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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Habiter, habitat, habitant, trois temps de la géographie ?

Publié le 30 Octobre 2013 par geobunnik in epistemologie de la géographie

Pour commencer, je tiens à préciser les trois termes de cet exposé :

  • Habiter est une notion qui a pris son sens ctuel de manière très récente. Cela inclut de nombreux éléments, c'est une notion globalisante, comme peut l'être aussi la mondialisation ou le développement durable.

  • Habitant est une notion des années 1950-1990, qui s'intéresse surtout à la localisation des habitants, une vision quantitative liée aux progrès statistiques mais aussi aux changements paradigmatiques de cette période. Je fais aller cette notion inclut jusqu'aux idées développées par Armand FREMONT, autour de la région, étudiée comm un espace vécu : c'est à ce moment qu'à lieu le tournant épistémologique.

  • Habitat nous renvoie aux premières heures de la géographie scientifique, lorsque la géographie classique française cherche à étudier les habitats, les régions, genre de vie et les relations verticales.

    • Le mot “habitat” appartient au vocabulaire de la botanique et de la zoologie ; il indique d’abord, vers 1808, le territoire occupé par une plante à l’état naturel, puis vers 1881, le “ milieu” géographique adapté à la vie d’une espèce animale ou végétale, ce que nous désignons dorénavant par “niche écologique”. Au début du XXe siècle, cette acception est généralisée au “milieu” dans lequel l’homme évolue. Enfin, dans l’entre-d eux-guerres, on dira “habitat” pour “conditions de logement ”. Quant à “ habitable”, il vient du latin habitabiles, qui signifie tout simplement “où l’on peut habiter”, et qui sous-entend que ce qui est “inhabitable” ne permet pas l’“habitation”. 

    • De plus, se pose la question du passage d'un vision collective, avec des groupes étudiés (régions, territoires) à une vision plus individualiste. Habiter essaye de combiner deux niveaux d'analyse : le niveau individuel et la multitude. Comme l'écrit Olivier LAZZAROTTI, il faut concilier la dimension existentielle (celle du singulier, de l'individu) et la dimension politique (celle du pluriel, du groupe). Ainsi, habiter induit une temporalité complexe : la manière d'habiter est variable pour la personne à différents temps de sa vie. C'est donc une notion beaucoup plus complexe qu'elle ne semble l'être de prime abord.

    • Troisième idée majeure à relever dans le sujet : la notion d'habiter est globalisante, donc s'intéresse à des éléments de géographie humaine (ou sociale, culturelle, ...), à des éléments de géographie économique, politique, etc. Elle peut aussi reprendre l'étude des paysages, de la démographie, etc. Au cœur de la notion : le lien entre les sociétés et les humains à leur territoire ou à leurs lieux.

    • Enfin, la définition du terme habiter est aussi liée aux mobilités, ce qui n'était pas le cas pour l'habitat (dans un monde où les mobilités étaient plus réduites) ou ce qui était moins le cas pour habitant.


Selon Olivier LAZZAROTTI, la notion permet aussi de lier deux notions qui semblent s'opposer : le territoire et le réseau.

Quels auteurs à citer ?

  • Olivier LAZZAROTTI, Habiter, la condition géographique, Belin, 2006
  • Mathis STOCK, Mobilités géographiques et pratiques des lieux. Étude théorico-empirique à travers deux lieux touristiques anciennement constitués : Brighton & Hove (Royaume-Uni) et Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), thèse de géographie (sous la direction de Rémy Knafou), Université de Paris 7 – Denis Diderot, 2001.
  • Augustin BERQUE, Médiance. De milieux en paysages, Paris, Belin, 1990.
  • Augustin BERQUE, Écoumène. Introduction à l’étude des milieux humains, Paris, Belin, 2000.
  • Éric DARDEL, L’Homme et la Terre. Nature de la réalité géographique, Paris, CTHS, [1952] 1990.
  • Michel LUSSAULT, L’homme spatial. La construction sociale de l’espace humain. Seuil ,2007.
  • Michel LUSSAULT, Thierry PAQUOT, Chris YOUNES, Habiter, le propre de l’humain. Villes, territoires et philosophie, La Découverte, 2007;
  • Brigitte FRELAT-KAHN et Olivier LAZAROTTI (dir.), Habiter, vers un nouveau concept ?, Armand Colin, 2012 (actes d'un colloque tenu à Amiens les 12-13 janvier 2013.

 

Et les dictionnaires dans tout ça ?

  • Dans Les mots de la géographie (éditions Reclus,1992), il n'y a pas d'article « Habiter ». Par contre l'habitat est défini comme suit : L'habitat est l'ensemble et l'arrangement des habitations dans un espace donné. C'est une définition traditionnelle. Pour Hervé THERY, Habité peut être pris dans un sens ordinaire ou dans un sens fort qui implique une forte et quasi tangible "présence" humaine [...]. "Habiter un lieu, est-ce se l'approprier?" (G.Perec, Espèces d'espaces).

  • Le Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés coordonné par Jacques LÉVY et Michel LUSSAULT (Belin, 2003), il y a un article de M. Lussault sur Habitat. L'habitat engendre des actions qui concourent à la formation d'un espace de l'habitat, les valeurs, savoirs et imaginaires qui les accompagnent. Il est le fait d'un ensemble d'acteurs (des politiques, des économistes, des particuliers...). L'habitat est aussi un agencement spatial, pas seulement dans un cadre spatial inerte ou dans un support fonctionnel. La ville est ainsi un assemblage de personnes, de choses, de biens, d'objets, d'idées, de langages...

    On passe donc d'une géographie du visible, des formes, qui ignore les différences au sein des civilisations et des sociétés à une géographie qui s'appuie en premier lieu sur une lecture culturelle, qui doit permettre une éducation au monde. En effet, le nouveau programme pose la question du rapport entre nous et les autres.

 

  1. De l'étude de l'habitat à la notion d'habiter

    1. L'habitat et la géographie classique

  • étymologie d’ « habiter » :
    • Le verbe habiter est emprunté au latin habitare "avoir souvent" qui a donné habitude mais qui veut dire aussi demeurer ou rester. Depuis le XIème siècle, habiter indique le fait de rester quelque part, d’occuper une demeure. Au XVème siècle, le terme s’enrichit d’une nouvelle signification : "habiter un pays" c’est le peupler. En 1694, la première édition du Dictionnaire de l’Académie française semble fixer définitivement le sens d’habiter : "faire sa demeure, faire son séjour en un lieu. Habiter un lieu".
  • Les prémices de la notion d’habiter :
    • Dans la géographie classique, pour Albert DEMANGEON ou Jean BRUNHES, habiter renvoie à l’habitat, "ensemble et arrangement des habitations dans un espace donné" et à l’habitation, c’est-à-dire à la description des formes des maisons, non sans rapport avec le milieu physique. Cette approche a donné lieu à la production de nombreuses monographies jusqu’aux années 1950, portant notamment sur l’habitat rural.
  • Les philosophes et la notion d'habiter :
    • Certains philosophes ont également enrichi la notion d’habiter. Selon Martin HEIDEGGER, habiter n’est pas simplement construire car l’habitation réfléchit essentiellement « la façon dont tu es, la manière dont nous autres hommes sommes sur la terre ». Pour HEIDEGGER, habiter est une activité primordiale, constitutive de l’être humain. Dès lors c’est tout le cadre des relations entre l’homme et l’espace qui se construit sur la prééminence de l’être-là, le Dasein, différent de l’existence qui en serait en quelque sorte la manifestation. La notion d’habiter s’impose ainsi comme centre de la réflexion ; HEIDEGGER distingue radicalement « habiter » (trait fondamental de l’être) et « se loger » (simple acte fonctionnel).
    • Pierre BOURDIEU a montré comment l’habiter s’avère une compétence acquise culturellement et insérée dans des habitus. Michel De CERTEAU (L'invention du quotidien, 1974), quant à lui, montre l’importance de prendre en compte les habitants dans la diversité de leurs usages, que ceux-ci soient langagiers ou non. Les pratiques habitantes ont un caractère foisonnant et "créent sur le même espace urbain une multitude de combinaisons possibles entre les lieux anciens et les situations nouvelles".
  1.  
  2. L'étude des habitants
  • L'homme-habitant de Le LANNOU :
    • Après la Seconde Guerre mondiale, Maurice Le LANNOU propose une nouvelle définition de la géographie qui serait "la science de l’homme-habitant". Pour lui, habiter renvoie à la "la connaissance sans cesse plus affinée des multiples relations entre les hommes et les lieux où ils vivent". Car "habiter, c’est vivre sur un morceau de la planète, en tirer de quoi satisfaire les besoins élémentaires de l’existence". "Habiter signifie [donc] à la fois demeurer, posséder, construire et vivre en symbiose avec un espace concret." L’homme habitant s’oppose alors à l’homme producteur, cher aux géographes marxisants tel Pierre GEORGE. Pointe en effet, derrière cette approche, la figure du paysan sédentaire et une certaine nostalgie ruraliste qui dénonce l’essor de la technologie, l’urbanisation et la mobilité qui caractérisent la modernité d’après-guerre. 
  • Du changement social au changement scientifique :
    • Depuis 1931, la France est à majorité urbaine, et après la guerre, un nouveau mode de consommation de l'habitat se développe, surtout après les années 1960, l'habitat pavillonnaire.
    • D’autres auteurs pensent cette modernité. Ainsi, George-Hubert RADKOWSKI fait évoluer la notion d’ « habiter » car "il saisit qu’une relation nouvelle à l’espace, post-sédentaire, appuyée sur la mobilité, est en passe d’émerger". Henri LEFEBVRE, dès 1947, dans son travail sur la vie quotidienne, formule une problématique reprise dans les années 1960 par Henry RAYMOND. Il entend "examiner la conscience habitante et les pratiques spatiales des résidents des pavillons." Les travaux de H. LEFEBVRE, insistent sur la nécessaire compréhension des logiques habitantes et de leurs effets temporels, sociaux, idéologiques et spatiaux. Ils annoncent un renouvellement des recherches sur l’habitant. « Que veulent les êtres humains, par essence êtres sociaux, dans l’habiter ? Ils veulent un espace souple, appropriable, aussi bien à l’échelle de la vie privée qu’à celle de la vie publique, de l’agglomération et du paysage. Une telle appropriation fait partie de l’espace social comme du temps social."
  • L'espace vécu d'Armand FREMONT :
    • Durant cette période, Armand FREMONT réfléchit à l'idée d'un espace vécu et perçu, aux représentations que se font les habitant (et les autres) d'un lieu. L’espace vécu consiste en l’espace de vie des hommes (espace physique, objectif) conjugué aux pratiques et perceptions (espace sensoriel et d’actions, subjectif). Cette approche considère que "les êtres humains ne vivent pas dans le monde tel qu’il est, mais dans le monde tel qu’ils le voient, et, en tant qu’acteurs, ils se comportent selon leur représentation de l’espace". Pour cela, il faut sociologiser l’approche de l’habiter, c’est-à-dire replacer l’individu dans une culture, une histoire et une société particulière qui influenceront ses pratiques, perceptions et représentations habitantes.
  • L'habitant, comme l'homme en place (Olivier LAZZAROTTI) :
    • Pour LAZZAROTTI, la place, c'est une situation, une position dans tous les sens du terme (placement spatial, social, culturel, économique : classement). Une position qui n'est pas stable, qui évolue, qui nécessite une connaissance des lieux pour trouver et conserver sa place.
    • S'il ya place, il y a aussi déplacement. (voir plus loin : horizon)
  1.  
  2.  

    1. Habiter où l'étude de l'individu

  • Les géographes inspirés par la phénoménologie :
    • S’inspirant D’HEIDEGGER, des géographes français ont, aujourd’hui, une approche phénoménologique de la notion d’ « habiter ». "La démarche phénoménologique part de la description des "phénomènes" (manifestations mentales de ce qui est présent à la conscience, conscience toujours intentionnelle de quelque chose" pour en extraire une essence, une idée pure. C’est un humanisme qui s’efforce d’expliquer la nature des liens que tout individu noue avec son environnement « naturel » et humain.
    • Eric DARDEL est un précurseur, dès 1952, de ce courant géographique. Pour lui, "la géographie phénoménologique prend en compte les relations existentielles de l’homme et de la Terre. Celles-ci définissent une "géographicité" : "inscription" primitive, présociale et affective "du terrestre dans l’humain et de l’homme sur la Terre". Sujets et objets s’interpénètrent ainsi pour former un monde géographique qui n’est accessible que par l’expérience vécue.». La question posée est celle de "l’humanisation des milieux biophysiques par l’habiter et la manière dont les hommes confèrent du sens, par et pour ce processus, à la Terre et à la nature – que cette humanisation construit en tant que dimension de la société puisque la nature est un artefact humain."
    • La réflexion d’Augustin BERQUE porte sur l’écoumène qu’il définit comme la "relation de l’humanité à l’étendue terrestre" et non pas simplement comme la "partie habitée de la Terre". Selon lui, "l’écoumène, c’est la Terre en tant que nous l’habitons. Plus encore : en tant que lieu de notre être."
    • Selon André-Frédéric HOYAUX, « habiter pour l’être-là, c’est donc se construire à l’intérieur d’un monde par la construction même de celui-ci ». Pour lui, "il est nécessaire de penser l’individu comme l’acteur d’une partie au moins de sa réalité géographique, — celle de son monde dont il s’entoure — par la construction territoriale qu’il opère dans le Monde qui l’entoure, mais aussi comme l’acteur de sa réalisation en tant qu’être qui fait sens". L’espace habité est un espace multidimensionnel qui intègre donc les mobilités qui sont la marque de la modernité. 

 

  • Les géographes inspirés aussi par la littérature ? 
    • Le livre de Georges PEREC, Tentative d'épuisement d'un lieu parisien, peut être considéré comme un livre de géographie : Georges Perec notait ce qu'il voyait, assis à une terrasse de café. "Il y a beaucoup de choses place Saint-Sulpice, par exemple : une mairie, un hôtel des finances, un commissariat de police, trois cafés dont un fait tabac, un cinéma, une église à laquelle ont travaillé Le Vau, Gittard, Oppenord, Servandoni et Chalgrin et qui est dédiée à un aumônier de Clotaire II qui fut évêque de Bourges de 624 à 644 et que l'on fête le 17 janvier, un éditeur, une entreprise de pompes funèbres, une agence de voyages, un arrêt d'autobus, un tailleur, un hôtel, une fontaine que décorent les statues des quatre grands orateurs chrétiens (Bossuet, Fénelon, Fléchier et Massillon), un kiosque à journaux, un marchand d'objets de piété, un parking, un institut de beauté, et bien d'autres choses encore." Un grand nombre, sinon la plupart, de ces choses ont été décrites, inventoriées, photographiées, racontées ou recensées. Le propos de Georges PÉREC dans les pages qui suivent a plutôt été de décrire le reste : ce que l'on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n'a pas d'importance : ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages.

 

  1. Ce qu'habiter veut dire

    1. Trois manières de penser l'habiter :

      1. Pour Mathis STOCK, habiter c’est "faire avec de l’espace". En effet, "l’un des aspects fondamentaux de l’habiter réside dans la dimension pratique qui va au-delà des seuls rapports aux lieux. Si l’on définit "habiter" comme le fait de pratiquer un ensemble de lieux géographiques, se pose la question de savoir comment concevoir le fait que les individus pratiquent les lieux. (…) On peut définir les "pratiques des lieux" rapidement comme étant ce que font les individus avec les lieux, étant entendu que ce sont les manières de pratiquer les lieux qui retiennent notre attention, non la question de la localisation ou la fréquentation". Il faut donc s’intéresser aux actes, aux actions et aux acteurs. Pour Mathis STOCK, l’acte d’habiter ne se réduit pas aux activités consistant à résider (habitat et pratiques immédiatement périphériques). Il développe l’idée selon laquelle il n’y a pas de niveaux hiérarchiques de pratiques spatiales (échelle du quotidien, de l’occasionnel, et de l’exceptionnel – le monde) mais à la fois une étroite relation et un télescopage entre ces différents niveaux. Enfin, les individus dans leurs pratiques prennent en compte l’espace, le constituent en problème, c’est-à-dire comme ressource et condition de l’action : c’est cela faire avec de l’espace. Cette approche se focalise plutôt sur les activités concrètes des hommes : travailler, loger, se recréer, circuler, etc. ; sans considérer pleinement les rapports dialectiques qui existent entre pratiques, perceptions et représentations spatiales. S’intéressant aux mobilités, Mathis STOCK propose l’idée de l’habitat polytopique de l’homme d’aujourd’hui qui se caractérise par des résidences multiples, de nombreux espaces de pratiques choisies ou contraintes. Selon lui, cet habitat polytopique est emblématique des sociétés ontemporaines marquées par les mobilités et la condition urbaine. Cette expression est utilisée pour montrer que l’homme habite un espace complexe composé de lieux significatifs dont cet habitant se sentira proche quelle que soit leur distance métrique. Il parle aussi d’"individus géographiquement pluriels".

      2. Selon Olivier LAZZAROTTI, l’habiter revient à considérer qu’être soi-même dans le monde implique la construction réfléchie des habitants, de leur cohabitation et de l’espace habité. Habiter, « c’est se construire en construisant le monde ». La notion de mobilité, au cœur des sociétés modernes, marque le point de départ de l’interrogation sur l’habiter humain conduite au sein du MIT (Mobilités, itinéraires, territoires) dirigé par Rémy Knafou. Olivier Lazzarotti et Mathis Stock participent à ces travaux. La notion d’habiter renvoie aux espaces de vie, aux lieux, de plus en plus éloignés les uns des autres, fréquentés par les individus. Mais "l’éloignement physique du point central de l’habiter – la demeure – n’est plus une entrave à la découverte et à l’appropriation d’autres lieux. L’habiter ne dépend plus de distances physiques mais de distances affectives". L’évolution des pratiques de mobilités influence ainsi la réflexion sur l’habiter. D’ailleurs, appliquer la notion d’habiter au tourisme, qui "a pour objectif de permettre aux individus de se déplacer […] en allant habiter temporairement dans d’autres lieux", permet de s’interroger sur les liens entre cette notion et la durée.

      3. Pour Michel LUSSAULT, l’habiter est "la spatialité typique des acteurs individuels. Il se caractérise par une forte interactivité entre ceux-ci et l’espace dans lequel ils évoluent. La notion donne la part belle au rôle de l’individu, du langage, des réalités idéelles ; mais on n’oubliera pas que rien dans l’espace et la spatialité n’échappe à la société et à l’historicité. L’homme est acteur de sa propre géographie. On n’oubliera pas non plus que l’habitat n’est jamais véritablement "hors-sol", "extra-terrestre", ce qui impose de réfléchir à la place qu’y tiennent les éléments biophysiques fondamentaux que sont l’eau, l’air, la terre, tout celle des artefacts matériels". La notion d’habiter a donc un caractère multidimensionnel. Elle permet d’insister sur la relation habité/habitant qui peut être d’intensité variable selon que l’individu soit citoyen, homme d’affaires ou touriste. Les acteurs sociaux habitent et organisent leur habitat, à partir de leur utilisation de la ressource spatiale. Cet habitat peut être analysé, à toutes les échelles, en termes de lieux, aires ou réseaux mais aussi dans le cadre de la sphère intime et sensorielle. Sous l’influence de la mondialisation, de l’urbanisation, de la mobilité et de la co-spatialité, il est marqué par la dispersion. 

      4.  

    2. Habiter, c'est la pratique des lieux.

      1. On reprend les idées de Michel de CERTEAU ou de YI FU TUAN ou d'Augustin BERQUE, de Gui di MEO et d'Armand FREMONT. Il s'agit ici de montrer comment les habitants sont liés à des lieux qui les structurent et qu'ils structurent, qu'ils organisent mais qui en subissent aussi l'influence.

      2. Dans cette démarche de géographie culturelle, habiter signifie qu'il y a une relation à son environnement multiple :

      • une relation ontologique (HEIDEGGER) : une relation essentielle à l'être humain.

      • une relation matérielle, avec des pratiques spatiales, des représentations mentales (qui enegndrent une réalité idéelle). On se sert donc de ces représentations, images, photos, textes, films, presse, publicité, ... On est alors dans une science compréhensive, pas seulement explicative.

      • une relation évolutive, exemple après le tsunami de noël 2005, la société change, les lieux changent, la relation à l'espace change à toutes les échelles (personnelle ou régionale).

      • des contraintes liés aux lieux

    3. « Habiter » désigne alors la dimension géographique des pratiques en tant que celles-ci s’associent à des lieux. L’ensemble des pratiques qu’un individu associe à des lieux définit un mode d’habiter. De plus, les êtres humains n’habitent pas seulement un lieu de domicile, ou plus précisément : n’habitent pas seulement lors qu’ils résident ; n’importe quelle pratique des lieux contribue à l’habiter. Qu’il s’agisse des pratiques touristiques qui associent des lieux du hors-quotidien à des pratiques de recréation, ou des pratiques de loisir, ou du travail ou faire les courses, toutes ces pratiques impliquent pour les personnes l’habiter, d’habiter les lieux. On peut ainsi penser que l’ensemble des pratiques, loin d’être associé à un seul lieu, s’associent simplement à plusieurs lieux : on peut l’interpréter comme le prolongement fonctionnel du ou des lieux de résidence. L’ensemble des pratiques des lieux participe de l’habiter. Ainsi, cette signification des lieux — et c’est là que réside l’un des apports — ne se réduit pas, pour un seul individu, à un seul lieu. En fait, les individus pratiquent une multiplicité de lieux avec lesquels ils construisent une relation signifiante. De plus, l’habiter, en tant qu’ensemble des pratiques des lieux, implique que les lieux ainsi pratiqués ont un certain sens pour les hommes. Ici réside la différence fondamentale avec la définition pauvre du terme « pratiques » en tant que simple « fréquentation » des lieux ainsi qu’avec les termes « comportement » et « action ». Pratiquer les lieux, c’est en faire l’expérience, c’est déployer, en actes, un faire qui a une certaine signification ; on se focalise alors fondamentalement sur les manières dont les individus font avec les lieux. C’est l’étude des manières de pratiquer les lieux géographiques qui semble être porteuses de l’intelligibilité de la spatialité des individus.

    4. Cela peut aboutir à la notion décrite par Jacques LEVY et Michel LUSSAULT dans le Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, celle de capital spatial : A côté du capital économique, culturel ou social, il existe un capital spatial. Ce capital est créé par les pratiques de l’espace, les capacités à utiliser l’espace, à se déplacer, à voyager, etc. Des paratiques qui participent, elles aussi, à la construction des inégalités. Le capital spatial pourrait être défini comme "l'ensembel des ressources, accumulées par un acteur, lui permettant de tirer avantage, en fonction de sa stratégie, de l'usage de la dimension spatiale de la société" ou encore comme "La possibilité de maîtriser les échelles géographiques depuis le local jusqu’au mondial en d’en tirer avantage et position élevée dans la hiérarchie sociale". Savoir utiliser et conjuguer divers moyens de transport, tirer parti des expériences des lieux pratiqués ou traversés, savoir analyser les différences entre des lieux différents : bref connaître l’ici et l’ailleurs, autant d’atouts constituent une forme de capital permettant de faire fructifier les autres dimensions du capital.

    5. La question de la pratique du lieu pose la question de savoir comment conceptualiser le lieu dans une théorie de l’habiter.

      • Après avoir été délaissé au profit des concepts de paysage, d’espace et de territoire, le concept de lieu est de plus en plus travaillé et pris au sérieux en géographie. De plus en plus de géographes y pensent : ENTRIKIN, LÉVY, BERQUE, LUSSAULT. Le regard sur le mot change : « lieu » n’est plus seulement une contrée d’échelle locale (Lévy, 1994), que « lieu » peut être utilisé comme « emplacement » (topos) ou milieu existentiel (chôra) (Berque, 2003), que le lieu est contexte pour l’action (Thrift, 1991).

      • Ces définitions peuvent être précisées par deux caractéristiques fondamentales permettant de délimiter le concept de lieu de manière plus univoque par rapport aux concepts d’espace, d’environnement, de paysage, voire de territoire. Le concept de lieu sert à exprimer le caractère topique (topos) et référentiel des pratiques humaines ainsi que le caractère d’un ensemble localisé ayant certaines qualités (station touristique, métropole etc.) par rapport aux concepts suivants : d’abord, par rapport au concept d’environnement qui sert à pointer le caractère enveloppant et contextuel pour les individus ; ensuite par rapport au concept d’espace qui sert à symboliser la différenciation spatiale au sens large (agencements, différences de qualité, réseaux) ; par rapport au concept de territoire qui sert à exprimer les contrôles et contraintes d’accès à des lieux géographiques et enfin par rapport au paysage qui permet d’exprimer la dimension visuelle par le regard posé par un observateur sur la surface terrestre.

      • Pour Olivier LAZZAROTTI, le lieu est le concept clé au coeur de la notion d'habiter. Après avoir rappeler que les géographes se sont intéressés aux lieux depuis toujours (avec des regards différents), il s'intéresse à la relation lieu-territoire (un territoire est-il un ensemble de lieux ?), la distance est primordiale pour comprendre notre relation aux lieux (distances au pluriel : métrique, sociale, culturelle, ...).Comme les lieux ont une forme, un contenu, une organisation, il y a des interactions et aussi un besoin de mesurer. Pour lui, distances et mesures structurent des savoir-vivre (= du contenu) qui peut être d'ordre esthétique et sensible (les paysages, le patrimoine), qui peut être d'ordre politique (comme le droit du lieu ou le droit au lieu), ou encore d'ordre pratique (ce qu'on y fait, ce qu'on en fait). Des lieux qui incluent la cohabitation (ainsi Venise ou Las Vegas peuvent être partout ...).

      • Pratiquer un ou des lieux, c'est aussi se construire une identité :

        • avec une composante territoriale aussi.

        • avec une composante loacle des habitants (autour de la sédentarité, une vision singulière et collective, cf Abraham MOLES, cf aussi la "ruralité" ... ou plutôt son image péjorative : horizon bouché et étroit)

        •  

  2. Habiter, c'est aussi des mobilités

    • Comme l'écrit Mathis STOCK, la mobilité géographique accrue fait advenir une "société à individus mobiles et procède à une recomposition des pratiques et des valeurs assignées aux lieux géographiques, une recomposition qui touche notamment le rapport entre identité/altérité, familiarité/étrangeté exprimé par les lieux. Cette recomposition des pratique touche à tous les domaines : nouvelles pratiques touristiques, différentes mobilités post-migratoires, substitution de la migration par des circulations, double résidence etc. Fondamentalement, la mobilité permet et exprime le fait que les pratiques s’associent à des lieux distincts du ou des lieux de résidence, nécessitant des circulations entre un grand nombre de lieux.

    • Cette multiplication des lieux dans la vie de chacun pousse à l'hypothèse d'un habitat polytopique : la planète est devenue "nomade" (ouvrage dirigé par Rémy KNAFOU en 1998, mais aussi FIG 1997) : tourisme, mobilité des gens au quotidien, loisirs ; les Français parcourent 14 500 km par an en moyenne; ils déménagent en moyenne neuf fois au cours de leur existence. Un phénomène lié au progrès technique et à la baisse du coût des transports.

    • Si on pousse le raisonnement, on va vers l'idée qu'il y a aussi une manière de co-habiter, puisqu'il existe plusieurs manières d'habiter sur un même lieu ou unmême territoire : sur une rue commerçante, on va trouver : les commerçants (fixes), les passants, les ouvriers (temporaires) d'un chantier, les sdf, les touristes, etc.

    • On peut ajouter à cette idée la multiplication des "prothèses "qui permettent d’habiter la mobilité : baladeurs, portables… Ainsi, la mobilité s’est affirmée comme une valeur sociale, une valeur dominante, même si elle est parfois subie. L’automobile a élargi l’univers des possibles au quotidien, en permettant de valoriser pour l’individu le lieu de son choix, elle permet l’accès aux meilleures ressources. Elle est la condition de l’épanouissement et du bien être social de l’individu.

 

  • Cette multiplication des mobililités et des lieux pousse ainsi à l'emboîtement des échelles.

    • Comme le montre Mathis STOCK, les habitants pratiquent différents lieux qui peuvent être très proches ou très divers, des lieux familiers et des lieux étrangers, des lieux rassurants et des lieux effrayants. Ces lieux sont plus ou moins proches en distance mais aussi en représentations et en connaissance.

    • Les gens se déplacent facilement et font du zapping territorial., ce qui aboutit à un éclatement des espaces de vie et engendre une déterritorialisation de la vie quotidienne : A l’échelle du quotidien de l’individu, les lieux proches ne sont plus nécessairement ceux qui sont les mieux connus et les plus familiers. Les lieux familiers peuvent être situés à des distances plus grandes que le rayon marquant la limite de l’espace de proximité.

    • La variable discriminante pour déterminer la familiarité d’avec les lieux n’est plus la distance, mais la fréquence de la pratique. Ce phénomène est encore plus marqué pour la sociabilité qui s’appuie plus sur des réseaux et des lieux, moins sur des territoires.

    • Il existe donc des lieux proches = familiers et des lieux lointains = étrangers et pas conséquent, des horizons, des discontinuités, des ruptures qui organisent, qui articulent, qui permettent un passage d'un territoire à un autre. Ces limites sont relatives, il y a des gradients, des liaisons plus ou moins difficiles (exemple de l'horizon entre le Maroc et la France, pour les migrants ou les touristes, plus ou moins difficiles à passer).

    • Ces horizons peuvent être multiples. Olivier LAZZAROTTI propose d'en différencier plusieurs (à lire ua sens large) :

      • l'arc de la terre (l'horizon "naturel", celui du regard)

      • laligne de mire, comme l'écrit Denis RETAILLE, "La conscience du monde est dépendante de la capacité à regarder au delà de l'horizon", Le monde du géographe, 1997)

      • l'horizon d'exploration (celui que l'on cherche à franchir)

      • l'horizon d'altérité (passer non pas dans l'inconnu mais dans le méconnu)

      • l'horizon extra-terrestre.

    • L'emboitement des échelles pose la question des liens qui unissent lieux et territoires. On peut voir le lieu comme une composante immobile, confortable, connue etle territoire comme une composante mobile, celle de la circulation, du franchissement des horizons. Ces deux notions (lieu et territoire) étant intrinsèquement liés : ils sont inséparables (dans le droit depuis le code civil de 1804), fonctionnent par réciprocité (un lieu peut condenser un territoire, ils ne font qu'un ; les lieux peuvent être hierarchisés dans le territoire, avec des lieux centraux, des lieux-frontière), et il existe des solidarités entre lieux et territoires (partage entre les deux, avec une vision large : partage comme séparation ou comme répartition ; de plus, l'évolution d'un lieu peut être subie par l'évolution d'un territoire et réciproquement).

  • L’étude de ces mobilités permet donc d’aborder de nouvelles géographies urbaines et régionales. Les mobilités augurent de nouvelles dynamiques spatiales. (flux domicile/travail avec de nouveaux fronts de périurbanisation). Tout cela restructure la géographie française autour de grandes aires urbaines très étendues. La mobilité interurbaine se développe aussi. Partir de l’analyse des modes d’habiter permet de renouveler l’approche des dynamiques spatiales. On peut ainsi montrer en quoi la périurbanisation modifie l’organisation régionale de la France en repoussant les limites de l’agglomération parisienne au-delà de l’Ile de France.

  • On peut pousser le raisonnement encore plus loin en étudiant, comme François ASCHER les écarts qui existent entre les territoires politiques et les territoires vécus, ces derniers étnats marqués par la mobilité (entre chez soi et le lieu de travail) alors que les territoires politiques, hérités de la Révolution française sont ceux de l'immobilité. ASCHER se demande si le maillage fondé sur la continuité territoriale peut être compatible avec des pratiques qui sont de plus en plus réticulaires : les gens peuvent-ils se reconnaître dans un territoire continu ?

  • De même, Cette mobilité permet d’appréhender la question des inégalités socio-spatiales. (à la suite de l'idée de capital spatial). Longtemps, l'étude des inégalités ne s’est faite qu’à partir de l’habitat. On a eu ainsi un modèle caricatural de la ville : centre ville riche, grands ensembles pauvres, périurbains moyens et aisés ; Or parler des modes d’habiter et des mobilités permet de faire évoluer les choses. Il faut prendre en compte l’ensemble des rapports des individus à l’espace ; comme par exemple le périurbain lointain qui connaît le surendettement des familles et le phénomène de déliaison sociale : le périurbain lointain va finir par poser plus de problèmes que les grands ensembles.

 

  1. Habiter, un concept fort des programmes du collège et du lycée.

    1. Au coeur des programmes de 6°

Programmes de 6° : La Terre, planète habitée

Extraits des programmes de 2009 :

À l’école primaire, les élèves ont acquis un certain nombre de repères concernant leur territoire proche et l’espace français dans son contexte européen et mondial. Le programme de la classe de sixième permet, après un approfondissement de la connaissance de l’espace proche, d’explorer le monde, d’y situer les sociétés humaines dans leur diversité, de découvrir et de caractériser les différentes manières de l’habiter. La démarche invite à développer la curiosité des élèves et à leur donner le goût de l’ailleurs.
Le choix des études de cas et des exemples doit mettre l’accent, sans exclure les autres facteurs de différenciation, sur la diversité des cultures et des formes de mise en valeur du monde qu’elles induisent. Le paysage est l’outil privilégié de cette découverte. Des études de cas conduisent à une approche des différentes dimensions des paysages (évolution, esthétique…)

1) Mon espace proche : paysages et territoire (environ 10% du temps consacré à la géographie)
Connaissances. Lecture des paysages quotidiens et découverte du territoire proche : lieux, quartiers, réseaux de transports… Cet espace proche est situé à différentes échelles : régionale, nationale et mondiale.
Démarches. Il est souhaitable de conduire cette étude à partir d’une sortie sur le terrain. Cette étude amène les élèves à manipuler des documents du quotidien : plan du quartier et de la ville, plan des réseaux de transports, carte touristique, un système d’information géographique (SIG) d’usage courant… La réalisation de croquis simples permet de rendre compte du paysage et/ou de l’organisation du territoire local. Les élèves utilisent pour se situer : le globe, un SIG, différents planisphères (le monde vu d’Europe, d’Amérique, de l’hémisphère sud etc.) et se réfèrent aux points cardinaux et aux grands repères géographiques.
Capacités :
> Localiser. Son espace proche dans sa région et en France La France sur différents planisphères et à l’aide d’un globe virtuel. Les continents et les océans sur différents planisphères. Se situer dans l’espace à différentes échelles en utilisant les points cardinaux et les grands repères géographiques
> Décrire. Le paysage local et ses différentes composantes / Un itinéraire en faisant intervenir les notions de distance et de temps de parcours.
> Réaliser un croquis simple pour représenter les paysages proches et/ou l’organisation du territoire local

3) Habiter la ville (environ 15% du temps consacré à la géographie)
Connaissances. Plus de la moitié de l’humanité vit en ville. Les paysages urbains et la vie en ville dépendent de multiples facteurs au nombre desquels la culture et l’histoire, le cadre naturel, les activités, la situation démographique et le niveau de développement.
Démarches. Deux études de cas reposent de manière privilégiée sur l’étude de paysages : deux villes, choisies dans deux aires culturelles différentes. Ces études de cas permettent de dégager des caractéristiques communes et des éléments de différenciation.
Capacités. Situer les espaces étudiés sur différents planisphères thématiques. Décrire les paysages étudiés et expliquer les transformations des espaces concernés. Réaliser un croquis simple d’un paysage.

4) Habiter le monde rural (environ 15% du temps consacré à la géographie)
Connaissances. Les multiples manières de vivre et de travailler dans le monde rural, la forte ou faible présence humaine, la diversité des paysages ruraux, dépendent de facteurs multiples, parmi lesquels les conditions naturelles, économiques, démographiques et culturelles.
Démarches. Deux études de cas reposent de manière privilégiée sur l’étude de paysages : deux espaces ruraux, choisis dans deux aires culturelles différentes. Ces études de cas permettent de dégager des caractéristiques communes et des éléments de différenciation.
Capacités. Situer les espaces étudiés sur différents planisphères thématiques. Décrire les paysages étudiés et expliquer les transformations des espaces concernés. Réaliser un croquis simple d’un paysage.

5) Habiter les littoraux (environ 15% du temps consacré à la géographie)
Connaissances. Le type d’activité dominant, les choix et les capacités d’aménagement, les conditions naturelles sont autant d’éléments à prendre en compte pour caractériser et différencier les littoraux où se concentre une part accrue de la population mondiale.
Démarches. Deux études de cas reposent de manière privilégiée sur l’étude de paysages : deux littoraux, un littoral industrialo-portuaire, un littoral touristique.
Capacités. Situer les espaces étudiés sur différents planisphères thématiques. Décrire les paysages étudiés et expliquer les transformations des espaces concernés. Réaliser un croquis simple d’un paysage.

6) Habiter des espaces à fortes contraintes (environ 15% du temps consacré à la géographie)
Connaissances. Certains espaces présentent des contraintes particulières pour l’occupation humaine. Les sociétés, suivant leurs traditions culturelles et les moyens dont elles disposent, les subissent, les surmontent voire les transforment en atouts.
Démarches. Deux études de cas reposent de manière privilégiée sur l’étude de paysages et sont choisies parmi : un désert chaud / un désert froid / une haute montagne / une île
Capacités. Situer les espaces étudiés sur différents planisphères thématiques. Localiser et situer les grands ensembles de relief et les principales zones climatiques de la planète. Décrire les paysages étudiés et expliquer les transformations des espaces concernés. Réaliser un croquis simple d’un paysage.

 

2. Ce qu'on peut en tirer : Une notion englobante, difficile à appréhender en un cours.

  • La notion d’habiter est trop complexe pour que l’enseignant espère la construire en une seule séquence. Notre conviction est qu’elle doit l’être au fil de l’année par le croisement des approches. Chaque séquence pourrait ainsi faire comprendre aux élèves un des aspects de cette notion ou y revenir. Cela implique donc de choisir des problématiques différentes tout au long de l’année. A la fin de l’année, l’élève aura une appréhension complète de la notion. 
  • Une notion complexe certes, mais cela n'empêche pas de l'aborder avec des élèves selon diverses approches :
    • celle des territoires vécus par les élèves,
    • celle de la perception de la manière d'habiter, on peut donc partir de représentations, de clichés.
    • celle des paysages qui sont connus par les élèves puisqu'enseignés en primaire. Ces paysages montrent comment les choix sociaux et spatiaux se manifestent visuellement (et de manière invisible).
    • celle des contraintes : les sociétés doivent adapter leur habitat et leur habiter à leur environnement ... s'ils réfléchissent dans une optique durable.Si ce n'est pas le cas, cela donne des habitats dé-territorialisés (le centre et les plages de Dubaï, Las Vegas, la Silicon Valley)
  • Comment définir cette notion avec les élèves ? Doit-on leur demander régulièement une définition ? doit-on progressivement en apporter des éléments ? :
    1. Habiter c'est prendre conscience que son environnement est un construit,
    2. les manières d'habiter aboutissent à la diversité des paysages, 
    3. Habiter, ce sont des mobilités, des territoires, notamment le territopire urbain.
    4. Habiter inclut des dimensions historiques, culturelles, sociale, économiques et naturelles.
    5. Habiter est une fonction sociale mais qui reste liée, quoi qu'on en pense à des contraintes naturelles plus ou moins fortes, plus ou moins acceptées par les sociétés.
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M
Peurt-être pourriez vous vous intéresser à ce que j'ai écrit sur Mode d'habiter depuis 1996 et récemment au chapitre "Mode d'habiter un concept pour penser les interactions hommes/milieux" dans Robert, Chernokian, Qaue 2014 ?
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