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Geobunnik

Le blog d'un enseignant qui prépare au CAPES et au CRPE en géographie à l'ESPE de Corse à Ajaccio et Corte.

Les populations de l'Asie du Sud-Est

Publié le 6 Avril 2020 par geobunnik in L'Asie du Sud-Est

Objectifs :

  • Construire une carte des populations de l'ASE
  • Localiser les populations de la région
  • Comprendre les logiques spatiales et démographiques en œuvre
  • Analyser une région sous l’angle de sa population

Problématiques potentielles pour un sujet :

  • Sur la relation des centres politiques aux minorités ?
  • Sur les déséquilibres socio-spatiaux et leurs explications ?
  • Sur la transition démographique et sa particularité ?

 

1. Des populations relativement peu denses

1.1. Des foyers de population très denses

a) La population par État : des déséquilibres forts

On note une forte disparité entre les États en terme de nombre et de densité : l’Indonésie est le 4° pays le plus peuplé au monde (derrière la Chine 1,4 milliards, l’Inde 1,35 milliards / et les États-Unis 330 millions d’habitants) et Brunei ne compte que 428 000 habitants. Idem pour les densités : si la densité moyenne est de 144 habitants/km² (soit 1/3 de plus que la France), on note l’écarte entre Singapour (8 866) et le Laos (28 : à rapprocher de la densité de la Corse).

Au total,l’ASE regroupe 665 M d'habitants, soit 8,5 % de la population du monde, mais l’Indonésie à elle seule « pèse » pour plus d'1/3 de la région.

 

b) Les foyers régionaux majeurs

J’ai pris le parti de chercher quels sont les territoires qui accueillent plus de 200 h/km² afin de déterminer ces foyers. L’analyse de la carte ci dessous (d’abord une phase de lecture ou de collecte d’informations puis une moment d’explications liées aux reliefs (plaines alluviales, pentes fertiles des volcans), aux activités agricoles ou non (culture du riz, villes-ports-industrie sur les littoraux). On voit vite le cas particulier de Java et de ses sols très fertiles, ses volcans, sa riziculture mais aussi ses conditions de vie (enrichissement). Tout cela a permis des très fortes densité rurales (autour de 1 000 h/km²).

+ Voir la carte LE GRAND CONTRASTE VILLES-CAMPAGNES ?, Hugues Tertrais, Atlas de L'ASE, Autrement, 2014 page 39

 

Ces grands foyers sont donc :

  • Java
  • Le SO de Sulawesi (Célèbes)
  • Les littoraux de la Malaisie continentale
  • Les pôles urbains de Singapour, Jakarta, Kuala Lumpur, Bangkok, Hanoï, Hô-Chi-Minh-Ville, Rangoon, Manille, Ujung Pangdang (Sulaesi) → + de 1 000 h/km² dans le delta du fleuve Rouge
  • Les îles centrales des Philippines, Mindanao

Conséquence directe de ces concentrations de populations : une très forte pression sur certains territoires sur les ressources naturelles ou agricoles, ce qui peut provoquer des conflits plus ou moins larvés, comme dans le delta du Mékong (Cambodge et Vietnam), sur l’île de Java ou dans toutes les campagnes intérieures à forte densité.

 

 Les populations de l'Asie du Sud-Est

c) Des foyers secondaires :

J’ai choisi comme critère les territoires qui ont entre 50 et 200 h/km² (donc dans la moyenne). Ce sont : Sumatra, la péninsule malaise, la quasi totalité de la Thaïlande, les littoraux de Bornéo,le reste de Sulawesi (Célèbes), le Timor, …

 

1.2. Des pôles urbains de plus en plus puissants

a) Depuis 1998, une population majoritairement urbaine

Depuis moins d’un siècle, l’ASE connaît une urbanisation très rapide (2° moitié du XX° siècle) : en 1950, on trouve 15 % d'urbains en ASE et 50 % en 2020. (environ 320 M de personnes).

Logiquement, il y a des écarts forts : Singapour (100 % urbaine) ; Brunei (78 % 2018), la Malaisie (76 %) sont des pays proches des standards occidentaux alors que le Cambodge (23 %), la Birmanie (30%), le Laos et le Vietnam (35 %) restent des pays peu urbanisés.

On y trouve l’influence de choix politiques passés, notamment durant les dictatures communistes ou autocratiques des années 1960-90 qui ont non seulement réduit le nombre d'habitants (massacres, fuites), mais aussi limité l'exode rural.

Logiquement encore, la croissance urbaine est plus forte dans les derniers pays cités (phénomène de rattrapage) : au Cambodge + 4,5 % par an (2010-2015), au Laos + 4,8 % et au Vietnam + 3 % par an.

 

b) Des mégapoles toujours plus grandes

Il faut se méfier des chiffres des métropoles, car il faut prendre en compte l’agglomération urbaine avant de prendre en compte le nombre d’habitants par commune. De même, ce qui importe, c’est l’ordre de grandeur plus que le chiffre exact … qui n’est pas toujours possible de connaître.

L’ASE accueille donc des mégapoles (= des très grandes villes), des métropoles (disposant de pouvoirs d’attraction et de commandement et fortement mises en réseau) : (chiffres de 2019)

  • Jakarta : 35 M d'habitants (?)
  • Manille : 24 M
  • Bangkok : 19 M

 

  • Hô-Chi-Minh-Ville (Thành phố Hồ Chí Minh) : 13,6 M
  • Surabaya (Gerbangkertosusila) : 13,3 M

 

  • Bandung : 8,8 M
  • Kuala Lumpur : 8,1 M
  • Singapour : 8 M
  • Hanoï : 7,5 M
  • Yangon / Rangoon : 7,3 M
  • Semarang : 7,2 M

 

  • Surakarta : 6 M
  • Medan : 5 M
  • Yogyakarta : 4 M
  • Phnom Penh : 3,3 M
  • Cebu (Philippines) : 2,8 M
  • Malang : 2,7 M
  • Palembang : 2,5 M
  • Cirebon : 2,5 M
  • Davao (Philippines) : 2,5 M

 

Se dessine dans la région un réseau urbain dominé par trois villes, trois métropoles : Singapour, Bangkok et Kuala Lumpur. Les autres villes restant des relais de ces métropoles. Elles peuvent être des métropoles régionales ou des capitales de pays peu puissants.

 

En arrière plan de ce mégapoles et pétroles se pose la question d’une croissance de la population urbaine qui pose des défis, notamment l’accueil et l’hébergement des nouveaux urbains difficiles à gérer. On va trouver dans ces villes de nombreux quartiers précaires (bidonvilles) où vit parfois le quart, le tiers ou plus des habitants de la ville. Si les autorités lancent des programmes de logements, ceux-ci ont du mal à suivre la croissance démographique. Cette situation provoque des conflits autour des bidonvilles et autres kampung et de leur place dans la ville.

Dre la même manière, l’étalement urbain de ces grandes agglomérations n’est pas sans poser de problèmes, empiétant chaque jour sur des bonnes terres agricoles transformées (artificialisées) en parcs industriels, communautés résidentielles fermées, terrains de golf ou des aéroports. Cela provoque donc une imperméabilisation croissante des sols qui amplifie les crues lors des périodes de pluies intense (mousson, typhons), le tassements des terrains alluviaux sous le poids des constructions urbaines et par extraction d’eau souterraine. Conséquence : une plus forte vulnérabilité de ces espaces urbains face aux inondations alors que le changement climatique provoque aussi une montée des niveaux marins, menaçant toutes les grandes métropoles côtières ou/et de deltas, tant par le niveau de l’eau que par les intrusions d’eau salée : Jakarta, Manille, Bangkok, Ho Chi Minh-Ville, voire Hanoï, Phnom-Penh ou Rangoon, plus éloignées de la mer.

 

c) Une densification du réseau urbain

A côté des mégapoles et métropoles, nous voyons l’émergence de pôles secondaires : des petites capitales nationales (Vientiane, Phnom Penh) ou  des grandes capitales régionales (Danang, Penang ou Surabaya)

Des villes qui peuvent avoir des fonctions internationales ; elles empruntent directement aux modèles des métropoles mondiales par-delà leurs solidarités nationales, dans le cadre d’organisations transnationales polycentriques émergentes.

Ce sont des relais des grandes métropoles, se situant dans les interstices des espaces forgés par la mondialisation, elles participent à la densification du maillage de l’Asie par un semis de villes fortement internationalisées, acquérant :

  • des fonctions internationales qu’elles ne pouvaient avoir à l’échelle nationale ;
  • des fonctions administratives fortes ;
  • très souvent, elles disposent d’un port et/ou d’un aéroport = ce sont des portes de sortie régionale ou nationale des ressources de la zone d’influence qu’elles contrôlent ;
  • ce sont aussi le réceptacle privilégié des flux extérieurs (économiques, démographiques et culturels) qu’elles rediffusent vers l’intérieur.
  • Mais ce sont aussi des pôles en soi : Danang (500 000 habs, centre du Vietnam), Penang ou Medan (1,2 et 1 M d'ahb ; détroit de Malacca) sont des pôles d’espaces transnationaux émergents : Danang vers Chine, Penang et Medan avec Singapour + routes maritimes, Surabaya, (2,5 millions d’habitants) relais de Jakarta pour la desserte du grand Est indonésien. + un nœud national et international entre l’Australie et Singapour via les détroits de Lombok et de Makassar, axe secondaire par rapport à celui du détroit de Malacca et de la façade maritime de l’Asie orientale, Denpasar (500 000 habitants) à Bali, son activité touristique l’insère dans l’économie mondiale.

Plus loin dans la hiérarchie, on trouve des petites capitales : Vientiane, 376 000 habitants, et Phnom Penh, plus d’un million d’habitants

 

Pour certains chercheurs, on a en ASE des des formes d’organisation urbaine propres :

  • En 1995, Terry G. McGee propose le terme de « desa-kota » (néologisme issu de l’indonésien, associant village – desa – et ville – kota), pour rendre compte de l’émergence, autour des grandes métropoles asiatiques, de corridors d’urbanisation reliant plusieurs pôles urbains. C'est lié aux fortes densités de population, à l’intensité de la circulation, à la superposition voire à l’imbrication du rural et de l’urbain dans les utilisations du sol et les structures d’activité de la population.
  • D’autre part, on note aussi la présence de corridors d’urbanisation qui franchissent les frontières, ex de Singapour-Johore-Riau

 

1.3. Des territoires périphériques peu peuplés

a) Des territoires du vide : les forêts et les montagnes

Les zones de montagne (plus de 500 mètres) = aussi des zones de forêt et de volcans : 

Deux arcs majeurs (pour faire simple) :

  • Un premier qui part de l’est de la Birmanie, qui traverse aussi en parallèle le nord de la Thaïlande et la frontière avec Birmanie. Il descend ensuite le long de la côte sud-est de Sumatra (= chaîne des monts Barisan ; max. 3 805 m), passe par les îles de Java, Bali, … = archipel de la Sonde – max. 3 390 à Java, 2 963 m à Timor puis remonte au nord (îles de Seram et Buru). Au total environ 2 000 km, beaucoup de volcans.
  • Aux Philippines : l'arc Philippin, max 2954 à Mindanao (Mont Apo) ou 2 934 m à Luçon. Il est volcanique aussi (Pinatubo - 1991)

 

  • Mais il y a d'autres chaînes de montagnes :
    • au nord et à l'ouest du Laos (= frontière avec Vietnam) max 1 712 m ; 
    • l'ouest du Vietnam – max 2 598 m ;
    • le centre de la Malaisie continentale (péninsule malaise) – max 2 183 m ;
    • le centre et le nord de Bornéo – max. au nord : 4 101 m ; au centre 2 240 m ; pas de volcans ;
    • Sulawesi – max 2 508 m ;
    • La Nouvelle Guinée – max ; 5 030 m- mont Jaya dans chaîne des Monts Maoke) ;
    • ou encore au Cambodge (sauf plaine centrale de Phnom Penh)

b) les îles isolées

exemples :

  • îles Tamimbar : 19 habs/km² (65 îles, 105 000 habs) ;
  • Buru, 14 habs/km² (135 000 habs) ;
  • Halmahera (ou Gilolo) : 10 habs/km² (180 000 habs) ;
  • Bacan à l'ouest de Halmahera : 7 hab/km² (13 000 habs) ;
  • Papoua (indo) : 6 habs/km² ;
  • l'île de Kei, etc.

 

2. Des populations relativement dynamiques

2.1. Une transition démographique quasiment achevée

a) Une croissance démographique assez faible

Particularité de la région : la croissance démographique est assez faible de nos jours. Cependanrt, il faut faire attentoin car les état civils sont souvent encore défaillants dans ces pays, surtout dans les zones reculées. Ainsi, on estime que seules la moitié des naissances et des décès sont enregistrés au Timor O, en Indonésie et au Laos. Cependant, les systèmes sont très performant à Singapour, au Brunei et assez bon en Thaïlande.

 

Jusqu'au XVIII° s. , la croissance démographique a été très faible avec hauts et bas : (rappel, la région compte 630 M d’habitants aujourd’hui)

50 M au II° s de notre ère → 19 M vers 1 400 → en 1900 : environ 40 M → en 1950 : 75 M.

C’est alors le début d'une croissance forte (+ 2 % par an) jusqu'au milieu des années 1970 grâce à forte natalité et une baisse régulière de la mortalité.

Entre 1965 et 2005, la population a augmenté de :

  • Brunei x 3,6
  • Malaisie x 2,7
  • Philippines x 2,7
  • Cambodge  x 2,3
  • Vietnam x 2,2
  • Singapour x 2,3
  • Laos x 2,5
  • Indonésie : x 2,1
  • Thaïlande x 2
  • Timor Oriental x 1,9
  • Birmanie x 2

MOYENNE : x 2,2

 

Mais de nos jours, la croissance est beaucoup plus faible : + 0,5 % par an environ … mais différences locales :

  • 3 pays connaissent encore une forte croissance : Brunei (2,3 %), les Philippines (2,1) et Timor Oriental (5,5 %) :;
  • 2 pays ont une croissance très faible (- de 1 %) la Thaïlande [0,4] et la Birmanie [0,9])
  • les autres sont entre 1 et 2 %

 

Projections : (en millions d'habs)

 

2005

2025

2050

ASE

557

686

766

Indonésie

225

270

300

Philippines

84,5

115

140

Vietnam

85

106

120

Thaïlande

63

68

67

 

b) 3 modèles de TD

 

En 2018, le taux de natalité est relativement bas : 17,6 ‰ et le taux de mortalité est à un niveau très bas (même plancher) : 6,5 ‰. Ces chiffres pourraient montrer que cette région du monde est en cours de sortie de sa transition démographique (TD, à comprendre comme le passage d’un moment où les taux de natalité et de mortalité sont élevés à un moment où ils sont bas. Entre les deux la population augmente fortement)

Cependant, comme le dit mon titre, tous les pays ne suivent pas la même évolution. On peut décrire trois modèles de transition démographique

  • Le premier modèle regroupe des pays ayant achevé leur TD : Thaïlande et Singapour (comme Chine ou Corée S). Leur TD a été assez rapide et précoce (baisse de la mortalité et de la natalité dès les années 1950). Du coup :
    • l’espérance de vie à la naissance y est assez longue : 81 ans en Thaïlande et 85 ans à Singapour ;
    • la fécondité y est basse (1,8 e/femme en Thaïlande)
  • Le deuxième modèle regroupe des pays qui sont en cours d'achèvement de leur TD, de manière plus lente et régulière : la Malaisie, les Philippines, l’Indonésie, le Vietnam, Brunei et la Birmanie.
    • Les taux de mortalité y sont bas (autour de 4 à 7 ‰ ) car la population est jeune ;
    • Les taux de natalité y restent assez fort (autour de 20 ‰) ;
    • Donc la croissance démographique reste assez forte (+ 1,4 à 2,3 % / an) et l’espérance de vie assez longue aussi (environ 70-80 ans). La fécondité y est toujours assez forte : 2,4 enfants/femme (Indonésie), 2,9 (Malaisie) 3,5 (Philippines).
  • Le 3° modèle regroupe le Cambodge, le Laos et Timor Oriental. C’est un modèle marqué par une TD tardive et irrégulière liée à des guerres ou des régimes politiques dictatoriaux (communistes dans ces pays). Ils sont ainsi marqués par une période de recul de la population, puis un rattrapage dans ls années 1990 (+ 3,6 %/an) avant de connaître une baisse de la mortalité et de la natalité (+ 1,8 %) qui restent malgré ce recul toujours fortes. La pauvreté et les systèmes de santé défaillant font que la mortalité en couches et la mortalité infantile restent élevées (37 à 39 ‰, contre 2 à Singapour, 8 en Thailande, Brunei et 6 Malaisie). Si l’espérance de vie à la naissance est faible, il est aussi en hausse rapide : 56,8 ans (2000-2005) → Laos 69, Timor Oriental et Cambodge 71 ans aujourd’hui.

 

c) Des mariages de plus en plus tardifs et une fécondité en baisse

Dans ces pays, des politiques volontaristes de réduction des naissances sont associées à des politiques de planification familiales qui ont fait reculer l'âge au mariage.

On peut évoquer ici le modèle du Vietnam marqué par un fort interventionnisme de l’État : en 1963 : limitation du nombre d'enfants par famille (3), instauration d’un âge minimal au mariage, obligation d’espacement autorisé entre 2 naissances (5 à 6 ans). En 1986, une 2° politique normative et restrictive est mise en place. Le nombre d’enfants pas couple est limité à 1 ou 2, sauf pour quelques catégories sociales qui ont droit à 2 enfants (les cadres politiques, les travailleurs manuels, les fonctionnaires, les militaires + les urbains + les habitants du delta du fleuve rouge, du Mékong et des plaines côtières. Les « ethnies » des montagnes ont droit à 3 enfants. Dansles années 2000, la TD étant finie, la politique de la famille se tourne vers les droits (à la santé, âge d'avoir des enfants, nombres d'enfants etc.).

Dans les autres pays, la planification est assez récente aussi (années 1950-60)

 

Dans toute la région, les mariages sont de plus en plus tardifs. En 1970, on se mariait vers 20-24 ans (fe/ho) mais en 2000, cela va de 20 (au Laos), à 23 (Vietnam / Indonésie / Cambodge), 25-26 (Thaïlande, Birmanie, Malaisie et Brunei) voire même 29 ans (à Singapour). Les conséquences sont directes : on note une baisse de l'âge des femmes au 1er enfant.

Parallèlement, les mesures contraceptives se sont répandues : 75 % des femmes au Vietnam et en Thaïlande utilisent des contraceptifs (comme en France), contre 30 -40 % au Laos et Cambodge.

De même, si l’avortement est légal sans restriction à Singapour et au Vietnam, ce n’est pas encore le cas ailleurs : li l’est avec de fortes restrictions à Brunei, en Thaïlande, Indonésie, Birmanie, Cambodge, Laos et Malaisie. Il reste illégal aux Philippines.

 

2.2.Des populations face a un vieillissement assez rapide

a) Une espérance de vie à la naissance qui s'allonge

Nous avons vu les trois modèle de TD = trois moments qui font que l’espérance de vie à la naissance (EvN) est différente.

Une hausse assez forte et rapide :

  • 1950 : 42,5 ans EvN
  • 1970-75 : 61,5 ans
  • 2019 : 72 ans

On trouve des explications liées à :

  • une meilleure hygiène et vaccination et un meilleur système sanitaire avec comme modèle le système vietnamien (hérité du communisme) ;
  • aux actions menées par l’ONU (OMS, UNICEF, ONUSIDA, etc.) et des ONG mais aussi des fondations privées (Bill et Melinda Gates) ou l'aide au développement de pays riches (Allemagne, France, EU, Japon, Norvège, GB, …)
  • un enrichissement de la pop°, donc une meilleure alimentation, plus riche et variée et plus conséquente. Cela a permis un fort recul des maladies infectieuses (rougeole, pneumonie, diphtérie, …) mais en contre partie une hausse régulière de maladies chroniques (cancers, AVC, …) et des accidents (route, chantiers, usines, …)

Ne pas oublier qu’il existe toujours des disparités régionales et nationales fortes :

  • Cambodge 57 ans
  • Timor Oriental 58
  • Birmanie 60
  • Laos 62

 

  • Vietnam 75
  • Malaisie 76
  • Brunei 76
  • Thaïlande 77
  • Singapour 83

 

b) De plus en plus de personnes âgées : l'enjeu du vieillissement

 

Le vieillissement de la population est plus rapide en ASE qu'en Occident : si le taux moyen des plus 60 ans est de 8 % (et 23 % de – 15 ans), 13 % de la pop° Thaïlandaise (5 % en 1995) comme à Singapour (6 % 1995) ont dépassé cet âge. Le problème est que même si souvent les personnes âgées vivent avec leurs enfants, il y a un très faible taux de pensionnés : 15 % au Laos, 35 % au Vietnam et Thaïlande, 50 % en Malaisie et aux Philippines, 65 % à Singapour.

 

En revanche, il existe dans a région un dividende démographique : ces pays comptent beaucoup de jeunes et surtout beaucoup d'actifs (25-60 ans), c’est un des facteurs qui a permis le décollage économique des années 1980. Le taux de personnes dépendantes reste très bas (33 % à Singapour et Brunei) … mais cela ne devrait pas durer, créant des nouveaux enjeux pour ces pays : le financement des pensions mais aussi la question des équilibres démographiques entre pays : dans le région, la Thaïlande va stagner, les autres continuent d'augmenter.

 

ICI? si vous le pouvez, essayez de

PRODUIRE UNE CARTE DE LA REPARTITION DE LA POPULATION

 

2.3. Des migrations faibles dans cette région

a) Quelques rappels sur l’étude des migrations en géographie :

Il faut tenir compte de 4 éléments à ne pas oublier pour étudier les migrations :

  • on peut étudier celles-ci en s'intéressant aux flux (lieux de départ + d'arrivée + routes + modes de déplacement). Attention, les migrations ne sont pas simples, elles peuvent être circulaires, par étapes, complexes. Elles ne sont pas qu'internationales ou transnationales, elles se déroulent aussi à l'intérieur des États, des migrations inter-régionales. Elles ne sont pas toutes définitives, elles peuvent être saisonnières. Enfin, il y des logiques réticulaires (de réseaux) informels ou officiels ;
  • on peut le faire sous l'angle social et économique des raisons des migrations (différentiels de richesse, envie de liberté, fuite d'un territoire en conflit ou pauvre, mais aussi volonté de suivre des études ou se créer un cursus ou une meilleure situation… ). Il existe donc des stratégies de migration ;
  • on peut le faire sous l'angle géopolitique, de rapports de forces, de représentations, de tensions ou de conflits. Cela permet de s'intéresser aux diasporas ou aux communautés par exemple. Attention, elles ne sont pas que Sud-Nord ;
  • on peut le faire à travers l'hybridation des populations (de départ et d'arrivée) : échanges d'idées, de cultures, de techniques, d'argent, … ;

 

b) Un foyer secondaire à l'échelle mondiale (flux)

 

 Les populations de l'Asie du Sud-Est
 Les populations de l'Asie du Sud-Est

Comme on le voit sur ce magnifique document, l’ASE est une zone d'émigration secondaire à l'échelle du monde, mais quand même importante : [chiffres ONU 2013) 6 M de migrants (soit un peu - qu'en Europe, 7 M)

  • On remarque quelques flux plus importants :
    • vers les pays d'Amérique du Nord : Etats-Unis (EU) et Canada :
      • EU : + 4 M dont 2 M des Philippines et 1?3 M du Vietnam ;
      • Canada + 570 000 (Philippines et Vietnam principalement aussi)
    • vers les pays du Golfe arabo-persique (Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Qatar, Koweït) :
      • Arabie Saoudite : 1 370 000 (Philippines et Indonésie surtout)
      • Émirats Arabes Unis : 1 M (idem)
    • vers l'Australie et la Nouvelle Zélande
      • Australie : 500 000 (Vietnam – Malaisie - Cambodge – Thaïlande – Singapour)
    • Vers l'Europe de l'Ouest (Allemagne, GB, F)
      • GB : 160 000 (Thaïlande – Indonésie – Singapour) ;
      • Allemagne : 70 000 (Thaïlande);
      • France : 225 000 (Cambodge - Malaisie – Laos – Vietnam)
    • Vers les autres pays d'Asie :
      • Japon (200 000 Phil + 46 000 Thaïlande) ;
      • Chine ;
      • Corée (120 000 Vietnamiens) ;
      • Bangladesh (700 000 de l’Indonésie - Laos – Birmanie - Malaisie) ;
      • Pakistan (100 000 de Birmanie)

 

mais aussi ces pays sont aussi des terres d'immigration :

  • D'Asie du Sud :
    • Inde (140 000 vers Singapour + 130 000 vers Malaisie + 37 000 en Birmanie)
    • Bangladesh (vers mal 350 000 /
    • Népal (200 000 vers Mal)
  • D'Asie de l'Est
    • Chine : 380 000 de Singapour + 90 000 vers Thaïlande + 90 000 vers Birmanie + 63 000 vers Indonésie + 36 000 vers Philippines = + de 700 000 dans l'ASE.
    • Japon : 100 000 à Brunei.

 

c) Des mouvements assez nombreux dans la région (flux)

On note de nombreux mouvements aussi dans la région :

  • vers Singapour (1 M de Malaisie + 150 000 Indonésie) = un moyeu (ou hub en anglais) autour duquel tournent des routes migratoires
  • vers la Thaïlande : 1,9 M Birmanie + 925 000 Laos
  • vers Malaisie : 80 000 de Singapour + 1 M d'Indonésie + 250 000 Birmanie
  • vers Indonésie : 150 000 de Singapour

 

Noter la place centrale de Singapour :

  • c’est un nœud migratoire (hub) vers lequel convergent des routes migratoires venues des pays voisins ou lointains (Chine, Inde, Pakistan) avec une redistribution vers les pays voisins (Indonésie et Mal)
  • un pays riche dans la région (PIB /hab : 67 000 $ en 2016) / Ma 22 000 ; Thaïlande 14 000 ; Indonésie 10 500 ; Philippines 7 000 ; Birmanie, Laos, Viernam 6 000 ; Cambodge 3 000
  • rôle de son aéroport
  • et de son port + des quartiers d'affaires pour les emplois qualifiés ou non qualifiés.

Des routes migratoires se dessinent aussi dans la région, comme entre l'Indonésie et la Malaisie et Singapour (pour atteindre Singapour notamment, mais aussi pour travailler en Malaisie)

Enfin une autre caractéristique régionale est la faiblesse de l'exode rural .Celui-ci reste contrôlé dans certains pays (Vietnam, Cambodge, Laos, Indonésie), ou bien il est terminé (Thaïlande) voire impossible car c'est une cité-État (Singapour)

 

D'autres mouvements ed population exstent, impulsés directement ou non par les autorités politiques :

  • des fronts pionniers actifs liés à des choix politiques anciens :
    • en Indonésie, les habitants sont partis des îles très densément peuplées de Bali, Java et Madura (60 % pop° sur 7 % du territoire) vers îles de Sumatra, Kalimantan, Sulawesi et Irian Jaya. Ces mouvement ont été ou sont organisé par État depuis 1905 (colonisation) mais aussi de manière spontanée (« spontan » = 9 M entre 1950 et 1990)
    • en Malaisie, même mouvement organisé par l’État (20 % du budget de l’État ds années 1970) : ce sont surtout des malais qui partent de la presqu’île malaise vers Bornéo Nord mais aussi Johor, Pahang, Sarawak, Sabah
    • Au Vietnam a existé un mouvement identique dans les années 1980 vers hauts plateaux du centre du pays (« Nouvelles zones économiques ») : plus de 600 000 migrants sont venus du littoral et des deltas entre 1976 et 1995. Il faut aussi noter la présence de mouvements spontanés.
  • Certains chercheurs parlent de deux systèmes disjoints :
    • un système archipélagique organisé autour d'un nœud de Singapour et du détroit de Malacca
    • un système péninsulaire organisé autour de la Thaïlande (venus de Birmanie, Cambodge, Laos principalement), que ce soient des légaux, des illégaux ou des réfugiés (150 000 de Birmanie, Royingha, Karen, …) mais aussi au Cambodge où 1 M de Vietnam résident et travaillent.

 

d) Quatre types de pays face aux mouvements migratoires (flux et raisons)

(critères de ectte typologie : nombre de migrants / destinations ou origines des migrants proche ou lointaine / pays d'émigration ou d'immigration / rôle de l’État)

  • Des pays d'immigration : Singapour (1,8 M d'entrée et 300 000 sorties) 46 % de la pop° étrangère, Thaïlande (3,7 M d'entrée et 500 000 départs) 5,1 % de la pop° étrangère et à un autre niveau Brunei 24,6 % de la pop° étrangère(175 000 entrée / 30 000 sorties)
    • des migrants de travail :
    • soit des personnes qualifiées venues des pays voisins (Singapour et Brunei)
    • soit des personnes peu qualifiées (les 3). En Thaïlande, 90 % des métiers des 3D (Difficiles, Dangereux, sales/Dirty) sont effectués par des étrangers.
    • à Singapour : 40 à 50 % de la pop° active est immigrée, 10 % en Thaïlande
    • Singapour et la Thaïlande sont des pays de transit, d'immigration et d'émigration.
    • La Thaïlande a aussi des travailleurs sous contrat (140 à 180 000 / an) vers le Moyen Orient, en particulier Israël + Taïwan. Ce sont à 85 % des hommes (bâtiment + industrie)
  • Un pays d'immigration et d'émigration, la Malaisie (2 M de départs ; 1,5 M d'entrées) 8,6 % de la pop° étrangère.
    • immigration de populations peu qualifiées pour travailler dans les plantations (Indonésie) – 20 % de la pop° active est immigrée.
    • Nombreux illégaux venus d'Indonésie
    • Le gouvernement malaisien lutte régulièrement contre ces illégaux : 2002-2010 : 18 000 expulsions ; Le 15 février 2017, procédure dite « E-Kad » (Enforcement Card) permettant aux travailleurs clandestins indonésiens, majoritairement des femmes (environ 1,5 million de personnes), de régulariser leur situation avant le 30 juin, moyennant un paiement de 300 à 600 euros. Seuls 22 000 l’ont fait. À l’expiration du délai, la police malaisienne a lancé en deux jours 181 rafles dans des centres commerciaux et a procédé à 249 arrestations.
    • En 2018, la Malaisie a renforcé sa lutte contre l’immigration clandestine. Du 1er janvier au 6 décembre, le Département malaisien de l’immigration a arrêté un total 45.499 immigrants illégaux. Pendant cette même période, 1.323 employeurs ont été arrêtés pour avoir recruté ou dissimulé des immigrants illégaux.
    • Objectif : remplacer les Indo par des Paki ou des bangladais …
    • émigration de pop° qualifiées vers Singapour principalement.

 

  • Un pays d'immigration choisie et organisée par l’État : les Philippines. Chaque année, 2 % de la pop° des Philippines part à l’étranger. Le pays est considéré comme le premier pays d'émigration au monde (5,3 % de la pop° ; 9,1 à 10,5 M de Philippin.e.s à l'étranger ? - selon sources)

Allez voir le film de Julien BRYGO, Profession domestique, 2011, CP Productions (18 minutes)

  •  
    • Il faut souligner le rôle de l’État comme acteur qui organise la migration via :
    • des formations pour les femmes (domestiques (formation des « superbonnes » depuis 2006 ; 350 écoles privées, 216 h de formation / 100 000 formées par an) et les hommes (marins) = 79 % sont sur terre et 21 % sur mer ;
    • des contrats avec les pays d'accueil (« travailleurs sous contrats ») pour sécuriser les salaires (plus élevés car considéré comme main d’œuvre de qualité) , notamment au Moyen Orient et pays du Golfe (43 % des Philippines)
    • Importance des remises pur les Philippines : 10 % du PIB en 2017 : 31,8 milliards de $, venu des EU (34 %), Golfe (27 %) Asie Pacifique (19 %) UE (12 %) et reste du monde (8 %)

 

  • Des pays d'émigration : Birmanie (- 2,5 M d’émigrés + 90 000 d’immigrés) – Cambodge (- 1 M + 70 000) – Laos (-1,270 + 17 000) – Indonésie (- 2 M + 160 000) – Vietnam (- 2 M + 41 000) – Timor O (- 33 000 + 8 600)
    • On le voit, tous ces pays ont des soldes migratoires très négatifs = 1 à 2 M de population hors du pays (sauf petit Timor Oriental)
    • Au Vietnam, cette émigration est fortement liée aux guerres et à leurs conséquences politiques et économiques. 450 000 « boat people » ont quitté le pays entre 1978 et 1981 selon le HCR. Puis il y a eu des départs organisés après 1979 → vers les EU (Californie + Texas surtout) et la France (Île de France + Sud-est) mais aussi Taïwan et le Japon.
    • En Indonésie, on remarque la présence aussi d’émigré.e.s sous contrat (712 000 en 2007), à 70 % des femmes vers la Malaisie, le Moyen Orient et Taïwan.

 

e) Des réfugiés et des déplacés relativement peu nombreux (raisons + hybridation)

On trouve en ASE relativement peu de réfugiés (= des personnes qui ont quitté leur pays pour trouver refuge ailleurs, pas forcément dans des camps). Cependant, quelques groupes sont particulièrement menacés et ont trouvé refuge loin de leurs terres :

  • Les Kachin : En août 2018, on comptait entre 100 000 à 130 000 Kachin réfugiés dans 140 à 170 camps en Birmanie (selon le HCR), surtout le long frontière avec la Chine dans une zone très humide et non contrôlée par le pouvoir central Birman. Les Kachin comptent pour 3 % de la population de la Birmanie et sont plutôt chrétiens. Un mouvement de lutte armée pour indépendance face à Chine et Birmanie a existé entre 1961 et 1994 (date d’un cessez-le-feu). Leur principale revendication est de lutter contre le bouddhisme comme religion d’État. L’enjeu majeur est économique, puisque les Kachin habitent une région très riche en bois précieux, en or et en jade (90 % des réserves mondiales). Un 2° conflit a éclaté en 2011 et dure encore.
  • Les Rohingyas.  Ce sont musulmans dans un pays dominé par un pouvoir bouddhiste-nationaliste. Au delà de la répression souvent féroce contre ces populations, on a noté un processus d'ethnogénése depuis les années 1950 pour réclamer leur spécificité religieuse et culturelle de ces « musulmans d'Arakan ». On comptait 1 M de réfugiés partis de l'État d'Arakan (3,2 M d’habitants en 2010) dont 900 000 qui seraient partis en 2017 (notamment vers le camp de KUTUPALONG-BALUKHALI, 620 000 personnes, désigné "camp de réfugiés le plus vaste au monde" par l'UNHCR). Les Rohingya ont subi et subissent de nombreuses violences depuis plus de 40 ans.
    • Les premières violences orchestrées par l’État central commencent en 1978. 200 000 pers fuient vers Bangladesh.
    • En 1982, une loi retire aux Rohingyas la nationalité Birmane.
    • En 1991, 250 000 fuient après des nouvelles attaques
    • En 2012 des pogroms font au moins 200 morts. 140 000 réfugiés fuient dans camps Thaïlandais ou Malais, par la mer dans les années 2013-2014 (10 000 par mois)
    • En 2016, des nouvelles violences se produisent : 75 000 Rohingyas fuient au Bangladesh.
    • En 2017, on évoque un nettoyage ethnique ds nord Arakan, causant plus de 6 700 morts et la destruction de 300 villages. C’est à ce moment que se pose la question de définir ces attaques : le concept de génocide est alors employé.
    • En 2017, 625 000 réfugiés partent encore vers Bangladesh dans lequel en 2019 se monte le projet de déplacer 100 000 réfugiés sur une île alluviale inhabitée du Bangladesh (Bhashan Char).

Il faudrait ajouter à ces réfugiés des déplacés internes.

 

f) Des diasporas  (géopolitique + hybridation)

La région de l’ASE est caractérisée par la présence de plusieurs diasporas assez importantes. Par diaspora, il faut entendre un groupe de personnes qui est partie de son territoire d’origine depuis une ou plusieurs générations et qui garde des liens forts avec celle-ci en conservant notamment des habitudes culturelles issues de ce territoire originel.

  • Les Chinois : On trouve deux types de Chinois dans la région. Les « huaqiao », c’est à dire des migrants et les « huayi » qui sont des descendants de migrants, parfois installés depuis des siècles. Chacun a donc un attachement différent à la Chine et à son pays d’accueil. Ils ont aussi des nationalités différents : en 1975, a eu lieu une naturalisation massive de chinois aux Philippines qui leur a donné la possibilité d'acheter des terres , d’exercer des métiers jusqu’alors interdits. Enfin, autre différence entre huaqiao et huayi : des localisations différentes. Remarque : les chiffres pas simples à trouver, je place tout de même une carte issue du site de TheEconomist (carte source : : economist.com)

(source : www.wiley.com Chinese migration
routes in South East Asia)

 Les populations de l'Asie du Sud-Est
  • A Singapour, 80 % de la population est d'origine chinoise (avec notamment de nombreux étudiants et leur mère qui ont une stratégie d'études et d'emploi international) ; 
  • En Indonésie, entre 0,7 et 1,2 % de la population (1,7 à 2,4 M) serait chinoise, avec des relations parfois tendues avec les autorités ou les autres groupes ethniques (massacres de 1965 ; 1958 interdiction de la langue et de la culture chinoise). On estime que 2/3 des propriétés non agricoles appartiennent aux chinois. Le situation semble meilleure depuis le milieu des années 2000.
  • Aux Philippines, 1,8 à 2 % (ou plus ?) soit 1,2 à 1,3 M de personnes sont dites chinoises, dont la ½ à Manille, ce qui représente environ 10 % de la population de la ville. Parmi eux, environ 400 000 migrants (huayi) venus pour travailler. On peut citer la concentration de population d’origine chinoise autour du mall de Divisoria à Manille occupé principalement par des chinois du continent = 8 mall dans le quartier (comme le Mall 168) dans le quartier de Binondo

(voir l’article de Catherine Guéguen , « La zone de marché de Divisoria (Manille) : sa transformation par les nouveaux migrants de Chine continentale », Les Cahiers d’Outre-Mer, 244 | 2008, 533-554).

  • Là encore, les relations parfois difficiles avec les autorités et le reste de la population. Cela se manifeste notamment par de nombreux enlèvements et kidnapping à Quezon City, quartier chinois de Manille (2 grandes vagues d'enlèvements en 1994-95 et 2003-2004)
  • Au Vietnam, on compte environ 10 % de la population d'origine chinoise (ou plus?) avec des relations très tendues.
  • Au Cambodge, pendant longtemps les chinois étaient bien acceptés mais avec l’arrivée au pouvoir des Khmers Rouges (1975-79), les chinois chassés ou massacrés. Beaucoup d’entre eux fuient le pays.
  • Idem en Birmanie où règne une peur des chinois vus comme des voisins menaçants.
  • En Malaisie, pays non frontalier avec la Chine, les relations assez bonnes.
  • En Thaïlande, 12 des 69 M d'habitants seraient d’origine chinoise. Nombre d’entre eux seraient venus à la fin XIX° siècle pour participer à la colonisation agricole, la construction du chemin de fer, des routes et des canaux. Si beaucoup sont repartis, certains sont alors restés.
  • Aujourd’hui, on trouve ces chinois dans plusieurs secteurs économiques, notamment la restauration rapide, comme dans le groupe JOLLIBEE aux Philippines (50 % du marché, 1 480 restaurants), l’immobilier (Barito Pacific Group en Indonésie ; groupe FILINVEST au Philippines), le commerce (ex Henry SY aux Philippines = chaussures, centres commerciaux, mall of Asia de 500 000 m² en 2006 à Manille, 350 000 pers. par jour)
  • Il faut aussi rappeler la présence de quartiers chinois (« china towns ») dans de nombreuses villes de l’ASE, comme par exemple Quezon City à Manille avec présences d'arches pour délimiter le territoire. Autre particularité, la présence de cimetières chinois dans la région (ex : Singapour, BUKIT BROWN, 100 000 tombes devenu lieu de promenade et un lieu de conflit en 2011 lorsque les autorités ont voulu y faire passer une autoroute. C’est alors que la population a pris conscience de l’aspect mémoriel de ce lieu. On compte 213 cimetières chinois à Singapour).

Autres diasporas :

  • la diaspora philippine,
  • la diaspora vietnamienne qui compte 3 M de membres et représente 13 milliards de $ de remises (2017) avec deux logiques : aider la famille d’une part, mais aussi réaliser des investissements permis par loi de 1996, notamment vers le tourisme, le commerce ou les services.
  • On peut enfin mentionner le cas particulier des Hmongs, une ethnie montagnarde en lutte du centre Laos qui migre depuis longtemps vers Chine et péninsule sud-est asiatique (au XX° siècle) mais aussi vers des pays occidentaux (EU, Australie, France : en Guyane). Cette diaspora est très mal connue. Ils seraient 2 M en Chine et quelques millions ailleurs dans le monde (80 000 VN, 320 000 Laos, 150 000 Thaïlande, …).

 

3. Des minorités nombreuses et périphériques dans des États multiethniques

3.1. Des populations des montagnes et des collines : une répartition par étages ?

On peut délimiter trois espaces complémentaires et distincts en ASE. Trois espaces dont l'ordonnancement serait en cours de changement, notamment par le développement des infrastructures routières et du tourisme :

a) Les plaines :

  • c’est le monde des rizières ;
  • cet espace est structuré par un État fort, « l’État rizière » ou « l’État mandala » ;
  • c’est aussi l’espace du « cuit », du monde civilisé ;
  • logiquement, c’est aussi un espace fortement urbanisé.

 

b) Au dessus : un antimonde,

  • C’est l’espace des « gens de la forêts », du « cru » (= les barbares) ;
  • on y trouve plus de 50 minorités (80 à 100 M d'hab sur 2,5 m de km² (= 30/40 hab/km² quand même) ;
  • y domine la culture sur brûlis par la technique de l’essartage
  • c’est aussi un monde où règne le culte des esprits locaux et la filiation dans un lignage
  • C’est un monde rural, celui ds villages (max 500 habs) organisés autour de familles ou de maisonnées vécues comme la structure socio-politique essentielle.

On peut le couper en deux :

  • Les collines : C’est un entre-deux : à plus de + de 300 m d’altitude.
    • Un monde de forêts, là aussi avec plutôt des cultures sur brûlis et de l’essartage (polyculture, racines, tubéreux, riz sec) ;
    • La densité de population y est beaucoup moins forte mais depuis quelques décennies on y trouve aussi cultures du riz en fond de vallée, des petites villes.
    • C’est plus une zone de contact ou une périphérie qu'une marge.
  • Les montagnes : Cela concerne des espaces situés à plus de 1 000 m ;
    • C’est l’espace des forêts et des cultures sur brûlis ;
    • C’est l’espace de la Zomia (ZO = retiré + MI = peuple), une marge dans laquelle le système socio-politique est égalitaire autour de la structure villageoise sans chef. Le groupe est plus ou moins éphémère ;
    • C’est enfin le monde des minorités, des « tribus » surtout Hmong-Miao et Tibéto-birmanes.
  • Dans ces zones d'altitude, 3 grands groupes ethniques :
    • Mon-Khmer
    • Austro-Taï
    • Tibéto-Birman
    • et deux groupes ethno-linguistiques dominants :
    • les Taï (20 M)
    • les Hmong-Miao (9 M)
    • mais il faut garder en tête que ces personnes parlent souvent au moins 3 langues : la leur + celle des voisins + celle de l’État central ;
    • enfin, leur identité n’est pas immuable : en changeant de métier, de lieu, de parenté, on peut aussi changer d'identité.

(source M Bruneau, Hérodote, 2002)

Attention à ne pas avoir une vision déterministe ou isolationniste de ces groupes. Il existe des fortes interactions depuis des siècles entre ces deux/trois mondes (plaine / autres) :

  • des échanges commerciaux notamment : entre le haut et le bas : les « gens de la forêt » qui vendent du bois, du miel, du thé, du tabac, de l'opium, du poivre et achètent du riz, du sel, du poisson séché, des métaux, des outils, de la poterie. Ce peut être aussi un espace refuge en temps de guerre.
  • Entre ces territoires d'altitude (entre eux) avec des caravanes (bœufs / mulets) ou des migrations de travail ou autre.

C'est donc un espace fluide.

3.2. Une répartition en cours de changement ?

Depuis les années 1970, des nouveaux processus apparaissent dans la répartition ces populations en ASE, et cela autour de plusieurs mouvements :

  • par la construction des États modernes qui ont renforcé leur administration, unifié les lois permis l’instruction des populations (= des échanges plus faciles + la diffusion d’un modèle urbain attractif) ;
  • par la construction d’infrastructures routières (= désenclavement + ouverture sur d’autres territoires) ;
  • par des mouvements de colonisations agraires et donc des mouvements de population (transmigrations). On peut citer l’exemple de la Thaïlande qui a connu un 1er temps des pionniers (essartages) puis un 2° temps, celui des entrepreneurs, diplômés en agronomie qui ont bâti leur richesse par des aménagements, la mécanisation, l’usage d’une main d’œuvre locale. Les productions se tournent vers les villes (maraîchage, fruits) ;
  • par les effets du développement du tourisme.

 

Évidemment, il faut y voir des effets positifs comme négatifs. : les populations locales profitent aussi de cette ouverture (commerce, études, santé, tourisme, … ) et de son corollaire : paupérisation d'une partie de la pop° et fin d'un système égalitaire (le gumlao). Il ne faut pas non plus oublier des tensions ou conflits dans ces territoires qui peuvent être liés à des dépossessions ou à des affirmations identitaires en lien avec ces mobilités. :

  • dans hautes terres centrales du Vietnam
  • dans le sud et îles du sud des Philippines (Moros)
  • dans les zones frontalières de la Birmanie (Karens, Rohingyas, …)
  • chez les Dayaks de Kalimantan
  • chez les Papous d'Irian Jaya
  • etc.

 

3.3. Cartes des États : des minorités dans les marges ?

Une partie descriptive : pour se construire des repères sur les minorités présentes dans l’ASE.

  • Birmanie :
    • Les dirigeants de la Birmanie voient cet État comme un État uni par la religion bouddhiste et les birmans, mais il compte de très nombreuses minorités :
    • les Shan : 8,5 – 9 % de la pop° (Est)
    • les Karens (6,5 – 7 %) frontière est
    • les Arakhan (ou Rakhines) : 3,5 - 4,5 % ouest, littoral s'y incluent les Rohingyas, musulmans qui ne forment pas réellement une ethnie mais bien une minorité)
    • les Chin : 1 à 2,2 % ouest
    • etc.  
  • Indonésie
    • Lors du recensement de 2010, sur la base d’une auto-déclaration, on recensait plus de 1 100 groupes ethniques et 742 langues officiellement répertoriées
    • Les Javanais (40 % de la population du pays) sont principalement installés à Java, mais on les trouve de plus en plus dans les zones marquées par les fronts de la colonisation : (1950 – 1990) :
    • Sumatra, 600 000 familles, auxquels il faut ajouter 1,650 M de familles (5,5 M°
    • Kalimantan 210 000 familles, auxquels il faut ajouter des centainesde milliers de personnes « spontan » entre 1969 et 1994
    • Sulawesi 134 000 familles
    • Irian Jaya 41 000 familles
    •  
    • Les autres groupes ethniques sont les suivants :
    • Sundanais : 15,5 % (35 M - îles de la Sonde + Java)
    • Batak : 3,5 % (6 M Nord de Sumatra)
    • Madurais : 3 % (Java + migrations)
    • Betawi : 3 % (de Batavia, nom colonial de Jakarta)
    • Minangkabau : 2,7 % (Sumatra)
    • Bugis : 2,7 % (Sud de Sulawesi)
    • Malais : 2,2 % (Sumatra)
    • Banten : 2 %
    • Banjar : 1,7 % (Bornée)
    • Aceh : 1,7% (Sumatra, îles – demande d'autonomie)
    • Balinais : 1,7 % (Bali : 89 % de la pop°)
    • Sasak : 1,3 % (Lombok)
    • Dayak : 1,3 % (Sumatra ou Bornéo ; un groupe qui intègre d'autres, comme les Iban)
    • Chinois : 1,2 % (Jakarta, mais pas seulement ; relations tendues, commerçants, entrepreneurs
    • parfois soutenus par le pouvoir central, qq périodes de violences : 1965 / 1998
    • Makassar : 1,1 % (Sulawesi)

 

  • Malaisie
    • Dans ce pays, 50 % de la population est malaise, 37 % chinoise et 11 % indienne. Il reste donc 2 % de minorités qui sont concentrées dans les deux États de Bornéo : l’État de Sarawak (30 % d'Ibans) et l’État de Sabah (77 % d'indignes). Or, ce sont aussi les deux fronts agricoles de ces dernières années, entraînant des tensions parfois fortes.
  • Timor O
  • Essayez de vous y retrouver :
  • Thaïlande :  Les minorités y représentent 17 % de la pop° (attention chiffres de 1983) : des Malais (3 %), des Khmers (1,5 %), des « montagnards » 1 %, dont des Karens (0,6 %) ou Hmongs-Yao (0,2 %), des Kui ou Suai 0,4 %. Logiquement, ils sont localisés plutôt dans les zones frontalières, les montagnes.
  • Cambodge

 

  • Vietnam

 

  • Philippines

 

  • Enfin, ,ne pas oublier qu'il existe des minorités religieuses dans certains pays :
    • musulmans (« moros ») aux Philippines ds pays catholique ou en Birmanie (« rohingyas ») ds pays bouddhiste ou malais en Thaïlande bouddhiste aussi.
    • hindous à Bali ou chrétiens (catho ou prot) ds Indo musulmane

 

Objectif : PRODUIRE UNE CARTE DES MINORITES DE L'ASE

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Votre site est une ressource importante pour l'enseignant,e.<br /> Vous remerciant, <br /> Laure
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