Introduction :
- Accroche : Importance de la réflexion épistémologique, de la recherche de sens et de concepts dans les sciences, donc en géographie. La région est une notion au cœur de la pensée géographique depuis la création de la géographie comme science universitaire autonome. Dès les débuts, volonté de conceptualiser une notion qui est alors considérée comme essentielle pour les études géographiques en France.
- Sujet : la région dans tous les sens du terme, de l’administratif au vécu via le géosystème, la région mondiale, ou autre.
- Pbq : La notion de région, si longtemps au cœur de la recherche géographique française a-t-elle perdu de sa pertinence dans un monde globalisé où les éléments naturels ne sont plus considérés comme fondamentaux pour l’analyse spatiale ?
- Plan : 1- Une notion au cœur des programmes scolaires et du vécu des citoyens. ; 2- Une notion qui s’est enrichie au fil du temps ; 3- Etudier le fait régional aujourd’hui.
Bibliographie de base :
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Paul CLAVAL, Géographie régionale, Collection U, Armand Colin, 2006.
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Daniel NOIN, La France des régions, Collection Synthèse géographie, Armand Colin, ,2000.
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André DAUPHINE, « Enseigner la région », in Historiens et Géographes n° 345, décembre 1994.
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Jean LABASSE, Quelles régions pour l’Europe, Dominos, Flammarion, 1994.
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Robert MARCONIS, France : recompositions territoriales, La Documentation Photographique n° 8051, 2006.
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P. PIERCY, La France, le fait régional, Carré géo, Hachette sup. 2005.
- " La région est une fraction de la surface terrestre s'inscrivant dans un cadre naturel qui peut être soit homogène soit diversifié, qui a été aménagé par des collectivités, liées entre elles par des relations de complémentarité et qui s'organisent autour d'un ou de plusieurs centres mais qui dépendent d'un ensemble plus vaste " . (B. KAYSER, in La géographie active, PUF, 1964).
- "Les villes et les routes sont des initiatrices d'unité qui créent des solidarités des contrées" . (VIDAL DE LA BLACHE)
- " La région correspond à l'aire d'extension d'un paysage " (Max SORRE)
- "La géographie est science de la différence et de l'unité appréhendées dans les limites imposées par la nature ou héritées des constructions de l'histoire" . (P GEORGE, Préface à "Problématiques de la Géographie, ISNARD H, RACINE J.B et REYMOND H, PUF, Le géographe, 262p, 1981, p 10)
- "La géographie est avant tout régionale parce qu'elle est science de la différence et de l'unité appréhendées dans les limites imposées par la nature ou héritées des constructions de l'histoire"(P GEORGE, Préface à "Problématiques de la Géographie, ISNARD H, RACINE J.B et REYMOND H, PUF, Le géographe, 262p, 1981, p 10)
1- Une notion au cœur des programmes et du vécu des citoyens.
a- La région administrative
Historique : L’idée de régionaliser le territoire a mis du temps à s’imposer en France. Les raisons sont historico-politiques : le pouvoir central s’est toujours méfié des provinces. Lorsque le pouvoir royal de la monarchie absolue centralisée se met en place au cours des XVI°, XVII° et XVIII° siècles, le roi dépêche ses intendants pour contrôler les provinces et il enlève progressivement aux Parlements provinciaux leurs pouvoirs législatifs.
Les Révolutionnaires français face aux menaces extérieures et aux révoltes intérieures (Chouans et fédérés) décident de continuer en ce sens et de centraliser les décisions (Jacobinisme), un mouvement accentué par le pouvoir autoritaire napoléonien, lorsqu’il impose les préfets dans chaque département. Il ne faut pas oublier non plus que c’est la Convention qui crée les départements, des petites entités administratives qui remplacent les Provinces en prenant soin de ne pas reprendre de dénomination historique, mais en s’appuyant sur des éléments naturels pour nommer ces collectivités territoriales (fleuves, Montagnes, côtes, …).
C’est au début du XX° siècle que l’idée régionale commence à se développer avec quelques projets de découpages régionaux. Cela aboutit sous Vichy à la création des Préfets régionaux, ou lors de la Libération de commissaires (régionaux) de la République.
La publication de l’ouvrage de Jean-François GRAVIER, Paris et le désert français en 1947 va pousser les décideurs à réfléchir à l’aménagement du territoire à l’heure de la reconstruction et de l’idée de planification économique. Ce double mouvement va aboutir en 1956 à la création de « régions de programme », 22 puis 21 régions (fusion Rhône / Alpes et pas de région Corse). Ces régions se transforment en « Circonscriptions d’Action Régionale » par la suite. Leur but est économique.
C’est en 1972 que sont créées les Régions, malgré l’échec du référendum de 1969 sur la décentralisation. Ces établissements publics, pilotés par les préfets de région, ont des assemblées élues au suffrage indirect. Leurs moyens financiers sont très réduits.
En 1982, suite au mouvement politique régionaliste + au mouvement de fond qui se déroule en Europe (Italie, Espagne, Belgique, Royaume Uni, …), la région se renforce et devient une collectivité territoriale de plein droit, avec un e assemblée élue au suffrage universel direct, un président de région aux pouvoirs éxécutifs et aux compétences élargies (développement régional, infrastructures de communication, entretien des lycées, logement, urbanisme. Progressivement, ces pouvoirs s’étendent, jusqu’à la réforme de 2004 (Raffarin). Pourtant, le poids politique et financier de ces régions reste faible par rapport à leurs homologues espagnoles, allemandes ou belges : leurs budgets restent inférieurs à ceux des départements (en moyenne trois fois plus élevés). Seule la Corse, détachée de PACA en 1970 bénéficie de pouvoirs plus étendus et d’une plus grande autonomie.
Il faut souligner le caractère artificiel de nombreuses Régions : les critères de sélection ont été les suivants :
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Population (au moins un million d’habitants) [faux pour le Limousin, la Franche Comté ou la Corse]
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Une capitale qui polarise le territoire. [pourquoi Chalons en Champagne ? Orléans en non Tours ? ]
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Des assemblages de départements [Exact en métropole, faux depuis la réforme des DROM]
Quelques surprises à noter :
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Pourquoi deux régions en Normandie, une entité régionale reconnue depuis le Moyen Age ?
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Quelles limites à la Bretagne : Nantes, ancienne capitale du duché de Bretagne n’y est pas.
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Des agglomérations de départements disparates : Champagne-Ardenne, Languedoc-Roussillon, PACA, Rhône-Alpes, Pays de la Loire.
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Des régions qui n’ont pas de légitimité historique (Limousin, Auvergne).
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Une microrégion Ile de France dans l’illusion de freiner son étalement.
Mais aussi des régions en débat, comme le montre le rapport de la commission BALLADUR du 5 mars 2009 qui fait 20 propositions pour réformer les collectivités locales, dont quatre concernent directement les régions :
En effet, dans le cadre de l’UE et de la mondialisation, les régions administratives françaises apparaissent comme des mailles trop étroites. A noter aussi depuis le Traité de Maastricht, la notion de Région Ultra Périphérique (RUP), des territoires géographiquement éloignés du continent européen, mais qui font partie intégrante des États membres auxquels ils appartiennent. De ce fait, la législation et l'exercice des droits et obligations communautaires s'appliquent intégralement à eux, contrairement aux Pays et Territoires d'outre-mer, qui ont un statut différent.
b- La région, comme espace de vie des citoyens.
La région est un territoire de vie, dans le sens où c'est devenu un référent culturel, un marqueur culturel pour les habitants, qui se sont appropriés ce territoire.
On peut déterminer deux grands types d'appropriation du territoire par ses habitants :
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Une appropriation ancienne, liée aux régionalismes des années 1970, qui se base sur unsentiment régional fort parfois très ancien et très ancré dans les sociétés locales : Corse, Bretagne, Catalogne, Pays Basque, Alsace, Lorraine, Nord.
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Une appropriation plus récente, née de la régionalisation administrative, avec des sentiments régionaux parfois en fabrication, comme le montre la tentative d'appellation "Septimanie" par Georges FRECHE dans les années 2000 à la place de Languedoc-Roussillon. Des régions acceptées au point de vue politique (malgré l’importance de l’abstention lors des élections régionales, comme en 2010) mais qui deviennent plus que des espaces de vie, des espaces vécus : on parle aujourd’hui des « Franciliens » ou des « Rhône-alpins ».
Une étude menée en 1994 sur le fait régional montrait que l'état du sentiment régional était assez fort en France, selon trois critères :
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Tout d'abord le taux d'optimisme à l'égard de l'avenir de la Région est majoritaire (53%), supérieur de 17 points à la confiance dans l'avenir de la France.
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En second lieu, 55% des Français ressentent leur région "comme quelque chose de proche d'eux", sentiment certes moins massivement partagé que celui qu'on déclare à l'égard du département (67%), et surtout de la commune (86%), mais en tout cas nettement supérieur à celui éprouvé à l'égard de l'Etat (20%) ou de l'Europe (15%). Ce sentiment de proximité est dominant dans toutes les catégories d'âge et tous les groupes sociaux.
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Enfin une majorité des Français pronostiquent le développement du pouvoir régional. 55% d'entre eux pensent que dans " dix ans la vie des habitants de leur région " dépendra des décisions prises "au niveau régional" plutôt que de celles prises "au niveau de la France" (34%).
Cependant, cette idée est à nuancer par le fait que les instituitions régionales sont moins bien connues que les institutions nationales ou locales et que l'absention lors des élections régionales est traditionnellement très élevée.
c- La région, un objet d’étude en classe de première et de troisième
Pendant longtemps, l'étude régionale a été au coeur de l'enseignement de la géogrpahie. Il en reste des traces dans les programmes de 3° et de 1° sur la France, qui n'ont pas forcément connu une révolution épistémologique comme les autres programmes jusqu'aux années 2008-2010.
2- Une notion qui s’est enrichie progressivement
a- La région dans la géographie classique ou vidalienne
C’est un des éléments structurants de la géographie vidalienne, avec les notions de genre de vie, de paysage, de combinaison. Dans ce cadre, la région est considérée comme une structure essentielle des territoires : les Etats ne sont qu’une accumulation de régions.
L'idée de base, c'est l'uniformité. Celle-ci repose sur la notion de paysage (combinaison de traits physiques et humains donnant à un espace une physionomie propre homogène). La région serait "une harmonie entre la nature et les réalisations humaines" écrivait de la Blache. Cette notion centrale de paysage a donné lieu à toute une série de thèses et d'études consacrées aux régions.
Le paysage exprime l'état momentané de certains rapports d'un équilibre , instable, entre conditions naturelles, techniques et économiques. La force d'inertie des formes d'organisation confère au paysage une relative permanence.
Pour Max Sorre (1957), la région est "l'aire d'extension d'un paysage géographique". Cette idée bute devant des obstacles lorsqu'il s'agit de régions sous-développés ou très complexes où il n' y a pas de stabilité entre les faits physiques et humains" (Birot 1949, Sorre 1961) devant la complexification croissante des structures, la disparition des genres de vie, le développement des échanges et d'interdépendance.
Plusieurs critères sont utilisés dans le découpage régional . On peut citer les critères physiques (le relief, le climat...), humains (l'histoire avec la notion de pays, le système de culture,, les genres de vie...) ou économiques (régions minières, industrielles, agricoles;..). La définition de la région est alors assez vague. Elle repose sur des éléments naturels : c’est une aire naturelle qui se traduit dans des paysages comme fruit des combinaisons entre faits naturels et humains. Elles constituent des territoires homogènes par leurs caractéristiques physiques (surtout géomorphologiques) et par les faits humains qui leur sont liés. À cette époque, il s’agit de mettre en évidence les « aptitudes », les « potentialités » de mise en valeur d’une région au travers de ses caractéristiques naturelles. Il y a ainsi de bons et de mauvais « pays », ceux-ci étant conçus comme une subdivision de la région, une variation secondaire au sein de l’unité principale.
Cette région géographique est d’abord une région rurale caractérisée par des paysages agraires, des formes de mise en valeur du sol et d’habitat qui se déclinent en types et sous-types. Il faut noter cependant que Vidal, dans un texte de 1910, a entrevu le rôle croissant des villes dans l’organisation de l’espace, et donc envisagé que les régions géographiques puissent s’organiser autour d’elles.
La synthèse régionale (et son expression universitaire : la monographie régionale) devient, après Vidal, une caractéristique de l’École française de géographie comme en témoigne la liste des thèses de l’entre-deux guerres, presque toutes sur la France. Elle a connu, comme toute systématisation, des excès, notamment dans la multiplication des découpages, la région ayant été davantage envisagée comme une partition territoriale plus ou moins arbitraire élaborée pour étudier un problème particulier (l’agriculture, l’élevage, etc.) plutôt qu’un cadre à définir et expliquer.
Cette conception de la région, que l’on peut qualifier de « traditionnelle », a marqué la géographie française pendant toute la première moitié du siècle jusqu’aux années d’après-guerre. Elle a été par la suite sévèrement critiquée et quelquefois injustement déformée, mais elle est le reflet d’un contexte historique et de controverses scientifiques qui ont déterminé la position institutionnelle de la géographie entre sciences naturelles d’une part, et sociologie et histoire de l’autre.
b- La région, objet de débats lors du « spatial turn », devient un concept polysémique.
De nouvelles conceptions de la région sont formalisées dans les années soixante et soixante-dix,
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d’une part à partir d’une nouvelle génération de thèses de géographie régionale mettant au centre de leur analyse le rôle polarisant des villes ;
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d’autre part dans de nombreux textes qui vont tenter ce que la tradition vidalienne n’avait qu’imparfaitement réalisé, à savoir mener des interrogations plus théoriques sur la notion de région.
- La région comme espace fonctionnel :
Max Sorre en 1961 indiquait que le développement économique et social détermine une hiérarchie, que chaque région a une fonction . Le paysage n'est pas le cadre unique de régionalisation notamment dans les pays industrialisés où l'uniformité est limitée et rare, voire absente. La complémentarité devient la règle alors qu'elle suppose la différenciation et la spécialisation, l'uniformité est plutôt cachée (flux, décisions, ordres, information, capitaux...).
=> Il y a donc inversion de l'approche car ce qui était voilé devient central (les relations) tandis que ce qui était évident (paysage...) est relégué en seconde position.
Il faut citer le texte « fondateur » datant de 1962 d’Étienne JUILLARD, professeur à l’université de Strasbourg. Celui-ci considère qu’il y a deux principes d’unité régionale qui reposent, l’un sur un critère d’uniformité (qu’il utilise comme synonyme d’homogénéité), c’est le paysage de la tradition vidalienne ; l’autre, sur un critère de cohésion, à travers l’action coordinatrice d’un centre. Il introduit ainsi l’idée de la région comme espace fonctionnel .
Dans cette même veine, citons également les travaux précurseurs de Jean LABASSE, Pierre GEORGE et de ses élèves (Michel ROCHEFORT, Roger DUGRAND, Bernard KAYSER), ou encore Roger BRUNET, parmi d’autres.
Dans la partie de l’ouvrage collectif Précis de géographie active consacrée à la région, Pierre GEORGE et Bernard KAYSER rejettent la notion de région naturelle tout comme celle de région historique considérant la région comme un espace polarisé autour d’un centre (en général une grande ville). Une nouvelle conception de la région va alors s’imposer.
Pour qu’un découpage régional soit cohérent, il faut que chaque région ait à sa tête une capitale régionale qui polarise suffisamment son espace environnant. C’est l’époque de la multiplication des études sur les aires d’influence des villes, les flux matériels et immatériels se développant au sein d’un espace donné, les relations entre la ville-centre et les autres villes de niveau inférieur, etc.
Cette nouvelle conception de la région, polarisée à partir d’un grand centre urbain, est influencée par des analyses alors dominantes dans la science économique (bien que dépourvues de préoccupations spatiales), notamment sur les « pôles de croissance » et leurs effets d’entraînement. Cette notion sera transposée sur le plan spatial avec la politique de régionalisation et d’aménagement du territoire qui va s’affirmer au cours des années soixante.
Polarisation et régionalisation sont des notions très proches, apparues au même moment et exprimant la primauté du raisonnement économique. Cette nouvelle conception se formalise, tandis qu’une nouvelle organisation du territoire français se met en place, avec les régions de programme, la création de la DATAR, la politique des métropoles d’équilibre. Il y a là plus qu’une coïncidence et il faut y voir également la prise de conscience des mutations rapides et profondes de la France de cette époque, qui s’industrialise et s’urbanise à marche forcée.
Cependant, l’évolution de la pensée géographique et la mise en place de nouveaux découpages territoriaux (ceux des régions administratives - 1955 ) ne sont pas forcément corrélées : les géographes n’ont guère participé à la définition des régions et en ont très vite critiqué les configurations (comme ils avaient critiqué celles des départements) au nom de la cohérence interne et de la taille considérée comme trop limitée.
Dans cette conception de la région, qui se constitue au cours des années soixante et culmine au cours des années soixante-dix, un élément devient prépondérant : celui de la cohérence, de la solidarité, des liens entre ses habitants, déterminant « des constructions spatiales qui ont en commun d’être plus petites que la nation, de posséder une certaine individualité, d’être souvent ressenties comme des entités par les gens qui les habitent ou par ceux qui se trouvent à l’extérieur ». On retrouve là la notion d’homogénéité, mais aussi celle de l’identité interne et externe.
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La notion centrale est la cohésion au lieu de l'uniformité et du paysage, la complémentarité, l'interdépendance et la fonctionnalité: c'est la région fonctionnelle qui se forme et évolue autour d'un centre de gravité formé souvent par une grande ville.
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L'espace devient une juxtaposition de champs fonctionnels (et non d'aires uniformes) autour de pôles (ville, industrie, marché...) soudés par des flux divers et dissymétriques qui expriment les rapports privilégiés entre les lieux. Ces forces se localisent à des points précis, dans des noeuds particuliers se situant à plusieurs échelles allant du village à la métropole.
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La région fonctionnelle est en cours de construction, c'est un processus. Elle se fonde sur la vie de relation où le centre et les réseaux , les noeuds jouent plus d'importance que les limites contrairement à la région homogène où les limites sont au centre de la démarche et de l'approche. La région homogène est un résultat de fin de parcours, de toute une histoire qui explique la formation séculaire ou millénaire du paysage, de la région naturelle ou historique...
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L'analyse régionale se fonde donc sur la recherche de hiérarchies, l'intensité et la nature des flux et des liens au lieu de l'identification des espaces homogènes (Christaller, J Labasse, M Rochefort...).
Sur cette base, on peut distinguer plusieurs types de régions fonctionnelles, les plus importants sont :
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la région urbaine : c'est une région où le fait urbain domine ;
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la région industrielle où l'industrie domine ;
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la région économique où le facteur marché-rentabilité intervient pour fixer la taille et les limites.
- La région-programme
Cela découle de la vision précédente. C'est une région où on décide un aménagement volontaire du territoire ou un programme de développement régional du fait de la communauté des problèmes ou de leur solution ou par une action coordonnée à partir d'un certain point.
Une région-programme peut correspondre à une région homogène (steppes, sud tunisien, oasis...), polarisée (couronne de Tunis...) ou combinant les deux.
La réalité est cependant différente des trois schémas théoriques et de nombreux espaces échappent à ces trois modèles dans la mesure où :
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Dans la plupart des pays en voie de développement en particulier, les rapports homme-milieu n'ont pas atteint le stade d'équilibre qui se manifeste à travers le paysage.
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Les fonctions sont souvent insuffisantes pour pouvoir organiser des régions cohérentes, les villes ont elles-mêmes dépendantes et n'arrivent pas à former des régions ou des espaces propres.
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La maîtrise de la nature est encore faible et les forces naturelles y jouent donc un rôle de première place.
Pour être pratique, la région doit être de portée générale, souple et applicable à la majorité des cas réels. C'est pour cela qu'une troisième alternative est de plus en plus utilisée. Elle rallie à la fois, le paysage et la fonctionnalité: "la région est toute portion de l'espace constituant un ensemble présentant une certaine unité, telle que entre les parties de la région, il existe moins de différences qu'avec les autres parties" d'une part et où les relations entre les parties sont fortes qui sont plus fortes qu'avec un autre élément".
La région définie comme telle, réunit à la fois les critères d'uniformité et de fonctionnalité, elle peut être généralisée à tout portion de l'espace.
La région, en tant que entité socio-politique, vient au second rang après l'Etat (région, province italienne, Land allemand, Supersovnarkhoze dans l'ex-Urss...). La dimension varie d'un pays à un autre et il n'y a pas de critère fixe de taille.
La région est dotée d'une certaine auto-suffisance relative. Les principaux services et fonctions y sont présents assurant la satisfaction des besoins des habitants, autour d'une métropole assurant la coordination, le rôle moteur et la redistribution et la régulation. Le recours à l'échelon supérieur est spécialisé et exceptionnel. La métropole est relayée par des centres . La région est donc un espace organisé par une métropole et ses relais. "C'est le dernier niveau auquel se structurent et se coordonnent les différentes forces intervenant dans la vie économique et sociale, avant le niveau national" (E Juillard).
La notion de région est liée à celle d'armature urbaine, ou plutôt de réseau urbain. Son contenu varie avec le niveau de développement économique et les techniques. Sa dimension est variable dans le temps et dans l'espace.
- La région comme système :
La région comme système est née de l’analyse systémique, découverte dans la cybernétique, en physique, en biologie ou encore en sociologie. C’est un ensemble d’éléments en interaction dynamique. Il y a tout un vocabulaire utilisé. Il y a des diagrammes sagittaux pour illustrer leur système.
Un système est un ensemble d’éléments en interactions ; ce système peut être ouvert ou fermé. Il a une certaine structure, soit une sorte d’organisation interne, à un moment donné et peut donc évoluer. Il y a des énergies, des échanges, des flux qui se produisent et se concluent. Le système se doit d’avoir une certaine stabilité dans le temps. On peut décrire les objets géographiques comme des systèmes, comme le système de l’inlandsis ou encore le géosystème. Il y a des boucles de rétroactions positives qui tendent à renforcer l’équilibre du système, de même que des boucles de rétroactions négatives qui tendent à déséquilibrer le système. La région serait un système, avec des éléments en interrelations, un système ouvert, mais qui présente une certaine cohésion interne et une certaine inertie dans le temps. Les analyses de système se développent dans les années 1980 et 1990.
- la région comme espace vévu
L’étape suivante sera celle de la région définie comme espace vécu par Armand FRÉMONT en 1976. S’appuyant sur les acquis des sciences humaines et notamment les sciences du comportement, il met au centre de ses travaux la notion d’espace perçu, représenté, vécu, qu’il a décliné à travers des histoires individuelles, en particulier dans la France de l’Ouest.
Différentes perceptions de la région et de l’espace normands, mais aussi d’autres régions, de la capitale, de la France, du reste du monde, apparaissent à travers les trajectoires d’une famille sarthoise, ou de l’artisan havrais, du notable rouennais ou de l’ouvrier caennais encore enraciné dans le monde rural, des années soixante-dix.
À travers une approche qu’on pourrait qualifier d’ethnographique, qui privilégie l’étude de terrain, les entretiens personnalisés, cet auteur se positionne ainsi dans un courant qu’on désignera par la suite sous le terme de « géographie sociale ».
C’est également au cours de ces années soixante-dix des revendications dites « régionalistes », même si certains mouvements sont apparus plus tôt. Les géographes y ont tenu une certaine part, soit directement – tels le géographe rennais Michel PHILIPPONNEAU au sein du CELIB (Comité d'Etude et de Liaison des Intérets Bretons) ou les géographes nantais dans leur contestation des délimitations de la région Bretagne qui exclut Nantes –, soit en apportant des éléments au débat sur la question régionale, notamment au travers des critiques portées sur le découpage des régions administratives.
Au cours des années quatre-vingt, avec le développement d’une réflexion géographique sur les relations entre l’espace et le politique, le fait régional sera interrogé à propos des relations entre l’État et le fait local, ainsi que des revendications régionalistes. Comme d’autres sciences sociales, il sera ainsi montré que la géographie est convoquée, quelquefois instrumentalisée, par certaines de ces revendications identitaires.
- la région transfrontalière
Une notion surtout politique au départ, avec les régions transfrontalières de l'Union Européenne qui sont des programmes politiques de coopération entre régions.
Aujourd'hui, les "euro régions" et autres structures de coopération transfrontalière ne créent pas un nouveau type d'administration au niveau transfrontalier et ne sont pas dotées de pouvoirs politiques. Leurs activités se limitent aux compétences des collectivités locales et régionales qui les composent.
Les euro régions peuvent être considérées comme des entités territoriales transfrontalières dont l’objectif est de créer un espace intégré à travers des politiques spécifiques d’aménagement du territoire dans divers secteurs : économie locale, réseaux sociaux, activités culturelles, institutions scolaires, réseaux de transport, protection et conservation environnementale. Elles sont l’expression de nouvelles stratégies de développement pour des territoires qui ont longtemps souffert d’un manque d’investissements publics parce que leur localisation de périphérie frontalière avait tous les inconvénients d’une position de zone grise, d’angle mort, de cul-de-sac ou de no man’s land par rapport à leurs espaces nationaux respectifs.
C'est d'abord le long de la frontière germano-néerlandaise qu'un rapprochement régional transfrontalier s'est opéré sur la base d'initiatives dispersées : l'Euregio rapproche, dès 1958, cinq régions transfrontalières. En 1963 la France et l'Allemagne prennent le relais avec la Regio Basiliensis, aujourd’hui rebaptisée TriRhena. Viennent ensuite des expériences variées : Alpe Adria (Alpes orientales, 1977), Rhein-Waal (1978), Cotrao (Alpes occidentales, 1982), Commission de Travail des Pyrénées (1982), Conseil du Léman (1987), Pamina (1988) et SarLorLux (1995).
La vague suivante d'eurorégions concerne les espaces frontaliers des nouveaux pays membres d'Europe centrale et orientale (élargissements de 2004 et 2007) antérieurement ou postérieurement à leur
adhésion. Il ne s'agit parfois que d'un simple sentiment d'adhésion au processus d'intégration européenne encourageant les autorités locales et régionales frontalières à coopérer pour le bien
commun. Parmi ces eurorégions on peut mentionner Pomerania (1991), Pro Europa Viadrina et Egrensis (1993), l’Eurorégion trinationale DKMT (Danube- Kries-Mures-Tiza) articulée autour du point
triple de la frontière Roumanie-Hongrie-Serbie, l'Eurorégion des Carpates, etc..
Ce sont le Conseil de l’Europe et l’UE qui ont facilité leur apparition. Le premier en incitant les États à créer des structures juridiques pour les rendre possibles : la déclaration de Madrid de 1980 donnait pour la première fois une validité juridique aux euro régions. La deuxième en les finançant au moyen d’initiatives comme celles de l'Objectif "Coopération territoriale européenne" (ex-PIC Interreg).
Le Conseil de l'Europe liste plus de 90 euro régions de différentes natures incluant des communautés de travail ou communautés d'intérêt sans personnalité juridique, structures d'information et de consultation transfrontalières sans caractère institutionnel qui se multiplient partout en Europe. Les communautés de travail sont nées au cours d’une phase antérieure (entre 1975 et 1985) alors que la logique eurorégionale a connu un développement plus récent, à partir de 1995, tout particulièrement entre les pays de l’Est européen (par exemple l’Euro région des Carpates).
Cependant, la notion a vite dépassé les limites européennes pour gagner d'autres lieux : en Afrique, ces territoires font l'objet d'études nombreuses, autour de frontières certes stables mais surtout poreuses et mal contrôlées.
3- Etudier le fait régional aujourd’hui
a- La région dans les dictionnaires de géographie.
Ils permettent de lire l'évolution sémantique d'une notion(voir ces dictionnaires ...)
b- La région, un concept dépassé ?
Au cours des années soixante-dix puis quatre-vingt, va se clore ce que Jacqueline BEAUJEU-GARNIER considérait comme un débat académique ou André MEYNIER comme une discussion scolastique.
La question de la définition de la région n’a plus vraiment de place en tant que telle dans la littérature géographique, alors même que s’affirment et s’affinent des méthodes de plus en plus sophistiquées (statistiques, graphiques, modélisations) dans l’analyse spatiale, qui prétendent mieux assurer les contenus et les contours des découpages spatiaux effectués par le géographe aux différentes échelles.
L’ouverture de la géographie française vers des mondes extra-européens a révélé de nouvelles préoccupations, notamment la question du sous-développement. Les notions de la géographie classique (et, entre autres, la région) apparaissent peu opératoires dans des espaces dont l’organisation a été soumise aux contraintes de la domination politique et économique (anciens empires coloniaux).
Dès la fin des années soixante, d’autres débats vont agiter la géographie française :
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Les travaux de la géographie anglo-saxonne, ceux des courants de la géographie dite « quantitative »,
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Le courant behavioriste ou celui de la géographie « radicale » nord-américaine, d’inspiration marxiste, vont trouver des échos durables en France.
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Les interrogations sur l’objet de la géographie, le renouvellement de ses méthodes, son statut scientifique, sa place parmi les autres sciences sociales ou parmi les sciences de la Terre, occupent la littérature géographique de cette période.
=> Ce qui préoccupe davantage les géographes dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, c’est d’étudier et de comprendre les dynamiques territoriales, et ce, à des échelles qui dépassent le cadre national dans lequel a été longtemps contenu le débat sur la région.
L’ouverture européenne, puis ce qu’on appelle la « mondialisation », obligent à penser les territoires en interrelation, à des échelles plus vastes et dans des contextes économiques fluctuants. La question de l’organisation de l’espace et de la différenciation spatiale reste une question centrale, mais se pose différemment.
Ces préoccupations des géographes concernant le territoire, qu’il s’agit moins de décrire que de différencier (les fameuses « inégalités régionales »), expriment une nouvelle géographie de la France qui ne peut plus se décliner selon les découpages usuels et qui ont eu ou ont encore la vie dure :
- France rurale/France urbaine,
- France de l’Ouest (rurale, peu industrialisée, moins urbanisée)/France de l’Est,
- France du Nord/France du Midi,
- Paris et « le désert français », expression inadéquate depuis longtemps mais qui a perduré.
Un phénomène est de plus en plus largement invoqué : celui du processus de métropolisation, qui tend à concentrer dans quelques grandes villes l’implantation des activités à forte valeur ajoutée, les richesses matérielles et immatérielles, le pouvoir, la culture, etc. Le territoire français tendrait à s’organiser autour de ces espaces urbanisés, « métropolisés », fonctionnant en réseaux à l’échelle européenne, voire internationale.
C’est cette vision et ce principe classificatoire que propose le tome de la Géographie universelle sur la France et les pays d’Europe du Sud (Italie, Espagne, Portugal, Grèce) [BRUNET, 1991]. C’est également une conception de ce type que met en avant la DATAR dans ses travaux de prospective en 2000 en proposant un découpage du territoire en « bassins » et une organisation fondée sur un « polycentrisme maillé ». Ces diverses visions du territoire ont en commun l’utilisation des notions de systèmes et de réseaux.
Dans cette conception restent en débat deux problèmes : que faire des espaces interstitiels, qui ne sont pas ou peu inclus ou attirés par ces systèmes ou sous-systèmes urbains, ceux dits de la France du vide ou des faibles densités ? D’autre part, on peut douter de la capacité des grandes métropoles à organiser et rendre cohérent un territoire régional. Ne créent-elles pas également du vide autour d’elles et ne polarisent- elles pas davantage des espaces lointains et discontinus que les espaces proches ? La région des géographes a donc connu différentes définitions.
Faut-il pour autant en conclure à l’impossibilité de définir un ou des contenus au mot « région », selon l’expression de Pierre GOUROU qui parlait de « mythiques régions » ?
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Comme s’interrogeait André MEYNIER : « les régions préexistent-elles à l’analyse et à l’étude ? », ou ne sont-elles que des créations mentales, variant selon les individus ou les groupes qui les expriment ?
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Faut-il considérer, comme y incitent les auteurs du dictionnaire critique Les mots de la géographie, « que la région n’est pas un concept opératoire en géographie, qu’il vaut mieux ne pas forcer le mot à en dire plus, alors qu’il existe des termes substituables plus précis », et donc réserver le terme à la Région administrative ?
La polysémie du mot région reste en effet source de confusion. Jacqueline BEAUJEU-GARNIER proposait déjà en 1971, soit de prendre le parti de faire du mot région un mot vague, synonyme de « territoire », « aire » ou « espace », soit de réserver le terme pour désigner la région administrative. Mais elle concluait qu’il valait mieux banaliser le terme.
C’est aussi pour éviter cette confusion sémantique que Roger BRUNET propose dans son introduction à la Géographie universelle d’utiliser le mot « contrée » pour désigner un ensemble cohérent de lieux, ce que les géographes désignent par région. Néanmoins, l’utilisation du mot pour désigner des portions d’espaces d’échelle variable paraît inévitable, malgré les efforts faits pour utiliser, voire créer, d’autres termes.
Au-delà des problèmes de vocabulaire, cet aperçu sur l’évolution de la notion de région en géographie nous permet néanmoins d’établir quelques points d’accord sur les contenus de ce que l’on désigne plus volontiers aujourd’hui dans la littérature géographique comme « le fait régional ».
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D’abord l’existence d’entités, que des géographes tels que Paul CLAVAL ou Roger BRUNET définissent par des homogénéités internes, des relations, des solidarités entre les individus et les groupes, à travers une histoire commune, donc l’idée d’une cohérence et la conscience de cette cohérence. Disons qu’il s’agit d’une « région de fait », issue de logiques territoriales anciennes et actuelles.
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Mais quand elle désigne ainsi un niveau de découpage territorial, la région ne peut se concevoir comme un espace fermé ni immuable ; elle évolue en fonction des dynamiques internes et de la dynamique des territoires plus vastes dans lesquels elle s’inscrit. Il y a, comme dit Roger BRUNET, une vie et une mort des régions et des pays : « ... les contrées aussi vivent et meurent à travers leurs sociétés ; des noms qui avaient jadis du sens ont disparu ; d’autres demeurent mais ne correspondent à rien de cohérent, ou, pour y parvenir doivent être redélimités : qu’est-ce que le Lauragais ? ».
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Ensuite l’existence de la Région comme maille administrative. Même si leurs tailles, leurs définitions en termes d’agrégation plus ou moins satisfaisante de départements sont l’objet de critiques et leur redéfinition constamment à l’ordre du jour, la réalité des Régions comme instance politico- dministrative et spatiale s’impose de plus en plus, au citoyen comme au chercheur. Les élections au suffrage universel de leurs instances délibératives, leurs compétences étendues depuis les lois de décentralisation et l’instauration des contrats de Plans État/Régions pour l’aménagement du territoire, leurs interventions de plus en plus fréquentes et visibles dans le financement et la réalisation d’équipements publics, tout cela contribue à consolider dans le paysage administratif français la réalité d’un échelon somme toute relativement récent. L’existence de ce niveau territorial dans la plupart des pays d’Europe occidentale (länder allemands, régions italiennes, communautés espagnoles, avec d’ailleurs des pouvoirs et des moyens financiers beaucoup plus étendus qu’en France) renforce la « modernité » de la Région, au point de faire apparaître comme obsolètes de plus anciens échelons administratifs. Certains n’invoquent-ils pas une Europe des Régions ? La plupart des ouvrages récents sur la géographie de la France ne peuvent pas contourner ce problème quand ils s’attachent à définir les inégalités régionales.
Il faut cependant noter que les propriétés de ces deux types d’espace : région et Région, sont radicalement différentes. En particulier, si la région est un espace en devenir, la Région, elle, en tant qu’échelon politico-administratif, est contrainte à un périmètre fixe et relativement pérenne. On rencontre là la contrainte des découpages territoriaux qui s’imposent dans le temps long des institutions d’un pays, qui ont à gérer des espaces et des populations, et qui par définition ne peuvent refléter exactement la réalité spatiale d’un instant donné, celle du temps court, des changements économiques et sociaux. Vieille question de l’adéquation (impossible ?) entre territoires institutionnels et territoires « réels ». L’utilisation du même terme pour désigner des objets différents n’est donc pas près de cesser
Autre élément à ne pas oublier, le sens du mot région est tout autre si on change d'échelle est si l'on se place à l'échelle mondiale ou régionale :
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Quelles sont les grandes régions du monde ? (et selon quels critères ? géopolitiques, culturels, économiques, ethniques, ... ? )
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La géographie régionale existe toujours dans les programmes du CAPES, à travers l'étude de grandes régions du monde : Amérique latine, Afrique, Russie, Europe : s'agit-il de régions proprement-dites ou de continents ?
L'Amérique centrale est-elle une région ? on faut-il parler de bassin Caraïbe voire de méditerranée ? Faut-il parler de mésoamérique ? d'Amérique latine ? Faut-il voir ces territoires comme une inetrface entre Sud et Nord ou comme une simple périphérie des Etats-Unis ? Faut-il englober le Mexique ? le Vénézuéla ? ces pays en entier ou seulement les côtes ? Les critères sont-ils naturels ? (pays autour du bassin maritime) ou culturels (pays hispanophones, anglophones, francophones), ou encore historiques (d'anciennes colonies européennes) ? Faut-il voir ces territoires sous l'angle de la dépendance , des risques ? etc...
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Le programme de Terminale utilise la notion de régions lorsqu'il demande d'étudier les aires de puissance dans le monde
c- A quelle échelle étudier les régions ? et quels critères utiliser pour étudier le fait régional ?
Chaque région est donc particulière ... mais doit répondre à des critères généraux. Ainsi, lorsqu'on étudie les régions d'Europe ou du monde, les régions de France ou les microrégions de Corse, il faut déterminer à priori certains critères de sélection. Ces critères sont toujours discutables, même si certains d'entre eux semblent plus importants que d'autres selon le sujet.
Au collège comme au lycée, en classe de 3° et de 1°, la région est abordée d'abord sous l'angle administratif, qui sert de cadre. Cependant, ce n'est pas une étude institutionnelle qu'il faut faire, mais une étude régionale, voire du fait régional.
Cette étude d'une région implique un emboitement des échelles :
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échelle régionale, avec des limites régionales à définir, pour voir si elles sont pertinentes ou non, et pour confronter des choix politiques avec des choix économiques, culturels, historiques, sociaux.
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échelle nationale, dans le jeu des relations, flux, réseaux, échanges avec les autres régions et avec le pouvoir central notamment avec le rapport entre centre et périphérie.
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échelle européenne et mondiale ou régionale (Méditerranée, Atlantique, Europe du Nord, Europe centrale, ...), pour voir là aussi les interactions et les échanges à tous les niveaux, dans une lecture classique des rapports centre-périphérie.
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Echelle infrarégionale aussi pour voir comment le fait régional est plus ou moins bien accepté selon les territoires de la région, s'il y a des territoires transfrontaliers, des fronts, des isolats, un mitage, ... Comment la région existe-t-elle au sein de la Région ?