal, de l'Île-de-Nantes, d'EuraLille, …
  • Un zonage qui prend aussi la forme d’écoquartier (on est dans l'affichage et la transformation)

3- Agir de l'intérieur : le rôle des habitants sur les territoires des marges

a) Innover :

Sortir de la marge ne se fait pas que par l’extérieur, noter le rôle des artistes, de la gentrification, … mais aussi des cultures urbaines qui permettent de changer l'image des territoires en marge. Des innovations culturelles mais aussi politiques (par les acteurs politiques locaux), sociales, économiques.

  • Retour sur le processus de gentrification, non plus spatialement mais socialement : qui ? Comment ? … 
  • L'innovation culturelle dans les squats d'artistes mais aussi dans les « banlieues » (rap, hip-hop, …)
  • L'innovation sociale dans les quartiers délaissés (entraide, solidarités, rôle des associations, créativité des modes de pensée, volonté de coopérer, de construire des projets alternatifs).
  • L'innovation via l’illégalité aussi (trafics, deals, …)
  • Cette innovation peut être présentée, détournée par les autorités politiques comme une marque de fabrique, espérant renouveler la réussite berlinois des années 1990-2000 (cf les écrits de Boris Grésillon). Cela se fait a travers des festivals, des opérations de renouvellement urbain, …

b) Se regrouper :

  • Cette fois-ci de manière non institutionnelle, même si cela peut se faire de manière instituée (associations), avec des logiques de protection des territoires mais aussi de mise en réseau des acteurs avec d'autres territoires et enfin des action visant à médiatiser ces actions. + notion d'empowerment, très à la mode.
  • Volonté de créer de l'habitat participatif (donc aussi innovation sociale), comme à Strasbourg, ou l'association Eco-Quartier Strasbourg pilote 13 projets de groupes d'autopromotion (10 – 15 familles à chaque fois).
  • Idem avec des jardins partages (exemple Haut-du-Lièvre ; une dizaine à Montpellier ou Toulouse, mais aussi les 92 jardins partagés à Paris et 27 à Lyon)
  • Volonté de créer des conseils de quartier qui gèrent eux-mêmes certains secteurs. Mais on note une surreprésentation de quelques catégories de population (retraites, classes moyennes, personnes dotées d’un capital culturel élevé - exemple des 800 conseillers de quartier parisiens étudies en 2007 : 3 % ont moins de 30 ans, les 2/3 ont plus de 50 ans, 38 % sont des retraites, 1/3 sont des cadres et professions intellectuelles supérieures et 1 % sont des ouvriers. Autre limite : leur budget est soit nul, soit très limité : ce ne sont que des relais pour le pouvoir central (communal).

c) Lutter :

  • Les territoires en marge se vivent parfois (souvent ?) comme des territoires de lutte contre un modèle dominant auquel ils n'ont pas accès ou qu'ils refusent (capitalisme, État, …)
  • Cela peut aboutir a des logiques Nimby, soit contre des aménagements visant à réduire la fracture sociale, cf dans le 16° arrondissement face aux abris de nuit pour SDF, ailleurs pour accueillir des réfugies, soit contre des aménagements qui favorisent l'exclusion, par des défenses par les habitants les plus démunis contre des projets (cf Rouen, les quais, le bloc 106).
  • Cela peut aussi aboutir a des logiques de ZAD, comme a NDDL, une zone rurale destinée à un aménagement urbain (aéroport), celle de Lyon face au stade de l'Olympique Lyonnais, celle de Dijon pour préserver le jardin collectif des Lentillères, celle de Strasbourg pour empêcher le contournement est de la métropole par une autoroute, celle de Rouen contre la construction d'un supermarché Auchan, la « ZAD patate » dans la plaine de Montesson (Yvelines) pour protéger des terres agricoles contre la construction d'un quartier fermé, etc. 
  • Enfin cela mène aussi a des violences sociales (émeutes de 2005, … )
Sortir les territoires urbains des marges en France
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